Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
15 février 2024
Message tonitruant Gare de Rouen ce mercredi matin : « A l’occasion de la Saint-Valentin, nous offrons nos haut-parleurs pour la diffusion de vos mots doux. Bonne fête à tous les amoureux et à ceux qui ne le sont pas ». Sur le borduquet, nul(le) ne s’émeut.
Dans le train de sept heures vingt-trois qui m’emmène à Paris le jeune homme à ma gauche travaille sur son ordinateur et le vieux couple à ma droite exhibe sa médiocre intimité. Lui ne cesse de bailler. « On va bien dormir ce soir », dit-il. « Ouais », lui répond-elle. Je lis Hors cadre de Pierre Alechinsky. En passant à Asnières-sur-Seine, j’ai une pensée pour celle vivant dans cette ville avec qui autrefois je fêtais la Saint-Valentin.
Le bus Vingt-Neuf ne me fait attendre que deux minutes avant de démarrer. En arrivant place de la Bastille, j’ai une pensée pour celle travaillant dans le quartier avec qui autrefois je fêtais la Saint Valentin.
Au Marché d’Aligre, chez Émile, deux livres sont pour me plaire mais je les ai déjà, la Correspondance Flaubert Sand et le Journal de l’Abbé Mugnier.
Presque personne au Camélia, c’est les vacances à Paris. Dans Le Parisien s’affiche une publicité pleine page pour une banque en ligne : « Les vrais oubliés du 14 février ne sont pas les célibataires mais ceux qui s’appellent Valentin. » Elle offre aux Valentin (et aux Valentine) quatre-vingts euros s’ils ouvrent un compte aujourd’hui.
Peu de monde également au Book-Off de Ledru-Rollin. J-y suis beaucoup moins heureux que souvent dans ma pêche aux livres à un euro. Je ne mets dans mon sac à dos qu’Autoportrait d’Edouard Levé (Pol).
Au Diable des Lombards, je suis le premier arrivé. Un type imbibé entre peu après pour boire une bière. Il est refusé par le patron serveur. On ne peut pas dire qu’il est envoyé au Diable, mais qu’il est envoyé hors du Diable. Suivent des habitués trentenaires, trois hommes et une femme. « Je n’ai encore jamais fêté une Saint-Valentin avec trois hommes », dit-elle au serveur. « J’avais remarqué que tu devenais gourmande », lui répond-t-il. Je choisis la verrine de crevettes guacamole et le mignon de cochon sauce miel moutarde pommes sautées salade.
Pour la première fois, je ne trouve au sous-sol du Book-Off de Saint-Martin aucun livre à acheter. Trois jeunes filles sont plus chanceuses et l’expriment joyeusement. « Ah Proust ! Et Le Temps retrouvé en plus ! ».
Mon sac est donc léger quand en métro je rejoins le Bistrot de Edmond où je suis toujours bien accueilli. Mon café.de comptoir bu, j’explore le troisième Book-Off. Encore une fois, ma récolte est fort mince, un seul livre à un euro, Le Bonnet rouge de Daniel de Roulet (Héros-Limite). Celui qui me suit à la caisse est plus heureux et l’exprime bruyamment : « Ah je suis content, ça faisait longtemps que je le cherchais ce cédé de Sardou. Il est introuvable. C’est celui où il y a Les Ricains. La provoc totale au temps de la Guerre du Vietnam. » L’employé sourit poliment.
Comme je suis en avance pour mon train de retour à Rouen, je termine Hors cadre de Pierre Alechinsky sur l’un des sièges de la Gare Saint-Lazare. A côté de moi, un jeune couple se chamaille. Elle lui reproche de se laisser marcher dessus. Il finit par partir excédé. Elle lui court après. C’est la fête de l’amour.
*
La bonne nouvelle du jour : Macron renonce à virer les bouquinistes qui devaient faire place nette pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, désavouant ainsi son Ministre de l’Intérieur et le Préfet de Police de Paris.
*
Actualité encore. Au point où on en est, il ne manque plus qu’une déclaration de celui qui nous gouverne : « J’étais sous emprise. Je n’avais que seize ans et c’était ma prof de théâtre. »
Dans le train de sept heures vingt-trois qui m’emmène à Paris le jeune homme à ma gauche travaille sur son ordinateur et le vieux couple à ma droite exhibe sa médiocre intimité. Lui ne cesse de bailler. « On va bien dormir ce soir », dit-il. « Ouais », lui répond-elle. Je lis Hors cadre de Pierre Alechinsky. En passant à Asnières-sur-Seine, j’ai une pensée pour celle vivant dans cette ville avec qui autrefois je fêtais la Saint-Valentin.
Le bus Vingt-Neuf ne me fait attendre que deux minutes avant de démarrer. En arrivant place de la Bastille, j’ai une pensée pour celle travaillant dans le quartier avec qui autrefois je fêtais la Saint Valentin.
Au Marché d’Aligre, chez Émile, deux livres sont pour me plaire mais je les ai déjà, la Correspondance Flaubert Sand et le Journal de l’Abbé Mugnier.
Presque personne au Camélia, c’est les vacances à Paris. Dans Le Parisien s’affiche une publicité pleine page pour une banque en ligne : « Les vrais oubliés du 14 février ne sont pas les célibataires mais ceux qui s’appellent Valentin. » Elle offre aux Valentin (et aux Valentine) quatre-vingts euros s’ils ouvrent un compte aujourd’hui.
Peu de monde également au Book-Off de Ledru-Rollin. J-y suis beaucoup moins heureux que souvent dans ma pêche aux livres à un euro. Je ne mets dans mon sac à dos qu’Autoportrait d’Edouard Levé (Pol).
Au Diable des Lombards, je suis le premier arrivé. Un type imbibé entre peu après pour boire une bière. Il est refusé par le patron serveur. On ne peut pas dire qu’il est envoyé au Diable, mais qu’il est envoyé hors du Diable. Suivent des habitués trentenaires, trois hommes et une femme. « Je n’ai encore jamais fêté une Saint-Valentin avec trois hommes », dit-elle au serveur. « J’avais remarqué que tu devenais gourmande », lui répond-t-il. Je choisis la verrine de crevettes guacamole et le mignon de cochon sauce miel moutarde pommes sautées salade.
Pour la première fois, je ne trouve au sous-sol du Book-Off de Saint-Martin aucun livre à acheter. Trois jeunes filles sont plus chanceuses et l’expriment joyeusement. « Ah Proust ! Et Le Temps retrouvé en plus ! ».
Mon sac est donc léger quand en métro je rejoins le Bistrot de Edmond où je suis toujours bien accueilli. Mon café.de comptoir bu, j’explore le troisième Book-Off. Encore une fois, ma récolte est fort mince, un seul livre à un euro, Le Bonnet rouge de Daniel de Roulet (Héros-Limite). Celui qui me suit à la caisse est plus heureux et l’exprime bruyamment : « Ah je suis content, ça faisait longtemps que je le cherchais ce cédé de Sardou. Il est introuvable. C’est celui où il y a Les Ricains. La provoc totale au temps de la Guerre du Vietnam. » L’employé sourit poliment.
Comme je suis en avance pour mon train de retour à Rouen, je termine Hors cadre de Pierre Alechinsky sur l’un des sièges de la Gare Saint-Lazare. A côté de moi, un jeune couple se chamaille. Elle lui reproche de se laisser marcher dessus. Il finit par partir excédé. Elle lui court après. C’est la fête de l’amour.
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La bonne nouvelle du jour : Macron renonce à virer les bouquinistes qui devaient faire place nette pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, désavouant ainsi son Ministre de l’Intérieur et le Préfet de Police de Paris.
*
Actualité encore. Au point où on en est, il ne manque plus qu’une déclaration de celui qui nous gouverne : « J’étais sous emprise. Je n’avais que seize ans et c’était ma prof de théâtre. »
13 février 2024
Autre correspondance de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais lue il y a un certain temps, celle qu’il entretint dix ans après la précédente avec Amélie Houret de La Morinaie. Elle a été publiée sous le titre Lettres d’amour. Des lettres d’elle à lui, je n’ai rien retenu, de celles de lui à elle, ces extraits :
Pierre à Amélie, mercredi vingt-quatre octobre mil sept cent quatre-vingt-sept. Vous me troublez, vous me suivez et vous m’empêchez de dormir ; j’ai des agitations tout à fait déplacées ; je sens le feu de votre haleine ; je voudrais, dans ma déraison, pétrirent vos lèvres de mes lèvres pendant au moins une heure entière ; je voudrais que ma main brûlante pût vous parcourir lentement depuis les pieds jusqu’à la tête.
Pierre à Amélie, un jeudi soir de mil sept cent quatre-vingt-huit. Les bonnes qualités que je lui trouvais me la firent garder près de moi. J’en ai fait ma ménagère. Je n’ai point voulu m’asservir, j’ai mis ma liberté à côté de la sienne. Sois tranquille, ma beauté, l’âme de mon âme, il y a sept ans que ma ménagère n’est plus ma femme.
Pierre à Amélie, un vendredi matin de mil sept cent quatre-vingt-huit. J’étais jeune, j’étais beau, j’avais des talents, tout cela est fini. Comme vous dites, mon amie, votre âge, le mien ; vos beautés, ma décrépitude.
Pierre à Amélie, un mardi matin de mil sept cent quatre-vingt-huit. Ne regrette plus tes vingt ans, tu vaux mieux que tu ne valais lorsque tu te croyais parfaite. Ta figure est toujours angélique, ton corps fait à plaisir et ton âme bien instruite, et dans sa noble maturité, la belle femme de trente ans sensible et spirituelle est le chef-d’œuvre de la nature.
Pierre à Amélie, deux octobre mil sept cent quatre-vingt-dix-huit. Encore aujourd’hui, je te fuirais à mille lieues, si je pouvais te soupçonner de te laisser sucer le con, lécher le cul par un autre homme que par moi ! (…) J’ai sucé ta bouche rosée. J’ai dévoré le bout de tes tétons. J’ai mis avec délice et mes doigts et ma langue dans ton con imbibé de foutre. J’ai léché le trou de ton cul avec le même plaisir divin que ma langue a cherché la tienne. Quand, pardonnant à ma faiblesse, tu as versé le foutre de l’amour en remuant ton cul chéri sur ma bouche altérée de ce foutre divin, je t’ai laissée faire sur moi tout ce qu’il a plu à la tienne. Ce temps de délire est passé.
Pierre à Amélie, mercredi vingt-quatre octobre mil sept cent quatre-vingt-sept. Vous me troublez, vous me suivez et vous m’empêchez de dormir ; j’ai des agitations tout à fait déplacées ; je sens le feu de votre haleine ; je voudrais, dans ma déraison, pétrirent vos lèvres de mes lèvres pendant au moins une heure entière ; je voudrais que ma main brûlante pût vous parcourir lentement depuis les pieds jusqu’à la tête.
Pierre à Amélie, un jeudi soir de mil sept cent quatre-vingt-huit. Les bonnes qualités que je lui trouvais me la firent garder près de moi. J’en ai fait ma ménagère. Je n’ai point voulu m’asservir, j’ai mis ma liberté à côté de la sienne. Sois tranquille, ma beauté, l’âme de mon âme, il y a sept ans que ma ménagère n’est plus ma femme.
Pierre à Amélie, un vendredi matin de mil sept cent quatre-vingt-huit. J’étais jeune, j’étais beau, j’avais des talents, tout cela est fini. Comme vous dites, mon amie, votre âge, le mien ; vos beautés, ma décrépitude.
Pierre à Amélie, un mardi matin de mil sept cent quatre-vingt-huit. Ne regrette plus tes vingt ans, tu vaux mieux que tu ne valais lorsque tu te croyais parfaite. Ta figure est toujours angélique, ton corps fait à plaisir et ton âme bien instruite, et dans sa noble maturité, la belle femme de trente ans sensible et spirituelle est le chef-d’œuvre de la nature.
Pierre à Amélie, deux octobre mil sept cent quatre-vingt-dix-huit. Encore aujourd’hui, je te fuirais à mille lieues, si je pouvais te soupçonner de te laisser sucer le con, lécher le cul par un autre homme que par moi ! (…) J’ai sucé ta bouche rosée. J’ai dévoré le bout de tes tétons. J’ai mis avec délice et mes doigts et ma langue dans ton con imbibé de foutre. J’ai léché le trou de ton cul avec le même plaisir divin que ma langue a cherché la tienne. Quand, pardonnant à ma faiblesse, tu as versé le foutre de l’amour en remuant ton cul chéri sur ma bouche altérée de ce foutre divin, je t’ai laissée faire sur moi tout ce qu’il a plu à la tienne. Ce temps de délire est passé.
12 février 2024
Ce dimanche un peu avant treize heures arrive l’aimable étudiant avec qui j’ai bu un café mardi dernier. En effet, au cours de notre conversation, alors que je lui disais le temps fou que je passais à transcrire avec deux doigts et un tas de fautes de frappe, des extraits de livres lus, il m’a appris que mon smartphone pouvait me permettre de lire le texte qui serait automatiquement mis à l’écrit sur l’écran, lequel texte je pourrais envoyer à moi-même par mail.
D’où ce rendez-vous dominical pour concrétiser cette possibilité puis boire un café ensemble.
C’est ainsi qu’après son départ, je dicte ces extraits de Lettres galantes à Mme de Godeville de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, un livre lu il y a je ne sais combien de mois :
Vendredi matin quatre avril mil sept cent soixante-dix-sept. Si je rendais alors les femmes malheureuses, c’est que chacune voulait être exclusivement heureuse, et qu’il me paraissait que dans cet immense jardin qu’on appelle le monde, chaque fleur avait droit au coup d’œil de l’amateur.
Jeudi dix avril mil sept cent soixante-dix-sept. Voilà, Madame, comme on écrit dans mon cabinet. Et si vous n’en êtes pas contente, attendez-moi dans le vôtre ; et là, dépouillant… tout artifice, montrez-moi toute nue… la vérité de vos sentiments.
Mercredi matin seize avril mil sept cent soixante-dix-sept. Que l’on s’examine de bonne foi, chacun sentira dans son amitié pour une femme un arrière goût d’amour, je ne sais quoi de spermatique qui anime le commerce et le vivifie.
Vendredi six juin mil sept cent soixante-dix-sept. J’espère que mon doigt me vengera de tant d’injures, et quand je t’entendrai me dire : Ah ! B…, tu me tues, arrête, arrête ! –Non coquette, non déshonnête, non volcan, tourbillon, fureur, etc., etc., tu mourras de ma main, meurs, verse ton sang, la couleur n’y fait rien ; rends-moi l’âme à travers des flots de… Foutre de moi ! J’allais dire une sottise.
Mardi vingt-quatre juin mil sept cent soixante-dix-sept. J’ouvre ta lettre, j’y trouve : comment te portes-tu ? que fais-tu ? m’aimes-tu ? À cela je réponds : bien, rien, oui.
Lundi dix-huit août mil sept cent soixante-dix-sept. Tu me rappelles une petite friponne de maîtresse, bien hautaine, bien capricieuse, mais qui aimait le plaisir autant que moi, et c’était beaucoup dire alors. Quand nous nous étions bien chamaillés, et qu’elle me voyait prêt à partir furieux, elle me disait : Eh bien ! va-t-en, je n’ai pas besoin d’amant, moi ; je m’en conte fort bien à moi-même ; et tout en grondant, elle se renversait et me donnait le spectacle de ses cuisses émues et du charmant exercice de son doigt sur le plus joli petit … Va-t-en donc, disait-elle, va-t-en donc. Je n’y pouvais tenir, je me jetais dans ses bras et lorsqu’un plaisir arraché d’autorité me faisait pâmer sur elle, ma friponne en me baisant au front me disait : Je savais bien, moi, que je vous mettrais à la raison !
Jeudi vingt-huit août mil sept cent soixante-dix-sept. Je ne voudrais point d’une maîtresse qui fût une putain ; mais je ne hais pas que ma maîtresse soit un peu putain.
Mardi neuf septembre mil sept cent soixante-dix-sept. Dis-moi ce que tu sens, ce que tu veux, ce que tu désires, ce que tu espères, ce que tu te fais, et ce que je devrais te faire. Montre-moi ma pauvre maîtresse essayant de me suppléer par un doux effort de son doigt majeur, se fatiguant à prendre une peine dont elle voudrait bien me laisser le plaisir.
Samedi vingt septembre mil sept cent soixante-dix-sept. Tu veux de mes cheveux ? Prends-en, qui t’en empêche ? Tu désires être caressée ? Eh bien, dis : Baise-moi, Jâquo, donne la patte mon fils. Tu veux que mon doigt t’amuse ? approche ta petite bouche et dis : gratte péraut. Tu veux voir ta poupée pâmer et rendre l’âme avec un soupir de bonheur ? C’est sous l’aile, auprès de la hanche qu’il faut porter ta main chatouilleuse. (…) Quand j’arrive, qui t’empêche de me dire : Donne-moi du plaisir, j’en veux, j’en ai besoin, je m’en meurs ? (…) Tant que je ne bande pas ou ne te vois pas bander je suis ton ami ; mais lorsque tu bats le briquet ou sur moi ou sur toi, je m’allume, et quoi que je ne sois qu’une faible allumette, elle est encore prête à brûler pour toi par ses deux bouts soufrés. (…) Au lieu de dormir devant mon portrait, joue-lui un petit air d’amour au nez, et garde pour moi le reste de ta serinette.
*
« … et garde pour moi le reste de ta sœur Inette » a transcrit mon smartphone. Il y a bien sûr quelques corrections à faire, mais globalement le gain de temps est appréciable. Il aurait fallu que je sache ça plus tôt mais personne avant lui n’a jugé bon de me donner l’information.
D’où ce rendez-vous dominical pour concrétiser cette possibilité puis boire un café ensemble.
C’est ainsi qu’après son départ, je dicte ces extraits de Lettres galantes à Mme de Godeville de Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, un livre lu il y a je ne sais combien de mois :
Vendredi matin quatre avril mil sept cent soixante-dix-sept. Si je rendais alors les femmes malheureuses, c’est que chacune voulait être exclusivement heureuse, et qu’il me paraissait que dans cet immense jardin qu’on appelle le monde, chaque fleur avait droit au coup d’œil de l’amateur.
Jeudi dix avril mil sept cent soixante-dix-sept. Voilà, Madame, comme on écrit dans mon cabinet. Et si vous n’en êtes pas contente, attendez-moi dans le vôtre ; et là, dépouillant… tout artifice, montrez-moi toute nue… la vérité de vos sentiments.
Mercredi matin seize avril mil sept cent soixante-dix-sept. Que l’on s’examine de bonne foi, chacun sentira dans son amitié pour une femme un arrière goût d’amour, je ne sais quoi de spermatique qui anime le commerce et le vivifie.
Vendredi six juin mil sept cent soixante-dix-sept. J’espère que mon doigt me vengera de tant d’injures, et quand je t’entendrai me dire : Ah ! B…, tu me tues, arrête, arrête ! –Non coquette, non déshonnête, non volcan, tourbillon, fureur, etc., etc., tu mourras de ma main, meurs, verse ton sang, la couleur n’y fait rien ; rends-moi l’âme à travers des flots de… Foutre de moi ! J’allais dire une sottise.
Mardi vingt-quatre juin mil sept cent soixante-dix-sept. J’ouvre ta lettre, j’y trouve : comment te portes-tu ? que fais-tu ? m’aimes-tu ? À cela je réponds : bien, rien, oui.
Lundi dix-huit août mil sept cent soixante-dix-sept. Tu me rappelles une petite friponne de maîtresse, bien hautaine, bien capricieuse, mais qui aimait le plaisir autant que moi, et c’était beaucoup dire alors. Quand nous nous étions bien chamaillés, et qu’elle me voyait prêt à partir furieux, elle me disait : Eh bien ! va-t-en, je n’ai pas besoin d’amant, moi ; je m’en conte fort bien à moi-même ; et tout en grondant, elle se renversait et me donnait le spectacle de ses cuisses émues et du charmant exercice de son doigt sur le plus joli petit … Va-t-en donc, disait-elle, va-t-en donc. Je n’y pouvais tenir, je me jetais dans ses bras et lorsqu’un plaisir arraché d’autorité me faisait pâmer sur elle, ma friponne en me baisant au front me disait : Je savais bien, moi, que je vous mettrais à la raison !
Jeudi vingt-huit août mil sept cent soixante-dix-sept. Je ne voudrais point d’une maîtresse qui fût une putain ; mais je ne hais pas que ma maîtresse soit un peu putain.
Mardi neuf septembre mil sept cent soixante-dix-sept. Dis-moi ce que tu sens, ce que tu veux, ce que tu désires, ce que tu espères, ce que tu te fais, et ce que je devrais te faire. Montre-moi ma pauvre maîtresse essayant de me suppléer par un doux effort de son doigt majeur, se fatiguant à prendre une peine dont elle voudrait bien me laisser le plaisir.
Samedi vingt septembre mil sept cent soixante-dix-sept. Tu veux de mes cheveux ? Prends-en, qui t’en empêche ? Tu désires être caressée ? Eh bien, dis : Baise-moi, Jâquo, donne la patte mon fils. Tu veux que mon doigt t’amuse ? approche ta petite bouche et dis : gratte péraut. Tu veux voir ta poupée pâmer et rendre l’âme avec un soupir de bonheur ? C’est sous l’aile, auprès de la hanche qu’il faut porter ta main chatouilleuse. (…) Quand j’arrive, qui t’empêche de me dire : Donne-moi du plaisir, j’en veux, j’en ai besoin, je m’en meurs ? (…) Tant que je ne bande pas ou ne te vois pas bander je suis ton ami ; mais lorsque tu bats le briquet ou sur moi ou sur toi, je m’allume, et quoi que je ne sois qu’une faible allumette, elle est encore prête à brûler pour toi par ses deux bouts soufrés. (…) Au lieu de dormir devant mon portrait, joue-lui un petit air d’amour au nez, et garde pour moi le reste de ta serinette.
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« … et garde pour moi le reste de ta sœur Inette » a transcrit mon smartphone. Il y a bien sûr quelques corrections à faire, mais globalement le gain de temps est appréciable. Il aurait fallu que je sache ça plus tôt mais personne avant lui n’a jugé bon de me donner l’information.
10 février 2024
Il n’est pas encore huit heures ce vendredi matin qu’entre dans la venelle, à reculons, un gros engin bruyant tout neuf. C’est un nouveau véhicule pour nettoyer les rues au carchère.
S’il fait tant de bruit, c’est qu’il fonctionne au pétrole. La Métropole, bien que socialo écolo, n’a pas choisi l’électrique.
Le pavé est bien propre quand, le calme revenu, je sors faire des courses. Le silence ne dure pas. Le même employé arrive avec un petit engin du même genre, lui aussi tout neuf et bruyant, car également thermique. Il s’agit de fignoler l’extrémité de la ruelle, côté rue Saint-Romain.
A l’autre bout, côté rue Saint-Nicolas, depuis un certain temps, comme chaque fois qu’il pleut, c’est inondé, ce qui m’oblige à passer par la rue de la République pour aller chez U Express.
Ces courses faites, comme il ne pleut plus, je vais voir à quoi ressemble le marché de la drouille place Saint-Marc.
Il est décevant comme souvent, peu de livres, sans intérêt, et toujours les mêmes chalands que je n’ai pas envie de voir, mais surprise, j’y croise mon vieux copain d’école pas revu depuis avant le premier confinement.
Lui aussi a survécu à la Guerre du Covid.
*
Au siècle dernier, du temps où j’allais au cinéma, j’ai vu, au Melville, bien accompagné, La Désenchantée, le film de Benoît Jacquot avec Judith Godrèche et La Fille de quinze ans, le film de Jacques Doillon avec la même. Aujourd’hui, les deux réalisateurs sont dans la tourmente après les révélations de la comédienne.
A cette même époque et au même endroit, je me souviens avoir également vu, toujours avec celle qui me tenait la main, un film de moyen métrage susceptible de renforcer certaines idées chez qui les auraient déjà et de les donner à qui ne les auraient pas. Ouiquipédia en donne le synopsis :
« Marion, 14 ans, est en vacances avec sa famille en Normandie. C'est là qu'elle rencontre Marc, un dragueur de 35 ans. Ils se livrent ensemble à un jeu de séduction sans aller très loin. De retour à Paris, ils se revoient à plusieurs reprises. Marion, encore vierge, voudrait coucher avec Marc, sans toutefois oser se l'avouer. De son côté, Marc est las des manœuvres d'approche et se montre soudain plus entreprenant : il invite sa timide proie dans sa chambre à coucher. Mais Marion s'enferme dans sa pudeur et ses contradictions. Patiemment, Marc apprend à sa compagne les gestes de l'amour. Après plusieurs revirements, Marc finit par déflorer Marion et par lui faire découvrir le plaisir charnel. »
La Puce, qui date de mil neuf cent quatre-vingt-dix-huit, reçut l’assentiment de la critique cinématographique. Nul(le) en le voyant ne s’offusquait. Marc était joué par Olivier Marchal. Marion était jouée par Isild Le Bescot qui aujourd’hui accuse Jacques Doillon de l’avoir virée d’un film pour refus de coucher avec lui.
C’est un film d’Emmanuelle Bercot. Une femme donc.
S’il fait tant de bruit, c’est qu’il fonctionne au pétrole. La Métropole, bien que socialo écolo, n’a pas choisi l’électrique.
Le pavé est bien propre quand, le calme revenu, je sors faire des courses. Le silence ne dure pas. Le même employé arrive avec un petit engin du même genre, lui aussi tout neuf et bruyant, car également thermique. Il s’agit de fignoler l’extrémité de la ruelle, côté rue Saint-Romain.
A l’autre bout, côté rue Saint-Nicolas, depuis un certain temps, comme chaque fois qu’il pleut, c’est inondé, ce qui m’oblige à passer par la rue de la République pour aller chez U Express.
Ces courses faites, comme il ne pleut plus, je vais voir à quoi ressemble le marché de la drouille place Saint-Marc.
Il est décevant comme souvent, peu de livres, sans intérêt, et toujours les mêmes chalands que je n’ai pas envie de voir, mais surprise, j’y croise mon vieux copain d’école pas revu depuis avant le premier confinement.
Lui aussi a survécu à la Guerre du Covid.
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Au siècle dernier, du temps où j’allais au cinéma, j’ai vu, au Melville, bien accompagné, La Désenchantée, le film de Benoît Jacquot avec Judith Godrèche et La Fille de quinze ans, le film de Jacques Doillon avec la même. Aujourd’hui, les deux réalisateurs sont dans la tourmente après les révélations de la comédienne.
A cette même époque et au même endroit, je me souviens avoir également vu, toujours avec celle qui me tenait la main, un film de moyen métrage susceptible de renforcer certaines idées chez qui les auraient déjà et de les donner à qui ne les auraient pas. Ouiquipédia en donne le synopsis :
« Marion, 14 ans, est en vacances avec sa famille en Normandie. C'est là qu'elle rencontre Marc, un dragueur de 35 ans. Ils se livrent ensemble à un jeu de séduction sans aller très loin. De retour à Paris, ils se revoient à plusieurs reprises. Marion, encore vierge, voudrait coucher avec Marc, sans toutefois oser se l'avouer. De son côté, Marc est las des manœuvres d'approche et se montre soudain plus entreprenant : il invite sa timide proie dans sa chambre à coucher. Mais Marion s'enferme dans sa pudeur et ses contradictions. Patiemment, Marc apprend à sa compagne les gestes de l'amour. Après plusieurs revirements, Marc finit par déflorer Marion et par lui faire découvrir le plaisir charnel. »
La Puce, qui date de mil neuf cent quatre-vingt-dix-huit, reçut l’assentiment de la critique cinématographique. Nul(le) en le voyant ne s’offusquait. Marc était joué par Olivier Marchal. Marion était jouée par Isild Le Bescot qui aujourd’hui accuse Jacques Doillon de l’avoir virée d’un film pour refus de coucher avec lui.
C’est un film d’Emmanuelle Bercot. Une femme donc.
9 février 2024
Il y en a dans chaque train. Cette fois c’est moi qui ai droit à l’emmerdeur qui n’a pas su trouver sa place. Il me dérange alors que je lisais depuis cinq minutes et occupais sa place avec mon sac. « Ça devient infernal ces trains, me dit-il, y avait longtemps que je l’avais pas pris, si j’avais su je l’aurais pas fait ». « C’est vrai, vous n’auriez pas dû », lui réponds-je. Ça le fait taire. Je me replonge dans Nous sommes au regret de… de Dino Buzzati.
Il pleut ce mercredi matin, pas question de prendre le bus. Je descends sous terre, un peu de métro Trois, bondé, puis le métro Huit jusqu’à Ledru-Rollin. Pas question de Marché d’Aligre non plus, j’entre tôt au Camélia.
Après mon café, j’ouvre Le Parisien. Un sexagénaire a été retrouvé mort dans ses toilettes par des pompiers alertés par des voisins eux-mêmes alertés par l’odeur. C’était vendredi soir. Pas un médecin pour venir constater le décès. Le corps a donc été laissé sur place jusqu’à lundi. Une voisine explique que sa fille de dix ans est traumatisée.
De quoi parle-t-on au Camélia ? De l’année du dragon qui arrive. Le Chinois lecteur de Stendhal demande au fils du patron s’ils vont fêter ce Nouvel An. « En famille oui. Et vous ? » « Nous non, on est occidentalisé ». De l’évènement de l’été aussi. Une commerçante de la rue qui vit en banlieue annonce qu’elle fermera : « Ils vont tous être dans le métro avec leurs drapeaux à foutre le bordel ». Tout le monde est d’accord : « Les Jeux Olympiques, c’est bien. Ailleurs. »
Il pleut dru lorsque je traverse le carrefour pour rejoindre Book-Off. J’ai la chance d’y trouver à un euro, énorme, lourd et rigide, A cinq heures, mon ange (Lettres à Maria St Just) de Tennessee Williams (Robert Laffont) ainsi que Paris Review les entretiens (Christian Bourgois), Sonnets luxurieux de L’Arétin (Rivages poche) et un coffret de photos d’Elliott Erwitt (Heritage Graphics International).
Je redescends sous terre pour aller de Ledru-Rollin à Châtelet. Sorti à Sainte-Opportune, je m’engouffre dans le restaurant Au Diable des Lombards. Dans la formule à quinze euros dix je choisis le millefeuille d’aubergine et saumon fumé et la saucisse au couteau purée de pommes de terre. Peu de monde aujourd’hui, des solitaires comme moi ainsi qu’un homme et une femme qui parlent d’Henri Laborit et de son Eloge de la fuite.
La pluie est un peu moindre quand je rejoins le sous-sol du Book-Off de Saint-Martin. Là aussi dans les livres à un euro je fais de bonnes trouvailles : Baron Corvo (L’exilé de Venise) de Michel Bulteau (Editions du Rocher), le premier volume d’Ecrits d’Alexandre Jacob (L’insomniaque) et Maximilien Luce peintre anarchiste du Docteur Jean Sutter avec une préface de Lily Bazalgette (La Galerie des Vosges).
Un troisième trajet en métro et après un café comptoir au Bistrot d’Edmond, j’entre au Book-Off de Quatre Septembre. J’y suis un petit peu plus heureux que d’habitude, trouvant à un euro Hors cadre de Pierre Alechinsky (Labor) ainsi que Le Routard Bretagne Sud et Le Routard Bretagne Nord, édition deux mille vingt (Hachette), ça peut servir.
Le métro Trois pour aller à Saint-Lazare est bondé. Des voyageuses s’en plaignent. « Ça va être gai pour aller travailler en juillet. » « Combien de temps ça dure, trois semaines ? » Inutile de préciser de quoi elles parlent.
Dans le train du retour de seize heures quarante, j’occupe ma place habituelle dans la voiture Cinq, sans voisin. J’y termine Nous sommes au regret de… un livre qui m’aura déçu. Trop de courtes histoires bâties sur le même modèle, prenant le contrepied d’une situation courante, par exemple un accusé qui doit donner le maximum de preuves de sa culpabilité pour être innocenté. Cette littérature de l’absurde ne peut plus m’intéresser.
Il pleut toujours, je le constate avant Mantes-la-Jolie aux essuie-glaces des voitures qui, les agriculteurs partis, filent sur l’autoroute.
*
La voix du métro, station Quatre Septembre : « Pour votre information, il pleut dans le quartier. Dans cette station, nous pouvons vous prêter un parapluie. N’hésitez pas à vous renseigner auprès de nos agents. » Première fois que j’entends ça.
Il pleut ce mercredi matin, pas question de prendre le bus. Je descends sous terre, un peu de métro Trois, bondé, puis le métro Huit jusqu’à Ledru-Rollin. Pas question de Marché d’Aligre non plus, j’entre tôt au Camélia.
Après mon café, j’ouvre Le Parisien. Un sexagénaire a été retrouvé mort dans ses toilettes par des pompiers alertés par des voisins eux-mêmes alertés par l’odeur. C’était vendredi soir. Pas un médecin pour venir constater le décès. Le corps a donc été laissé sur place jusqu’à lundi. Une voisine explique que sa fille de dix ans est traumatisée.
De quoi parle-t-on au Camélia ? De l’année du dragon qui arrive. Le Chinois lecteur de Stendhal demande au fils du patron s’ils vont fêter ce Nouvel An. « En famille oui. Et vous ? » « Nous non, on est occidentalisé ». De l’évènement de l’été aussi. Une commerçante de la rue qui vit en banlieue annonce qu’elle fermera : « Ils vont tous être dans le métro avec leurs drapeaux à foutre le bordel ». Tout le monde est d’accord : « Les Jeux Olympiques, c’est bien. Ailleurs. »
Il pleut dru lorsque je traverse le carrefour pour rejoindre Book-Off. J’ai la chance d’y trouver à un euro, énorme, lourd et rigide, A cinq heures, mon ange (Lettres à Maria St Just) de Tennessee Williams (Robert Laffont) ainsi que Paris Review les entretiens (Christian Bourgois), Sonnets luxurieux de L’Arétin (Rivages poche) et un coffret de photos d’Elliott Erwitt (Heritage Graphics International).
Je redescends sous terre pour aller de Ledru-Rollin à Châtelet. Sorti à Sainte-Opportune, je m’engouffre dans le restaurant Au Diable des Lombards. Dans la formule à quinze euros dix je choisis le millefeuille d’aubergine et saumon fumé et la saucisse au couteau purée de pommes de terre. Peu de monde aujourd’hui, des solitaires comme moi ainsi qu’un homme et une femme qui parlent d’Henri Laborit et de son Eloge de la fuite.
La pluie est un peu moindre quand je rejoins le sous-sol du Book-Off de Saint-Martin. Là aussi dans les livres à un euro je fais de bonnes trouvailles : Baron Corvo (L’exilé de Venise) de Michel Bulteau (Editions du Rocher), le premier volume d’Ecrits d’Alexandre Jacob (L’insomniaque) et Maximilien Luce peintre anarchiste du Docteur Jean Sutter avec une préface de Lily Bazalgette (La Galerie des Vosges).
Un troisième trajet en métro et après un café comptoir au Bistrot d’Edmond, j’entre au Book-Off de Quatre Septembre. J’y suis un petit peu plus heureux que d’habitude, trouvant à un euro Hors cadre de Pierre Alechinsky (Labor) ainsi que Le Routard Bretagne Sud et Le Routard Bretagne Nord, édition deux mille vingt (Hachette), ça peut servir.
Le métro Trois pour aller à Saint-Lazare est bondé. Des voyageuses s’en plaignent. « Ça va être gai pour aller travailler en juillet. » « Combien de temps ça dure, trois semaines ? » Inutile de préciser de quoi elles parlent.
Dans le train du retour de seize heures quarante, j’occupe ma place habituelle dans la voiture Cinq, sans voisin. J’y termine Nous sommes au regret de… un livre qui m’aura déçu. Trop de courtes histoires bâties sur le même modèle, prenant le contrepied d’une situation courante, par exemple un accusé qui doit donner le maximum de preuves de sa culpabilité pour être innocenté. Cette littérature de l’absurde ne peut plus m’intéresser.
Il pleut toujours, je le constate avant Mantes-la-Jolie aux essuie-glaces des voitures qui, les agriculteurs partis, filent sur l’autoroute.
*
La voix du métro, station Quatre Septembre : « Pour votre information, il pleut dans le quartier. Dans cette station, nous pouvons vous prêter un parapluie. N’hésitez pas à vous renseigner auprès de nos agents. » Première fois que j’entends ça.
8 février 2024
Ce mardi est le jour de la remise. Un bus Teor puis le métro me conduisent place du Boulingrin chez ma podologue. Encore une fois je suis le premier rendez-vous mais elle est déjà au boulot dans son atelier aussi bruyant que celui d’une usine où lui sert d’ouvrière sa secrétaire. Je m’installe dans la salle d’attente et à l’heure dite elle glisse la tête par la porte.
Je me déchausse et lui confie mes Docs. Elle en décolle les semelles qui lui servent ensuite de matrices pour tracer les limites de celles qu’elle a fabriquées pour contrer mon côté bancal. Un coup de ciseau et les voilà à la bonne mesure. Elle les emporte à l’atelier pour la finition, laquelle comprend la pose d’une protection. Je l’ai choisie noire, comme tout ce qui me concerne.
Pour finir, elle replace les semelles d’origine dans ma paire car il faut attendre vingt-quatre heures que ça sèche avant d’utiliser les orthopédiques. Ce pourquoi je redescends à pied vers chez moi avec à la main un élégant petit sac en papier.
*
En début d’après-midi, je poursuis la lecture d’Anéantir de Michel Houellebecq au Socrate. Vers quinze heures trente arrive celui avec qui j’ai rendez-vous.
En janvier, j’ai souhaité un bon deux mille vingt-quatre à l’aimable étudiant venu à mon aide pour les problèmes de téléphone et d’ordinateur que je ne savais pas résoudre. Il a alors suggéré que l’on prenne un café ensemble. C’est le jour.
Pendant une heure nous parlons de nos vies respectives et du monde comme il va mal.
Je me déchausse et lui confie mes Docs. Elle en décolle les semelles qui lui servent ensuite de matrices pour tracer les limites de celles qu’elle a fabriquées pour contrer mon côté bancal. Un coup de ciseau et les voilà à la bonne mesure. Elle les emporte à l’atelier pour la finition, laquelle comprend la pose d’une protection. Je l’ai choisie noire, comme tout ce qui me concerne.
Pour finir, elle replace les semelles d’origine dans ma paire car il faut attendre vingt-quatre heures que ça sèche avant d’utiliser les orthopédiques. Ce pourquoi je redescends à pied vers chez moi avec à la main un élégant petit sac en papier.
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En début d’après-midi, je poursuis la lecture d’Anéantir de Michel Houellebecq au Socrate. Vers quinze heures trente arrive celui avec qui j’ai rendez-vous.
En janvier, j’ai souhaité un bon deux mille vingt-quatre à l’aimable étudiant venu à mon aide pour les problèmes de téléphone et d’ordinateur que je ne savais pas résoudre. Il a alors suggéré que l’on prenne un café ensemble. C’est le jour.
Pendant une heure nous parlons de nos vies respectives et du monde comme il va mal.
6 février 2024
Je ne connaissais pas Mihail Sebastian, écrivain roumain francophile et francophone, avant de trouver chez Book-Off son épais Journal (1935-1944) publié chez Stock et d’en faire ma lecture de lit.
On y croise notamment trois jeunes amis de l’auteur, avant leur exil, un Eugène Ionesco un peu perdu, un Emil Michel Cioran alors sympathisant du mouvement fasciste et antisémite la Garde de Fer et un Mircea Eliade lui aussi partisan de la Garde de Fer et encore plus ardemment antisémite. Je n’ai jamais pu blairer ce dernier, devenu par la suite icône mystico pantoufle.
Ce Journal n’est pas une lecture de tout repos, Mihail Sebastian, lui-même Juif, passant des horreurs du nazisme à celles du stalinisme, comme le montrent ces deux extraits :
On parle encore de plus de six mille Juifs tués, mais il est peut-être impossible de déterminer le nombre exact. Nous ne le connaîtrons peut-être jamais. De nombreux Juifs ont été tués dans le bois de Băneasa et leurs corps laissés là, nus pour la plupart. D’autres aux abattoirs de Străulești. Les uns et les autres auraient été horriblement mutilés avant d’être achevés. A la morgue, le frère de Jacques Costin était presque méconnaissable pour sa propre famille. Maître Beiler était criblé de balles et, en plus, égorgé. (Mercredi vingt-neuf janvier mil neuf cent quarante et un)
L’incompréhension, la peur, la perplexité. Des soldats russes qui violent les femmes (Dina Cocea me l’a raconté hier). Des soldats qui arrêtent les voitures dans la rue, font descendre le conducteur et les passagers, prennent le volant et disparaissent. Des magasins pillés. Cet après-midi, ils ont fait irruption à trois chez Zaharia, ils ont fouillé dans le coffre-fort et se sont emparés des montres. (La montre est leur jouet préféré.) (Vendredi premier septembre mil neuf cent quarante-quatre)
Dans cette Roumanie « libérée » par les Russes, Mihail Sebastian fait son bilan personnel :
Toujours la même vie dissipée. L’absence de logement stable me désorganise. Je n’ai vraiment pas l’esprit pratique. Je suis à l’évidence un type qui ne sait pas « s’arranger ». Un « poète », dans la pire acceptation du mot. Je ne sais pas discuter avec mon propriétaire, je ne sais pas me disputer avec mon voisin qui me fait des misères, je ne sais pas me débrouiller au commissariat de circonscription. Tout ce que je souhaite, c’est qu’on me fiche la paix. Je perds, je cède, j’accepte, je supporte, pourvu qu’on me fiche la paix. C’est absurde et honteux. Je suis, à trente-sept ans, aussi démuni qu’un enfant. (Mardi vingt six septembre mil neuf cent quarante-quatre)
Après avoir envisagé de quitter le pays, Mihail Sebastian choisit de rester. Il est nommé maître de conférences à l’Université Ouvrière Libre de Bucarest. Le vingt-neuf mai mil neuf cent quarante-cinq, s’y rendant pour son premier cours de littérature universelle, il est tué par un camion, une mort que d’aucuns jugent non accidentelle.
*
Autre lecture de lit, Lettres à Delphine de Louis Pergaud, dont adolescent j’ai lu La Guerre des boutons et les récits animaliers De Goupil à Margot Cette correspondance publiée au Mercure de France que j’ai payée deux euros au Clos Saint-Marc contient aussi les lettres que l’écrivain devenu soldat en mil neuf cent quatorze écrivit à ses amis. Antimilitariste et pacifiste avant la guerre, Pergaud devient, comme beaucoup, quand il se retrouve sur le front, va-t-en-guerre et anti-Boches. Quelques mois plus tard, devant les atrocités, il se reprend, déclarant qu’après la guerre, il sera encore plus antimilitariste qu’il ne l’était avant.
Le dimanche vingt et un mars mil neuf cent quinze, il écrit ceci à son ami Marcel Martinet :
Nous avons attaqué la tranchée boche après une insuffisante préparation d’artillerie et deux de nos compagnies se sont fait héroïquement faucher. J’étais là prêt à les soutenir avec mon peloton ; nous avions déjà fait sous la mitraille et les balles deux bonds en avant et nous étions en première ligne prêts à foncer quand l’ordre de faire cesser cette boucherie est arrivé. Dans cette marche en avant j’avais perdu huit hommes tués et onze blessés. Les balles me sifflaient aux oreilles et trois obus m’ont éclaté devant le nez me brûlant les yeux sans que je sois touché. (…) Devant nous, entre les réseaux boches des cadavres pendaient, des blessés se traînaient, d’autres se plaignaient ; et la nuit tragique avec un soleil rouge est tombée là-dessus. Il s’est mis à pleuvoir ; on marchait dans des mares de sang, dans des éclats de cervelle. Jamais je n’oublierai ça.
Dans la nuit du sept au huit avril, Louis Pergaud prend part à une nouvelle attaque où il disparaît.
*
Ces lectures ne m’empêchent pas de m’endormir sitôt le livre posé. Ce n’est que plus tard dans la nuit que mon cerveau entre en ébullition.
On y croise notamment trois jeunes amis de l’auteur, avant leur exil, un Eugène Ionesco un peu perdu, un Emil Michel Cioran alors sympathisant du mouvement fasciste et antisémite la Garde de Fer et un Mircea Eliade lui aussi partisan de la Garde de Fer et encore plus ardemment antisémite. Je n’ai jamais pu blairer ce dernier, devenu par la suite icône mystico pantoufle.
Ce Journal n’est pas une lecture de tout repos, Mihail Sebastian, lui-même Juif, passant des horreurs du nazisme à celles du stalinisme, comme le montrent ces deux extraits :
On parle encore de plus de six mille Juifs tués, mais il est peut-être impossible de déterminer le nombre exact. Nous ne le connaîtrons peut-être jamais. De nombreux Juifs ont été tués dans le bois de Băneasa et leurs corps laissés là, nus pour la plupart. D’autres aux abattoirs de Străulești. Les uns et les autres auraient été horriblement mutilés avant d’être achevés. A la morgue, le frère de Jacques Costin était presque méconnaissable pour sa propre famille. Maître Beiler était criblé de balles et, en plus, égorgé. (Mercredi vingt-neuf janvier mil neuf cent quarante et un)
L’incompréhension, la peur, la perplexité. Des soldats russes qui violent les femmes (Dina Cocea me l’a raconté hier). Des soldats qui arrêtent les voitures dans la rue, font descendre le conducteur et les passagers, prennent le volant et disparaissent. Des magasins pillés. Cet après-midi, ils ont fait irruption à trois chez Zaharia, ils ont fouillé dans le coffre-fort et se sont emparés des montres. (La montre est leur jouet préféré.) (Vendredi premier septembre mil neuf cent quarante-quatre)
Dans cette Roumanie « libérée » par les Russes, Mihail Sebastian fait son bilan personnel :
Toujours la même vie dissipée. L’absence de logement stable me désorganise. Je n’ai vraiment pas l’esprit pratique. Je suis à l’évidence un type qui ne sait pas « s’arranger ». Un « poète », dans la pire acceptation du mot. Je ne sais pas discuter avec mon propriétaire, je ne sais pas me disputer avec mon voisin qui me fait des misères, je ne sais pas me débrouiller au commissariat de circonscription. Tout ce que je souhaite, c’est qu’on me fiche la paix. Je perds, je cède, j’accepte, je supporte, pourvu qu’on me fiche la paix. C’est absurde et honteux. Je suis, à trente-sept ans, aussi démuni qu’un enfant. (Mardi vingt six septembre mil neuf cent quarante-quatre)
Après avoir envisagé de quitter le pays, Mihail Sebastian choisit de rester. Il est nommé maître de conférences à l’Université Ouvrière Libre de Bucarest. Le vingt-neuf mai mil neuf cent quarante-cinq, s’y rendant pour son premier cours de littérature universelle, il est tué par un camion, une mort que d’aucuns jugent non accidentelle.
*
Autre lecture de lit, Lettres à Delphine de Louis Pergaud, dont adolescent j’ai lu La Guerre des boutons et les récits animaliers De Goupil à Margot Cette correspondance publiée au Mercure de France que j’ai payée deux euros au Clos Saint-Marc contient aussi les lettres que l’écrivain devenu soldat en mil neuf cent quatorze écrivit à ses amis. Antimilitariste et pacifiste avant la guerre, Pergaud devient, comme beaucoup, quand il se retrouve sur le front, va-t-en-guerre et anti-Boches. Quelques mois plus tard, devant les atrocités, il se reprend, déclarant qu’après la guerre, il sera encore plus antimilitariste qu’il ne l’était avant.
Le dimanche vingt et un mars mil neuf cent quinze, il écrit ceci à son ami Marcel Martinet :
Nous avons attaqué la tranchée boche après une insuffisante préparation d’artillerie et deux de nos compagnies se sont fait héroïquement faucher. J’étais là prêt à les soutenir avec mon peloton ; nous avions déjà fait sous la mitraille et les balles deux bonds en avant et nous étions en première ligne prêts à foncer quand l’ordre de faire cesser cette boucherie est arrivé. Dans cette marche en avant j’avais perdu huit hommes tués et onze blessés. Les balles me sifflaient aux oreilles et trois obus m’ont éclaté devant le nez me brûlant les yeux sans que je sois touché. (…) Devant nous, entre les réseaux boches des cadavres pendaient, des blessés se traînaient, d’autres se plaignaient ; et la nuit tragique avec un soleil rouge est tombée là-dessus. Il s’est mis à pleuvoir ; on marchait dans des mares de sang, dans des éclats de cervelle. Jamais je n’oublierai ça.
Dans la nuit du sept au huit avril, Louis Pergaud prend part à une nouvelle attaque où il disparaît.
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Ces lectures ne m’empêchent pas de m’endormir sitôt le livre posé. Ce n’est que plus tard dans la nuit que mon cerveau entre en ébullition.
5 février 2024
Jeudi midi, au bout de la rue Saint-Nicolas, je me heurte presque à quatre filles identiques aux cheveux blonds flottant au vent. Elles sont vêtues pareillement. Chacune porte à la main un petit sac en papier Sephora. Des quadruplées ?
Un peu de réflexion me donne à penser que ce sont des sportives de la French Cup en tenue décontractée. Sans le chignon serré qui en fait de parfaits clones.
J’en ai la confirmation lorsque vendredi j’en croise tout un lot tirant les mêmes valises à roulettes. Elles vont de leur hôtel à la patinoire. Là se tient la compétition internationale de patinage synchronisé nommée French Cup.
Le trio de retraités du samedi matin au Socrate les a repérées. D’autant plus facilement qu’ils habitent prés de la patinoire dans l’île Lacroix,. « De beaux brins de filles. » « Mon garçon, ils les auraient bien invitées à la maison. » Ils les ont vues chanter derrière la fanfare lors de la parade. Celle-ci est passée au bout de ma ruelle. J’ai entendu sans voir. « Elles ont pas le droit de sortir seules. Minimum trois. », dit encore l’un. « Elles ont raison. Avec tout ce qu’on voit. », conclut un autre.
Ce dimanche matin, allant au marché, je dois me faire un chemin rue Saint-Romain parmi celles qui logeaient à l’Hôtel de la Cathédrale. Chignons moyennement serrés, elles s’apprêtent à faire une dernière fois du bruit sur le pavé mouillé avec leurs valises à roulettes. Un autocar les attend qui les ramènera dans leur pays.
*
Un matin, je lis sur le site Actu Seine-Maritime comment une jeune femme a fait installer chez elle une pompe à chaleur après que des artisans lui ont fait croire qu’elle aurait droit à MaPrimeRénov’ alors qu’en réalité ce qu’ils lui ont fait signer c’est un emprunt de vingt-quatre mille euros.
Dans la demi-heure qui suit, mon fil d’actualité sur le réseau social Effe Bé est saturé de publicités pour les pompes à chaleur, les panneaux solaires, les diagnostics pour obtenir MaPrimeRénov’, etc.
Cela alors que je ne suis pas passé par Effe Bé pour lire cet article. C’est effrayant. Aucun autre sujet ne m’avait valu ça. Je perds un temps fou à supprimer ces pubs en cochant la case « Hors de propos ».
*
Agriculteur : personne qui achète à crédit un tracteur de cent mille euros pour gagner six cents euros par mois.
Un peu de réflexion me donne à penser que ce sont des sportives de la French Cup en tenue décontractée. Sans le chignon serré qui en fait de parfaits clones.
J’en ai la confirmation lorsque vendredi j’en croise tout un lot tirant les mêmes valises à roulettes. Elles vont de leur hôtel à la patinoire. Là se tient la compétition internationale de patinage synchronisé nommée French Cup.
Le trio de retraités du samedi matin au Socrate les a repérées. D’autant plus facilement qu’ils habitent prés de la patinoire dans l’île Lacroix,. « De beaux brins de filles. » « Mon garçon, ils les auraient bien invitées à la maison. » Ils les ont vues chanter derrière la fanfare lors de la parade. Celle-ci est passée au bout de ma ruelle. J’ai entendu sans voir. « Elles ont pas le droit de sortir seules. Minimum trois. », dit encore l’un. « Elles ont raison. Avec tout ce qu’on voit. », conclut un autre.
Ce dimanche matin, allant au marché, je dois me faire un chemin rue Saint-Romain parmi celles qui logeaient à l’Hôtel de la Cathédrale. Chignons moyennement serrés, elles s’apprêtent à faire une dernière fois du bruit sur le pavé mouillé avec leurs valises à roulettes. Un autocar les attend qui les ramènera dans leur pays.
*
Un matin, je lis sur le site Actu Seine-Maritime comment une jeune femme a fait installer chez elle une pompe à chaleur après que des artisans lui ont fait croire qu’elle aurait droit à MaPrimeRénov’ alors qu’en réalité ce qu’ils lui ont fait signer c’est un emprunt de vingt-quatre mille euros.
Dans la demi-heure qui suit, mon fil d’actualité sur le réseau social Effe Bé est saturé de publicités pour les pompes à chaleur, les panneaux solaires, les diagnostics pour obtenir MaPrimeRénov’, etc.
Cela alors que je ne suis pas passé par Effe Bé pour lire cet article. C’est effrayant. Aucun autre sujet ne m’avait valu ça. Je perds un temps fou à supprimer ces pubs en cochant la case « Hors de propos ».
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Agriculteur : personne qui achète à crédit un tracteur de cent mille euros pour gagner six cents euros par mois.
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