Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
21 janvier 2016
Le froid est en accord avec le nom de la rue parisienne où je suis attendu ce mercredi pour partager une galette des rois. Heureusement, le train de huit heures douze est correctement chauffé. Le jour se lève par la fenêtre un peu avant Vernon. A considérer les voitures neuves stockées près des usines entre Mantes-la-Jolie et la capitale, je constate qu’en deux mille seize la loi est toujours en vigueur : une camionnette doit être blanche.
La ligne Trois du métro est en dérangement suite à un problème de signalisation. C’est la première fois que je vois dans cette circonstance un être humain sur le quai, en l’occurrence une jeune femme, un micro sans fil en main, incitant les voyageurs à la patience. Des hommes à gilet jaune canalisent la foule sur le quai d’en face. De mon côté ça va et bientôt me voici dans la Huit mais nouveau problème : un « accident de personne » vient d’avoir lieu à Ledru-Rollin, ma destination. La rame s’arrête à République et n’ira pas plus loin. Je poursuis avec la Cinq puis à pied. Près de Book-Off, camions de pompier et ambulance attestent de ce qui s’est passé sous terre.
Je ne trouve rien dans la bouquinerie où je reste pourtant plus d’une heure. Quand je ressors, la station de métro est toujours fermée et les secours encore sur place. Des agents du métro présents dans la rue m’expliquent comment rejoindre Jules-Joffrin.
Il ne se passe rien quand je fais le code de l’immeuble où habite celle chez qui je suis invité. Que faire ? J’avise une fille qui doit avoir vingt ans et lui demande si elle peut me prêter son téléphone. « Je n’en ai pas », me répond cette menteuse. Heureusement, un homme arrive avec ses courses et me fait entrer.
-Ah oui, j’ai oublié de te donner le nouveau code, s’excuse-t-elle après m’avoir ouvert sa porte.
Nous sommes heureux de nous retrouver et de partager une bonne potée, parfait plat d’hiver, sur la nouvelle table qui manquait à son mobilier, tout en évoquant nos vies et nos avenirs éventuels. Quand je coupe la galette en quatre, je ne manque pas de trouver la fève mais elle n’est pas dans les deux parts qui font notre dessert. Les ouvriers d’en face, occupés à faire pousser un immeuble dans la dent creuse, ont déjà repris le travail dans le froidure quand je la quitte.
Après être passé au deuxième Book-Off sans plus de succès, je regagne Saint-Lazare en métro, le froid me dissuadant de marcher. J’y trouve Bernard Clarisse, qui fut professeur d’arts plastiques à l'Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Mont-Saint-Aignan, avec qui j’ai fait deux stages mémorables, et par ailleurs peintre. Il regagne sa résidence secondaire près de Dieppe. Nous voyageons ensemble, parlant arts plastiques et littérature et de nos activités respectives dans ces domaines, aussi de la vieillesse. Il exposera en mars au Château Musée de Dieppe mais n’a plus de galerie à Paris où espérer vendre. Plus de sept cents toiles s’entassent dans une dépendance de son presbytère. Je n’ose lui demander s’il songe à ce qu’il en sera quand il n’y sera plus.
*
C’en est fini du troisième Book-Off, celui dédié aux productions japonaises. Manque de clientèle, je suppose.
*
A Rouen, c’est la librairie galerie Le Robec, dédiée au fantastique et à la science fiction, qui ferme. Départ à la retraite de sa tenancière, je suppose.
Je lui ai vendu autrefois à bas prix tous mes livres de science fiction. Il fut une époque où je ne lisais que ça et du jour au lendemain plus rien. J’aurais été mieux avisé de mettre tous ces livres dans des cartons et de les ressortir quand j’aurais pu mieux les vendre via Internet mais aucun des livres d’anticipation que je lisais ne m’avait averti de son invention.
La ligne Trois du métro est en dérangement suite à un problème de signalisation. C’est la première fois que je vois dans cette circonstance un être humain sur le quai, en l’occurrence une jeune femme, un micro sans fil en main, incitant les voyageurs à la patience. Des hommes à gilet jaune canalisent la foule sur le quai d’en face. De mon côté ça va et bientôt me voici dans la Huit mais nouveau problème : un « accident de personne » vient d’avoir lieu à Ledru-Rollin, ma destination. La rame s’arrête à République et n’ira pas plus loin. Je poursuis avec la Cinq puis à pied. Près de Book-Off, camions de pompier et ambulance attestent de ce qui s’est passé sous terre.
Je ne trouve rien dans la bouquinerie où je reste pourtant plus d’une heure. Quand je ressors, la station de métro est toujours fermée et les secours encore sur place. Des agents du métro présents dans la rue m’expliquent comment rejoindre Jules-Joffrin.
Il ne se passe rien quand je fais le code de l’immeuble où habite celle chez qui je suis invité. Que faire ? J’avise une fille qui doit avoir vingt ans et lui demande si elle peut me prêter son téléphone. « Je n’en ai pas », me répond cette menteuse. Heureusement, un homme arrive avec ses courses et me fait entrer.
-Ah oui, j’ai oublié de te donner le nouveau code, s’excuse-t-elle après m’avoir ouvert sa porte.
Nous sommes heureux de nous retrouver et de partager une bonne potée, parfait plat d’hiver, sur la nouvelle table qui manquait à son mobilier, tout en évoquant nos vies et nos avenirs éventuels. Quand je coupe la galette en quatre, je ne manque pas de trouver la fève mais elle n’est pas dans les deux parts qui font notre dessert. Les ouvriers d’en face, occupés à faire pousser un immeuble dans la dent creuse, ont déjà repris le travail dans le froidure quand je la quitte.
Après être passé au deuxième Book-Off sans plus de succès, je regagne Saint-Lazare en métro, le froid me dissuadant de marcher. J’y trouve Bernard Clarisse, qui fut professeur d’arts plastiques à l'Institut Universitaire de Formation des Maîtres de Mont-Saint-Aignan, avec qui j’ai fait deux stages mémorables, et par ailleurs peintre. Il regagne sa résidence secondaire près de Dieppe. Nous voyageons ensemble, parlant arts plastiques et littérature et de nos activités respectives dans ces domaines, aussi de la vieillesse. Il exposera en mars au Château Musée de Dieppe mais n’a plus de galerie à Paris où espérer vendre. Plus de sept cents toiles s’entassent dans une dépendance de son presbytère. Je n’ose lui demander s’il songe à ce qu’il en sera quand il n’y sera plus.
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C’en est fini du troisième Book-Off, celui dédié aux productions japonaises. Manque de clientèle, je suppose.
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A Rouen, c’est la librairie galerie Le Robec, dédiée au fantastique et à la science fiction, qui ferme. Départ à la retraite de sa tenancière, je suppose.
Je lui ai vendu autrefois à bas prix tous mes livres de science fiction. Il fut une époque où je ne lisais que ça et du jour au lendemain plus rien. J’aurais été mieux avisé de mettre tous ces livres dans des cartons et de les ressortir quand j’aurais pu mieux les vendre via Internet mais aucun des livres d’anticipation que je lisais ne m’avait averti de son invention.
20 janvier 2016
Il serait temps, au moment où les Cahiers de L’Herne lui consacre leur dernière livraison, que je partage les notes prises lors de ma lecture des Carnets d’Henri-Pierre Roché, sous-titrés Les années Jules et Jim, première partie, 1920-1921.
Ces carnets sont publiés par André Dimanche Editeur avec une préface de François Truffaut, lequel fit connaître Roché après avoir trouvé chez un bouquiniste Jules et Jim qui raconte de façon romancée son histoire à trois avec l'écrivain allemand Franz Hessel et son épouse Helen (les parents de Stéphane Hessel) et qu’il publia à l’âge de soixante-quatorze ans.
Truffaut adapta ensuite Deux Anglaises et le continent, autre roman de Roché, et resta ami avec lui jusqu’à sa mort, trois ans après l’avoir découvert. C’est encore Truffaut qui fit dactylographier ces Carnets qu’il serait plus juste de nommer « Journal intime » mais, comme il l’explique dans sa préface : après deux ans de frappe, la secrétaire à domicile que nous avions chargée de ce travail, a préféré renoncer tant elle était troublée et choquée par ce qu’elle croyait deviner de « cruauté inconsciente » dans le comportement de ce Don Juan du vingtième siècle.
Henri-Pierre Roché tint son Journal intime de mil neuf cent cinq à sa mort en mil neuf cent cinquante-neuf. Cette première partie des années Jules et Jim est hélas la seule à avoir été publiée. On peut y constater que ce qu’on appelle la révolution sexuelle était déjà de mise dans un certain milieu intellectuel et artistique bien avant Mai Soixante-Huit.
Marburg, samedi dix-sept juillet mil neuf cent vingt, à propos de W, l’une de ses amantes :
… et j’ai retrouvé son corps identique, de sainte, ses seins minimes et parfaits, sa légère odeur pure, et son bassin frêle qui toujours me donna grand-peur d’y mettre un enfant. –D’où vient ma modestie pour la reproduction, quand je vois tous les monstres que les gens n’hésitent pas à mettre au jour ?
(…)
Le petit neveu de W. attrape autour de moi des papillons et me dérange souvent. –A force de soin et de ferme bonté elle est fichue d’en faire un homme. –Mais si j’étais le père de ce petit de huit ans aux dents avançantes, je ne me le pardonnerais pas.
Marburg, jeudi vingt-deux juillet mil neuf cent vingt, cinq jours plus tard :
… et c’est bien plus facile de ne pas faire d’enfants à une qui adore l’amour, et qui se complaît à vous arracher le sp. diversement et autrement, qu’à une qui se laisse faire calmement.
*
On verra plus tard que cette horreur des enfants qu’exprime Henri-Pierre Roché sera remplacée par l’obsession d’en faire un à Helen Hessel.
*
Lexique : sp. pour spend (orgasme).
Ces carnets sont publiés par André Dimanche Editeur avec une préface de François Truffaut, lequel fit connaître Roché après avoir trouvé chez un bouquiniste Jules et Jim qui raconte de façon romancée son histoire à trois avec l'écrivain allemand Franz Hessel et son épouse Helen (les parents de Stéphane Hessel) et qu’il publia à l’âge de soixante-quatorze ans.
Truffaut adapta ensuite Deux Anglaises et le continent, autre roman de Roché, et resta ami avec lui jusqu’à sa mort, trois ans après l’avoir découvert. C’est encore Truffaut qui fit dactylographier ces Carnets qu’il serait plus juste de nommer « Journal intime » mais, comme il l’explique dans sa préface : après deux ans de frappe, la secrétaire à domicile que nous avions chargée de ce travail, a préféré renoncer tant elle était troublée et choquée par ce qu’elle croyait deviner de « cruauté inconsciente » dans le comportement de ce Don Juan du vingtième siècle.
Henri-Pierre Roché tint son Journal intime de mil neuf cent cinq à sa mort en mil neuf cent cinquante-neuf. Cette première partie des années Jules et Jim est hélas la seule à avoir été publiée. On peut y constater que ce qu’on appelle la révolution sexuelle était déjà de mise dans un certain milieu intellectuel et artistique bien avant Mai Soixante-Huit.
Marburg, samedi dix-sept juillet mil neuf cent vingt, à propos de W, l’une de ses amantes :
… et j’ai retrouvé son corps identique, de sainte, ses seins minimes et parfaits, sa légère odeur pure, et son bassin frêle qui toujours me donna grand-peur d’y mettre un enfant. –D’où vient ma modestie pour la reproduction, quand je vois tous les monstres que les gens n’hésitent pas à mettre au jour ?
(…)
Le petit neveu de W. attrape autour de moi des papillons et me dérange souvent. –A force de soin et de ferme bonté elle est fichue d’en faire un homme. –Mais si j’étais le père de ce petit de huit ans aux dents avançantes, je ne me le pardonnerais pas.
Marburg, jeudi vingt-deux juillet mil neuf cent vingt, cinq jours plus tard :
… et c’est bien plus facile de ne pas faire d’enfants à une qui adore l’amour, et qui se complaît à vous arracher le sp. diversement et autrement, qu’à une qui se laisse faire calmement.
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On verra plus tard que cette horreur des enfants qu’exprime Henri-Pierre Roché sera remplacée par l’obsession d’en faire un à Helen Hessel.
*
Lexique : sp. pour spend (orgasme).
19 janvier 2016
Economies obligent, c’est le temps des regroupements de communes.
Dans l’Eure, Thuit-Signol, Thuit-Anger et Thuit-Simer fusionnent pour devenir Le Thuit de l'Oison.
En Seine-Maritime, Villequier, Caudebec-en-Caux et Saint-Wandrille-Rançon sont devenues Rives-en-Seine.
Le Thuit de l'Oison, Rives-en-Seine, des noms de lotissements.
Que les trois Thuit ne fassent plus qu’une m’indiffère mais que Villequier où reposent les Hugo et Vacquerie (sauf Victor) et Saint-Wandrille et son abbaye refuge de Maeterlinck et Georgette Leblanc soient étouffées par ce grumeau au nom ridicule de Rives-en-Seine me défrise, d’autant plus que j’y ai de bons souvenirs.
*
Le nouveau plan pour son emploi permettra-t-il à Hollande d’être l’adversaire de la fille Le Pen au second tour de la future Présidentielle. Peut-être, si le troisième homme est Sarkozy. L’un comme l’autre ne peuvent tolérer que Juppé soit le vainqueur de la primaire de Droite. Je te le répète, Alain, fais gaffe, un accident est vite arrivé.
*
Ecrivain à l’ancienne aux personnages essentiellement masculins et à l’intérêt un peu louche pour les plus jeunes, ami du Mythe Errant qui venait le visiter dans son presbytère, Michel Tournier est mort, dont les romans, contrairement à ce qu’il pensait, seront de moins en moins lus.
*
« Quand on arrivera chez Mamie, elle t’en donnera. ». C’est la dite Mamie qui parle d’elle à la troisième personne. La maladie chronique de Papa et de Maman atteint aussi la génération précédente.
Dans l’Eure, Thuit-Signol, Thuit-Anger et Thuit-Simer fusionnent pour devenir Le Thuit de l'Oison.
En Seine-Maritime, Villequier, Caudebec-en-Caux et Saint-Wandrille-Rançon sont devenues Rives-en-Seine.
Le Thuit de l'Oison, Rives-en-Seine, des noms de lotissements.
Que les trois Thuit ne fassent plus qu’une m’indiffère mais que Villequier où reposent les Hugo et Vacquerie (sauf Victor) et Saint-Wandrille et son abbaye refuge de Maeterlinck et Georgette Leblanc soient étouffées par ce grumeau au nom ridicule de Rives-en-Seine me défrise, d’autant plus que j’y ai de bons souvenirs.
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Le nouveau plan pour son emploi permettra-t-il à Hollande d’être l’adversaire de la fille Le Pen au second tour de la future Présidentielle. Peut-être, si le troisième homme est Sarkozy. L’un comme l’autre ne peuvent tolérer que Juppé soit le vainqueur de la primaire de Droite. Je te le répète, Alain, fais gaffe, un accident est vite arrivé.
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Ecrivain à l’ancienne aux personnages essentiellement masculins et à l’intérêt un peu louche pour les plus jeunes, ami du Mythe Errant qui venait le visiter dans son presbytère, Michel Tournier est mort, dont les romans, contrairement à ce qu’il pensait, seront de moins en moins lus.
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« Quand on arrivera chez Mamie, elle t’en donnera. ». C’est la dite Mamie qui parle d’elle à la troisième personne. La maladie chronique de Papa et de Maman atteint aussi la génération précédente.
18 janvier 2016
En chemin, sous le parapluie, ce dimanche matin vers la place Saint-Marc, je constate, face à l’aître Saint-Maclou, comme on a, à Rouen, l’art de résoudre les problèmes qui ne se posent pas. La Mairie y a créé un emplacement pour garer les motos et les scouteurs. Il est le plus souvent inoccupé car dans cette ville, de motards et de scouteuristes, il y a peu. Les jours de marché, comme aujourd’hui, on y gare des voitures.
A Paris, c’est le contraire. Le nombre de motos et surtout de scouteurs est énorme et toujours en expansion. Ces engins sont garés n’importe où et en particulier sur les trottoirs au détriment des piétons. Cet encombrement massif n’entraîne pas la moindre amende pour stationnement interdit. On y a l’art de ne pas voir un problème dont on n’a pas la solution.
*
L’autre dimanche matin, café Le Clos Saint-Marc, un trio ayant passé la nuit en discothèque, une fille aux traits asiatiques et deux beaux garçons qui œuvrent concurremment pour la mettre dans leur lit. L’un perd toute chance quand elle s’aperçoit qu’il ne sait plus son prénom. Elle boit un café et eux un café vin blanc. Elle leur raconte la fois où elle a été accusée à tort de vouloir resquiller à l’entrée d’un concert.
-Resquiller ? On voit bien qu’elle vient du Havre, dit celui qui se souvient peut-être de son prénom à celui qui l’a oublié.
-Resquiller, c’est français, tu manques de vocabulaire, lui réplique-t-elle.
Lui aussi vient de perdre sa chance.
*
« Moi, cette année, j’ai le projet de monter ma boîte à Londres, de revenir ici au bout d’un an mais de rester là-bas fiscalement. On verra. »
Oui, on verra.
*
Ringard : l’exemple même du mot devenu ringard, mais par quoi le remplacer ?
A Paris, c’est le contraire. Le nombre de motos et surtout de scouteurs est énorme et toujours en expansion. Ces engins sont garés n’importe où et en particulier sur les trottoirs au détriment des piétons. Cet encombrement massif n’entraîne pas la moindre amende pour stationnement interdit. On y a l’art de ne pas voir un problème dont on n’a pas la solution.
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L’autre dimanche matin, café Le Clos Saint-Marc, un trio ayant passé la nuit en discothèque, une fille aux traits asiatiques et deux beaux garçons qui œuvrent concurremment pour la mettre dans leur lit. L’un perd toute chance quand elle s’aperçoit qu’il ne sait plus son prénom. Elle boit un café et eux un café vin blanc. Elle leur raconte la fois où elle a été accusée à tort de vouloir resquiller à l’entrée d’un concert.
-Resquiller ? On voit bien qu’elle vient du Havre, dit celui qui se souvient peut-être de son prénom à celui qui l’a oublié.
-Resquiller, c’est français, tu manques de vocabulaire, lui réplique-t-elle.
Lui aussi vient de perdre sa chance.
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« Moi, cette année, j’ai le projet de monter ma boîte à Londres, de revenir ici au bout d’un an mais de rester là-bas fiscalement. On verra. »
Oui, on verra.
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Ringard : l’exemple même du mot devenu ringard, mais par quoi le remplacer ?
16 janvier 2016
Il faut vraiment que j’aie envie d’entendre une nouvelle fois Music for 18 Musicians de Steve Reich pour que je me rende ce jeudi soir à l’Opéra de Rouen où cette composition sert de support à de la danse « participative ». A ma demande, les aimables guichetières m’ont casé dans une loge, hors de portée des farandoles.
L’ami Masson est présent. Il a place au premier balcon. Je le mets en garde. Là aussi, il y aura des animatrices et animateurs chargés d’entraîner le quidam dans la danse. « Méfie-toi, il n’est pas impossible qu’on en pousse certains à sauter du balcon pour les recevoir dans un drap tendu à l’orchestre. Avec Sylvain Groud, il faut s’attendre à tout. »
C’est ce danseur qui a été chargé par Frédéric Roels, Directeur, d’organiser cette activité « participative » qui s’ajoute à celle déjà en place depuis quelques années : l’opéra « participatif » (dont je me dispense). Logé dans la numéro sept, à gauche de la régie, je suis bien placé pour voir qu’un certain nombre d’abonné(e)s de première catégorie, ayant fauteuil à l’année, se sont fait porter pâle. J’ai devant moi un père avec sa fille adolescente et son fils dans les dix ans, l’âge où ça mérite des claques, ainsi que la grand-mère.
-Ça va être rigolo de voir comment ça se passe, déclare cette dernière.
Par bonheur, ce n’est qu’après une dizaine de minutes de musique qu’entrent en scène le maître de cérémonie et ses suivant(e)s. Puis se mettent en mouvement des complices disséminés parmi le public ainsi que celles et ceux qui ont participé à des apprentissages préalables. Selon les moments, cela ressemble à ce qu’on appelle expression corporelle en école maternelle, à un bal disco dans un chef-lieu de département rural et à une cérémonie Niou Aidge. Avec ce monde debout se trémoussant, je ne vois plus guère les musicien(ne)s mais j’ai les oreilles bien ouvertes. Quelques-uns sont debout mais ne dansent pas, poteaux assez ridicules. L’un, contraint de se lever pour laisser passer la cavalcade, quitte la salle d’un air furieux. Vers la fin, une partie des danseuses et danseurs se couchent sur la scène. Cet amas de corps dans une salle de spectacle me fait penser fâcheusement à un autre, mais là on se relève quand la musique s’arrête.
Les musicien(ne)s de l’Ensemble Links sont applaudi(e)s et Sylvain Groud ovationné. Les danseurs participatifs s’applaudissent les uns les autres. On a droit à un petit bis tendance disco. Ce n’est qu’à ce moment que l’adolescente devant moi ose se lever pour faire bouger son corps. De nouveaux applaudissements des uns par les autres et réciproquement se font entendre. Avant qu’ils ne s’achèvent, je suis déjà dehors songeant à celles et ceux qui auront découvert la Music for 18 Musicians en cette circonstance, à laquelle ne songeait pas Steve Reich quand il la composait dans les années soixante-dix, et qu’en penserait-il s’il était au courant ?
*
Sur la couverture du livret programme : « Sylvain Groud Music for 18 Musicians », cherchez l’erreur.
*
« I have great admiration for David Bowie. We only had a few moments of contact. One was back in 1976 when he was at Music for 18 Musicians in Berlin and then made his beautiful Weeping Wall. » (Steve Reich à l’annonce de la mort de David Bowie)
*
De David Bowie ne me sont parvenus que les tubes (comme on disait), et ses reprises de Jacques Brel.
L’ami Masson est présent. Il a place au premier balcon. Je le mets en garde. Là aussi, il y aura des animatrices et animateurs chargés d’entraîner le quidam dans la danse. « Méfie-toi, il n’est pas impossible qu’on en pousse certains à sauter du balcon pour les recevoir dans un drap tendu à l’orchestre. Avec Sylvain Groud, il faut s’attendre à tout. »
C’est ce danseur qui a été chargé par Frédéric Roels, Directeur, d’organiser cette activité « participative » qui s’ajoute à celle déjà en place depuis quelques années : l’opéra « participatif » (dont je me dispense). Logé dans la numéro sept, à gauche de la régie, je suis bien placé pour voir qu’un certain nombre d’abonné(e)s de première catégorie, ayant fauteuil à l’année, se sont fait porter pâle. J’ai devant moi un père avec sa fille adolescente et son fils dans les dix ans, l’âge où ça mérite des claques, ainsi que la grand-mère.
-Ça va être rigolo de voir comment ça se passe, déclare cette dernière.
Par bonheur, ce n’est qu’après une dizaine de minutes de musique qu’entrent en scène le maître de cérémonie et ses suivant(e)s. Puis se mettent en mouvement des complices disséminés parmi le public ainsi que celles et ceux qui ont participé à des apprentissages préalables. Selon les moments, cela ressemble à ce qu’on appelle expression corporelle en école maternelle, à un bal disco dans un chef-lieu de département rural et à une cérémonie Niou Aidge. Avec ce monde debout se trémoussant, je ne vois plus guère les musicien(ne)s mais j’ai les oreilles bien ouvertes. Quelques-uns sont debout mais ne dansent pas, poteaux assez ridicules. L’un, contraint de se lever pour laisser passer la cavalcade, quitte la salle d’un air furieux. Vers la fin, une partie des danseuses et danseurs se couchent sur la scène. Cet amas de corps dans une salle de spectacle me fait penser fâcheusement à un autre, mais là on se relève quand la musique s’arrête.
Les musicien(ne)s de l’Ensemble Links sont applaudi(e)s et Sylvain Groud ovationné. Les danseurs participatifs s’applaudissent les uns les autres. On a droit à un petit bis tendance disco. Ce n’est qu’à ce moment que l’adolescente devant moi ose se lever pour faire bouger son corps. De nouveaux applaudissements des uns par les autres et réciproquement se font entendre. Avant qu’ils ne s’achèvent, je suis déjà dehors songeant à celles et ceux qui auront découvert la Music for 18 Musicians en cette circonstance, à laquelle ne songeait pas Steve Reich quand il la composait dans les années soixante-dix, et qu’en penserait-il s’il était au courant ?
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Sur la couverture du livret programme : « Sylvain Groud Music for 18 Musicians », cherchez l’erreur.
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« I have great admiration for David Bowie. We only had a few moments of contact. One was back in 1976 when he was at Music for 18 Musicians in Berlin and then made his beautiful Weeping Wall. » (Steve Reich à l’annonce de la mort de David Bowie)
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De David Bowie ne me sont parvenus que les tubes (comme on disait), et ses reprises de Jacques Brel.
15 janvier 2016
On ne peut pas dire que ce que certain(e)s appellent les médias n’aient pas fait leur boulot, Libération ou Le Monde par exemple, à les lire quiconque voulait le savoir pouvait le savoir, ce qui s’est passé à Cologne, le soir du Nouvel An, ces centaines de filles agressées sexuellement et/ou pour leur téléphone par des milliers de garçons dont beaucoup arrivés récemment des pays situés au sud de l’Europe.
Dans un premier temps, du côté de l’extrême gauche et des organisations féministes on a regardé ailleurs, notamment pour ces dernières vers le festival de la Bande Dessinée d’Angoulême où les dessinatrices étaient absentes de la liste du Grand Prix. Ensuite sont venus des articles de féministes et/ou de gauchistes relatant les faits mais cherchant des excuses aux coupables, explicitement ou implicitement. N’est-ce pas comme ça que ça se passe chez eux, malheureux et frustrés qu’ils sont (souvent sans nommer la religion à l’origine de cette frustration). Dites-vous bien que ce qu’on vu à Cologne arrive tous les jours et en pire là-bas, de quoi vous plaignez-vous ?
A titre d’exemple a été rappelée par certaines la place Tahrir en Egypte où des jeunes femmes journalistes européennes venus constater la révolution avaient subi des attouchements et tentatives de viol. Alors j’ai pu lire dans tel texte féministe que ce n’était pas le fait des révolutionnaires mais d’ennemis du mouvement venus le salir. Et que les violences faites aux femmes c’est partout, dans tous les pays, à tout moment, y compris dans la chambre conjugale, ce qui s’appelle noyer le poisson. Cela au moment où était dévoilé que la police suédoise avait tu les mêmes méfaits causés par de jeunes immigrés à l’encontre notamment de très jeunes filles pendant deux ans au festival We are Sthlm.
Tant de mensonge, de déni, de mauvaise foi ne m’étonne pas. Celles et ceux qui ont en tête une société idéale trouvent plus facile de se mentir à eux-mêmes quand leur rêve s’écroule que de se remettre en question. Pour ma part, n’ayant jamais cru à l’amélioration de la nature humaine, je n’ai aucun mal à prendre ces évènements pour ce qu’ils sont.
*
Ces garçons entrés par centaines de milliers en Europe (où sont les filles ? dans les pays frontaliers ou sous les bombes ?), comment trouveront-ils quelqu’une pour faire couple. Je doute qu’il y ait suffisamment d’Européennes volontaires.
*
Et voici Charlie Hebdo encore une fois accusé de racisme pour le dessin de Riss ainsi légendé « Que serait devenu le petit Aylan s’il avait grandi ? Tripoteur de fesses en Allemagne ». Ce trait d’humour noir, il faut être de mauvaise foi, ou n’y rien comprendre, pour le qualifier de raciste.
*
Plus que jamais, je me sens coincé entre le fascisme d’importation et le fascisme de souche. A cela s’ajoute l’épreuve de devoir supporter la bêtise de l’extrême gauche contemporaine. Je songe à demander l’asile politique dans le passé, précisément entre mil neuf cent soixante-neuf et soixante-treize.
Dans un premier temps, du côté de l’extrême gauche et des organisations féministes on a regardé ailleurs, notamment pour ces dernières vers le festival de la Bande Dessinée d’Angoulême où les dessinatrices étaient absentes de la liste du Grand Prix. Ensuite sont venus des articles de féministes et/ou de gauchistes relatant les faits mais cherchant des excuses aux coupables, explicitement ou implicitement. N’est-ce pas comme ça que ça se passe chez eux, malheureux et frustrés qu’ils sont (souvent sans nommer la religion à l’origine de cette frustration). Dites-vous bien que ce qu’on vu à Cologne arrive tous les jours et en pire là-bas, de quoi vous plaignez-vous ?
A titre d’exemple a été rappelée par certaines la place Tahrir en Egypte où des jeunes femmes journalistes européennes venus constater la révolution avaient subi des attouchements et tentatives de viol. Alors j’ai pu lire dans tel texte féministe que ce n’était pas le fait des révolutionnaires mais d’ennemis du mouvement venus le salir. Et que les violences faites aux femmes c’est partout, dans tous les pays, à tout moment, y compris dans la chambre conjugale, ce qui s’appelle noyer le poisson. Cela au moment où était dévoilé que la police suédoise avait tu les mêmes méfaits causés par de jeunes immigrés à l’encontre notamment de très jeunes filles pendant deux ans au festival We are Sthlm.
Tant de mensonge, de déni, de mauvaise foi ne m’étonne pas. Celles et ceux qui ont en tête une société idéale trouvent plus facile de se mentir à eux-mêmes quand leur rêve s’écroule que de se remettre en question. Pour ma part, n’ayant jamais cru à l’amélioration de la nature humaine, je n’ai aucun mal à prendre ces évènements pour ce qu’ils sont.
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Ces garçons entrés par centaines de milliers en Europe (où sont les filles ? dans les pays frontaliers ou sous les bombes ?), comment trouveront-ils quelqu’une pour faire couple. Je doute qu’il y ait suffisamment d’Européennes volontaires.
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Et voici Charlie Hebdo encore une fois accusé de racisme pour le dessin de Riss ainsi légendé « Que serait devenu le petit Aylan s’il avait grandi ? Tripoteur de fesses en Allemagne ». Ce trait d’humour noir, il faut être de mauvaise foi, ou n’y rien comprendre, pour le qualifier de raciste.
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Plus que jamais, je me sens coincé entre le fascisme d’importation et le fascisme de souche. A cela s’ajoute l’épreuve de devoir supporter la bêtise de l’extrême gauche contemporaine. Je songe à demander l’asile politique dans le passé, précisément entre mil neuf cent soixante-neuf et soixante-treize.
14 janvier 2016
Ce mercredi, dans le train de huit heures douze pour Paris, c’est avant même d’être à Gaillon-Aubevoye que passe une jolie et souriante contrôleuse blonde à qui je suis prêt à tout montrer. Après Mantes, une équipe de contrôleurs spécifiquement masculine entre en action de façon moins sympathique. Une étudiante en fait les frais (quatre-vingts euros) pour n’avoir pas le justificatif de sa carte Imagine R. A la correspondance des métros Trois et Huit, c’est une brigade de contrôleurs et contrôleuses qui accueille le voyageur, avec en appui deux militaires en armes.
Après un café au Faubourg, j’entre au Book-Off de la Bastille où les livres à étiquettes bleues sont à un euro au lieu de cinq. Ce sont de vraies fausses soldes. En temps ordinaire, ces livres auraient été simplement réétiquetés. Je n’y trouve pas merveille hormis le Proust et Céleste de Christian Péchenard (La Table Ronde). Les employé(e)s discutent de la mort de David Bowie, de comment en ont été affectés certains. L’un d’eux raconte l’histoire d’une ancienne employée qui, après avoir appris la mort de Michael Jackson, avait passé l’après-midi allongée en salle de pause, puis avait pris un congé de maladie d’une semaine.
Devant rentrer plus tôt ce mercredi, je reprends la métro Huit jusqu’à Opéra et vais déjeuner à la Clef des Champs, rue des Petits-Champs, où se pressent les employés et ouvriers du coin. La cuisine y est malheureusement celle d’une cantine, quiche à l’emmental sans goût, crépinette aux pommes grenailles baignant dans sa sauce poissonnière. J’ai la mauvaise idée de demander un dessert. Ma tarte aux mirabelles provient d’une pâtisserie du quartier. Elle m’est facturée à prix fort sous la rubrique « supplément dessert » pour ne pas avoir été commandée avant le début du repas. Avec un quart de côtes-du-rhône et un verre supplémentaire du même breuvage, je règle vingt-trois euros cinquante, me jurant de ne revenir dans cette brasserie que pour y boire un café.
Pas de soldes, vraies ou fausses, dans l’autre Book-Off que je quitte assez vite pour passer Chez Léon puis je prends le train de seize heures cinquante. Un septuagénaire y explique à sa femme que les secondes, c’est pour la classe ouvrière et les premières, pour les grands meussieux, nulle ironie dans son propos. Il ne parle pas de locomotive mais de machine. Cette machine me dépose à Rouen à l’heure indiquée après que, dans le tunnel d’entrée de la gare, j’ai montré mon billet à une jolie et aimable contrôleuse brune.
Je marche d’un bon pas, un sac noir dans chaque main, jusqu’à ce que je sois bloqué à l’entrée de ma ruelle par une voiture qui s’y engage en marche arrière.
-Qu’est ce que c’est que ça ? pesté-je à voix haute.
-C’est nous, on en a pour cinq minutes, me répond celle à ma gauche, une voisine pas vue depuis un moment.
Son mari est coutumier du fait. C’est le seul habitant de la copropriété ayant voiture à procéder ainsi et, si c’était possible, il roulerait dans le jardin jusqu’à sa cage d’escalier. C’est aussi lui qui a contribué à dézinguer la porte cochère en l’ouvrant d’un coup de poing et en apprenant aux ouvriers travaillant chez lui à faire de même. Et lorsqu’il fume à la fenêtre de son troisième étage, il jette sa cendre sur le banc collectif.
Dès que l’élargissement relatif de la venelle le permet, je contourne cette voiture inopportune, obligeant son conducteur à attendre que je sois rentré chez moi pour terminer sa manœuvre.
*
Humour publicitaire français dans le métro parisien : « Pour les soldes, le slip met le paquet ». Un dessin le montre bien rempli. Un slip français, est-il précisé. Comme l’était autrefois le béret de Jacques Prévert.
Après un café au Faubourg, j’entre au Book-Off de la Bastille où les livres à étiquettes bleues sont à un euro au lieu de cinq. Ce sont de vraies fausses soldes. En temps ordinaire, ces livres auraient été simplement réétiquetés. Je n’y trouve pas merveille hormis le Proust et Céleste de Christian Péchenard (La Table Ronde). Les employé(e)s discutent de la mort de David Bowie, de comment en ont été affectés certains. L’un d’eux raconte l’histoire d’une ancienne employée qui, après avoir appris la mort de Michael Jackson, avait passé l’après-midi allongée en salle de pause, puis avait pris un congé de maladie d’une semaine.
Devant rentrer plus tôt ce mercredi, je reprends la métro Huit jusqu’à Opéra et vais déjeuner à la Clef des Champs, rue des Petits-Champs, où se pressent les employés et ouvriers du coin. La cuisine y est malheureusement celle d’une cantine, quiche à l’emmental sans goût, crépinette aux pommes grenailles baignant dans sa sauce poissonnière. J’ai la mauvaise idée de demander un dessert. Ma tarte aux mirabelles provient d’une pâtisserie du quartier. Elle m’est facturée à prix fort sous la rubrique « supplément dessert » pour ne pas avoir été commandée avant le début du repas. Avec un quart de côtes-du-rhône et un verre supplémentaire du même breuvage, je règle vingt-trois euros cinquante, me jurant de ne revenir dans cette brasserie que pour y boire un café.
Pas de soldes, vraies ou fausses, dans l’autre Book-Off que je quitte assez vite pour passer Chez Léon puis je prends le train de seize heures cinquante. Un septuagénaire y explique à sa femme que les secondes, c’est pour la classe ouvrière et les premières, pour les grands meussieux, nulle ironie dans son propos. Il ne parle pas de locomotive mais de machine. Cette machine me dépose à Rouen à l’heure indiquée après que, dans le tunnel d’entrée de la gare, j’ai montré mon billet à une jolie et aimable contrôleuse brune.
Je marche d’un bon pas, un sac noir dans chaque main, jusqu’à ce que je sois bloqué à l’entrée de ma ruelle par une voiture qui s’y engage en marche arrière.
-Qu’est ce que c’est que ça ? pesté-je à voix haute.
-C’est nous, on en a pour cinq minutes, me répond celle à ma gauche, une voisine pas vue depuis un moment.
Son mari est coutumier du fait. C’est le seul habitant de la copropriété ayant voiture à procéder ainsi et, si c’était possible, il roulerait dans le jardin jusqu’à sa cage d’escalier. C’est aussi lui qui a contribué à dézinguer la porte cochère en l’ouvrant d’un coup de poing et en apprenant aux ouvriers travaillant chez lui à faire de même. Et lorsqu’il fume à la fenêtre de son troisième étage, il jette sa cendre sur le banc collectif.
Dès que l’élargissement relatif de la venelle le permet, je contourne cette voiture inopportune, obligeant son conducteur à attendre que je sois rentré chez moi pour terminer sa manœuvre.
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Humour publicitaire français dans le métro parisien : « Pour les soldes, le slip met le paquet ». Un dessin le montre bien rempli. Un slip français, est-il précisé. Comme l’était autrefois le béret de Jacques Prévert.
13 janvier 2016
Immédiatement de Dominique de Roux (La Petite Vermillon) contient aussi quelques anecdotes à mon goût tirées de la vie des connaissances de l’auteur ou de ses lectures :
Violette à quatre-vingt-cinq ans drague au crépuscule les gosses d’une quinzaine d’années pour qu’ils viennent la baiser dans son palais de Galilée (Florence). On l’a surnommée la « terreur du quartier Bello Guandos ».
« Un moment de honte est vite passé », disait le vieux marquis de Mun. Le même à quatre-vingt-quatorze ans réclamait une fille à son ami le duc de Fels –quatre-vingt-douze ans. Trois jours après, n’ayant rien trouvé, il téléphone à Mun pour le faire patienter et il s’entend répondre : « Dépêchez-vous, mon cher, ça urge. »
Suzanne Gontard, qui prenait de haut le précepteur de ses enfants, lequel s’appelait Friedrich Hölderlin. « Je n’aime pas qu’on pleure sur mes pas dans le jardin », lui dit-elle un jour. Hölderlin repartit à pied de Bordeaux à Tübingen.
Le marquis d’Ascot présentait toujours sa femme ainsi : la marquise d’Ascot, ancienne maîtresse de Byron.
Dans la correspondance du président de Brosses à Voltaire, cette question : « Mais que devient cet abbé Desfontaines qui défonçait si bien le cul au petit prince de Guéméné ? »
*
On y trouve aussi ce moment rouennais :
Assisté à cette petite scène à la cathédrale de Rouen. En chaire, le prêtre nous annonce qu’il dit une « messe syndicale » pour les ouvriers du port. Il ajoute que le Christ avait été charpentier, un homme comme eux… Alors un homme se lève et crie : « Je suis un homme seul dans la maison de Dieu. » On lui crie du haut de la chaire : « Que voulez-vous ? » Et de répondre : « Vous avez dit que la deuxième personne de la Trinité avait été charpentier, qu’elle avait construit des charpentes. Pouvez-vous me dire où puis-je les voir ? Si les pharaons ont laissé des pyramides, j’imagine que les charpentiers de la deuxième personne de la Trinité ont laissé des charpentes fabuleuses. Voulez-vous m’indiquer où puis-je les voir ?
*
Dominique de Roux admirait Burroughs, Pound, Gombrowicz et de Gaulle (entre autres). Il est mort d’une crise cardiaque le vingt-neuf mars mil neuf cent soixante-dix-sept à l’âge de quarante et un ans.
Violette à quatre-vingt-cinq ans drague au crépuscule les gosses d’une quinzaine d’années pour qu’ils viennent la baiser dans son palais de Galilée (Florence). On l’a surnommée la « terreur du quartier Bello Guandos ».
« Un moment de honte est vite passé », disait le vieux marquis de Mun. Le même à quatre-vingt-quatorze ans réclamait une fille à son ami le duc de Fels –quatre-vingt-douze ans. Trois jours après, n’ayant rien trouvé, il téléphone à Mun pour le faire patienter et il s’entend répondre : « Dépêchez-vous, mon cher, ça urge. »
Suzanne Gontard, qui prenait de haut le précepteur de ses enfants, lequel s’appelait Friedrich Hölderlin. « Je n’aime pas qu’on pleure sur mes pas dans le jardin », lui dit-elle un jour. Hölderlin repartit à pied de Bordeaux à Tübingen.
Le marquis d’Ascot présentait toujours sa femme ainsi : la marquise d’Ascot, ancienne maîtresse de Byron.
Dans la correspondance du président de Brosses à Voltaire, cette question : « Mais que devient cet abbé Desfontaines qui défonçait si bien le cul au petit prince de Guéméné ? »
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On y trouve aussi ce moment rouennais :
Assisté à cette petite scène à la cathédrale de Rouen. En chaire, le prêtre nous annonce qu’il dit une « messe syndicale » pour les ouvriers du port. Il ajoute que le Christ avait été charpentier, un homme comme eux… Alors un homme se lève et crie : « Je suis un homme seul dans la maison de Dieu. » On lui crie du haut de la chaire : « Que voulez-vous ? » Et de répondre : « Vous avez dit que la deuxième personne de la Trinité avait été charpentier, qu’elle avait construit des charpentes. Pouvez-vous me dire où puis-je les voir ? Si les pharaons ont laissé des pyramides, j’imagine que les charpentiers de la deuxième personne de la Trinité ont laissé des charpentes fabuleuses. Voulez-vous m’indiquer où puis-je les voir ?
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Dominique de Roux admirait Burroughs, Pound, Gombrowicz et de Gaulle (entre autres). Il est mort d’une crise cardiaque le vingt-neuf mars mil neuf cent soixante-dix-sept à l’âge de quarante et un ans.
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