Une série de portraits un peu gribouillés signés Pardou me donne envie d’aller ce vendredi à dix-huit heures au vernissage de son exposition à la Galerie Soixante-Quinze, située à ce numéro de la rue Bouvreuil. Le lieu est petit. Il est déjà occupé par un groupe d’hommes et de femmes liés à l’endroit, ou bien à l’artiste, et par un très gros chien. La série de portraits n’est pas représentative de ce que peint l’exposé. Ça ne m’intéresse pas. M’apprêtant à ressortir, je suis interpellé par l’un des présents qui essaie de me retenir en me disant que le peintre est ici. Il me montre l’homme assis dans le fauteuil (j’ai cru un moment que c’était le chien couché à ses pieds). Oui merci, lui dis-je, au revoir.
Deux heures et demie plus tard, je pousse la porte du Trois Pièces, place du Général, où Tallisker et Lascaux doivent donner concert. Je ne viens que pour la première. La salle du bar est minuscule. Elle est largement occupée par le matériel musical. Une dizaine de scotchés sont au comptoir devant une pinte et un barman indifférent à ma présence. Aucune place pour moi ici, je n’ai même pas à dire au revoir, n’avant pas eu l’occasion de dire bonsoir.
Ce vendredi était un jour où j’avais envie de sortir (comme on dit).
*
La thème de la discussion des quinquagénaires et sexagénaires présents dans la Galerie Soixante-Quinze : le sexisme dans la publicité. Toutes et tous sont d’accord, surtout les hommes, pour dénoncer les publicitaires qui utilisent des femmes plus ou moins déshabillées pour vendre de la marchandise. L’un d’eux donne l’exemple choquant d’une publicité d’autrefois pour des cuissardes de pêche dans lesquelles était une femme nue.
Je serais prêt à parier qu’à l’époque (comme il dit) cette image le faisait bander.
*
Un livre qu’il va falloir que je trouve : Endetté comme une mule d’Eric Losfeld, republié chez Tristram, dans lequel l’éditeur raconte ses souvenirs.
Son dépucelage comme échantillon :
Je n’arrivais pas à me con-joindre, et n’eus pas le temps d’entrer dans la cathédrale que les cloches se mirent à sonner. Le bis repetita fit que je pus prétendre n’être plus un puceau, mais se réalisa avec la même brièveté qu’une lettre de Jean Paulhan.
Elle avait vingt-six ans. Il en avait treize. Cette histoire se passerait aujourd’hui, elle irait en prison avec l’assentiment d’une grosse majorité de la population.
*
Surprise émouvante de trouver, en fouillant ce vendredi matin dans les cartons de livres d’un déballeur de la place Saint-Marc, Sarane Alexandrian ou Le grand défi de l’imaginaire de Christophe Dauphin (L’Age d’Homme). En couverture, une photo d’Alexandrian assis à son bureau, là où je l’ai vu de nombreuses fois, dans son appartement parisien de la rue Jean-Moréas.
D’autres livres retiennent mon attention : Siegfried Kracauer, itinéraire d’un intellectuel nomade d’Enzo Traverso (La Découverte), un exemplaire avec envoi de l’auteur, daté de deux mille six, à Sandrine Treiner qui n’était pas encore Directrice de France Culture : « en souvenir amical, vous aviez corrigé les premiers chapitres de ma thèse, si ma mémoire est bonne. » et Après tout (entretiens sur une vie intellectuelle) de René Schérer et Geoffroy de Lagasnerie (Cartouche), un exemplaire avec envoi de ce dernier à la même : « Pour Sandrine Treiner, très cordialement ». Comment sont-ils arrivés là ?
Dans le livre des Editions Cartouche une carte professionnelle, celle du Cabinet Pierrat, Avocats à la Cour. Cela parce qu’Emmanuel Pierrat (qui autrefois fut peu satisfait de ma relation de sa venue à Rouen) a créé cette maison d’édition en deux mille quatre, laquelle a été liquidée en deux mille douze.
-C’est deux euros le livre, me dit le vendeur, si vous me prenez tous les cartons, je vous fais un prix.
Je crois qu’il plaisante. Il n’en est rien. Malheureusement, les centaines d’autres livres ne peuvent m’intéresser.
*
« Témoin d’une époque aujourd’hui révolue, Schérer nous promène au fil de ses rencontres philosophiques, amoureuses et politiques. » (Communiqué de presse de l éditeur). René Schérer est aussi le frère d’Eric Rohmer.
Deux heures et demie plus tard, je pousse la porte du Trois Pièces, place du Général, où Tallisker et Lascaux doivent donner concert. Je ne viens que pour la première. La salle du bar est minuscule. Elle est largement occupée par le matériel musical. Une dizaine de scotchés sont au comptoir devant une pinte et un barman indifférent à ma présence. Aucune place pour moi ici, je n’ai même pas à dire au revoir, n’avant pas eu l’occasion de dire bonsoir.
Ce vendredi était un jour où j’avais envie de sortir (comme on dit).
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La thème de la discussion des quinquagénaires et sexagénaires présents dans la Galerie Soixante-Quinze : le sexisme dans la publicité. Toutes et tous sont d’accord, surtout les hommes, pour dénoncer les publicitaires qui utilisent des femmes plus ou moins déshabillées pour vendre de la marchandise. L’un d’eux donne l’exemple choquant d’une publicité d’autrefois pour des cuissardes de pêche dans lesquelles était une femme nue.
Je serais prêt à parier qu’à l’époque (comme il dit) cette image le faisait bander.
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Un livre qu’il va falloir que je trouve : Endetté comme une mule d’Eric Losfeld, republié chez Tristram, dans lequel l’éditeur raconte ses souvenirs.
Son dépucelage comme échantillon :
Je n’arrivais pas à me con-joindre, et n’eus pas le temps d’entrer dans la cathédrale que les cloches se mirent à sonner. Le bis repetita fit que je pus prétendre n’être plus un puceau, mais se réalisa avec la même brièveté qu’une lettre de Jean Paulhan.
Elle avait vingt-six ans. Il en avait treize. Cette histoire se passerait aujourd’hui, elle irait en prison avec l’assentiment d’une grosse majorité de la population.
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Surprise émouvante de trouver, en fouillant ce vendredi matin dans les cartons de livres d’un déballeur de la place Saint-Marc, Sarane Alexandrian ou Le grand défi de l’imaginaire de Christophe Dauphin (L’Age d’Homme). En couverture, une photo d’Alexandrian assis à son bureau, là où je l’ai vu de nombreuses fois, dans son appartement parisien de la rue Jean-Moréas.
D’autres livres retiennent mon attention : Siegfried Kracauer, itinéraire d’un intellectuel nomade d’Enzo Traverso (La Découverte), un exemplaire avec envoi de l’auteur, daté de deux mille six, à Sandrine Treiner qui n’était pas encore Directrice de France Culture : « en souvenir amical, vous aviez corrigé les premiers chapitres de ma thèse, si ma mémoire est bonne. » et Après tout (entretiens sur une vie intellectuelle) de René Schérer et Geoffroy de Lagasnerie (Cartouche), un exemplaire avec envoi de ce dernier à la même : « Pour Sandrine Treiner, très cordialement ». Comment sont-ils arrivés là ?
Dans le livre des Editions Cartouche une carte professionnelle, celle du Cabinet Pierrat, Avocats à la Cour. Cela parce qu’Emmanuel Pierrat (qui autrefois fut peu satisfait de ma relation de sa venue à Rouen) a créé cette maison d’édition en deux mille quatre, laquelle a été liquidée en deux mille douze.
-C’est deux euros le livre, me dit le vendeur, si vous me prenez tous les cartons, je vous fais un prix.
Je crois qu’il plaisante. Il n’en est rien. Malheureusement, les centaines d’autres livres ne peuvent m’intéresser.
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« Témoin d’une époque aujourd’hui révolue, Schérer nous promène au fil de ses rencontres philosophiques, amoureuses et politiques. » (Communiqué de presse de l éditeur). René Schérer est aussi le frère d’Eric Rohmer.