Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
16 novembre 2015
« Quand la Préfecture m’a donné le choix entre annuler le concert ou le maintenir avec des mesures de sécurité supplémentaires, je n’ai pas hésité une seconde », annonce de façon liminaire, petits papiers en main, Frédéric Roels, Directeur de l’Opéra de Rouen, ce dimanche à seize heures. Il va y être donné un concert de musique de chambre intitulé de façon quelque peu prémonitoire Dédicaces. Je suis au premier rang sur une chaise côté piano. « Défendre l’esprit des Lumières contre le fanatisme religieux » dit-il encore avant d’inviter à un moment de silence. Cette intervention nécessaire et sobre est très applaudie.
Hervé Walczak Le Sauder (violon), Pascale Thiébaux (violon), Agathe Blondel (alto) et Florent Audibert (violoncelle) jouent la Toccata sesta d’après Frescobaldi de Laurent Lefrançois, courte composition contemporaine néo classique, puis le Quatuor pour cordes numéro dix-sept en si bémol majeur « La Chasse » de Wolfgang Amadeus Mozart.
Le meilleur est pour après l’entracte avec le Quintette pour piano en mi bémol de Robert Schumann pour lequel Frédéric Aguessy est au piano, une œuvre ardente fort plaisante avec en bonus visuel une jolie tourneuse de pages à l’air bien sage.
Avant que les cinq donnent en bis le mouvement le plus tonique, Frédéric Aguessy prend la parole pour citer un extrait de la lettre qu’écrivit Richard Wagner à Robert Schumann au lendemain de l’audition de ce quintette : Je vois quel chemin vous voulez suivre, et puis vous assurer que c’est aussi le mien, là est l’unique chance de salut : la beauté., un propos qui fait écho à l’actualité tragique.
*
Pas le moindre risque d’endormissement durant ce concert malgré une nuit moyenne et un réveil brutal à l’heure du départ d’un des invités de la soirée biture du voisin étudiant (une habitude de quand sa copine n’est pas là), invité avec lequel l’une des voisines à chiens s’embrouille bruyamment car ce buveur de bière la pisse dans le jardin :
-Il n’y a pas de toilettes chez Florent ? lui demande-t-elle avec l’appui sonore d’Aboyus.
Le pisseur va se plaindre à son peute inviteur qui lui fait une leçon de morale alcoolisée.
*
Avant le concert, au Son du Cor, avec toutes celles et tous ceux qui profitent d’une terrasse de belle journée d’automne à soleil trop bas en regardant celui-ci sur le haut des maisons d’en face.
Hervé Walczak Le Sauder (violon), Pascale Thiébaux (violon), Agathe Blondel (alto) et Florent Audibert (violoncelle) jouent la Toccata sesta d’après Frescobaldi de Laurent Lefrançois, courte composition contemporaine néo classique, puis le Quatuor pour cordes numéro dix-sept en si bémol majeur « La Chasse » de Wolfgang Amadeus Mozart.
Le meilleur est pour après l’entracte avec le Quintette pour piano en mi bémol de Robert Schumann pour lequel Frédéric Aguessy est au piano, une œuvre ardente fort plaisante avec en bonus visuel une jolie tourneuse de pages à l’air bien sage.
Avant que les cinq donnent en bis le mouvement le plus tonique, Frédéric Aguessy prend la parole pour citer un extrait de la lettre qu’écrivit Richard Wagner à Robert Schumann au lendemain de l’audition de ce quintette : Je vois quel chemin vous voulez suivre, et puis vous assurer que c’est aussi le mien, là est l’unique chance de salut : la beauté., un propos qui fait écho à l’actualité tragique.
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Pas le moindre risque d’endormissement durant ce concert malgré une nuit moyenne et un réveil brutal à l’heure du départ d’un des invités de la soirée biture du voisin étudiant (une habitude de quand sa copine n’est pas là), invité avec lequel l’une des voisines à chiens s’embrouille bruyamment car ce buveur de bière la pisse dans le jardin :
-Il n’y a pas de toilettes chez Florent ? lui demande-t-elle avec l’appui sonore d’Aboyus.
Le pisseur va se plaindre à son peute inviteur qui lui fait une leçon de morale alcoolisée.
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Avant le concert, au Son du Cor, avec toutes celles et tous ceux qui profitent d’une terrasse de belle journée d’automne à soleil trop bas en regardant celui-ci sur le haut des maisons d’en face.
15 novembre 2015
Le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend ses songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un fanatique novice qui donne de grandes espérances ; il pourra bientôt tuer pour l’amour de Dieu.
Barthélemy Diaz fut un fanatique profès. Il avait à Nuremberg un frère, Jean Diaz, qui n’était encore qu’enthousiaste luthérien, vivement convaincu que le pape est l’Antéchrist, ayant le signe de la bête. Barthélemy, encore plus vivement persuadé que le pape est Dieu en terre, part de Rome pour aller convertir ou tuer son frère : il l’assassine ; voilà du parfait : et nous avons ailleurs rendu justice à ce Diaz.
Polyeucte, qui va au temple, dans un jour de solennité, renverser et casser les statues et les ornements, est un fanatique moins horrible que Diaz, mais non moins sot. Les assassins du duc François de Guise, de Guillaume prince d’Orange, du roi Henri III, du roi Henri IV, et de tant d’autres, étaient des énergumènes malades de la même rage que Diaz.
Le plus grand exemple de fanatisme est celui des bourgeois de Paris qui coururent assassiner, égorger, jeter par les fenêtres, mettre en pièces, la nuit de la Saint-Barthélemy, leurs concitoyens qui n’allaient point à la messe. Guyon, Patouillet, Chaudon, Nonotte, l’ex-jésuite Paulian, ne sont que des fanatiques du coin de la rue, des misérables à qui on ne prend pas garde : mais un jour de Saint-Barthélemy ils feraient de grandes choses.
Il y a des fanatiques de sang-froid : ce sont les juges qui condamnent à la mort ceux qui n’ont d’autre crime que de ne pas penser comme eux ; et ces juges-là sont d’autant plus coupables, d’autant plus dignes de l’exécration du genre humain, que, n’étant pas dans un accès de fureur comme les Clément, les Chastel, les Ravaillac, les Damiens, il semble qu’ils pourraient écouter la raison.
Il n’est d’autre remède à cette maladie épidémique que l’esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les mœurs des hommes, et qui prévient les accès du mal ; car dès que ce mal fait des progrès, il faut fuir et attendre que l’air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent pas contre la peste des âmes ; la religion, loin d’être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. Ces misérables ont sans cesse présent à l’esprit l’exemple d’Aod qui assassine le roi Églon ; de Judith qui coupe la tête d’Holopherne en couchant avec lui ; de Samuel qui hache en morceaux le roi Agag ; du prêtre Joad qui assassine sa reine à la porte aux chevaux, etc. Ils ne voient pas que ces exemples, qui sont respectables dans l’Antiquité, sont abominables dans le temps présent : ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne.
Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage : c’est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l’esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu’ils doivent entendre. Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?
Lorsqu’une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. J’ai vu des convulsionnaires qui, en parlant des miracles de saint Pâris, s’échauffaient par degrés parmi eux : leurs yeux s’enflammaient, tout leur corps tremblait, la fureur défigurait leur visage, et ils auraient tué quiconque les eût contredits.
Oui, je les ai vus ces convulsionnaires, je les ai vus tendre leurs membres et écumer. Ils criaient : « Il faut du sang. » Ils sont parvenus à faire assassiner leur roi par un laquais, et ils ont fini par ne crier que contre les philosophes.
Ce sont presque toujours les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains ; ils ressemblent à ce Vieux de la montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu’ils iraient assassiner tous ceux qu’il leur nommerait. Il n’y a eu qu’une seule religion dans le monde qui n’ait pas été souillée par le fanatisme, c’est celle des lettrés de la Chine. Les sectes des philosophes étaient non seulement exemptes de cette peste, mais elles en étaient le remède ; car l’effet de la philosophie est de rendre l’âme tranquille, et le fanatisme est incompatible avec la tranquillité. Si notre sainte religion a été si souvent corrompue par cette fureur infernale, c’est à la folie des hommes qu’il faut s’en prendre.
(Article Fanatisme du Dictionnaire philosophique portatif de Voltaire, mil sept cent soixante-quatre)
*
Ce texte m’est parvenu par le réseau social Effe Bé grâce à Valérie que je n’ai croisée dans la vraie vie qu’une seule fois.
*
Face à l’horreur de ce vendredi treize, chacun réagit comme il peut sur ce réseau. Certains y vont d’un « Il va falloir beaucoup beaucoup beaucoup d’amour », d’un signe de la paix avec la tour Eiffel dedans, de leur photo sur fond bleu blanc rouge. D’autres, d’extrême gauche, semblent davantage prêts à se battre contre l’état d’urgence de Hollande que contre les salopards d’islamistes.
Je ne me reconnais ni chez les uns ni chez les autres.
*
Tous les musulmans ne sont pas des terroristes mais tous les terroristes sont musulmans.
Barthélemy Diaz fut un fanatique profès. Il avait à Nuremberg un frère, Jean Diaz, qui n’était encore qu’enthousiaste luthérien, vivement convaincu que le pape est l’Antéchrist, ayant le signe de la bête. Barthélemy, encore plus vivement persuadé que le pape est Dieu en terre, part de Rome pour aller convertir ou tuer son frère : il l’assassine ; voilà du parfait : et nous avons ailleurs rendu justice à ce Diaz.
Polyeucte, qui va au temple, dans un jour de solennité, renverser et casser les statues et les ornements, est un fanatique moins horrible que Diaz, mais non moins sot. Les assassins du duc François de Guise, de Guillaume prince d’Orange, du roi Henri III, du roi Henri IV, et de tant d’autres, étaient des énergumènes malades de la même rage que Diaz.
Le plus grand exemple de fanatisme est celui des bourgeois de Paris qui coururent assassiner, égorger, jeter par les fenêtres, mettre en pièces, la nuit de la Saint-Barthélemy, leurs concitoyens qui n’allaient point à la messe. Guyon, Patouillet, Chaudon, Nonotte, l’ex-jésuite Paulian, ne sont que des fanatiques du coin de la rue, des misérables à qui on ne prend pas garde : mais un jour de Saint-Barthélemy ils feraient de grandes choses.
Il y a des fanatiques de sang-froid : ce sont les juges qui condamnent à la mort ceux qui n’ont d’autre crime que de ne pas penser comme eux ; et ces juges-là sont d’autant plus coupables, d’autant plus dignes de l’exécration du genre humain, que, n’étant pas dans un accès de fureur comme les Clément, les Chastel, les Ravaillac, les Damiens, il semble qu’ils pourraient écouter la raison.
Il n’est d’autre remède à cette maladie épidémique que l’esprit philosophique, qui, répandu de proche en proche, adoucit enfin les mœurs des hommes, et qui prévient les accès du mal ; car dès que ce mal fait des progrès, il faut fuir et attendre que l’air soit purifié. Les lois et la religion ne suffisent pas contre la peste des âmes ; la religion, loin d’être pour elles un aliment salutaire, se tourne en poison dans les cerveaux infectés. Ces misérables ont sans cesse présent à l’esprit l’exemple d’Aod qui assassine le roi Églon ; de Judith qui coupe la tête d’Holopherne en couchant avec lui ; de Samuel qui hache en morceaux le roi Agag ; du prêtre Joad qui assassine sa reine à la porte aux chevaux, etc. Ils ne voient pas que ces exemples, qui sont respectables dans l’Antiquité, sont abominables dans le temps présent : ils puisent leurs fureurs dans la religion même qui les condamne.
Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage : c’est comme si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens-là sont persuadés que l’esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu’ils doivent entendre. Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui en conséquence est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?
Lorsqu’une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. J’ai vu des convulsionnaires qui, en parlant des miracles de saint Pâris, s’échauffaient par degrés parmi eux : leurs yeux s’enflammaient, tout leur corps tremblait, la fureur défigurait leur visage, et ils auraient tué quiconque les eût contredits.
Oui, je les ai vus ces convulsionnaires, je les ai vus tendre leurs membres et écumer. Ils criaient : « Il faut du sang. » Ils sont parvenus à faire assassiner leur roi par un laquais, et ils ont fini par ne crier que contre les philosophes.
Ce sont presque toujours les fripons qui conduisent les fanatiques, et qui mettent le poignard entre leurs mains ; ils ressemblent à ce Vieux de la montagne qui faisait, dit-on, goûter les joies du paradis à des imbéciles, et qui leur promettait une éternité de ces plaisirs dont il leur avait donné un avant-goût, à condition qu’ils iraient assassiner tous ceux qu’il leur nommerait. Il n’y a eu qu’une seule religion dans le monde qui n’ait pas été souillée par le fanatisme, c’est celle des lettrés de la Chine. Les sectes des philosophes étaient non seulement exemptes de cette peste, mais elles en étaient le remède ; car l’effet de la philosophie est de rendre l’âme tranquille, et le fanatisme est incompatible avec la tranquillité. Si notre sainte religion a été si souvent corrompue par cette fureur infernale, c’est à la folie des hommes qu’il faut s’en prendre.
(Article Fanatisme du Dictionnaire philosophique portatif de Voltaire, mil sept cent soixante-quatre)
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Ce texte m’est parvenu par le réseau social Effe Bé grâce à Valérie que je n’ai croisée dans la vraie vie qu’une seule fois.
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Face à l’horreur de ce vendredi treize, chacun réagit comme il peut sur ce réseau. Certains y vont d’un « Il va falloir beaucoup beaucoup beaucoup d’amour », d’un signe de la paix avec la tour Eiffel dedans, de leur photo sur fond bleu blanc rouge. D’autres, d’extrême gauche, semblent davantage prêts à se battre contre l’état d’urgence de Hollande que contre les salopards d’islamistes.
Je ne me reconnais ni chez les uns ni chez les autres.
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Tous les musulmans ne sont pas des terroristes mais tous les terroristes sont musulmans.
14 novembre 2015
Vendredi treize novembre deux mille quinze, une bonne soirée avec le chœur accentus et l’Orchestre de l’Opéra de Rouen dirigés par Laurence Equilbey pour un concert intitulé Guerre et Paix. S’y succèdent la Cantate sur la mort de Joseph II de Ludwig van Beethoven, Le Roi Etienne du même et Kampf und Sieg (Bataille et Victoire) de Carl Maria von Weber, tout cela diffusé en direct sur Radio Classique, ce qui permet aux amis de Stockholm autrefois abonnés ici d’en être.
Rentré à la maison, je songe au texte que je vais écrire, qui devra commencer par l’attrayante mise en garde de Frédéric Roels, Directeur, relative à la présence des micros sur la scène « Je vous invite à réprimer tous les bruits parasites qui pourraient vous tenter » et puis je mets en marche mon ordinateur et apprends l’horreur, tous ces morts à Paris, au Bataclan surtout, et ailleurs, notamment dans cette rue de Charonne que je connais bien.
J’appelle celle pour qui j’ai peur. Elle est dehors, à une terrasse, pas du tout consciente de la gravité de ce qui se passe. Je lui dis de rentrer, chez elle ou ailleurs, mais ne suis pas sûr qu’elle le fasse.
Cette fois c’est vraiment la Guerre, et pour ce qui est de la Paix…
Rentré à la maison, je songe au texte que je vais écrire, qui devra commencer par l’attrayante mise en garde de Frédéric Roels, Directeur, relative à la présence des micros sur la scène « Je vous invite à réprimer tous les bruits parasites qui pourraient vous tenter » et puis je mets en marche mon ordinateur et apprends l’horreur, tous ces morts à Paris, au Bataclan surtout, et ailleurs, notamment dans cette rue de Charonne que je connais bien.
J’appelle celle pour qui j’ai peur. Elle est dehors, à une terrasse, pas du tout consciente de la gravité de ce qui se passe. Je lui dis de rentrer, chez elle ou ailleurs, mais ne suis pas sûr qu’elle le fasse.
Cette fois c’est vraiment la Guerre, et pour ce qui est de la Paix…
13 novembre 2015
Gé Dix-Sept, fauteuil isolé un peu décentré, donc à ma convenance, ce mardi soir à l’Opéra de Rouen pour voir Carolyn Carlson dans son solo Dialogue with Rothko, une heure dix sur scène à soixante-douze ans, c’est la première fois que j’assiste à un spectacle de danse dans lequel l’artiste sur scène et la grande majorité du public sont dans la même tranche d’âge.
Carolyn Carlson est accompagnée par le violoncelliste Jean-Paul Dessy, Directeur de l’Ensemble Musiques Nouvelles de Mons, à qui l’on doit la musique de cette « poésie visuelle ». Un épiscope et des cadres écrans à projection font décor.
Cette lecture personnelle de Untitled (Black, Red over Black on Red), visible au Centre Pompidou, me plaît bien mais je ne sais si c’est la faute au violoncelle, il m’arrive de frôler l’endormissement. Peut-être devrais-je pratiquer comme la toujours jeune Carolyn Carlson le qi gong chaque matin.
*
Onze/Onze/Quinze : neuf ans que ça dure, ce Journal.
Carolyn Carlson est accompagnée par le violoncelliste Jean-Paul Dessy, Directeur de l’Ensemble Musiques Nouvelles de Mons, à qui l’on doit la musique de cette « poésie visuelle ». Un épiscope et des cadres écrans à projection font décor.
Cette lecture personnelle de Untitled (Black, Red over Black on Red), visible au Centre Pompidou, me plaît bien mais je ne sais si c’est la faute au violoncelle, il m’arrive de frôler l’endormissement. Peut-être devrais-je pratiquer comme la toujours jeune Carolyn Carlson le qi gong chaque matin.
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Onze/Onze/Quinze : neuf ans que ça dure, ce Journal.
12 novembre 2015
Direction Sotteville-lès-Rouen ce mardi matin où j’arrive sans me perdre rue Victor-Hugo. J’y ai rendez-vous à neuf heures dans un garage pour la vidange de ma petite voiture à prix Marché Privé. Ce garage est surtout un lieu de vente de voitures d’occasion. Celui qui m’accueille semble y travailler seul. Je lui explique le problème de démarrage lié à la clé dont l’électronique défaille. Il me dit qu’un jour où l’autre je vais rester définitivement en rade et que ma voiture ira à la casse.
Je bois un café au Lutetia place de l’Hôtel de Ville pendant l’opération, un Péhemmu qui a dû être moderne dans les années quatre-vingt. J’y commence la lecture d’Andy Warhol, la biographie de Mériam Korichi publiée par Folio/Gallimard, tandis qu’au comptoir se succèdent les hommes seuls.
-Un café ? leur demande la blonde serveuse.
-Comme d’habitude, répondent-ils sur un fond de chansonnettes de Radio Nostalgie.
Trois quarts d’heure plus tard, je suis de retour au garage, lieu qui me donne à chaque fréquentation l’envie de ne plus avoir de voiture.
Oui, mais comment pourrais-je alors rejoindre comme je le fais en début d’après-midi la bouquinerie rurale de Quévreville-la-Poterie. Sur fond de pop love musique diffusée par la radio Chérie, j’y prends livraison de divers livres réservés via le réseau social Effe Bé.
Au retour à Rouen, je jouis du soleil à la terrasse du Vascœuil et y poursuis ma lecture de la biographie d’Andy. A la table voisine, trois étudiantes en médecine et en pharmacie buveuses de bière, dont l’une prénommée Hortense, sont rejointes par le didjai boutonneux et inhibé auquel elles ont fait appel pour animer une soirée qu’elles organisent à la salle de fêtes de Pont-Saint-Pierre dans l’Eure.
-Vingt-Sept Trois Cent Soixante, précise Hortense.
Il y aura un apéro puis un buffet dînatoire. Les parents ne sont invités qu’à l’apéro, après « ce sera la déchéance ».
-Ça va, se réjouit le didjai, je serai pas obligé de passer de la musique de vieux, ça tombe bien, je déteste la musique des années quatre-vingt.
*
Propos de rue rouennais: « François, ça reste un homme de cheval. »
Je bois un café au Lutetia place de l’Hôtel de Ville pendant l’opération, un Péhemmu qui a dû être moderne dans les années quatre-vingt. J’y commence la lecture d’Andy Warhol, la biographie de Mériam Korichi publiée par Folio/Gallimard, tandis qu’au comptoir se succèdent les hommes seuls.
-Un café ? leur demande la blonde serveuse.
-Comme d’habitude, répondent-ils sur un fond de chansonnettes de Radio Nostalgie.
Trois quarts d’heure plus tard, je suis de retour au garage, lieu qui me donne à chaque fréquentation l’envie de ne plus avoir de voiture.
Oui, mais comment pourrais-je alors rejoindre comme je le fais en début d’après-midi la bouquinerie rurale de Quévreville-la-Poterie. Sur fond de pop love musique diffusée par la radio Chérie, j’y prends livraison de divers livres réservés via le réseau social Effe Bé.
Au retour à Rouen, je jouis du soleil à la terrasse du Vascœuil et y poursuis ma lecture de la biographie d’Andy. A la table voisine, trois étudiantes en médecine et en pharmacie buveuses de bière, dont l’une prénommée Hortense, sont rejointes par le didjai boutonneux et inhibé auquel elles ont fait appel pour animer une soirée qu’elles organisent à la salle de fêtes de Pont-Saint-Pierre dans l’Eure.
-Vingt-Sept Trois Cent Soixante, précise Hortense.
Il y aura un apéro puis un buffet dînatoire. Les parents ne sont invités qu’à l’apéro, après « ce sera la déchéance ».
-Ça va, se réjouit le didjai, je serai pas obligé de passer de la musique de vieux, ça tombe bien, je déteste la musique des années quatre-vingt.
*
Propos de rue rouennais: « François, ça reste un homme de cheval. »
11 novembre 2015
Incertain de l’ouverture de mes bouquineries parisiennes favorites le mercredi onze novembre, c’est ce lundi que je passe à Paris, un beau lundi qu’on pourrait croire de septembre tant il fait doux et soleil.
Le bus Vingt m’emmène à la Bastille d’où je rejoins mon Book Off du matin. Après l’avoir exploré, j’innove en rejoignant le Quartier Latin pédestrement : rue Ledru-Rollin, pont d’Austerlitz, traversée du Jardin des Plantes, Jussieu, rue des Ecoles.
Il est midi. Je déjeune en terrasse au Saintsév, restaurant à menu touristique qui se tient au carrefour de la rue qui lui donne son nom et de celle de la Harpe. A la table voisine, une jeune Asiatique règle ses affaires en anglais et au téléphone avec la détermination et l’efficacité qui caractérisent les filles quand elles voyagent seules.
Moules marinières, sauté de porc avec pomme au four, mousse au chocolat, un quart de sauvignon, ça fait dix-huit euros. Je règle à l’intérieur où déjeune un groupe constitué de ruraux à visages caractéristiques.
Je fouille ensuite dans les bacs de trottoir des deux Gibert et de Boulinier sans en tirer quoi que ce soit, puis prends le bus Vingt et Un et descends à Petits-Champs afin de rejoindre le jardin du Palais Royal, un bon endroit pour profiter du soleil bas.
Assis au bord du bassin, je regarde mes semblables tous heureux d’ainsi bénéficier des effets du changement climatique (si c’est lui le responsable de ce chaud novembre). Quand le rond jaune disparaît derrière les appartements bourgeois, je me rapproche de mon Book-Off d’après-midi en prenant un café à la Clé des Champs.
Dans le train de dix-huit heures trente pour Rouen, je lis Rester vivant suivi de La poursuite du bonheur, le recueil des poèmes de Michel Houellebecq publié chez Flammarion, partagé entre mon peu de goût pour cette écriture pompière et ma sympathie pour le désespoir tranquille qui en émane, tout en constatant qu’il m’est impossible de les lire sans entendre la voix de l’auteur les disant.
*
Autre ouvrage rapporté de Paris : Palestrina de Michel Brenet, fac-similé de l’édition de mil neuf cent six des Presses Universitaires de France, publié en mil neuf cent quatre-vingt-trois par Gérard Monfort à Saint-Pierre-de-Salerne, village voisin du Bec-Hellouin où je faisais l’instituteur à cette époque sans connaître l’existence de ce spécialiste de la réédition qui, m’apprend Internet, était encore en activité dans les années deux mille.
*
Enfin et pas le moindre : Hippobosque au Bocage de Gaston Chaissac chez L’Imaginaire/Gallimard, où l’on trouve des lettres envoyées par l’artiste à divers correspondants seulement nommés avec leurs initiales ainsi que des poèmes, cela malheureusement sans texte de présentation.
*
Ode au passé
(A une crevette)
Hier s’est évanoui
en un tournemain
Reste la suie
des fumées.
Gaston Chaissac
Le bus Vingt m’emmène à la Bastille d’où je rejoins mon Book Off du matin. Après l’avoir exploré, j’innove en rejoignant le Quartier Latin pédestrement : rue Ledru-Rollin, pont d’Austerlitz, traversée du Jardin des Plantes, Jussieu, rue des Ecoles.
Il est midi. Je déjeune en terrasse au Saintsév, restaurant à menu touristique qui se tient au carrefour de la rue qui lui donne son nom et de celle de la Harpe. A la table voisine, une jeune Asiatique règle ses affaires en anglais et au téléphone avec la détermination et l’efficacité qui caractérisent les filles quand elles voyagent seules.
Moules marinières, sauté de porc avec pomme au four, mousse au chocolat, un quart de sauvignon, ça fait dix-huit euros. Je règle à l’intérieur où déjeune un groupe constitué de ruraux à visages caractéristiques.
Je fouille ensuite dans les bacs de trottoir des deux Gibert et de Boulinier sans en tirer quoi que ce soit, puis prends le bus Vingt et Un et descends à Petits-Champs afin de rejoindre le jardin du Palais Royal, un bon endroit pour profiter du soleil bas.
Assis au bord du bassin, je regarde mes semblables tous heureux d’ainsi bénéficier des effets du changement climatique (si c’est lui le responsable de ce chaud novembre). Quand le rond jaune disparaît derrière les appartements bourgeois, je me rapproche de mon Book-Off d’après-midi en prenant un café à la Clé des Champs.
Dans le train de dix-huit heures trente pour Rouen, je lis Rester vivant suivi de La poursuite du bonheur, le recueil des poèmes de Michel Houellebecq publié chez Flammarion, partagé entre mon peu de goût pour cette écriture pompière et ma sympathie pour le désespoir tranquille qui en émane, tout en constatant qu’il m’est impossible de les lire sans entendre la voix de l’auteur les disant.
*
Autre ouvrage rapporté de Paris : Palestrina de Michel Brenet, fac-similé de l’édition de mil neuf cent six des Presses Universitaires de France, publié en mil neuf cent quatre-vingt-trois par Gérard Monfort à Saint-Pierre-de-Salerne, village voisin du Bec-Hellouin où je faisais l’instituteur à cette époque sans connaître l’existence de ce spécialiste de la réédition qui, m’apprend Internet, était encore en activité dans les années deux mille.
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Enfin et pas le moindre : Hippobosque au Bocage de Gaston Chaissac chez L’Imaginaire/Gallimard, où l’on trouve des lettres envoyées par l’artiste à divers correspondants seulement nommés avec leurs initiales ainsi que des poèmes, cela malheureusement sans texte de présentation.
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Ode au passé
(A une crevette)
Hier s’est évanoui
en un tournemain
Reste la suie
des fumées.
Gaston Chaissac
10 novembre 2015
Lecture d’il y a quelques semaines, les Lettres de Venise du Baron Corvo, un ouvrage qui regroupe les lettres adressées à son ami anglais Charles Masson Fox, fils d’une famille quaker très respectée, qui avait l’ordre de les détruire, par Frederick Rolfe, dit le Baron Corvo, arrivé à Venise en août mil neuf cent huit.
D’un coup de tampon, sur la page de titre, pour réparer un oubli, l’éditeur Jean-Paul Bertrand (Le Rocher) a indiqué « Traduction et Préface de Michel Bulteau ». Le livre est illustré d’anonymes dessins de garçons nus, ces garçons étant l’objet des désirs et des fantasmes du Baron, comme le montre ces échantillons :
On peut aussi le fourrer, les genoux écartés à l’extrême, se cabrant, eh bien, oui, il pourrait se cabrer (bien ouvert) prêt à recevoir le membre entier dans sa chaleur intime, empalé, éjaculant entre ses fesses. (vingt-huit novembre mil neuf cent neuf)
Imagine un garçon en pleine santé qui adore prendre du plaisir avec un mâle et s’y adonne sans réserve, avec joie et ardeur, eh bien, j’en suis sûr, un tel garçon conservera sa jeunesse et sa fraîcheur infiniment plus longtemps qu’un gaillard qui chasse la donzelle dès la puberté. (onze décembre mil neuf cent neuf)
Tous les deux vous préférez les plus jeunes –ma préférence va à ceux de 16, 17 et 18 ans bien développés. Je ne vous comprends toujours pas. Mon plaisir est incomplet avec un jeune corps. Il est allongé sur le dos. Je me love contre son ventre, mon dard enfoui dans la douceur de ses cuisses. (jeudi treize janvier mil neuf cent dix)
Le Jour de l’An, Zildo quitta l’Osmarin en cachette avec Carlo –(quelle insulte pour Piero que l’outsider Carlo !)– et ils se sont tapé cinq filles, l’une après l’autre, tout nus, en plein jour, de 2 à 4. Et Carlo suivait. « Que de laides créatures dans le monde ! », se lamentait Piero. (Mais imagine le plaisir que ces brutes enfiévrées ont dû procurer aux filles !) (vingt janvier mil neuf cent dix)
Nous avons fini ensemble. Une longue abstinence nous avait fait perdre tout contrôle. Il ne pouvait se retenir ; collés l’un à l’autre, déchargeant des torrents de sperme –des torrents. (vingt-six janvier mil neuf cent dix)
Venise ne réussira pas au Baron Corvo, qui peu à peu s’y appauvrit :
Tu dois savoir que le consul a réagi. Grâce à qui et pourquoi, je ne sais. Mais il m’a écrit spontanément, me proposant un billet pour Douvres ou Newhaven, en troisième classe et sans bagages. (…)
Et, selon la loi italienne, un étranger sans moyen de subsistance est immédiatement reconduit à la frontière. Cela ne doit pas m’arriver. (vingt et un août mil neuf cent dix)
Cela n’arrivera pas, il mourra d’une crise cardiaque le vingt-cinq octobre mil neuf cent treize à l’âge de cinquante-trois ans.
D’un coup de tampon, sur la page de titre, pour réparer un oubli, l’éditeur Jean-Paul Bertrand (Le Rocher) a indiqué « Traduction et Préface de Michel Bulteau ». Le livre est illustré d’anonymes dessins de garçons nus, ces garçons étant l’objet des désirs et des fantasmes du Baron, comme le montre ces échantillons :
On peut aussi le fourrer, les genoux écartés à l’extrême, se cabrant, eh bien, oui, il pourrait se cabrer (bien ouvert) prêt à recevoir le membre entier dans sa chaleur intime, empalé, éjaculant entre ses fesses. (vingt-huit novembre mil neuf cent neuf)
Imagine un garçon en pleine santé qui adore prendre du plaisir avec un mâle et s’y adonne sans réserve, avec joie et ardeur, eh bien, j’en suis sûr, un tel garçon conservera sa jeunesse et sa fraîcheur infiniment plus longtemps qu’un gaillard qui chasse la donzelle dès la puberté. (onze décembre mil neuf cent neuf)
Tous les deux vous préférez les plus jeunes –ma préférence va à ceux de 16, 17 et 18 ans bien développés. Je ne vous comprends toujours pas. Mon plaisir est incomplet avec un jeune corps. Il est allongé sur le dos. Je me love contre son ventre, mon dard enfoui dans la douceur de ses cuisses. (jeudi treize janvier mil neuf cent dix)
Le Jour de l’An, Zildo quitta l’Osmarin en cachette avec Carlo –(quelle insulte pour Piero que l’outsider Carlo !)– et ils se sont tapé cinq filles, l’une après l’autre, tout nus, en plein jour, de 2 à 4. Et Carlo suivait. « Que de laides créatures dans le monde ! », se lamentait Piero. (Mais imagine le plaisir que ces brutes enfiévrées ont dû procurer aux filles !) (vingt janvier mil neuf cent dix)
Nous avons fini ensemble. Une longue abstinence nous avait fait perdre tout contrôle. Il ne pouvait se retenir ; collés l’un à l’autre, déchargeant des torrents de sperme –des torrents. (vingt-six janvier mil neuf cent dix)
Venise ne réussira pas au Baron Corvo, qui peu à peu s’y appauvrit :
Tu dois savoir que le consul a réagi. Grâce à qui et pourquoi, je ne sais. Mais il m’a écrit spontanément, me proposant un billet pour Douvres ou Newhaven, en troisième classe et sans bagages. (…)
Et, selon la loi italienne, un étranger sans moyen de subsistance est immédiatement reconduit à la frontière. Cela ne doit pas m’arriver. (vingt et un août mil neuf cent dix)
Cela n’arrivera pas, il mourra d’une crise cardiaque le vingt-cinq octobre mil neuf cent treize à l’âge de cinquante-trois ans.
9 novembre 2015
Sur le quai bas de la rive droite, je ne croise que des coureuses ce vendredi matin alors que je rejoins le centre commercial des Docks et son cinéma Pathé dans lequel le Secours Populaire organise une vente de livres d’occasion. Sur l’autre rive, le quai est désert où se tenait autrefois la Foire Saint-Romain et pas davantage de manèges derrière les Docks là où elle aurait dû avoir lieu cette année. En ville, je n’entends personne regretter son annulation.
Arrivé devant les rideaux baissés du cinéma, je discute avec l’une de mes connaissances. Il vendait lors du dernier Quai aux Livres, comme chaque année, et jamais encore son chiffre d’affaire n’avait été aussi bas, me dit-il avant d’aller téléphoner plus loin.
Même si c’était gratuit, je n’irais voir aucun des films programmés par ce cinéma Pathé. J’y ai en revanche le bon souvenir d’une Agora du Cinéma Coréen du temps de miss Beaumont. Après avoir survécu cahin-caha au départ de celle-ci jusqu’à l’an dernier, ce festival n’aura désormais plus lieu (alors que deux mille quinze est l’Année de la Corée en France, me faisait remarquer l’ami Masson hier à l’Opéra).
Les rideaux se lèvent à dix heures trente. Les bénévoles du Secours Populaire finissent de s’installer avec nervosité. Saoulé par la sono du cinéma et gêné par le mauvais éclairage, je tente de trouver livres à mon goût et repars avec quelques-uns.
*
Quand j’y retourne ce samedi à la même heure, j’entends qu’au Secours Populaire Français, on se plaint des mendiants roms qui chassent des rues ceux de chez nous.
Arrivé devant les rideaux baissés du cinéma, je discute avec l’une de mes connaissances. Il vendait lors du dernier Quai aux Livres, comme chaque année, et jamais encore son chiffre d’affaire n’avait été aussi bas, me dit-il avant d’aller téléphoner plus loin.
Même si c’était gratuit, je n’irais voir aucun des films programmés par ce cinéma Pathé. J’y ai en revanche le bon souvenir d’une Agora du Cinéma Coréen du temps de miss Beaumont. Après avoir survécu cahin-caha au départ de celle-ci jusqu’à l’an dernier, ce festival n’aura désormais plus lieu (alors que deux mille quinze est l’Année de la Corée en France, me faisait remarquer l’ami Masson hier à l’Opéra).
Les rideaux se lèvent à dix heures trente. Les bénévoles du Secours Populaire finissent de s’installer avec nervosité. Saoulé par la sono du cinéma et gêné par le mauvais éclairage, je tente de trouver livres à mon goût et repars avec quelques-uns.
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Quand j’y retourne ce samedi à la même heure, j’entends qu’au Secours Populaire Français, on se plaint des mendiants roms qui chassent des rues ceux de chez nous.
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