Mon premier vide grenier de l’année est rouennais. Il est petit, se tient au pied de la Cathédrale, place de la Calende, laquelle est balayée par un vent froid à l’heure où j’y arrive, dès que le jour est levé. Il possède une excroissance rue du Bac où pour la fourrière les affaires reprennent. Même les voitures ne gênant pas l’installation des vendeuses et vendeurs sont emportées.
Je ne me donne pas grand chance de trouver des livres à mon goût, mais j’ai tort. J’aperçois sur le sol un beau livre consacré à George Grosz. Il s’agit du catalogue de l’exposition Berlino-New York qui lui eu lieu en deux mille sept à la Villa Médicis.
Celui qui le vend a un accent que je n’arrive pas à préciser. Il m’en demande quinze euros.
-J’ai été en résidence là-bas, vous ne trouverez pas ça à L’Armitière, me dit-il pour justifier son prix.
J’objecte que le texte est en italien. Son prix tombe à huit euros. J’ajoute à ce catalogue, celui de l’exposition Gilles Aillaud – Evasioni ayant eu lieu au même endroit la même année. Celui-là est bilingue français/italien.
-Vous ne trouverez pas ça non plus à L’Armitière.
-Dix euros pour les deux, ça pourrait aller ?
Le sympathique vendeur acquiesce, me serre la main pour sceller notre accord et m’offre même un livre de poche en cadeau. Je lui demande quel pays l’a envoyé à la Villa Médicis
-Le Chili, me répond-il.
-Et vous faites quoi ?
-De la peinture.
Il n’a pas exposé ici, n’a même pas d’atelier. Il ne veut pas être sous la coupe de la ville ou de la métropole. Je n’en saurais pas davantage.
Un peu plus loin, je trouve un vendeur turc que je connais. Un jour, il m’avait invité chez lui en banlieue pour voir ses nombreux livres à vendre. Il ne put venir au rendez-vous donné place Saint-Marc. Ultérieurement, alors qu’il avait déballé ses livres dans un vide grenier, je vis que c’était de la daube. J’avais évité un déplacement inutile. Dans son bric-à-brac, j’aperçois un carton de ramettes de papier bleu. C’est deux euros pièce. J’en obtiens trois pour cinq euros.
Voilà qui commence bien, me dis-je, lourdement chargé.
*
Ce dimanche matin, une équipe d’artistes techniciens installe des suspensions lumineuses rococo rue Saint-Romain à l’aide d’engins à nacelle télescopique. Ce sont Les Passeurs de Lumière qui donneront un spectacle gratuit sur le parvis de la Cathédrale lundi soir. La lumière rouge du bout de la ruelle n’est peut-être pas sans rapport avec ça.
*
Au Son du Cor, plus moyen de ne payer son café qu’en partant. Le nouvel apprenti serveur, vêtu et coiffé comme il faut l’être à son âge et communiquant avec le bar à l’aide d’un boîtier électronique afin d’économiser sa mémoire, en exige le prix dès qu’il l’apporte en terrasse. J’ai horreur de ça.
Je lui donne un billet de dix euros pour l’obliger à aller chercher la monnaie. C’est ma façon de me venger.
Je ne me donne pas grand chance de trouver des livres à mon goût, mais j’ai tort. J’aperçois sur le sol un beau livre consacré à George Grosz. Il s’agit du catalogue de l’exposition Berlino-New York qui lui eu lieu en deux mille sept à la Villa Médicis.
Celui qui le vend a un accent que je n’arrive pas à préciser. Il m’en demande quinze euros.
-J’ai été en résidence là-bas, vous ne trouverez pas ça à L’Armitière, me dit-il pour justifier son prix.
J’objecte que le texte est en italien. Son prix tombe à huit euros. J’ajoute à ce catalogue, celui de l’exposition Gilles Aillaud – Evasioni ayant eu lieu au même endroit la même année. Celui-là est bilingue français/italien.
-Vous ne trouverez pas ça non plus à L’Armitière.
-Dix euros pour les deux, ça pourrait aller ?
Le sympathique vendeur acquiesce, me serre la main pour sceller notre accord et m’offre même un livre de poche en cadeau. Je lui demande quel pays l’a envoyé à la Villa Médicis
-Le Chili, me répond-il.
-Et vous faites quoi ?
-De la peinture.
Il n’a pas exposé ici, n’a même pas d’atelier. Il ne veut pas être sous la coupe de la ville ou de la métropole. Je n’en saurais pas davantage.
Un peu plus loin, je trouve un vendeur turc que je connais. Un jour, il m’avait invité chez lui en banlieue pour voir ses nombreux livres à vendre. Il ne put venir au rendez-vous donné place Saint-Marc. Ultérieurement, alors qu’il avait déballé ses livres dans un vide grenier, je vis que c’était de la daube. J’avais évité un déplacement inutile. Dans son bric-à-brac, j’aperçois un carton de ramettes de papier bleu. C’est deux euros pièce. J’en obtiens trois pour cinq euros.
Voilà qui commence bien, me dis-je, lourdement chargé.
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Ce dimanche matin, une équipe d’artistes techniciens installe des suspensions lumineuses rococo rue Saint-Romain à l’aide d’engins à nacelle télescopique. Ce sont Les Passeurs de Lumière qui donneront un spectacle gratuit sur le parvis de la Cathédrale lundi soir. La lumière rouge du bout de la ruelle n’est peut-être pas sans rapport avec ça.
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Au Son du Cor, plus moyen de ne payer son café qu’en partant. Le nouvel apprenti serveur, vêtu et coiffé comme il faut l’être à son âge et communiquant avec le bar à l’aide d’un boîtier électronique afin d’économiser sa mémoire, en exige le prix dès qu’il l’apporte en terrasse. J’ai horreur de ça.
Je lui donne un billet de dix euros pour l’obliger à aller chercher la monnaie. C’est ma façon de me venger.