Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

En lisant le Journal d’Andy Warhol (onze)

15 février 2017


Suite et fin des prélèvements effectués lors de ma lecture du Journal d’Andy Warhol (Grasset) :
Stuart est vraiment étrange. Complètement noué. Il était tout excité, parce qu’une nettoyeuse de tuyauterie allait passer. C’est comme ça qu’il appelle les filles qui viennent chez lui faire l’amour. (Dimanche cinq octobre mil neuf cent quatre-vingt-six)
J’ai reçu l’Enquirer avec Sean et Madonna sur la une, c’était sur Martin, comment il avait partagé un appartement avec Madonna, comment il avait le sida maintenant. Martin m’a appelé. Ça doit être vraiment atroce de lire un article sur soi qui raconte qu’on est en train de mourir. (Lundi treize octobre mil neuf cent quatre-vingt-six)
Diane (von Furstenberg) a suivi le chemin de Marilyn en épousant une personne pour son nom, maintenant elle sort avec le type qui va écrire un livre sur elle. (Mardi vingt et un octobre mil neuf cent quatre-vingt-six)
Thanksgiving. Le téléphone a sonné. C’était Wilfredo disant qu’il ne pourrait pas venir avec nous nourrir les pauvres, qu’il allait dans sa famille dans le New Jersey. (Jeudi vingt-sept novembre mil neuf cent quatre-vingt-six)
Ensuite Jean-Michel a appelé. (…) Il a raconté que son père écrivait un livre. Il a ajouté : « Il n’est même pas drogué, comment peut-il écrire un livre ? Sur quoi ? » C’est la première fois que j’entends Jean-Michel dire quelque chose de drôle. (Même jour)
Ou Ethel s’est fait faire trop de lifting ou elle a une attaque, je ne sais pas. (Jeudi onze décembre mil neuf cent quatre-vingt-six)
Reçu un tas d’appels pour aller à des réveillons mais j’ai décidé de simplement rester chez moi et j’ai adoré. (Jeudi vingt-cinq décembre mil neuf cent quatre-vingt-six)
Mon ambition, si je devais vraiment avoir un lifting, serait d’en ressortir comme Debbie Harry. (Dimanche vingt-huit décembre mil neuf cent quatre-vingt-six)
Bruno a voulu s’asseoir à côté de Robert Mapplethorpe mais pas moi. Il est malade. Je me suis assis à une autre place. (Vendredi seize janvier mil neuf cent quatre-vingt-sept)
Michelle Loud est venue travailler. Elle rentre de vacances. Elle a cousu à la machine toutes les photos porno que j’ai prises, mais il faut que j’appelle le bureau pour leur dire de les cacher parce que tous les gosses qui y traînent – ceux de Interview que je ne connais même pas – me dénonceraient sans doute à la police. (Mardi vingt-sept janvier mil neuf cent quatre-vingt-sept)
                                                                      *
Le samedi quatorze février mil neuf cent quatre-vingt-sept, il y a exactement trente ans, Andy Warhol se met à souffrir violemment de la vésicule biliaire. Le médecin lui demande de se faire opérer. La suite racontée par Pat Hackett :
Le jeudi, lorsque Andy a répondu au téléphone à 9 heures du matin, il respirait fortement. Il m’a dit qu’il avait vu le Dr Cox et qu’il allait « là-bas » pour « le » faire faire (la crainte d’Andy vis-à-vis des hôpitaux et des opérations était telle qu’il ne pouvait se résoudre à prononcer les mots précis) parce qu’« ils m’ont dit que j’allais mourir si je ne le faisais pas ». Il a ajouté qu’il reprendrait le Journal une fois que « ce » serait fini, qu’il appellerait de « là-bas ».
Le vendredi 20 février, Andy a été admis au service des urgences du New York Hospital. Le samedi, sa vésicule lui a été retirée. Il a semblé bien se remettre de l’opération –il a regardé la télévision et téléphoné à des amis. Mais tôt le dimanche matin, pour des raisons demeurées litigieuses, il est décédé.
                                                                    *
Ouiquipédia sur ce sujet : « Il meurt dans son sommeil d'une attaque cardiaque probablement victime de ses excès (prise régulière de produits anorexigènes pour perdre du poids mais aussi d'amphétamines pour réduire le sommeil). » (Il avait cinquante-huit ans.)