Ciel gris ce jeudi au réveil et mouillasse au menu. Muni de mon vêtement de pluie, je me rends chez Baguette et Tradition puis au Vauban. Il est huit heures et demie et j’en suis encore une fois le seul client. Si je ne compte pas un chef cuisinier qui s’épanche au comptoir. Il y a eu une grosse bourde hier dans son restaurant. On a pris un groupe pour un autre et quand ce dernier s’est présenté, le menu réservé avait été mangé. La responsable de l’erreur refuse de la reconnaître, c’est ça qui est insupportable. Il en a gros. Dalida essaie de détendre l’atmosphère avec Itsi bitsi petit bikini.
Vers dix heures et demie, alors que je ressors de mon logis provisoire avec l’envie de descendre au Port, la mouillasse se transforme en grosse pluie. J’entre une nouvelle fois au Vauban, y prends un café et poursuis ma lecture de Lettres à sa femme du Marquis de Sade. Elle en a du mérite cette femme à supporter les jérémiades de son divin mari. Il faut dire que lui est malheureux dans la prison où on le maltraite. Tout cela pour « une partie de filles ». Un ou deux clients sont au comptoir ainsi que le patron qui fait le point avec son personnel du matin sur la Fête de la Musique : « On a vidé tous les fûts, les fûts du bar et les fûts de la salle de concert, y avait plus rien, et ils sont partis avec tous nos verres. L’année prochaine, il faudra les servir avec des verres qui sont pas à nous. »
A midi, il pleut peu. Dans l’espoir de trouver un restaurant à mon goût, je monte au quartier Saint-Martin mais ce ne sont que dînettes pour vertueux (l’une affiche son opposition à l’éolienne, laquelle ?). Les mangeoires à grandes tables du carrefour Liberté Quartz ne peuvent davantage me retenir. Je me retrouve au Bistrot de P’tit Louis, assis à ma table du matin, pour un menu complet à dix-neuf euros cinquante : « Fraîcheur de maquereau et truite bretonne, crème brûlée d’oignon rosé » « Tourte de veau et volaille marinée au pinot gris, salade de haricots verts et tomates pleine terre » « Tartelette à la rhubarbe et compotée de fraises ». Dans la tablée voisine on a une discussion de collègues : « L’autre jour, j’étais en formation de relationnel… »
« Vous avez voulu tester ? », me demande le patron qui me voit boire un allongé le matin à cette table. « Disons que c’est la pluie qui m’a retenu ici. » J’ajoute que c’était bon. Il ne faut pas vexer les gens. D’ailleurs ça l’était, le bémol étant la quantité. La tartelette disait la vérité mais la tourte aurait dû s’avouer demi-tourte.
*
J’entends qu’une grosse majorité de Français sont satisfaits du nouveau visage de l’Assemblée Nationale. Elle leur ressemble, paraît-il. Quand on voit la tronche qu’elle a.
*
Elle fait tout ce qu’elle veut de ses cinq doigts. Il n’y a qu’une chose que je voulais lui faire faire, à La Coste, de ces mêmes doigts-là ; et qu’elle n’a jamais voulu faire… Donatien Alphonse François de Sade à sa femme, à propos d’une amie à elle, Madame de Chamousset, le vingt-deux mars mil sept cent soixante-dix-neuf
Vers dix heures et demie, alors que je ressors de mon logis provisoire avec l’envie de descendre au Port, la mouillasse se transforme en grosse pluie. J’entre une nouvelle fois au Vauban, y prends un café et poursuis ma lecture de Lettres à sa femme du Marquis de Sade. Elle en a du mérite cette femme à supporter les jérémiades de son divin mari. Il faut dire que lui est malheureux dans la prison où on le maltraite. Tout cela pour « une partie de filles ». Un ou deux clients sont au comptoir ainsi que le patron qui fait le point avec son personnel du matin sur la Fête de la Musique : « On a vidé tous les fûts, les fûts du bar et les fûts de la salle de concert, y avait plus rien, et ils sont partis avec tous nos verres. L’année prochaine, il faudra les servir avec des verres qui sont pas à nous. »
A midi, il pleut peu. Dans l’espoir de trouver un restaurant à mon goût, je monte au quartier Saint-Martin mais ce ne sont que dînettes pour vertueux (l’une affiche son opposition à l’éolienne, laquelle ?). Les mangeoires à grandes tables du carrefour Liberté Quartz ne peuvent davantage me retenir. Je me retrouve au Bistrot de P’tit Louis, assis à ma table du matin, pour un menu complet à dix-neuf euros cinquante : « Fraîcheur de maquereau et truite bretonne, crème brûlée d’oignon rosé » « Tourte de veau et volaille marinée au pinot gris, salade de haricots verts et tomates pleine terre » « Tartelette à la rhubarbe et compotée de fraises ». Dans la tablée voisine on a une discussion de collègues : « L’autre jour, j’étais en formation de relationnel… »
« Vous avez voulu tester ? », me demande le patron qui me voit boire un allongé le matin à cette table. « Disons que c’est la pluie qui m’a retenu ici. » J’ajoute que c’était bon. Il ne faut pas vexer les gens. D’ailleurs ça l’était, le bémol étant la quantité. La tartelette disait la vérité mais la tourte aurait dû s’avouer demi-tourte.
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J’entends qu’une grosse majorité de Français sont satisfaits du nouveau visage de l’Assemblée Nationale. Elle leur ressemble, paraît-il. Quand on voit la tronche qu’elle a.
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Elle fait tout ce qu’elle veut de ses cinq doigts. Il n’y a qu’une chose que je voulais lui faire faire, à La Coste, de ces mêmes doigts-là ; et qu’elle n’a jamais voulu faire… Donatien Alphonse François de Sade à sa femme, à propos d’une amie à elle, Madame de Chamousset, le vingt-deux mars mil sept cent soixante-dix-neuf