Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Le jour où Virginia Woolf vint à Rouen

8 juin 2017


Il est des livres que j’achète et ne lis pas. Ainsi le Journal d’adolescence (1897-1909) de Virginia Woolf publié au Nouveau Cabinet Cosmopolite chez Stock qu’après avoir parcouru j’ai trouvé sans grand intérêt et mis en vente. Avant de l’expédier, je le feuillette encore une fois et tombe sur ceci, qui m’était passé inaperçu, écrit le premier avril mil neuf cent cinq:
Avons pris le petit-déjeuner juste avant 7 heures & attrapé le train pour Rouen. Sont venus avec nous –ou plutôt nous avec eux– les Lloyd & Mr. Booth, & nous sommes arrivés à Rouen à 9 heures, je crois. Avons visité 3  grandes églises, vu un enterrement & un cimetière. La chose sans doute la plus émouvante, sentimentalement, de cette ville, c’est ce petit coin –du marché à la viande ! – où Jeanne d’Arc a été brûlée. Tous les endroits témoins de ses souffrances sont signalés & évoqués ; mais les statues la figurant sont parfaitement inintéressantes & insignifiantes. Avons déjeuné là & sommes rentrés à 5 heures  & demie. Beaucoup de gens nouveaux ont embarqué ; nous repartons demain matin, ce dont je me réjouis. Voyager me rend impatiente. J’ai envie de voir ce qui va suivre.
Virginia a vingt-trois ans. Cette grande adolescente voyage à bord de l’Anselm, parti de Liverpool: C’est un bateau de luxe très propre & tout blanc ; chacun dispose d’une cabine personnelle où je suis en train d’écrire sur mes genoux, tandis que la mer commence à s’agiter.
Après l’escale du Havre et son escapade rouennaise, elle vogua jusqu’à Porto, prit le train pour Lisbonne puis Séville et Grenade, retourna à Lisbonne et rentra directement à Liverpool, lis-je en diagonale avant de faire de ce livre un petit colis.