Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
26 juin 2017
Samedi matin le train de neuf heures douze m’emmène à Paris. Par le métro je rejoins Montparnasse. Près de la station Gaîté, rue de l’Ouest, se tient un vide grenier dont j’ai tôt fait le tour sans y trouver de livres à mon goût. Qu’importe, je sais qu’après avoir passé la nuit dans l’appartement de celle qui est pour le ouiquennede dans la campagne près de Rouen, je me rattraperai à la Butte aux Cailles.
La rue de la Gaîté est partagée entre théâtres de tout genre, boutiques de sexe et restaurants du monde. Je déjeune au Comme Chez Soi qui propose un buffet et plancha à volonté pour vingt et un euros : superviseur français, personnel asiatique, clientèle variée. Je suis content d’y trouver des huîtres et des bulots. La plancha est à commander au chef : dorade saumon magret de canard bœuf au fromage, tel est mon choix. J’accompagne cela d’un pichet de rosé.
Une promenade s’impose. Le cimetière voisin en est le lieu idéal. A l’entrée de la rue Froidevaux, je prends le plan plastifié mis à disposition des visiteurs et, moitié avec son aide, moitié avec celui du hasard, je vais de tombe en tombe en les photographiant. Après la plus courue, celle de Serge Gainsbourg (où je n’ajoute pas mon ticket de métro), je passe par celles de Stéphane Hessel, Bruno Cremer, Gisele Freund, Sainte-Beuve, Roland Petit, Jean Seberg, Philippe Noiret, Jean Poiret, Marcel Bozzuffi, Serge et Stephan Reggiani. Pour celle de Georget Bernier dit le Professeur Choron, il faut traverser la rue Emile-Richard qui partage ce cimetière en deux parties inégales.
Malheureusement, je n’arrive pas à trouver les tombes de Cioran et d’Eric Rohmer qui se cachent à l’intérieur d’une vaste division. Un dame anglaise n’a pas plus de chance avec Camille Saint-Saëns proche d’Eric Rohmer. Nos efforts conjugués n’aboutissent pas. Pas loin de là où doit être Cioran, deux jolies filles discutent en riant assises sur la tombe de la jeune Camille Belan.
-C’est qui Camille Belan ? leur demandé-je.
-Une amie à nous, me répond celle qui porte une minijupe.
Aucune des deux ne sait qui est Cioran.
Un peu plus loin, je croise une autre jeune fille en pleurs contre la pierre d’une sépulture encore plus récente.
Quand j’ai suffisamment marché, je rejoins le dix-huitième arrondissement et vais boire un diabolo menthe chez Mounir, rue Letort.
*
L’épitaphe de la tombe de Bruno Cremer : « Ceci est un trou de mémoire ».
*
« Ci-gît l’élégant dandy Areski Mesloub ». Ce pléonasme est enterré depuis deux mille neuf. L’herbe desséchée donne à sa tombe un aspect terrain vague des plus réussis.
*
Sur celle de la famille Sigre, madame a fait écrire : « Si Paradis il y a, Paradis n’y sera, que si j’y suis accueillie par mes chients et mes chats. » Le graveur ira faire des dictées au purgatoire.
*
On ne choisit pas ses voisins. Henri Langlois de la Cinémathèque côtoie Gus le dessinateur.
Serge Gainsbourg, lui, a pour voisin de derrière Claude Simon, mais c’est un homonyme.
*
Gens connus, célèbres ou renommés
Pour vous faire enterrer
Afin d’être aisément repérés
Choisissez le bord d’une allée.
La rue de la Gaîté est partagée entre théâtres de tout genre, boutiques de sexe et restaurants du monde. Je déjeune au Comme Chez Soi qui propose un buffet et plancha à volonté pour vingt et un euros : superviseur français, personnel asiatique, clientèle variée. Je suis content d’y trouver des huîtres et des bulots. La plancha est à commander au chef : dorade saumon magret de canard bœuf au fromage, tel est mon choix. J’accompagne cela d’un pichet de rosé.
Une promenade s’impose. Le cimetière voisin en est le lieu idéal. A l’entrée de la rue Froidevaux, je prends le plan plastifié mis à disposition des visiteurs et, moitié avec son aide, moitié avec celui du hasard, je vais de tombe en tombe en les photographiant. Après la plus courue, celle de Serge Gainsbourg (où je n’ajoute pas mon ticket de métro), je passe par celles de Stéphane Hessel, Bruno Cremer, Gisele Freund, Sainte-Beuve, Roland Petit, Jean Seberg, Philippe Noiret, Jean Poiret, Marcel Bozzuffi, Serge et Stephan Reggiani. Pour celle de Georget Bernier dit le Professeur Choron, il faut traverser la rue Emile-Richard qui partage ce cimetière en deux parties inégales.
Malheureusement, je n’arrive pas à trouver les tombes de Cioran et d’Eric Rohmer qui se cachent à l’intérieur d’une vaste division. Un dame anglaise n’a pas plus de chance avec Camille Saint-Saëns proche d’Eric Rohmer. Nos efforts conjugués n’aboutissent pas. Pas loin de là où doit être Cioran, deux jolies filles discutent en riant assises sur la tombe de la jeune Camille Belan.
-C’est qui Camille Belan ? leur demandé-je.
-Une amie à nous, me répond celle qui porte une minijupe.
Aucune des deux ne sait qui est Cioran.
Un peu plus loin, je croise une autre jeune fille en pleurs contre la pierre d’une sépulture encore plus récente.
Quand j’ai suffisamment marché, je rejoins le dix-huitième arrondissement et vais boire un diabolo menthe chez Mounir, rue Letort.
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L’épitaphe de la tombe de Bruno Cremer : « Ceci est un trou de mémoire ».
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« Ci-gît l’élégant dandy Areski Mesloub ». Ce pléonasme est enterré depuis deux mille neuf. L’herbe desséchée donne à sa tombe un aspect terrain vague des plus réussis.
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Sur celle de la famille Sigre, madame a fait écrire : « Si Paradis il y a, Paradis n’y sera, que si j’y suis accueillie par mes chients et mes chats. » Le graveur ira faire des dictées au purgatoire.
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On ne choisit pas ses voisins. Henri Langlois de la Cinémathèque côtoie Gus le dessinateur.
Serge Gainsbourg, lui, a pour voisin de derrière Claude Simon, mais c’est un homonyme.
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Gens connus, célèbres ou renommés
Pour vous faire enterrer
Afin d’être aisément repérés
Choisissez le bord d’une allée.
23 juin 2017
Après avoir supporté les quarante-cinq degrés du train de retour ce mercredi, je n’ai qu’un désir : tenter de dormir. Fenêtre fermée, ce n’est pas possible. Fenêtre ouverte, la chaleur diminue à peine et, Fête de la Musique oblige, un bruit de foule sert d’accompagnement sonore à mon épuisement. Ce n’est pas avant une heure du matin que je peux trouver le sommeil.
Ce pic de chaleur est-il lié au réchauffement climatique consécutif à l’activité humaine, nul ne peut l’affirmer, cependant il serait plus que temps que les politiciens agissent réellement pour tenter de modifier le cours des choses, en réfléchissant à l’éventualité d’une décroissance par exemple, mais comme tous ceux qui viennent d’être élus à l’Assemblée Nationale, de l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par tous les milieux, sont productivistes, c’est mal parti.
*
Quoi de plus désagréable que d’être constamment en sueur. Si l’été le temps en Normandie devient celui que l’on subit dans des endroits comme la Drôme, l’Ardèche ou le Lot, cela va être volets clos toute la journée, sieste obligatoire et vie larvaire. Charmante perspective.
*
Ne pourrait-on pas arrêter de dire qu’il fait beau quand il fait chaud. Quand il fait chaud, il fait chaud. Comme quand il fait froid, il fait froid.
*
Une lectrice m’informe qu’il y a eu une petite mobilisation début avril, autour de l’Adjoint au Maire Manuel Labbé (Communiste), contre la fermeture des bureaux de poste rouennais.
Une pétition a été lancée pour celui de la rue Orbe, laquelle a été relayée par l’association La Boise de Saint Nicaise dans les quelques boutiques survivantes de ce quartier où le commerce périclite.
Une pétition a également été signée devant celui de la Champmeslé, situé quant à lui dans une rue commercialement prospère.
Dès le lendemain de la fermeture de ce dernier, le Colombus Café a profité de l’aubaine pour agrandir sa terrasse.
*
Valérie Fourneyron (Socialiste), après avoir pleuré le soir de sa défaite face à Damien Adam (En Marche), démissionne de son poste de conseillère municipale à la Mairie de Rouen. Que n’a-t-elle terminé sa carrière politique en défendant les bureaux de poste de la ville dont elle fut Maire.
*
Où donc Hervé Morin, Duc de Normandie et Catherine Morin-Dessailly, Sénatrice et Présidente de l’Opéra de Rouen (Centristes de Droite) vont-ils voir le Comala de Laurence Equilbey ? A la Philharmonie de Paris. C’est tellement plus chic.
*
François Ruffin, élu à l’Assemblée Nationale avec l’étiquette Picardie Debout, affilié aux Insoumis, déclarant qu’il se contentera du Smic comme salaire de Député, c’est comme s’il disait que le Smic, c’est suffisant pour vivre. Même à Paris.
Ce pic de chaleur est-il lié au réchauffement climatique consécutif à l’activité humaine, nul ne peut l’affirmer, cependant il serait plus que temps que les politiciens agissent réellement pour tenter de modifier le cours des choses, en réfléchissant à l’éventualité d’une décroissance par exemple, mais comme tous ceux qui viennent d’être élus à l’Assemblée Nationale, de l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par tous les milieux, sont productivistes, c’est mal parti.
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Quoi de plus désagréable que d’être constamment en sueur. Si l’été le temps en Normandie devient celui que l’on subit dans des endroits comme la Drôme, l’Ardèche ou le Lot, cela va être volets clos toute la journée, sieste obligatoire et vie larvaire. Charmante perspective.
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Ne pourrait-on pas arrêter de dire qu’il fait beau quand il fait chaud. Quand il fait chaud, il fait chaud. Comme quand il fait froid, il fait froid.
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Une lectrice m’informe qu’il y a eu une petite mobilisation début avril, autour de l’Adjoint au Maire Manuel Labbé (Communiste), contre la fermeture des bureaux de poste rouennais.
Une pétition a été lancée pour celui de la rue Orbe, laquelle a été relayée par l’association La Boise de Saint Nicaise dans les quelques boutiques survivantes de ce quartier où le commerce périclite.
Une pétition a également été signée devant celui de la Champmeslé, situé quant à lui dans une rue commercialement prospère.
Dès le lendemain de la fermeture de ce dernier, le Colombus Café a profité de l’aubaine pour agrandir sa terrasse.
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Valérie Fourneyron (Socialiste), après avoir pleuré le soir de sa défaite face à Damien Adam (En Marche), démissionne de son poste de conseillère municipale à la Mairie de Rouen. Que n’a-t-elle terminé sa carrière politique en défendant les bureaux de poste de la ville dont elle fut Maire.
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Où donc Hervé Morin, Duc de Normandie et Catherine Morin-Dessailly, Sénatrice et Présidente de l’Opéra de Rouen (Centristes de Droite) vont-ils voir le Comala de Laurence Equilbey ? A la Philharmonie de Paris. C’est tellement plus chic.
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François Ruffin, élu à l’Assemblée Nationale avec l’étiquette Picardie Debout, affilié aux Insoumis, déclarant qu’il se contentera du Smic comme salaire de Député, c’est comme s’il disait que le Smic, c’est suffisant pour vivre. Même à Paris.
22 juin 2017
La canicule étant officiellement déclarée, la chaleur augmentant chaque jour et chaque nuit, je sais que mon escapade hebdomadaire à Paris va être difficile. Heureusement, le train de sept heures cinquante-neuf est climatisé et il en est de même pour la librairie Book-Off de Ledru-Rollin où je m’attarde plus que nécessaire.
Le choc thermique est brutal quand j’en sors. Mon passage au marché d’Aligre tourne court, on y cuit. Je me rabats sur le square Armand-Trousseau où un banc ombragé m’accueille jusqu’à l’heure du déjeuner que je prends au Rempart, rue Saint-Antoine. Le travers de porc mariné aux agrumes sauce soja petits légumes est au menu, que j’accompagne d’un verre de muscat et fais suivre d’un tiramisu.
A treize heures quinze, j’ai rendez-vous près de la statue de Beaumarchais avec celle qui me prête son appartement pour le ouiquennede. Elle m’offre un deuxième dessert et un café au Petit Saint Paul.
Quand elle retourne travailler, je prends le métro Un jusqu’à Sablons et de là rejoins le Jardin d’Acclimatation où à seize heures, Pomme « l’atout charme de la nouvelle scène folk française » donne concert gratuit à l’occasion de la Fête de la Musique.
Debout contre un arbre qui me sert de parasol, j’assiste à son arrivée et à la mise en place technique, guitare, autoharp et tambourin pour pied, toutes opérations qu’elle fait suivie comme son ombre par un chef technicien aussi encombrant qu’inutile.
-Je fais juste un truc de pédale et puis c’est bon, dit-elle pour finir
-Ouah, entends-je derrière moi.
C’est l’un des branlotins d’un groupe issu d’un centre de loisirs.
-Mais non, lui dit son animateur, elle parle de la pédale de son instrument, c’est pas l’insulte à laquelle tu penses.
Pendant ce temps, de courageux employés du Jardin apportent transats, chaises, bancs et pieds de parasol en béton
Quand la jolie et talentueuse Pomme revient sur scène, je trouve place au bout d’un banc à l’ombre.
-Vous auriez pu venir en maillot de bain, nous dit-elle. Moi, j’étais prête à chanter en maillot mais je crois que ce n’est pas très légal.
Elle ne porte pas non plus la même robe qu’hier mais un petit haut blanc et un pantalon à rayures acheté pour l’occasion et fronce parfois délicieusement le nez quand elle chante ses nouveautés en français (La même robe qu’hier, La lavande) et des reprises en anglais (Umbrella, New Soul) devant un public divers et conquis. Je retrouve le plaisir pris lors de sa découverte aux Terrasses du Jeudi rouennaises. Malheureusement, elle chante peu longtemps, d’autres sont au programme ensuite. Pour en entendre d’avantage, les Parisien(ne)s pourront aller à la Boule Noire où elle sera du dix-huit au vingt et un septembre prochain.
-Papa, c’est loin la Boule Noire ? demande un moutard.
-A Paris, rien n’est loin, lui répond-il.
Tandis que je me dirige vers la sortie, j’entends qu’une femme a pris le micro pour saluer le public au nom de Marc-Antoine Jamet. M’aurait étonné que le Président Directeur Général du Jardin d’Acclimatation, Maire de Val-de-Reuil, Socialiste, Secrétaire Général de Louis Vuitton Moët Hennessy, laisse passer l’occasion de faire entendre son nom.
A Saint-Lazare, j’apprends sans réelle surprise que le train de dix-huit heures vingt-cinq est supprimé. Cela m’autorise à prendre celui de dix-sept heures cinquante, pas encore parti. Las, c’est une bétaillère où il fait une chaleur intolérable. Les vitres baissées n’y font rien. De plus, il s’arrête en rase campagne. « Je n’arrive pas contacter le conducteur », nous dit le chef de bord. Un médecin du Céhachu le suppose mort d’une crise cardiaque. Après quelques minutes d’angoisse, nous repartons et atteignons Rouen, lessivés, avec un quart d’heure de retard.
*
Aurais-je été à Rouen en ce jour de Fête de la Musique que je serais allé écouter Tallisker qui se produisait à cent mètres de chez moi dans la cour de l’Historial Jeanne d’Arc. Cela fait trop longtemps que je n’ai pas ouï Eléonore, qui, il y a quelques semaines, dans un café de la place Saint-Marc m’a parlé de la petite maison sans électricité de Bretagne intérieure où elle aime se réfugier. Je veux y penser comme un lieu où il fait frais.
Le choc thermique est brutal quand j’en sors. Mon passage au marché d’Aligre tourne court, on y cuit. Je me rabats sur le square Armand-Trousseau où un banc ombragé m’accueille jusqu’à l’heure du déjeuner que je prends au Rempart, rue Saint-Antoine. Le travers de porc mariné aux agrumes sauce soja petits légumes est au menu, que j’accompagne d’un verre de muscat et fais suivre d’un tiramisu.
A treize heures quinze, j’ai rendez-vous près de la statue de Beaumarchais avec celle qui me prête son appartement pour le ouiquennede. Elle m’offre un deuxième dessert et un café au Petit Saint Paul.
Quand elle retourne travailler, je prends le métro Un jusqu’à Sablons et de là rejoins le Jardin d’Acclimatation où à seize heures, Pomme « l’atout charme de la nouvelle scène folk française » donne concert gratuit à l’occasion de la Fête de la Musique.
Debout contre un arbre qui me sert de parasol, j’assiste à son arrivée et à la mise en place technique, guitare, autoharp et tambourin pour pied, toutes opérations qu’elle fait suivie comme son ombre par un chef technicien aussi encombrant qu’inutile.
-Je fais juste un truc de pédale et puis c’est bon, dit-elle pour finir
-Ouah, entends-je derrière moi.
C’est l’un des branlotins d’un groupe issu d’un centre de loisirs.
-Mais non, lui dit son animateur, elle parle de la pédale de son instrument, c’est pas l’insulte à laquelle tu penses.
Pendant ce temps, de courageux employés du Jardin apportent transats, chaises, bancs et pieds de parasol en béton
Quand la jolie et talentueuse Pomme revient sur scène, je trouve place au bout d’un banc à l’ombre.
-Vous auriez pu venir en maillot de bain, nous dit-elle. Moi, j’étais prête à chanter en maillot mais je crois que ce n’est pas très légal.
Elle ne porte pas non plus la même robe qu’hier mais un petit haut blanc et un pantalon à rayures acheté pour l’occasion et fronce parfois délicieusement le nez quand elle chante ses nouveautés en français (La même robe qu’hier, La lavande) et des reprises en anglais (Umbrella, New Soul) devant un public divers et conquis. Je retrouve le plaisir pris lors de sa découverte aux Terrasses du Jeudi rouennaises. Malheureusement, elle chante peu longtemps, d’autres sont au programme ensuite. Pour en entendre d’avantage, les Parisien(ne)s pourront aller à la Boule Noire où elle sera du dix-huit au vingt et un septembre prochain.
-Papa, c’est loin la Boule Noire ? demande un moutard.
-A Paris, rien n’est loin, lui répond-il.
Tandis que je me dirige vers la sortie, j’entends qu’une femme a pris le micro pour saluer le public au nom de Marc-Antoine Jamet. M’aurait étonné que le Président Directeur Général du Jardin d’Acclimatation, Maire de Val-de-Reuil, Socialiste, Secrétaire Général de Louis Vuitton Moët Hennessy, laisse passer l’occasion de faire entendre son nom.
A Saint-Lazare, j’apprends sans réelle surprise que le train de dix-huit heures vingt-cinq est supprimé. Cela m’autorise à prendre celui de dix-sept heures cinquante, pas encore parti. Las, c’est une bétaillère où il fait une chaleur intolérable. Les vitres baissées n’y font rien. De plus, il s’arrête en rase campagne. « Je n’arrive pas contacter le conducteur », nous dit le chef de bord. Un médecin du Céhachu le suppose mort d’une crise cardiaque. Après quelques minutes d’angoisse, nous repartons et atteignons Rouen, lessivés, avec un quart d’heure de retard.
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Aurais-je été à Rouen en ce jour de Fête de la Musique que je serais allé écouter Tallisker qui se produisait à cent mètres de chez moi dans la cour de l’Historial Jeanne d’Arc. Cela fait trop longtemps que je n’ai pas ouï Eléonore, qui, il y a quelques semaines, dans un café de la place Saint-Marc m’a parlé de la petite maison sans électricité de Bretagne intérieure où elle aime se réfugier. Je veux y penser comme un lieu où il fait frais.
21 juin 2017
Pour l’ultime concert de la saison à l’Opéra de Rouen ce dimanche après-midi, Niels Wilhelm Gade est à l’honneur. Laurence Equilbey et son chœur accentus fêtent le deux centième anniversaire de la naissance de ce musicien danois dont j’ignorais jusqu’au nom, lequel se prononce comme les deux dernières syllabes de « together », indique Luce Zurita dans le livret programme. « Ce chef et compositeur naît à Copenhague en 1817 et y meurt en 1890 sans que la renommée connue entre ces deux dates ne reflète l’oubli qui le menace actuellement », écrit-elle plaisamment mais de manière illogique.
La chaleur est à peine moindre à l’intérieur du bâtiment qu’à l’extérieur. Certains musiciens arrivent en bermuda. Côté spectateurs, presque tous les abonnés de première catégorie, avec fauteuil à leur nom, sont absents. Sont-ils bronzeurs en bord de mer ou assesseurs en bureau de vote ? Je suis dans la loge Neuf, à son autre extrémité est un homme de mon âge, entre nous deux trois chaises vides. La loge Sept est déserte. La Cinq est occupée par une jeune femme technicienne à casque sur les oreilles.
Après l’ouverture d’Echos d’Ossian est donnée Comala, une cantate dont le texte publié au dix-huitième siècle est attribué au légendaire barde écossais Ossian qui aurait vécu au troisième siècle.
Le roi Fingal part au combat malgré les craintes de la princesse Comala qui en est amoureuse. La nouvelle de sa mort est donnée. Comala est désespérée. Or, il revient vainqueur. C’est pour apprendre que Comala s’est donnée la mort.
Une pareille histoire nécessite une musique tantôt martiale tantôt exaltée. Elle se laisse écouter. Marie-Adeline Henry est une Comala talentueuse. Elle est bien applaudie, tout comme les autres solistes, les choristes, les musicien(ne)s et la cheffe.
*
Ce dimanche était le jour du vide grenier de l’hippodrome des Trois Pipes à Bihorel auquel j’ai renoncé à cause de la chaleur, et surtout parce qu’à chaque fois j’en repars déçu. Ni trois, ni deux, pas même une.
*
Côté Rouen droite, Valérie Fourneyron, Députée sortante, Socialiste, est battue par Damien Adam, En Marche, vingt-sept ans, arrivé à Rouen en deux mille quinze, désormais ancien employé du Crédit Agricole.
Côté Rouen gauche, Hubert Wulfranc, Maire de Saint-Etienne-du-Rouvray, Communiste, bat le parachuté Cyrille Grenot, En Marche, déjà battu à Rouen droite en deux mille douze quand il était Udéhi, et le renvoie dans sa pharmacie des Hauts de Rouen.
*
Ce lundi matin, arrivant au bureau de poste de la rue de la Champmeslé, je trouve le rideau baissé. Une affichette manuscrite est collée dessus : « Poste fermée ». Les distributeurs de billets sont obturés sommairement.
A ma connaissance, nul n’a averti de la fin de ce bureau de poste très fréquenté, encore moins ne s’y est opposé, ni les postiers qui y travaillaient, ni les syndicats, ni les politiciens socialistes en charge de la Mairie et de la Métropole, ni l’ex Députée, ni les membres de la gauche de la Gauche, tous officiellement défenseurs des services publics.
Dans le même temps, la poste principale de la rue de la Jeanne rouvre après des mois de travaux : au premier plan la banque, sur les bords le courrier. L’une des ex postières de la Champmeslé est à l’entrée, chargée de guider les arrivants dans ce lieu refait selon les nouvelles priorités.
La chaleur est à peine moindre à l’intérieur du bâtiment qu’à l’extérieur. Certains musiciens arrivent en bermuda. Côté spectateurs, presque tous les abonnés de première catégorie, avec fauteuil à leur nom, sont absents. Sont-ils bronzeurs en bord de mer ou assesseurs en bureau de vote ? Je suis dans la loge Neuf, à son autre extrémité est un homme de mon âge, entre nous deux trois chaises vides. La loge Sept est déserte. La Cinq est occupée par une jeune femme technicienne à casque sur les oreilles.
Après l’ouverture d’Echos d’Ossian est donnée Comala, une cantate dont le texte publié au dix-huitième siècle est attribué au légendaire barde écossais Ossian qui aurait vécu au troisième siècle.
Le roi Fingal part au combat malgré les craintes de la princesse Comala qui en est amoureuse. La nouvelle de sa mort est donnée. Comala est désespérée. Or, il revient vainqueur. C’est pour apprendre que Comala s’est donnée la mort.
Une pareille histoire nécessite une musique tantôt martiale tantôt exaltée. Elle se laisse écouter. Marie-Adeline Henry est une Comala talentueuse. Elle est bien applaudie, tout comme les autres solistes, les choristes, les musicien(ne)s et la cheffe.
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Ce dimanche était le jour du vide grenier de l’hippodrome des Trois Pipes à Bihorel auquel j’ai renoncé à cause de la chaleur, et surtout parce qu’à chaque fois j’en repars déçu. Ni trois, ni deux, pas même une.
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Côté Rouen droite, Valérie Fourneyron, Députée sortante, Socialiste, est battue par Damien Adam, En Marche, vingt-sept ans, arrivé à Rouen en deux mille quinze, désormais ancien employé du Crédit Agricole.
Côté Rouen gauche, Hubert Wulfranc, Maire de Saint-Etienne-du-Rouvray, Communiste, bat le parachuté Cyrille Grenot, En Marche, déjà battu à Rouen droite en deux mille douze quand il était Udéhi, et le renvoie dans sa pharmacie des Hauts de Rouen.
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Ce lundi matin, arrivant au bureau de poste de la rue de la Champmeslé, je trouve le rideau baissé. Une affichette manuscrite est collée dessus : « Poste fermée ». Les distributeurs de billets sont obturés sommairement.
A ma connaissance, nul n’a averti de la fin de ce bureau de poste très fréquenté, encore moins ne s’y est opposé, ni les postiers qui y travaillaient, ni les syndicats, ni les politiciens socialistes en charge de la Mairie et de la Métropole, ni l’ex Députée, ni les membres de la gauche de la Gauche, tous officiellement défenseurs des services publics.
Dans le même temps, la poste principale de la rue de la Jeanne rouvre après des mois de travaux : au premier plan la banque, sur les bords le courrier. L’une des ex postières de la Champmeslé est à l’entrée, chargée de guider les arrivants dans ce lieu refait selon les nouvelles priorités.
20 juin 2017
Ce samedi après-midi, je grimpe la côte qui mène à Mont-Saint-Aignan dans un bus Teor Un dont la climatisation est déficiente. J’en descends à l’arrêt Place Colbert. Là, dans une allée arborée, l'Ecole d'Improvisation Jazz organise sa braderie culturelle annuelle. L’ouverture officielle est à quatorze heures. Nous sommes tous là à treize heures. L’an dernier, il y pleuvait. Cette fois, c’est chaleur à crever. L’un que je connais s’en plaint. Il porte une grosse veste noire. « Où mettrais-je mes affaires ? » me dit-il. « Tu fais comme moi », lui réponds-je montrant mon élégant sac en plastique Gibert Jeune.
Un orchestre joue de la musique brésilienne amollissante tandis que s’installent une vingtaine d’exposant(e)s proposant instruments de musique, tableaux, disques, dévédés et livres. Parmi ces derniers, je repère un très grand ouvrage illustré : Satie et la danse d’Ornella Volta (Editions Plume).
Neuf, il coûtait soixante euros. Sa vendeuse le propose à quinze. Je l’obtiens pour douze. « Cela me remboursera ma place », me dit-elle. Avais-je vraiment besoin de ce livre lourd et encombrant ? Sans doute non, mais je ne peux pas toujours rentrer bredouille.
*
L’agresseur de Nathalie Kosciusko-Morizet est donc le Maire de Champignolles (Eure), Sans Etiquette, autrefois Udéhi. Il est parisien, chef d’entreprise, et possède une résidence secondaire dans ce village de quarante habitants.
Il a parrainé Henri Guaino pour la Présidentielle, à laquelle ce dernier n’a pu se présenter faute d’avoir cinq cents signatures. Ce même Guaino était candidat à la Législative contre Nathalie Kosciusko-Morizet. Eliminé au premier tour, il déclara à la télévision que les électeurs de cette circonscription étaient « à vomir », s’en prenant notamment aux « bobos de l’entre-soi ».
Quand Monsieur le Maire s’en est pris à sa victime, il l’a qualifiée de « bobo de merde ».
« Fin mai, il lançait une pétition auprès de ses administrés pour dénoncer l'insécurité dans les campagnes. », lis-je dans Le Parisien.
Un orchestre joue de la musique brésilienne amollissante tandis que s’installent une vingtaine d’exposant(e)s proposant instruments de musique, tableaux, disques, dévédés et livres. Parmi ces derniers, je repère un très grand ouvrage illustré : Satie et la danse d’Ornella Volta (Editions Plume).
Neuf, il coûtait soixante euros. Sa vendeuse le propose à quinze. Je l’obtiens pour douze. « Cela me remboursera ma place », me dit-elle. Avais-je vraiment besoin de ce livre lourd et encombrant ? Sans doute non, mais je ne peux pas toujours rentrer bredouille.
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L’agresseur de Nathalie Kosciusko-Morizet est donc le Maire de Champignolles (Eure), Sans Etiquette, autrefois Udéhi. Il est parisien, chef d’entreprise, et possède une résidence secondaire dans ce village de quarante habitants.
Il a parrainé Henri Guaino pour la Présidentielle, à laquelle ce dernier n’a pu se présenter faute d’avoir cinq cents signatures. Ce même Guaino était candidat à la Législative contre Nathalie Kosciusko-Morizet. Eliminé au premier tour, il déclara à la télévision que les électeurs de cette circonscription étaient « à vomir », s’en prenant notamment aux « bobos de l’entre-soi ».
Quand Monsieur le Maire s’en est pris à sa victime, il l’a qualifiée de « bobo de merde ».
« Fin mai, il lançait une pétition auprès de ses administrés pour dénoncer l'insécurité dans les campagnes. », lis-je dans Le Parisien.
19 juin 2017
Ce samedi matin, je passe la Seine pour me rendre dans une petite rue proche de celle où le Secours Populaire rouennais possède un local. A l’arrivée, je cherche où donc celui-ci organise une vente de livres. Un passant me dit que ce doit être dans le bâtiment municipal à l’angle de la rue. Des angles, cet édifice en possède plus d’un. Il est de forme triangulaire. Sa toiture en métal descend jusqu’au sol, ce qui a pour conséquence la présence de pancartes avertissant du danger qu’il y a à grimper sur le toit. Qui a pu faire un tel choix architectural ?
Un jeune homme à gros casque noir sur les oreilles me confirme que c’est là. Il m’indique la barrière par laquelle on entrera. Quelques concurrents m’y rejoignent tandis que bourdonnent les abeilles sur les fleurs jaunes de la haie. Il fait déjà très chaud. Dans le jardin de la maison d’en face un abricotier chargé de fruits mûrs donne envie.
Quand dix heures sonnent à l’église Saint-Clément, l’un des organisateurs ouvre le portillon et très vite c’est la déception. Peu de livres sont à disposition et la plupart étaient aux ventes précédentes. De plus, l’espace qui leur est imparti est incommode en raison de la forme du bâtiment. J’en mets quand même deux dans mon sac. Dans la file qui se constitue devant la caissière, je les feuillette et décide d’aller les reposer sur une table. Il m’arrive d’être raisonnable.
*
Vendredi soir, la sportive Valérie Fourneyron et son colistier Nicolas Mayer-Rossignol (Socialistes) appelaient à une course à pied sur les quais de Rouen pour terminer en beauté leur campagne électorale. Les autres sont en marche, nous on court, tel était le message.
Regardant les images de cet événement drolatique, j’y vois peu de monde en action. Certains suivent à vélo. Le plus comique, c’est Nicolas Mayer-Rossignol. Il court en pantalon, chaussures de ville et chemise blanche, toutefois sans cravate.
« Oui je l'admets volontiers, c'est ridicule! J’avais juste oublié mes affaires... » se justifie-t-il sur le réseau social Effe Bé.
Cette excuse, je l’ai tentée le jour du cross du Collège et, comme lui, j’ai quand même dû courir derrière la prof de sport.
Un jeune homme à gros casque noir sur les oreilles me confirme que c’est là. Il m’indique la barrière par laquelle on entrera. Quelques concurrents m’y rejoignent tandis que bourdonnent les abeilles sur les fleurs jaunes de la haie. Il fait déjà très chaud. Dans le jardin de la maison d’en face un abricotier chargé de fruits mûrs donne envie.
Quand dix heures sonnent à l’église Saint-Clément, l’un des organisateurs ouvre le portillon et très vite c’est la déception. Peu de livres sont à disposition et la plupart étaient aux ventes précédentes. De plus, l’espace qui leur est imparti est incommode en raison de la forme du bâtiment. J’en mets quand même deux dans mon sac. Dans la file qui se constitue devant la caissière, je les feuillette et décide d’aller les reposer sur une table. Il m’arrive d’être raisonnable.
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Vendredi soir, la sportive Valérie Fourneyron et son colistier Nicolas Mayer-Rossignol (Socialistes) appelaient à une course à pied sur les quais de Rouen pour terminer en beauté leur campagne électorale. Les autres sont en marche, nous on court, tel était le message.
Regardant les images de cet événement drolatique, j’y vois peu de monde en action. Certains suivent à vélo. Le plus comique, c’est Nicolas Mayer-Rossignol. Il court en pantalon, chaussures de ville et chemise blanche, toutefois sans cravate.
« Oui je l'admets volontiers, c'est ridicule! J’avais juste oublié mes affaires... » se justifie-t-il sur le réseau social Effe Bé.
Cette excuse, je l’ai tentée le jour du cross du Collège et, comme lui, j’ai quand même dû courir derrière la prof de sport.
17 juin 2017
Un livre dans lequel est évoqué l’abbé Mugnier est forcément un bon livre, pensé-je avec une certaine mauvaise foi. L’un de ceux-ci est le Traité de la ponctuation française de Jacques Drillon (Tel/Gallimard) dont la lecture m’a donné grand plaisir et peut-être meilleur usage de la virgule, du deux-points et du point-virgule.
Celui que Drillon qualifie de « plus attachant des ecclésiastiques mondains » se fait remonter la soutane :
… l’abbé Mugnier, le plus attachant des ecclésiastiques mondains, mais le plus mauvais « ponctueur » qu’il se puisse imaginer, ne mangeait pas tous les jours (grâce au ciel, les princesses ne manquaient pas de pourvoir son assiette de mets nourrissants)… C’est du moins ce qu’il faudrait croire à la lecture de son Journal :
Dîné, hier Faubourg Saint-Honoré, avec la princesse Bibesco. (18.XII.1911)
Dîné hier, chez la princesse Bibesco. (25. XII.1911)
Dîné, hier, chez la princesse Bibesco. (28.I.1912)
Que n’a-t-il, simplement, dîné hier chez la princesse Bibesco ! La virgule le rend affamé…
D’autres écrivains font les frais du mauvais esprit de Jacques Drillon, ainsi François Bon et Françoise Sagan :
François Bon parle d’« une langue qui tient, tient sans ponctuation marquée » (la sienne n’est pas dans ce cas, comme on peut le constater)…
Quant à Françoise Sagan, elle avait exigé qu’on écrivît ainsi le titre d’un de ses romans :
Aimez-vous Brahms..
… sans troisième point, ni point d’interrogation. Mais sa consigne n’a pas été longtemps respectée : son éditeur avait dû la trouver un peu puérile.
Ses ennemis sont les typographes, à qui il reproche des idées arrêtées, ainsi :
Il est interdit par les typographes de mettre un deux-points après un point d’interrogation ou d’exclamation. Il ne faut pas hésiter à passer outre à cette règle mal fondée.
Le livre de Drillon me rappelle les grammaires de mon enfance dont je lisais et relisais les citations d’écrivains servant à l’illustration des règles en rêvant au jour où je pourrais lire leurs livres.
Sur quoi s’appuie-t-il quand il s’agit de montrer l’usage des deux-points pour introduire une suite logique ? Sur les Lettres tombales de Jude Stéfan :
Ils m’offrirent une petite fille, mon rêve : d’emblée elle s’était mise à savourer mon membre ravi, tout en me laissant disposer de ses jeunes fesses ; on l’avait rasée pour la circonstance ainsi que tatouée de motifs animalesques.
J’aime aussi dans ce traité non coercitif, les formules bien trouvées de l’auteur :
Que nous sachions, l’œil ne respire pas.
La virgule permet d’écrire clairement ; elle permet aussi d’écrire obscurément : il faut choisir.
On en dit plus sur soi en plaçant une virgule qu’en racontant son enfance ou ses perversions sexuelles –fussent-elles exquises.
La barre oblique est un signe ambigu, pour ne pas dire sournois, donc précieux.
Nombreux sont les myopes ; ils trébuchent sur les virgules, et le lecteur les voit en pleine lumière, gisant dans la boue du ruisseau.
Jacques Drillon conclut son Traité de la ponctuation française par une « péroraison » qui s’achève ainsi :
Contre l’esthétisme ou l’indifférence, élevons des barrières de technique. Contre l’obscurantisme et la superstition, dressons des autels à la virtuosité. À la gratuité générale opposons la cherté absolue. Soyons exacts jusqu’à la douleur.
Ce pourrait être l’accroche d’un de ces manifestes artistiques ou littéraires du début du vingtième siècle.
*
Que guillemet soit masculin, j’ai du mal à l’accepter.
Celui que Drillon qualifie de « plus attachant des ecclésiastiques mondains » se fait remonter la soutane :
… l’abbé Mugnier, le plus attachant des ecclésiastiques mondains, mais le plus mauvais « ponctueur » qu’il se puisse imaginer, ne mangeait pas tous les jours (grâce au ciel, les princesses ne manquaient pas de pourvoir son assiette de mets nourrissants)… C’est du moins ce qu’il faudrait croire à la lecture de son Journal :
Dîné, hier Faubourg Saint-Honoré, avec la princesse Bibesco. (18.XII.1911)
Dîné hier, chez la princesse Bibesco. (25. XII.1911)
Dîné, hier, chez la princesse Bibesco. (28.I.1912)
Que n’a-t-il, simplement, dîné hier chez la princesse Bibesco ! La virgule le rend affamé…
D’autres écrivains font les frais du mauvais esprit de Jacques Drillon, ainsi François Bon et Françoise Sagan :
François Bon parle d’« une langue qui tient, tient sans ponctuation marquée » (la sienne n’est pas dans ce cas, comme on peut le constater)…
Quant à Françoise Sagan, elle avait exigé qu’on écrivît ainsi le titre d’un de ses romans :
Aimez-vous Brahms..
… sans troisième point, ni point d’interrogation. Mais sa consigne n’a pas été longtemps respectée : son éditeur avait dû la trouver un peu puérile.
Ses ennemis sont les typographes, à qui il reproche des idées arrêtées, ainsi :
Il est interdit par les typographes de mettre un deux-points après un point d’interrogation ou d’exclamation. Il ne faut pas hésiter à passer outre à cette règle mal fondée.
Le livre de Drillon me rappelle les grammaires de mon enfance dont je lisais et relisais les citations d’écrivains servant à l’illustration des règles en rêvant au jour où je pourrais lire leurs livres.
Sur quoi s’appuie-t-il quand il s’agit de montrer l’usage des deux-points pour introduire une suite logique ? Sur les Lettres tombales de Jude Stéfan :
Ils m’offrirent une petite fille, mon rêve : d’emblée elle s’était mise à savourer mon membre ravi, tout en me laissant disposer de ses jeunes fesses ; on l’avait rasée pour la circonstance ainsi que tatouée de motifs animalesques.
J’aime aussi dans ce traité non coercitif, les formules bien trouvées de l’auteur :
Que nous sachions, l’œil ne respire pas.
La virgule permet d’écrire clairement ; elle permet aussi d’écrire obscurément : il faut choisir.
On en dit plus sur soi en plaçant une virgule qu’en racontant son enfance ou ses perversions sexuelles –fussent-elles exquises.
La barre oblique est un signe ambigu, pour ne pas dire sournois, donc précieux.
Nombreux sont les myopes ; ils trébuchent sur les virgules, et le lecteur les voit en pleine lumière, gisant dans la boue du ruisseau.
Jacques Drillon conclut son Traité de la ponctuation française par une « péroraison » qui s’achève ainsi :
Contre l’esthétisme ou l’indifférence, élevons des barrières de technique. Contre l’obscurantisme et la superstition, dressons des autels à la virtuosité. À la gratuité générale opposons la cherté absolue. Soyons exacts jusqu’à la douleur.
Ce pourrait être l’accroche d’un de ces manifestes artistiques ou littéraires du début du vingtième siècle.
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Que guillemet soit masculin, j’ai du mal à l’accepter.
16 juin 2017
« A chaque jour suffit sa panne » pourrait être la devise de la Senecefe. Ce jeudi matin, en gare de Rouen, elle annonce celle d’un passage à niveau. En conséquence, comme on dit dans cette maison, le Tégévé pour Marseille et l’Intercité pour Paris auront un retard de « quinze minutes environ ». Le neuf heures douze pour Dieppe n’est pas concerné, dans lequel je trouve place fraîche. S’il est bien climatisé, il semble toujours avoir du mal à avancer.
A l’arrivée, je bois un café à la terrasse ensoleillée au bar tabac loto L’Escale, face au port. Des gens du pays s’y retrouvent, dont deux jeunes femmes à ma gauche. L’une revient d’une marche à pied, l’autre d’une prise de sang.
-Tu as vu, dit la seconde à la première, vingt voix on a bien fait d’aller voter.
Elle fait allusion au premier tour de la législative. Jumel, Maire, Communiste, s’est qualifié de justesse, avec seulement vingt voix de plus que Bay, F-Haine, éliminé.
Quand arrive un troisième, j’apprends qu’elles sont employées municipales. Lui aussi l’est, en congé pour déprime liée à des soucis conjugaux.
Il y a du monde à Dieppe et il y fait bon grâce à un léger vent. On y installe des tentes en prévision de l’arrivée de la course de bateaux du Figaro.
Après avoir fait le tour des restaurants qui proposent tous le même menu, et avoir constaté qu’une grande ouverture a été faite dans le mur de pierres où se trouvait la plaque commémorant le retour de déportation de Louise Michel, entraînant la disparition de celle-ci, j’opte pour l’indien Taj Mahal, presque au bout du quai. Il propose un menu : plat, nan au fromage, dessert, à moins de dix euros. J’y mange en terrasse, servi par une aimable jeune femme, en assistant au départ du ferry Seven Sisters pour l’Angleterre.
Le café, je le bois en face dans le quartier du Pollet à l’une des cinq tables en plastique vert jardin du Mieux Ici Qu’En Face. A ma droite sont deux motards qui parlent d’américaines et de japonaises, à ma gauche deux femmes à caniche qui jettent du pain aux goélands. Je lis là un long moment.
Quand j’en veux repartir, c’est impossible. Le pont tournant m’en empêche, lequel pivote sous mes yeux bien que nul bateau ne soit visible. Cela dure. J’apprends qu’un cargo doit sortir du port industriel. Je m’en approche. L’Eems Duisburg, de la compagnie néerlandaise Amasus, fait demi-tour sur place, une manœuvre hardie faite sans l’aide de remorqueurs. Après quoi, il quitte Dieppe par l’issue que lui a ménagé le pont tournant.
C’est à la manivelle que l’employé du port déclenche le pivotement de ce pont. En voiture, en deux roues, à pied, chacun s’y précipite comme s’il était pressé. C’est mon cas ou presque. J’ai le temps d’arriver à la gare avant le départ du train de seize heures mais je ne suis pas en avance.
Ce Téheuherre chemine plus vite qu’à l’aller. Devant moi se trouve une jeune fille en chorte dont je photographie les jolies jambes par l’in(ter)stice entre les sièges, discrètement. Je ne voudrais pas être l’objet d’un scandale ferroviaire.
*
Le soir venu, j’apprends par infoNormandie.com qu’« un pan de mur d’un bâtiment s’est effondré sur un chantier de construction quai Henri IV à Dieppe, ce jeudi après-midi. Dans leur chute, les gravats ont endommagé une canalisation de gaz et le réseau d’électricité provoquant une rupture de l’alimentation. L’incident s’est produit peu vers 15 heures dans une cour intérieure privée à l’endroit où un hôtel est en cours de construction, sur le front de mer. Les ouvriers procédaient à un terrassement sur la zone prévue pour la réalisation d’un parking, lorsque le mur s’est écroulé, sans faire de blessé. Les habitations et les commerces situés à proximité ont été évacués par mesure de précaution et un périmètre de sécurité a été mis en place. »
C’est là qu’était la plaque en l’honneur de Louise Michel. Un hôtel. M’étonnerait qu’elle y soit réinstallée.
*
S’en prendre physiquement à Nathalie Kosciusko-Morizet, faut-il être un abruti total. La violence est sous-jacente dans cette période d’élections et donne à craindre pour la suite. Quand Manuel Valls a été giflé par un abruti d’extrême droite, certains crétins d’extrême gauche s’en sont félicités. Là, au moins, ce n’est pas le cas.
*
Etait-il nécessaire que les sites de certains journaux publient des photos d’elle inconsciente sur le trottoir. Poser la question, c’est y répondre (comme on dit).
A l’arrivée, je bois un café à la terrasse ensoleillée au bar tabac loto L’Escale, face au port. Des gens du pays s’y retrouvent, dont deux jeunes femmes à ma gauche. L’une revient d’une marche à pied, l’autre d’une prise de sang.
-Tu as vu, dit la seconde à la première, vingt voix on a bien fait d’aller voter.
Elle fait allusion au premier tour de la législative. Jumel, Maire, Communiste, s’est qualifié de justesse, avec seulement vingt voix de plus que Bay, F-Haine, éliminé.
Quand arrive un troisième, j’apprends qu’elles sont employées municipales. Lui aussi l’est, en congé pour déprime liée à des soucis conjugaux.
Il y a du monde à Dieppe et il y fait bon grâce à un léger vent. On y installe des tentes en prévision de l’arrivée de la course de bateaux du Figaro.
Après avoir fait le tour des restaurants qui proposent tous le même menu, et avoir constaté qu’une grande ouverture a été faite dans le mur de pierres où se trouvait la plaque commémorant le retour de déportation de Louise Michel, entraînant la disparition de celle-ci, j’opte pour l’indien Taj Mahal, presque au bout du quai. Il propose un menu : plat, nan au fromage, dessert, à moins de dix euros. J’y mange en terrasse, servi par une aimable jeune femme, en assistant au départ du ferry Seven Sisters pour l’Angleterre.
Le café, je le bois en face dans le quartier du Pollet à l’une des cinq tables en plastique vert jardin du Mieux Ici Qu’En Face. A ma droite sont deux motards qui parlent d’américaines et de japonaises, à ma gauche deux femmes à caniche qui jettent du pain aux goélands. Je lis là un long moment.
Quand j’en veux repartir, c’est impossible. Le pont tournant m’en empêche, lequel pivote sous mes yeux bien que nul bateau ne soit visible. Cela dure. J’apprends qu’un cargo doit sortir du port industriel. Je m’en approche. L’Eems Duisburg, de la compagnie néerlandaise Amasus, fait demi-tour sur place, une manœuvre hardie faite sans l’aide de remorqueurs. Après quoi, il quitte Dieppe par l’issue que lui a ménagé le pont tournant.
C’est à la manivelle que l’employé du port déclenche le pivotement de ce pont. En voiture, en deux roues, à pied, chacun s’y précipite comme s’il était pressé. C’est mon cas ou presque. J’ai le temps d’arriver à la gare avant le départ du train de seize heures mais je ne suis pas en avance.
Ce Téheuherre chemine plus vite qu’à l’aller. Devant moi se trouve une jeune fille en chorte dont je photographie les jolies jambes par l’in(ter)stice entre les sièges, discrètement. Je ne voudrais pas être l’objet d’un scandale ferroviaire.
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Le soir venu, j’apprends par infoNormandie.com qu’« un pan de mur d’un bâtiment s’est effondré sur un chantier de construction quai Henri IV à Dieppe, ce jeudi après-midi. Dans leur chute, les gravats ont endommagé une canalisation de gaz et le réseau d’électricité provoquant une rupture de l’alimentation. L’incident s’est produit peu vers 15 heures dans une cour intérieure privée à l’endroit où un hôtel est en cours de construction, sur le front de mer. Les ouvriers procédaient à un terrassement sur la zone prévue pour la réalisation d’un parking, lorsque le mur s’est écroulé, sans faire de blessé. Les habitations et les commerces situés à proximité ont été évacués par mesure de précaution et un périmètre de sécurité a été mis en place. »
C’est là qu’était la plaque en l’honneur de Louise Michel. Un hôtel. M’étonnerait qu’elle y soit réinstallée.
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S’en prendre physiquement à Nathalie Kosciusko-Morizet, faut-il être un abruti total. La violence est sous-jacente dans cette période d’élections et donne à craindre pour la suite. Quand Manuel Valls a été giflé par un abruti d’extrême droite, certains crétins d’extrême gauche s’en sont félicités. Là, au moins, ce n’est pas le cas.
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Etait-il nécessaire que les sites de certains journaux publient des photos d’elle inconsciente sur le trottoir. Poser la question, c’est y répondre (comme on dit).
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