Le Journal de Michel Perdrial

Le Journal de Michel Perdrial




Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

3 juin 2024


Deux kilomètres et demi de quais pour le Port de Pêche de Keroman dont j’ai parcouru plus que la moitié le vingt-cinq mai. Il s’agit ce dimanche matin de découvrir le reste et pour ce faire de rejoindre La Base.
Avant cela, je marche sous le ciel bleu jusqu’aux Halles de Merville où j’achète un pain au chocolat à un euro trente à une des boulangeries puis bois un allongé de café brésilien debout à Café d’Oriant en regardant la météo du Télégramme, beau fixe. Même là, on n’est pas à l’abri de la petite famille qui se croit dans son salon. J’enverrais bien son Ulysse faire un long voyage.
A l’arrêt Sécurité Sociale, le ciel redevient gris quand j’attends le Té Deux de neuf heures dix-huit, terminus Ecole de Voile La Base. J’y suis rejoint par un aveugle accompagné de son chien-guide. Il était déjà là dimanche dernier. De quoi me faire flipper alors que je viens d’obtenir un rendez-vous pour début juillet à l’usine ophtalmologique dans le but d’évoquer avec le boss une opération en fin d’année. J’indique à cet homme sympathique l’arrivée du bus.
A La Base je longe les diverses attractions sportives et culturelles jusqu’à la pointe de Keroman et le Port de Pêche du même nom. Là, je prends à gauche, le quai du Pourquoi-Pas, encore inexploré.
Je marche seul près des bateaux de pêche jusqu’à atteindre le bâtiment jumeau de l’effrayant de l’autre jour puis reviens par les intérieurs où sont d’énormes bâtiments abandonnés sur les murs desquels se sont exprimés des graffeurs. Je pénètre dans l’un mais ne vais guère loin car des bruits indéfinissables réveillent le poltron qui est en moi.
De retour dans la partie civilisée de La Base, j’entre au Café Resto La Base, service au comptoir, un euro quatre-vingts le café. Je vais le boire en terrasse avec vue sur la collection de Pen Duick et la tour de la tyrolienne qui n’est pas encore en service. Deux filles me tiennent compagnie de loin, qui parlent de l’amour : « En fait, j’ai été claire avec lui, je lui ai dis que je commençais à avoir de l’attirance pour une autre personne, mais je ne lui ai pas dit que c’est pour une meuf et que je l’ai déjà embrassée. » « Ah toi, t’aimes bien te mettre dans la merde. »
Je reviens cette fois encore avec le dix heures cinquante-deux et à midi retourne au Roadside pour un burgueur du moment avec ses frites artisanales et un café. Je prends le dessert (un gâteau aux fraises) et un autre café (allongé corsé) à quatorze heures au Café Diem. Une affichette annonce aux porteurs d’ordinateur qu’on ne les veut ici qu’une demi-heure sauf s’ils repassent commande. Elle ne dit rien contre les porteurs de livre. Je peux avancer tranquillement vers la fin de la Correspondance d’August Strindberg sous le soleil revenu. Les rares personnes qui passent dans cette rue du Port se demandent où sont les gens.
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« Dès lundi, ils enlèvent toutes les voitures. Faut aller se garer à un kilomètre de chez soi » (le marchand d’huîtres de la ria d’Etel aux Halles, à propos de l’arrivée de la flamme à Lorient).
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Cette flamme inventée par un militaire hitlérien partira de La Base, c’est-à-dire de l’ancienne base de sous-marins construite par les nazis.
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Sur un mur de cette ancienne base nazie, un portrait réalisé au pochoir de Missak Manouchian.
 

2 juin 2024


Un ciel bleu ce samedi matin, premier jour de juin, pour inaugurer ma carte KorriGo bus et bateaux en illimité un mois. Je le fais avec le bateau bus Bé Un, une grosse navette rustique à bancs de bois sans dossiers qui part à sept heures quarante-trois du quai des Indes et en dix minutes conduit les trois passagers que nous sommes à Pen Mané, commune de Locmiquélic.
Au débarcadère, je monte dans le bus Seize et en descend à la Mairie. Un autochtone m’indique où trouver la Grande Rue. J’y achète un pain au chocolat à un euro dix dans une boulangerie à l’ancienne et vais le manger dans un bar tabac à l’ancienne avec Johnny Cash en affiche.
Le café allongé est à un euro quarante et la clientèle déjà en train de gratter. C’est perdu. La patronne fait aussi la postière mais ça n’ouvre qu’à neuf heures. Deux l’apprennent à leurs dépens. On ne dirait pas Locmiquélic si proche de Lorient, on s’y sent au fond d’une province dépourvue d’accès à la ville.
« Si je vais au bout de la Grande Rue, j’arrive à la mer ? » demandé-je quand je paie. « Oui, c’est tout droit mais quand ça tourne faut tourner aussi », me dit l’un des buveurs du comptoir. « J’y penserai », lui dis-je.
J’arrive au Port Sainte-Catherine d’où j’ai belle vue sur la Citadelle de Port-Louis, l’île Saint-Michel, Lorient La Base et le Port du Commerce qui ressemble à une zone industrielle.
Je prends le sentier côtier qui ramène à l’embarcadère de Pen Mané. Ce chemin passe à un moment dans les herbes folles mais il se termine par de la route. A mon arrivée, j’ai un quart d’heure avant le prochain bateau, le temps qu’il faut pour monter voir le Fort de Pen Mané, une massive construction à l’abandon.
A dix heures trois le Bé Un arrive, nommé Les Deux Rives. Nous sommes une quinzaine à y prendre place, dont trois bicyclistes. Dix minutes de traversée en parallèle avec le bateau qui arrive de Groix et nous voici à Lorient.
Je prends un nouveau café au Parisien à une table d’intérieur au bord du bar qui est ouvert sur l’extérieur car le ciel est devenu gris et le vent frais. Je lis là Strindberg et me trouve suffisamment bien pour avoir envie de déjeuner à la même table. Je commande le tartare du Parisien avec ses frites fraîches maison et la brioche perdue et son caramel au beurre salé pour vingt et un euros quarante. Un bataillon de jeunes serveuses efficaces et souriantes est à la manœuvre.
A l’issue de mon repas, d’un coup de bus Té Quatre, je rejoins Larmor-Plage et y marche jusqu’à une terrasse ensoleillée qui se trouve au-dessus de la plage peu fréquentée de Loqueltas, celle de L’Abri Côtier (ah ah). Le café y est à un euro quatre-vingt-dix et la température un peu élevée en raison du sol bétonné. Au loin, dans une demi-brume, ce doit être l’île de Groix. Le bateau se dirigeant vers me le confirme.
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Un tas de soucis techniques me tombent dessus en même temps, la batterie de mon téléphone ne tient plus la charge, l’image se floute avant que j’appuie sur le déclencheur de mon appareil photo, le Crédit à Bricoles m’a supprimé l’envoi d’un code me permettant de faire des achats via Internet et ce samedi après-midi Effe Bé ne m’envoie pas le code de confirmation nécessaire pour m’y connecter et publier mes photos (déjà le matin, impossible d’y mettre mon texte du jour).
 

1er juin 2024


Ce dernier jour de mai est le premier jour du retour du beau temps, semble-t-il. Aussi sans attendre que la boulangerie Le Goff ouvre, je prends un bus Dix, celui de sept heures treize. C’est ensuite quarante-cinq minutes de trajet, en passant par de la campagne et par la base d’aéronautique navale de Lann-Bihoué connue pour son bagad où c’est pas toi qui y es, avant d’arriver à l’arrêt Guidel Port.
Un bel endroit que cette embouchure de la Laïta où est niché le Port de Guidel. Ce paisible fleuve marque la frontière entre le Morbihan et le Finistère. En face, tout près, les maisons blanches du Pouldu sont éclairées par le soleil.
Je trouve le sentier de randonnée qui remonte la Laïta. Cet agréable chemin de terre dans le sous-bois fleuri, doté d’escaliers quand ça grimpe, me permet de marcher aussi longtemps que j’en ai envie. Tout en mettant un pas devant l’autre, j’ai une pensée pour celle qui plus tard ce vendredi sera au crématorium du Père-Lachaise, l’un des pires jours de sa vie.
Quand j’ai assez marché, je reviens au Port. Deux sympathiques jardiniers municipaux m’apprennent que derrière le carrousel se cache une boulangerie, et une bonne, Chez Julie. Le pain au chocolat y est à un euro cinquante. J’entre ensuite au O’Roof où le service est au comptoir et l’allongé à un euro quatre-vingts. Muni d’un plateau, je vais prudemment m’asseoir à une table de bois rustique avec vue sur Le Pouldu. C’est l’endroit idéal pour lire Strindberg.
N’ayant pas envie de déjeuner sur place, je rentre avec le bus d’onze heures trois qui bénéficie d’un changement de chauffeur en pleine cambrousse devant la Ferme du Mourillon, fruits en libre-service.
Pannequets saumon fumé fromage frais coriandre, jambonneau rôti pommes de terre à la forestière et profiteroles sauce chocolat, c’est mon menu du jour au WestPort Inn sous les arbres et les nuages revenus.
Le café, semi-ensoleillé, est à la terrasse du Parisien. Les beaux jours ne sont pas encore tout à fait là mais la Bretagne y travaille.
 

31 mai 2024


Mieux que du gris sans pluie, du bleu dans le ciel ce jeudi au réveil. Cela me donne envie de sortir au plus vite mais dans cette région il faut attendre sept heures et demie pour obtenir un pain au chocolat.
Je le mange en marchant vers l’arrêt de bus et monte dans le premier Té Quatre. Il est empli de jeunes qui descendent un peu plus loin à l’arrêt Lycées. Je suis seul dans ce long bus quand il arrive à l’arrêt Larmor-Plage Centre.
Je passe par l’église à tour carrée pour rejoindre le bord de mer. Le Couleur Café est ouvert. Je demande un allongé à la jeune serveuse en crop top qui bientôt, le ciel se couvrant, en fait autant avec un pull rose. « On aura de moins en moins l’embarras du choix pour boire le café, le Terminus est en redressement », annonce un autochtone à un autre qui s’installe à sa table.
Mon café bu, je vais marcher sur le Géherre Trente-Quatre en direction de Ploemeur, plage de Port-Maria, plage de Locqueltas, plage de Kerguélen, plage de Kerpape, Larmor ne manque pas de plages.
Le sentier est souvent tracé dans le sable de la dune, ce qui m’est désagréable, et je ne peux aller au bout de mon objectif car juste avant Kerpape, devant Les Mouettes, le chemin est barré. La terrasse de cet hôtel restaurant surplombe la plage. Je m’y assois pour un café lecture sous le soleil revenu.
Comme personne ne vient me demander ce que je veux boire, je suppose qu’il faut aller commander à l’intérieur et transporter soi-même sa tasse. Comme je n’ai pas spécialement envie de consommer, je m’en abstiens et reste là à lire tranquillement avec comme spectacle des longeurs de côte qui marchent dans l’eau au sifflet.
De retour au village, j’entre dans l’église archi sombre puis réserve une table au Terminus en face d’icelle. Redescendu en bord de mer, je fais une escale café verre d’eau à L’Espa où un aimable jeune homme fait le service. Je tente de lire mais mes deux voisines m’en empêchent avec leur conversation de naturopathes pour qui tout vient du foie. J’ai en plus droit aux récits de leurs accouchements et pour l’une à celui de sa tentative de déclenchement à l’italienne en demandant au futur père d’y aller à fond mais ça n’a pas marché.
Le ciel est plus ou moins noir à midi aussi je m’installe à l’intérieur du Terminus. J’opte pour le menu du jour à dix-neuf euros : accras de morue, paëlla royale et tarte aux fruits rouges.
Dans ce grand établissement à la décoration vieillotte, le personnel est avenant mais la cuisine et le pain sont médiocres. La clientèle est locale sauf le trio à ma gauche, père mère et fille, des vacanciers. « On ramènera un souvenir de Larmor-Plage, dit la mère. Faudra prendre quelque chose d’utile. Des torchons par exemple. »
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« Maîtresse, on a deux bourdons et un papillon » (des écoliers avec de grands filets dans les dunes de Larmor-Plage)
 

30 mai 2024


Même temps qu’hier ce mercredi, une journée à ne pas aller loin. Je fais traîner mon allongé pain au chocolat (de la boulangerie) au Parisien, où pour la première fois, j’entends parler de l’Election Européenne. « Je vais aller voter, voter une connerie, la ruralité, un truc comme ça », déclare un des habitués. « Comment elle s’appelle, celle qui représente Macron ? » demande un autre. « Hayer. » « A y est, c’est fini. »
Sous une petite pluie, je rejoins la Maison des Mobilités afin de compléter ma collection d’horaires de bus. Divine surprise, le plan du réseau est arrivé. Une serviable employée m’explique avec quels bus on peut s’approcher du cimetière de bateaux de Lanester, il y aura encore un kilomètre à pied.
M’étant délesté de cette documentation dans mon logis temporaire, je traverse la rue pour boire, sous l’auvent du Relax, un nouveau café abrité que m’apporte le serveur du matin. Au comptoir, on en est sûr, le changement climatique, ça a toujours existé, c’est cyclique, faut pas croire tout c’qui disent. Je préfère la compagnie d’un autre délirant, August Strindberg. J’en suis déjà à la moitié du volume trois de sa Correspondance, ayant lu plus que prévu, la faute au mauvais temps.
Le Relax ne l’est pas. Il y a trois mois, il a été cambriolé sans effraction. On n’y vend plus de tabac tant qu’on ne sait pas si l’assurance va rembourser ou non. De plus, ce matin, la machine à jouer est bloquée.
A midi, je retourne déjeuner au Westport Inn : rillettes de thon tomates confites, onglet de bœuf sauce gorgonzola pommes de terre grenaille, tarte au citron, avec pain bûcheron de la boulangerie « Retour aux sources ». La bande son va de These Boots Are Made for Walkin à Waterloo.
Il brouillasse quand je quitte le Westport. Je descends à gauche jusqu’au Port de Plaisance puis longe celui-ci par le quai des Indes, passant devant l’un des embarcadères de bateaux bus, puis j’atteins L’Enclos du Port, dans lequel est la Maison de l’Agglomération, au bord du Scorff, que je suis un petit peu, quai du Péristyle, pas longtemps, car on se cogne dans Arsenal Naval Group.
Revenu en centre ville, je vais boire le café à la terrasse abritée du Café Diem. S’il faut en croire la météo, il fera meilleur demain, c'est-à-dire qu’il fera gris mais sans pluie.
 

29 mai 2024


Mon projet de rejoindre Larmor-Plage avec le bus Té Quatre ce mardi matin va-t-il tomber à l’eau ? Il pleut. Une vraie pluie et un temps frais qui désespèrent les habitués du Parisien : « C’est déjà l’automne, on n’a pas vu passer la saison. » Mon petit déjeuner pris, je prolonge le moment en lisant la Correspondance d’August Strindberg, lequel a retrouvé la foi mais n’en demeure pas moins vitupérant.
Ouest France annonce peu de pluie. Comme les essuie-glaces se sont arrêtés, je prends mon risque (comme dirait l’autre) et monte dans le Té Quatre. Je descends à l’arrêt Larmor-Plage Centre et suis accueilli par une nouvelle ondée. Le bord de mer n’est pas loin et des cafés sont ouverts. Je choisis L’Espadrille (L’Espa pour les intimes) et y bois en terrasse abritée un expresso à un euro quatre-vingt-dix. Bercé par le bruit des vagues, je reprends la lecture en attendant du mieux.
Quand ce mieux arrive, je descends sur la plage et fais quelques photos de villas puis je me promène sur la promenade en direction d’une petite pointe devant laquelle le bateau d’un pêcheur est bien secoué. Cela fait, je reviens sur mes pas et avant que la pluie ne reprenne je rentre à Lorient d’un coup de Té Quatre.
Pour déjeuner, je choisis, place Polig-Montjarret, au bout de la rue du Port, The Westport Inn, un haut-lieu des soirées lorientaises, comme son voisin Tavarn ar Roue Morvan. J’ai une table à l’intérieur avec vue sur l’extérieur qui consiste en une immense terrasse sous les arbres. J’opte pour le menu du jour à dix-sept euros quatre-vingt-dix : tarte aux poireaux, filet de lieu noir servi sous plastique façon aumônière et tiramisu. La bande-son passe de Just a gigolo à The Loco-Motion puis vire à la musique irlandaise. Les jeunes serveuses sont souriantes et aimables, les jeunes serveurs itou, le service décontracté et efficace, le pain rustique et noir.
Je sors de là fort content et prends le café au Relax près de deux femmes adeptes de la lithothérapie : « J’ai grenat en pierre d’expression. » « Et toi, t’as quoi en transmutation ? »
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Parmi les arrêts de la ligne de bus Té Quatre : La Puce, Petit Bouchon.
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Dans les toilettes de L’Espa, cette citation d’Oscar Wilde : Les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais.
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Le bruit qui court ici : le beau temps n’arrivera qu’après le quinze juin.
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L’affichette de rue d’Ouest France est formelle : « La flamme arrive dans l’Ouest. » Elle sera même à Lorient le six juin.
 

28 mai 2024


Ce lundi à huit heures cinq je prends à la Gare d’Echanges le car BreizhGo Dix-Sept qui va à Pontivy, petite ville de l’intérieur où coule le Blavet et le canal de Nantes à Brest, un voyage d’une heure et demie qui fait passer par Hennebont, Baud et d’autres bourgades peu attrayantes où la vie semble figée à une date antérieure.
Le terminus est près du marché. En face est le Grand Café. J’y prends un grand café à un euro quatre-vingt-dix avant d’explorer la ville qui un temps s’appela Napoléonville, l’Empereur l’ayant remodelée à coup de grandes artères linéaires. Quelques gouttes de pluie accompagnent mon petit circuit. Il me fait passer par la Basilique (une appellation présomptueuse pour une église assez banale), les quelques maisons à pans de bois de la place du Martray (et des rues avoisinantes) et le Château des Rohan que je trouve grâce à une autochtone (je m’attendais à plus majestueux, il est en travaux comme il se doit). Je descends ensuite au bord de l’eau et y trouve l’Office de Tourisme installé dans une péniche (c’est à mes yeux la curiosité la plus remarquable de la ville). Je retrouve enfin le marché et me réfugie au Grand Café pour un petit café verre d’eau lecture.
Au comptoir, Gilbert,  qui n’en est plus un depuis longtemps, boit un galopin. Midi moins vingt-cinq, Gilbert en veut un autre. Midi moins le quart, un troisième. Gilbert n’est pas seul au comptoir. Il y en a d’autres comme lui. Chacun est dans son verre. Ce n’est pas un bar causant. Dans la salle, les autres clients parlent de maladies ou d’opérations.
L’endroit faisant brasserie, je me risque à y déjeuner de la formule entrée plat du jour à dix-sept euros cinquante : salade andouillette pommes de terre et magret de canard au miel avec frites maison. C’est plutôt bon mais le service est à l’ancienne. Je ne peux dire des serveuses qu’elles sont aimables et souriantes. Elles sont en pilotage automatique.
L’arrêt du car est en face. Je rentre à Lorient avec le treize heures deux. Le calme y serait, si n’était présent un aspirant chauffeur qui fait la route avec la conductrice pour repérer l’itinéraire. Il ne cesse de parler. Il se lève et se rassoit. Il rit bruyamment à ses propres plaisanteries. Un nerveux que je n’aimerais pas avoir au volant.
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En matière de célébrités, Pontivy n’a à offrir que Jean-Yves Charles Lambert, dit Jean-Yves Lafesse. Il y est né. Son grand-père y fut Maire.
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A dix-huit kilomètres de Pontivy se trouve Saint-Nicolas-des-Eaux où autrefois j’ai séjourné avec mes élèves de la classe unique du Bec-Hellouin. La même année, l’institutrice de la classe unique de Saint-Nicolas a séjourné au Bec-Hellouin avec les siens. Chaque élève étant accueilli chez celui à qui il écrivait toute l’année.
Je me souviens qu’à Saint-Nicolas on a visité un élevage industriel de poulets. Je me souviens aussi que c’est là que j’ai pris la pire cuite de ma vie, le samedi soir, pendant le repas dansant organisé en notre honneur (comme on dit) par les parents bretons dans un restaurant du village. Heureusement, à ce moment-là, mes élèves étaient sous la responsabilité des familles d’accueil. Je dormais chez l’institutrice. J’ai eu un affreux mal de tête et bien du mal à me lever le dimanche.
Je peux facilement retrouver la date de ce séjour à Saint-Nicolas-des-Eaux car c’était la semaine de la catastrophe de Tchernobyl. J’ai appris plus tard que la Bretagne avait été la région française la moins touchée par les retombées radioactives.
 

27 mai 2024


Ce dernier dimanche de mai, à l’heure matutinale, pas un café n’est ouvert au centre de Lorient, je le savais. Pas une boulangerie non plus, je le découvre. Je me rabats sur La Mie Câline où un médiocre pain au chocolat est facturé un euro trente.
Je l’emporte jusqu’aux Halles de Merville où j’ai vu qu’on peut boire le café, des Halles provisoires en attendant que des travaux commencent dans le bâtiment habituel.
Dès l’entrée, je trouve Café d’Oriant « Maison de Torréfaction ». J’y bois debout un excellent café allongé qui ne coûte qu’un euro soixante-dix en mangeant ma médiocre viennoiserie. Sous la Halle, il y a aussi trois boulangeries, si j’avais su.
Passent trois Policiers qui font leur ronde puis achètent du pain. Le gérant de Café d’Oriant leur propose d’en boire un. « Surtout pas, ça va nous énerver », répond l’un. Suivent deux membres de la Croix-Rouge qui font la manche avec leur petite tirelire.
Je choisis de rejoindre La Base avec le premier bus dominical Té Deux, celui de neuf heures dix-huit à l’arrêt Sécurité Sociale.
L'ancienne base de sous-marins de l’Allemagne nazie est devenue le quartier Lorient La Base. On y trouve l’Hydrophone (scène de musiques zactuelles), le sous-marin Flore et son Musée, le Musée sous-marin, la Cité de la Voile Eric Tabarly, etc.
Peu de monde à La Base, je peux photographier à ma guise les anciens bâtiments militaires (Invader est passé par ici), les premiers Pen Duick d’Eric Tabarly, des bateaux de compétition sponsorisés, tout en ayant vue sur Larmor-Plage, la Citadelle de Port-Louis et le Fort de Locmiquélic. Je croise un trentenaire qui s’auto-objective comme géniteur : « Faustine attends, Papa, il a renversé son café. ».
Surprise au bout du chemin, j’arrive de l’autre côté du Port de Pêche et vois de près le bâtiment à portes colorées que j’apercevais de loin hier. « C’est sûrement un lieu de stockage de matériel pour les pêcheurs », me dit un homme qui fait photographier par un professionnel sa petite voiture de sport.
Le temps étant plus mauvais qu’annoncé et le restaurant La Base ne m’inspirant pas, je rentre avec le Té Deux de dix heures cinquante-deux. Ce bus passe par Kervénanec, ce qui me fait penser à ma rencontre d’il y a longtemps avec Désiré Mérien, que j’ai déjà racontée.
C’est au Roadside, « restauration rapide à l’américaine et artisanale », que je déjeune près de la place de la Fnac d’un burgueur Badass avec frites, verre d’eau et café pour treize euros cinquante. Un endroit où l’on vous remet un bipeur pour vous avertir quand votre commande est prête. Je n’en sors pas déçu.
Lorient le dimanche, un désert pire que Rouen. Heureusement à quatorze heures ouvre Café Diem, rue du Port, face à Petit Bateau dont les photos publicitaires ont bien changé. On commande au comptoir et une jeune serveuse vous apporte cela sur un plateau. Mon choix se porte sur un gâteau maison et un café allongé pour quatre euros. Je lis là Strindberg tandis que mes deux voisines font le point sur leur vie sentimentale. « En fait, on a tout à gagner en assumant. Okay, oui on s’est embrassé. C’était en boîte à deux heures du matin. On était cramé. »
 

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