Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
1er juin 2022
Après une première nuit on ne peut plus tranquille à Recouvrance, je passe le pont au bout duquel se trouve L’arbre empathique d’Enric Ruiz Geli (mi métal, mi végétal) et me voici de bon matin à Brest même, comme on dit ici. Je remonte la rue de Siam où roule le tram puis tourne à gauche vers les Halles où j’achète croissant et pain au chocolat à la Maison du Boulanger, pas donnés, deux euros trente-cinq, mais bons, comme je le constate, peu après, à la terrasse du bar tabac Le Central où je bois un café allongé à un euro quatre-vingts, pas donné. En face est l’église Saint-Louis, loin de valoir celle du Havre. Brest est globalement laide, trop vite reconstruite, mais je l’aime quand même.
Je me dirige ensuite vers la Gare Routière afin d’y acheter des tickets de car BreizhGo. Pour ce faire, je passe devant l’Hôtel Abalys où je résidais lors de mon passage de deux mille quinze. Aujourd’hui, la moindre de ses chambres est à soixante-dix euros, bien au-delà de mes moyens. Ça ne l’empêche pas d’afficher complet.
A dix heures, je suis le premier à entrer à l’Office de Tourisme où une jeune femme répond à mes demandes sans chercher à me vendre quoi que ce soit. « Vous êtes de quel département ? »
De là, je descends au Port de Commerce où je retrouve mon café préféré de deux mille quinze : Les Quatre Vents. Le noir breuvage y est raisonnablement à un euro cinquante. Je lis là avec beaucoup de plaisir et d’intérêt Le Diable en France de Lion Feuchtwanger jusqu’à l’heure du déjeuner.
C’est une nouvelle fois L’Arche de la Presqu’île qui est l’objet de mon choix, un menu à seize euros (avocat crevettes, blanquette de porc, moelleux au chocolat) et un quart de vin rouge. Un ouvrier y mangeant avec un autre se lève et prend une serviette sur la table voisine. Il s’en sert pour se moucher.
Après un nouveau café lecture à la terrasse du Quatre Vents, je cherche et trouve, rue de Siam, une pharmacie et un Carrefour City, de quoi assurer ma survie.
Au retour à mon logis provisoire, l’occasion de pester m’est offerte par Effe Bé. Impossible de m’y connecter. « Nous avons remarqué une connexion depuis un lieu inhabituel » « Nous devons confirmer qu’il s’agit bien de vous ». C’est surtout à moi de le confirmer. Oui mais aucun des moyens pour le faire ne fonctionne. Tout mouline dans le vide. Me voilà dans l’impossibilité de me connecter pour je ne sais combien de temps.
Le plus ennuyeux est que c’est par le biais de Effe Bé que je rejoins Air Bibi et je n’ai aucun moyen alternatif de le faire, vu que je n’ai pas de téléphone portatif.
*
A Brest, des voitures partout. Pas dans les rues, garées. Des parquignes, encore et encore.
*
Près de L’Arche de la Presqu’île, un autre restaurant : Le Crabe Marteau. Tu dois fracasser le premier avec le second. Si j’avais envie de ce crustacé, ce folklore me ferait fuir.
*
Tout autour des bassins du port d’inesthétiques barrières métalliques. Elles donnent à penser qu’ici le soir, après avoir bien bu, on avait tendance à tomber dans l’eau.
Je me dirige ensuite vers la Gare Routière afin d’y acheter des tickets de car BreizhGo. Pour ce faire, je passe devant l’Hôtel Abalys où je résidais lors de mon passage de deux mille quinze. Aujourd’hui, la moindre de ses chambres est à soixante-dix euros, bien au-delà de mes moyens. Ça ne l’empêche pas d’afficher complet.
A dix heures, je suis le premier à entrer à l’Office de Tourisme où une jeune femme répond à mes demandes sans chercher à me vendre quoi que ce soit. « Vous êtes de quel département ? »
De là, je descends au Port de Commerce où je retrouve mon café préféré de deux mille quinze : Les Quatre Vents. Le noir breuvage y est raisonnablement à un euro cinquante. Je lis là avec beaucoup de plaisir et d’intérêt Le Diable en France de Lion Feuchtwanger jusqu’à l’heure du déjeuner.
C’est une nouvelle fois L’Arche de la Presqu’île qui est l’objet de mon choix, un menu à seize euros (avocat crevettes, blanquette de porc, moelleux au chocolat) et un quart de vin rouge. Un ouvrier y mangeant avec un autre se lève et prend une serviette sur la table voisine. Il s’en sert pour se moucher.
Après un nouveau café lecture à la terrasse du Quatre Vents, je cherche et trouve, rue de Siam, une pharmacie et un Carrefour City, de quoi assurer ma survie.
Au retour à mon logis provisoire, l’occasion de pester m’est offerte par Effe Bé. Impossible de m’y connecter. « Nous avons remarqué une connexion depuis un lieu inhabituel » « Nous devons confirmer qu’il s’agit bien de vous ». C’est surtout à moi de le confirmer. Oui mais aucun des moyens pour le faire ne fonctionne. Tout mouline dans le vide. Me voilà dans l’impossibilité de me connecter pour je ne sais combien de temps.
Le plus ennuyeux est que c’est par le biais de Effe Bé que je rejoins Air Bibi et je n’ai aucun moyen alternatif de le faire, vu que je n’ai pas de téléphone portatif.
*
A Brest, des voitures partout. Pas dans les rues, garées. Des parquignes, encore et encore.
*
Près de L’Arche de la Presqu’île, un autre restaurant : Le Crabe Marteau. Tu dois fracasser le premier avec le second. Si j’avais envie de ce crustacé, ce folklore me ferait fuir.
*
Tout autour des bassins du port d’inesthétiques barrières métalliques. Elles donnent à penser qu’ici le soir, après avoir bien bu, on avait tendance à tomber dans l’eau.
31 mai 2022
Tirant ma valise à roulettes, muni de mes deux vieux guides Bretagne Nord, celui du Routard et celui de GéoGuide, je me rends ce lundi matin à la Gare de Rouen où la circulation est redevenue normale après un ouiquennede d’Ascension sinistré (j’en connais une qui pour un Paris Rouen samedi a dû payer cinquante-trois euros à un enfoiré d’autocariste qui profitait de l’arrêt des trains pour faire exploser son tarif).
Je grimpe dans le premier train Nomad pour Paris, celui de six heures quinze. Il avance bien, jusqu’à l’approche de la capitale où il s’arrête inopinément suite à une alerte radio. « Il aurait été étonnant qu’une nouvelle semaine commence sans encombre », déclare notre chef de bord. A l’arrivée, cela fait dix minutes de retard, mais j’ai de la marge.
Ayant rejoint la Gare Montparnasse d’un coup de métro Treize, j’attends le Tégévé de neuf heures cinquante-huit pour Brest, ma nouvelle destination. Manifestement, les voyages scolaires ont repris. Heureusement, celui de la voiture Sept est à l’étage. En bas tout est calme. Ma voisine étudie le chemin de Compostelle entre Le Puy en Velay et Cahors. Elle lit aussi Ouest France donc elle ne s’est pas trompée de train.
Nous arrivons à la Gare de Brest à treize heures vingt-cinq, comme prévu. Sur le parvis, j’interroge une autochtone de mon âge. Elle me conseille de déjeuner au Port de Commerce d’où je pourrai rejoindre mon logement Air Bibi à Recouvrance, cela montera mais pas trop.
Mon dernier séjour à Brest date de deux mille quinze, une semaine ensoleillée à la Toussaint (mon Journal est là pour m’en rappeler le détail). Je reconnais certains lieux près du Port. Quand j’y arrive, Je demande au restaurant L’Arche de la Presqu’île si on peut encore me servir, bien qu’il soit presque quatorze heures. La réponse est positive. Je déjeune en terrasse de beignets de calamars et d’un couscous avec un quart de vin rouge, cela pour dix-neuf euros quarante. L’addition réglée, le patron m’explique comment rejoindre le Château d’où je verrai le pont de Recouvrance.
Celui-ci traversé, un jeune homme m’indique comment rejoindre la rue de mon logement provisoire. « Bonne chance », me dit-il. Je comprends quand je vois la côte qu’il faut grimper et qui me rappelle celle de mon séjour à Quimper, en moins longue.
Essoufflé, je réussis à ouvrir la boîte à clé. Me voici à l'intérieur d'un petit appartement au rez-de-chaussée dans une rue résidentielle qui semble calme.
*
Il fait plutôt beau à Recouvrance mais résonne encore en moi la chanson d’Anne Vanderlove :
À Recouvrance il pleut
Grande-Rivière c'est une porte à l'Arsenal
Et ce matin, il pleut
Qui te dira c' que tu fais là ?
Qui te dira c' que tu fais là ?
Tu t'agites et tu cours sans savoir où tu vas
Ce monde à contre-jour ne te ressemble pas
Je grimpe dans le premier train Nomad pour Paris, celui de six heures quinze. Il avance bien, jusqu’à l’approche de la capitale où il s’arrête inopinément suite à une alerte radio. « Il aurait été étonnant qu’une nouvelle semaine commence sans encombre », déclare notre chef de bord. A l’arrivée, cela fait dix minutes de retard, mais j’ai de la marge.
Ayant rejoint la Gare Montparnasse d’un coup de métro Treize, j’attends le Tégévé de neuf heures cinquante-huit pour Brest, ma nouvelle destination. Manifestement, les voyages scolaires ont repris. Heureusement, celui de la voiture Sept est à l’étage. En bas tout est calme. Ma voisine étudie le chemin de Compostelle entre Le Puy en Velay et Cahors. Elle lit aussi Ouest France donc elle ne s’est pas trompée de train.
Nous arrivons à la Gare de Brest à treize heures vingt-cinq, comme prévu. Sur le parvis, j’interroge une autochtone de mon âge. Elle me conseille de déjeuner au Port de Commerce d’où je pourrai rejoindre mon logement Air Bibi à Recouvrance, cela montera mais pas trop.
Mon dernier séjour à Brest date de deux mille quinze, une semaine ensoleillée à la Toussaint (mon Journal est là pour m’en rappeler le détail). Je reconnais certains lieux près du Port. Quand j’y arrive, Je demande au restaurant L’Arche de la Presqu’île si on peut encore me servir, bien qu’il soit presque quatorze heures. La réponse est positive. Je déjeune en terrasse de beignets de calamars et d’un couscous avec un quart de vin rouge, cela pour dix-neuf euros quarante. L’addition réglée, le patron m’explique comment rejoindre le Château d’où je verrai le pont de Recouvrance.
Celui-ci traversé, un jeune homme m’indique comment rejoindre la rue de mon logement provisoire. « Bonne chance », me dit-il. Je comprends quand je vois la côte qu’il faut grimper et qui me rappelle celle de mon séjour à Quimper, en moins longue.
Essoufflé, je réussis à ouvrir la boîte à clé. Me voici à l'intérieur d'un petit appartement au rez-de-chaussée dans une rue résidentielle qui semble calme.
*
Il fait plutôt beau à Recouvrance mais résonne encore en moi la chanson d’Anne Vanderlove :
À Recouvrance il pleut
Grande-Rivière c'est une porte à l'Arsenal
Et ce matin, il pleut
Qui te dira c' que tu fais là ?
Qui te dira c' que tu fais là ?
Tu t'agites et tu cours sans savoir où tu vas
Ce monde à contre-jour ne te ressemble pas
29 mai 2022
Je suis là, ce samedi, en terrasse au Sacre, à lire quand une jeune femme fonce directement sur ma table, attrape la chaise qui me fait face puis s’arrête avec un « Ah je suis désolée, vous ressemblez trop à mon oncle, j’allais m’asseoir avec vous, je suis désolée. » Elle file avant que je puisse lui dire de s’asseoir quand même.
En face, ou presque, c’est la boutique de cébédé où parfois le jeune gérant met la musique à fond. Moins tu as de clients, plus tu pousses le son. Sa marchandise ne semble intéresser personne. Les seul(e)s qui entrent chez lui viennent chercher un colis Mondial Relay (cinquante centimes par colis pour le cébédiste).
Je ne vois pas davantage entrer quiconque chez le réparateur d’informatique qui ressemble à l’un des Freak Brothers de Shelton. Je ne dirai rien de la boutique qui se situe entre le marchand de cébédé et le réparateur d’informatique. Je me demande comment font ces commerçants pour vivre.
La jeune serveuse que j’aime bien porte un ticheurte « Le Sacre c’est sacré ». Du côté du bûcher se font entendre les joyeusetés qui commémorent le martyre de la Jeanne.
-C’est quoi ? demande un moutard qui passe avec ses parents.
-Des trucs médiévals, lui répond son père.
-Des trucs médiévaux, reprend la mère.
Ça rime avec veaux, me dis-je.
Trois jeunes comédiens moyenâgeux s’assoient à la table voisine.
-Ce matin, dit l’un, j’ai pris un café avec Stéphane Bern.
-Ah bien, le félicite un des deux autres, il ne t’a pas mis la main au derrière ?
*
A cette terrasse je termine Sur les traces d’Enayat Zayyat, récit d’Iman Mersal, traduit de l’arabe par Richard Jacquemond, paru chez Sindbad Actes Sud en deux mille vingt et un, dans lequel l’écrivaine égypto-canadienne enquête sur la vie et le suicide de celle qui n’a pas réussi à être publiée avant sa mort. Extrait :
Autour de moi il y a des êtres vivants qui dorment, se réveillent, mangent, se bagarrent et se multiplient : spectacle sordide et douloureux, qu’il est préférable de ne pas voir, mais qui est en même temps une preuve de la volonté de vivre.
*
La veille, rentrant du Sacre, j’ai découvert un Guide du Routard Bretagne Nord dans la boîte à livres du Vieux Marché, un deux mille huit (deux ans plus récent que celui que j’avais). Deux jours plus tôt dans celle de la Cathédrale se trouvait un GéoGuide Bretagne Nord deux mille sept deux mille huit.
En face, ou presque, c’est la boutique de cébédé où parfois le jeune gérant met la musique à fond. Moins tu as de clients, plus tu pousses le son. Sa marchandise ne semble intéresser personne. Les seul(e)s qui entrent chez lui viennent chercher un colis Mondial Relay (cinquante centimes par colis pour le cébédiste).
Je ne vois pas davantage entrer quiconque chez le réparateur d’informatique qui ressemble à l’un des Freak Brothers de Shelton. Je ne dirai rien de la boutique qui se situe entre le marchand de cébédé et le réparateur d’informatique. Je me demande comment font ces commerçants pour vivre.
La jeune serveuse que j’aime bien porte un ticheurte « Le Sacre c’est sacré ». Du côté du bûcher se font entendre les joyeusetés qui commémorent le martyre de la Jeanne.
-C’est quoi ? demande un moutard qui passe avec ses parents.
-Des trucs médiévals, lui répond son père.
-Des trucs médiévaux, reprend la mère.
Ça rime avec veaux, me dis-je.
Trois jeunes comédiens moyenâgeux s’assoient à la table voisine.
-Ce matin, dit l’un, j’ai pris un café avec Stéphane Bern.
-Ah bien, le félicite un des deux autres, il ne t’a pas mis la main au derrière ?
*
A cette terrasse je termine Sur les traces d’Enayat Zayyat, récit d’Iman Mersal, traduit de l’arabe par Richard Jacquemond, paru chez Sindbad Actes Sud en deux mille vingt et un, dans lequel l’écrivaine égypto-canadienne enquête sur la vie et le suicide de celle qui n’a pas réussi à être publiée avant sa mort. Extrait :
Autour de moi il y a des êtres vivants qui dorment, se réveillent, mangent, se bagarrent et se multiplient : spectacle sordide et douloureux, qu’il est préférable de ne pas voir, mais qui est en même temps une preuve de la volonté de vivre.
*
La veille, rentrant du Sacre, j’ai découvert un Guide du Routard Bretagne Nord dans la boîte à livres du Vieux Marché, un deux mille huit (deux ans plus récent que celui que j’avais). Deux jours plus tôt dans celle de la Cathédrale se trouvait un GéoGuide Bretagne Nord deux mille sept deux mille huit.
27 mai 2022
Il est six heures quarante ce jeudi d’Ascension lorsque je descends sur le quai de la station Palais de Justice du métro rouennais. C’est pour apprendre que la prochaine rame en direction du Grand-Quevilly est dans vingt-cinq minutes. J’attends donc, seul dans ce souterrain inhospitalier.
Lorsque enfin j’arrive à l’arrêt Provinces du Grand-Cul je n’ai qu’une centaine de mètres à pied pour atteindre le début du vide grenier organisé par la ville et donc bien organisé (on n’y oublie pas les obstacles anti attentat aux extrémités de l’avenue des Provinces). Tout le monde est déjà installé et l’affluence est dans les allées parallèles et sur les placettes que je parcours les unes après les autres.
Il y eut des années où je trouvais de quoi me plaire ici mais cette fois je dois me contenter de peu pour pas cher : cinq livres contre deux euros cinquante (Stanley Kubrick, Dada, Yves Klein, Claude Lévêque, Suzanne Lafont) qu’après avoir parcourus je revendrai, ce qui me remboursera mon excursion dans cette banlieue dont la population a au moins deux qualités : le calme et la courtoisie.
*
De retour à Rouen, je traverse en diagonale le parvis de la Cathédrale. On y installe divers barnums qui serviront pour les « Nouvelles Fêtes Jeanne d’Arc » dont Stéphane Bern est l’invité d’honneur. Plusieurs personnages et créatures médiévales animeront les rues de la ville. Il y aura aussi une parade, des danses médiévales, des fanfares, des contes et fables en musique, une enquête fantastique grandeur nature, un concours du plus beau costume médiéval et des déambulations de cosplay. Tout cela « dans un esprit résolument festif, ludique et familial ».
Combien elle aurait été étonnée la Jeanne si on lui avait dit au moment où elle brûlait dans d’atroces souffrances que quelques siècles plus tard son martyre serait commémoré par une accumulation de bouffonneries.
*
Entendre sur France Trois Normandie l’adjoint aux manifestations publiques de la ville de Rouen lors de sa présentation de ces festivités parler du tombeau de Jeanne d’Arc place du Vieux-Marché.
Lorsque enfin j’arrive à l’arrêt Provinces du Grand-Cul je n’ai qu’une centaine de mètres à pied pour atteindre le début du vide grenier organisé par la ville et donc bien organisé (on n’y oublie pas les obstacles anti attentat aux extrémités de l’avenue des Provinces). Tout le monde est déjà installé et l’affluence est dans les allées parallèles et sur les placettes que je parcours les unes après les autres.
Il y eut des années où je trouvais de quoi me plaire ici mais cette fois je dois me contenter de peu pour pas cher : cinq livres contre deux euros cinquante (Stanley Kubrick, Dada, Yves Klein, Claude Lévêque, Suzanne Lafont) qu’après avoir parcourus je revendrai, ce qui me remboursera mon excursion dans cette banlieue dont la population a au moins deux qualités : le calme et la courtoisie.
*
De retour à Rouen, je traverse en diagonale le parvis de la Cathédrale. On y installe divers barnums qui serviront pour les « Nouvelles Fêtes Jeanne d’Arc » dont Stéphane Bern est l’invité d’honneur. Plusieurs personnages et créatures médiévales animeront les rues de la ville. Il y aura aussi une parade, des danses médiévales, des fanfares, des contes et fables en musique, une enquête fantastique grandeur nature, un concours du plus beau costume médiéval et des déambulations de cosplay. Tout cela « dans un esprit résolument festif, ludique et familial ».
Combien elle aurait été étonnée la Jeanne si on lui avait dit au moment où elle brûlait dans d’atroces souffrances que quelques siècles plus tard son martyre serait commémoré par une accumulation de bouffonneries.
*
Entendre sur France Trois Normandie l’adjoint aux manifestations publiques de la ville de Rouen lors de sa présentation de ces festivités parler du tombeau de Jeanne d’Arc place du Vieux-Marché.
23 mai 2022
En allant au marché du Clos Saint-Marc vers neuf heures, je suis sûr d’une chose, je ne me ferai pas alpaguer par un(e) politicien(ne) voulant obtenir mon vote à la Législative. Les politicien(ne)s ne se lèvent pas tôt.
Le premier tour de cette élection sert à financer les partis. Chaque bulletin de vote rapporte un peu plus d'un euro cinquante. L’urne est donc aussi une tirelire.
Pour ma part, je ne mettrai pas d’argent dans cette tirelire. Aucun des candidats de la Première Circonscription de Seine-Maritime, comprenant la partie de Rouen où j’habite et Mont-Saint-Aignan, ne me sied Pas question que je vote pour le Nupés, un certain Maxime Da Silva, Insoumis parachuté, politicien professionnel, attaché parlementaire du Député de l’Ariège Michel Larive (tout en étant conseiller municipal d’opposition à Pavilly). Je ne donnerai pas non plus ma voix à Christine de Cintré, conseillère municipale de Rouen, Socialiste dissidente, une insoumise en quelque sorte, bien que je me réjouisse de la voir désobéir. Les autres, je n’en parle même pas.
Un cœur de neufchâtel, c’est mon seul achat dominical.
*
En début d’après-midi j’écoute Signes des temps de Marc Weitzmann sur France Culture. Thomas Guénolé (politologue), Stéphanie Roza (spécialiste des Lumières et de la Révolution française.), Maud Le Rest (spécialiste de l’histoire des féminismes) et Fatima Benomar (co-fondatrice de #NousToutes) expliquent en quoi La France Insoumise est plus une secte qu’un parti et narrent leur mauvaise expérience avec celle-ci.
*
Remplacer à la tête du Ministère de l’Education Nationale l’épouvantable Jean-Michel Blanquer par son opposé Pap Ndiaye, ou comment draguer un million de fonctionnaires dans l’espoir qu’ils ne votent pas Nupés.
Pap Ndiaye sera-t-il encore Ministre dans le gouvernement Macron/Borne d’après les élections, ce n’est pas certain.
Le premier tour de cette élection sert à financer les partis. Chaque bulletin de vote rapporte un peu plus d'un euro cinquante. L’urne est donc aussi une tirelire.
Pour ma part, je ne mettrai pas d’argent dans cette tirelire. Aucun des candidats de la Première Circonscription de Seine-Maritime, comprenant la partie de Rouen où j’habite et Mont-Saint-Aignan, ne me sied Pas question que je vote pour le Nupés, un certain Maxime Da Silva, Insoumis parachuté, politicien professionnel, attaché parlementaire du Député de l’Ariège Michel Larive (tout en étant conseiller municipal d’opposition à Pavilly). Je ne donnerai pas non plus ma voix à Christine de Cintré, conseillère municipale de Rouen, Socialiste dissidente, une insoumise en quelque sorte, bien que je me réjouisse de la voir désobéir. Les autres, je n’en parle même pas.
Un cœur de neufchâtel, c’est mon seul achat dominical.
*
En début d’après-midi j’écoute Signes des temps de Marc Weitzmann sur France Culture. Thomas Guénolé (politologue), Stéphanie Roza (spécialiste des Lumières et de la Révolution française.), Maud Le Rest (spécialiste de l’histoire des féminismes) et Fatima Benomar (co-fondatrice de #NousToutes) expliquent en quoi La France Insoumise est plus une secte qu’un parti et narrent leur mauvaise expérience avec celle-ci.
*
Remplacer à la tête du Ministère de l’Education Nationale l’épouvantable Jean-Michel Blanquer par son opposé Pap Ndiaye, ou comment draguer un million de fonctionnaires dans l’espoir qu’ils ne votent pas Nupés.
Pap Ndiaye sera-t-il encore Ministre dans le gouvernement Macron/Borne d’après les élections, ce n’est pas certain.
21 mai 2022
Pressé comme je l’étais d’avoir une nouvelle dose de rappel de vaccin Pfizer, j’ai eu un doute, la semaine dernière, au moment de prendre rendez-vous pour le lendemain du jour anniversaire du sixième mois de la précédente, soit ce vingt mai. En effet, l’efficacité de ce rappel sera maximale pendant les trois premiers mois, donc pendant l’été, quand le virus du Covid circulera le moins, et elle sera moindre à l’automne quand il reviendra. Ne devrais-je pas attendre la fin août ? Quand j’ai demandé à la secrétaire si le médecin pourrait me conseiller, elle m’a répondu : « Il ne vous dira jamais d’attendre. Imaginez que vous renonciez à la faire maintenant et que vous attrapiez la maladie dans quinze jours. »
J’ai donc renoncé à attendre et ai rendez-vous ce vendredi vingt à onze heures trente. Considérant la pluie orageuse qui tombe, je prends un bus Teor jusqu’à Théâtre des Arts puis le métro jusqu’à Boulingrin.
Je suis reçu par mon médecin traitant avec une petite demi-heure de retard. Il me confirme le propos de la secrétaire. « S’il le faut, on fera une cinquième dose en octobre », me dit-il.
Comme je n’ai eu aucun effet secondaire les fois précédentes, je m’inquiète des anticorps que je produis. Il n’y a aucun rapport entre les effets ressentis après la piqûre et la présence ou non d’anticorps, m’explique-t-il. Je lui demande aussi comment on sait que l’on est immunodéprimé. Uniquement par son vécu, me répond-il, si on enchaîne les rhumes et les bronchites par exemple, c’est un signe. Je ne sens absolument rien quand il me pique encore une fois en haut du bras gauche.
Le médecin imprime ensuite le document prouvant que j’ai été vacciné quatre sur quatre, lequel pourrait servir de nouveau passe vaccinal. Inutile que je reste un quart d’heure en salle d’attente puisque j’ai déjà été en contact avec ce vaccin.
Après l’avoir remercié, la pluie ayant provisoirement cessé, je redescends à pied, passant par le jardin de l’Hôtel de Ville dans lequel pique-niquent des élèves et des enseignants ayant choisi la mauvaise journée pour leur sortie scolaire.
Dans l’après-midi j’apprends que le Portugal est touché par une sixième vague due au variant BéA Cinq d’Omicron.
*
Je reçois une photo de Tous à l’ouest ! de S.J. Perelman (Le Dilettante), envoyée par un fidèle lecteur qui m’écrit. « Commandé dès que tu en as parlé. Je profite d’un trajet pour Nantes pour le commencer et j’adore ! Ça me rappelle Jérôme K. Jérôme ou O Henry. »
Ne suis-je pas moi aussi un influenceur ?
*
Lorsque nous sommes parfaitement heureux, pourquoi faut-il que le démon de l’action nous aiguillonne ? Voilà l’une des grandes limites de l’esprit humain. (S.J. Perelman Tous à l’ouest !)
J’ai donc renoncé à attendre et ai rendez-vous ce vendredi vingt à onze heures trente. Considérant la pluie orageuse qui tombe, je prends un bus Teor jusqu’à Théâtre des Arts puis le métro jusqu’à Boulingrin.
Je suis reçu par mon médecin traitant avec une petite demi-heure de retard. Il me confirme le propos de la secrétaire. « S’il le faut, on fera une cinquième dose en octobre », me dit-il.
Comme je n’ai eu aucun effet secondaire les fois précédentes, je m’inquiète des anticorps que je produis. Il n’y a aucun rapport entre les effets ressentis après la piqûre et la présence ou non d’anticorps, m’explique-t-il. Je lui demande aussi comment on sait que l’on est immunodéprimé. Uniquement par son vécu, me répond-il, si on enchaîne les rhumes et les bronchites par exemple, c’est un signe. Je ne sens absolument rien quand il me pique encore une fois en haut du bras gauche.
Le médecin imprime ensuite le document prouvant que j’ai été vacciné quatre sur quatre, lequel pourrait servir de nouveau passe vaccinal. Inutile que je reste un quart d’heure en salle d’attente puisque j’ai déjà été en contact avec ce vaccin.
Après l’avoir remercié, la pluie ayant provisoirement cessé, je redescends à pied, passant par le jardin de l’Hôtel de Ville dans lequel pique-niquent des élèves et des enseignants ayant choisi la mauvaise journée pour leur sortie scolaire.
Dans l’après-midi j’apprends que le Portugal est touché par une sixième vague due au variant BéA Cinq d’Omicron.
*
Je reçois une photo de Tous à l’ouest ! de S.J. Perelman (Le Dilettante), envoyée par un fidèle lecteur qui m’écrit. « Commandé dès que tu en as parlé. Je profite d’un trajet pour Nantes pour le commencer et j’adore ! Ça me rappelle Jérôme K. Jérôme ou O Henry. »
Ne suis-je pas moi aussi un influenceur ?
*
Lorsque nous sommes parfaitement heureux, pourquoi faut-il que le démon de l’action nous aiguillonne ? Voilà l’une des grandes limites de l’esprit humain. (S.J. Perelman Tous à l’ouest !)
20 mai 2022
Désormais, chez Book-Off, je ne suis plus en concurrence avec les acheteurs de livres par scannage du code barre (ils espéraient une revente aisée et ont été échaudés). C’est donc sans avoir envie de tuer quiconque que je prélève les livres à un euro qui m’intéressent dans les différents rayonnages, de quoi être content et lourdement chargé. Devant moi, au moment de payer, est un autre client à panier plein de livres à un euro. La façon dont il les a choisis me laisse perplexe, en deux minutes au hasard parmi les romans. Les destine-t-il à une maison de retraite ?
Il est midi moins le quart quand je m’installe à ma table préférée au Péhemmu chinois où je commande à la gentille serveuse provisoire mon habituel menu. J’apprends que la gentille serveuse titulaire a eu une fille et que tout va bien. A une table voisine discutent deux artisans d’art à la retraite qui travaillaient dans des lieux prestigieux (Versailles, Louvre, etc.) et pour des célébrités. Line Renaud chaque semaine donnait une enveloppe avec un gros billet à tous les ouvriers, raconte l’un. Ces deux-là me sont sympathiques, jusqu’à ce qu’ils évoquent leur vote à la Présidentielle.
Chargé de mes livres, sous un soleil pesant, je rejoins à pied le Port de l’Arsenal et m’y assois à l’ombre entouré d’une jeunesse pique-niquant. A ma gauche, on parle d’une application qui permet de matcher avec un chien. J’espérais être rejoint par celle qui travaille dans le coin mais des contraintes professionnelles l’empêchent. Je lis Disparations bucoliques de Michèle Lesbre (cet exemplaire dédicacé à Michel par l’auteure) qui narre une promenade en forêt pas très intéressante. En revanche, je me sens parfaitement décrit par le texte de présentation de la collection dans lequel il a paru, « le Cabinet des lettrés » :
Ceux qui aiment ardemment les livres constituent sans qu’ils le sachent une société secrète. Le plaisir de la lecture, la curiosité de tout et une médisance sans âge les rassemblent.
Leurs choix ne correspondent jamais à ceux des marchands, des professeurs ni des académies. Ils ne respectent pas le goût des autres et vont se loger plutôt dans les interstices et les replis, la solitude, les oublis, les confins du temps, les mœurs passionnées, les zones d’ombre.
Vers quatorze heures, je rejoins le Book-Off de Quatre Septembre à l’aide du bus Vingt-Neuf. Bus, trains, métros, depuis lundi le masque n’y est plus obligatoire, mais je garde le mien, comme un cinquième des passagers.
Au rez-de-chaussée de la boutique, j’ajoute quelques livres à un euro à mon butin du matin, puis monte à l’étage où sont ce qu’on appelle les beaux livres. Par la fenêtre donnant sur la rue Saint-Augustin j’aperçois une foule de plusieurs centaines de femmes et d’hommes empiétant sur la chaussée devant Algérie Ferries. Trois hommes en gilet jaune essaient d’organiser le désordre. Dans les livres à deux euros m’attendait le Paul Delvaux de Marc Rombaut (Albin Michel), un livre qui me rappelle ma visite du Musée consacré à ce peintre fasciné par les gares et les jeunes femmes nues, à Saint-Idesbald, en Belgique. C’était il y a des années, avec une mienne nièce, quand elle avait l’âge de celles qui posaient pour lui.
*
Parmi les livres de mercredi matin : Rue du Bac – Salut aux années Blondin de Denis Lalanne (La Petite Vermillon), Paris villages de Gil Jouanard (Editions du Laquet), Sois la bienvenue d’Alice Casado, sur la fille qu’eut d’une domestique René Char (Stock), Bonheurs quotidiens de Tatiana Roy, le journal de la femme de Jules Roy (Editions Tirésias), Lettres de non-motivation de Julien Prévieux (Zones), Mémoires parallèles de Gwenn-Aël Bolloré (Jean Picollec), Avec Bas Jan Ader de Thomas Giraud (La Contre Allée), Le Diable en France de Lion Feuchtwanger, sur son internement au camp des Milles (Poche Biblio) et Le Chéroub d’Irma Van Lawick (Phébus), roman de la fin du vingtième siècle dont l’aguiche en quatrième de couverture est la suivante : « Une gamine tout juste pubère, élevée entre un grand-père mystique, des tantes hargneuses vouées à une éternelle virginité et un oncle exalté qui lui fait découvrir les gestes interdits de la chair, se voue corps et âme à la poursuite du plaisir. »
*
Au Péhemmu chinois, les sets de table font la publicité des trains Nomad. Paris Trouville, Paris Mont Saint-Michel (en réalité le train ne va pas plus loin que Pontorson), Paris Giverny (en réalité le train ne va pas plus loin que Vernon). Le prix des billets est mis en avant. Rien n’est dit sur le temps qu’il faut. Celui-ci va encore augmenter cet été avec la fermeture de la ligne principale entre Mantes et Paris pour les travaux d’Eole. En juillet août, il faudra environ deux heures pour aller de Paris à Rouen par la ligne secondaire.
Il est midi moins le quart quand je m’installe à ma table préférée au Péhemmu chinois où je commande à la gentille serveuse provisoire mon habituel menu. J’apprends que la gentille serveuse titulaire a eu une fille et que tout va bien. A une table voisine discutent deux artisans d’art à la retraite qui travaillaient dans des lieux prestigieux (Versailles, Louvre, etc.) et pour des célébrités. Line Renaud chaque semaine donnait une enveloppe avec un gros billet à tous les ouvriers, raconte l’un. Ces deux-là me sont sympathiques, jusqu’à ce qu’ils évoquent leur vote à la Présidentielle.
Chargé de mes livres, sous un soleil pesant, je rejoins à pied le Port de l’Arsenal et m’y assois à l’ombre entouré d’une jeunesse pique-niquant. A ma gauche, on parle d’une application qui permet de matcher avec un chien. J’espérais être rejoint par celle qui travaille dans le coin mais des contraintes professionnelles l’empêchent. Je lis Disparations bucoliques de Michèle Lesbre (cet exemplaire dédicacé à Michel par l’auteure) qui narre une promenade en forêt pas très intéressante. En revanche, je me sens parfaitement décrit par le texte de présentation de la collection dans lequel il a paru, « le Cabinet des lettrés » :
Ceux qui aiment ardemment les livres constituent sans qu’ils le sachent une société secrète. Le plaisir de la lecture, la curiosité de tout et une médisance sans âge les rassemblent.
Leurs choix ne correspondent jamais à ceux des marchands, des professeurs ni des académies. Ils ne respectent pas le goût des autres et vont se loger plutôt dans les interstices et les replis, la solitude, les oublis, les confins du temps, les mœurs passionnées, les zones d’ombre.
Vers quatorze heures, je rejoins le Book-Off de Quatre Septembre à l’aide du bus Vingt-Neuf. Bus, trains, métros, depuis lundi le masque n’y est plus obligatoire, mais je garde le mien, comme un cinquième des passagers.
Au rez-de-chaussée de la boutique, j’ajoute quelques livres à un euro à mon butin du matin, puis monte à l’étage où sont ce qu’on appelle les beaux livres. Par la fenêtre donnant sur la rue Saint-Augustin j’aperçois une foule de plusieurs centaines de femmes et d’hommes empiétant sur la chaussée devant Algérie Ferries. Trois hommes en gilet jaune essaient d’organiser le désordre. Dans les livres à deux euros m’attendait le Paul Delvaux de Marc Rombaut (Albin Michel), un livre qui me rappelle ma visite du Musée consacré à ce peintre fasciné par les gares et les jeunes femmes nues, à Saint-Idesbald, en Belgique. C’était il y a des années, avec une mienne nièce, quand elle avait l’âge de celles qui posaient pour lui.
*
Parmi les livres de mercredi matin : Rue du Bac – Salut aux années Blondin de Denis Lalanne (La Petite Vermillon), Paris villages de Gil Jouanard (Editions du Laquet), Sois la bienvenue d’Alice Casado, sur la fille qu’eut d’une domestique René Char (Stock), Bonheurs quotidiens de Tatiana Roy, le journal de la femme de Jules Roy (Editions Tirésias), Lettres de non-motivation de Julien Prévieux (Zones), Mémoires parallèles de Gwenn-Aël Bolloré (Jean Picollec), Avec Bas Jan Ader de Thomas Giraud (La Contre Allée), Le Diable en France de Lion Feuchtwanger, sur son internement au camp des Milles (Poche Biblio) et Le Chéroub d’Irma Van Lawick (Phébus), roman de la fin du vingtième siècle dont l’aguiche en quatrième de couverture est la suivante : « Une gamine tout juste pubère, élevée entre un grand-père mystique, des tantes hargneuses vouées à une éternelle virginité et un oncle exalté qui lui fait découvrir les gestes interdits de la chair, se voue corps et âme à la poursuite du plaisir. »
*
Au Péhemmu chinois, les sets de table font la publicité des trains Nomad. Paris Trouville, Paris Mont Saint-Michel (en réalité le train ne va pas plus loin que Pontorson), Paris Giverny (en réalité le train ne va pas plus loin que Vernon). Le prix des billets est mis en avant. Rien n’est dit sur le temps qu’il faut. Celui-ci va encore augmenter cet été avec la fermeture de la ligne principale entre Mantes et Paris pour les travaux d’Eole. En juillet août, il faudra environ deux heures pour aller de Paris à Rouen par la ligne secondaire.
19 mai 2022
Mauvaise surprise ce mercredi en descendant sur le quai Deux de la Gare de Rouen, l’affichage annonce un train court en provenance du Havre, une seule rame au lieu de deux. Ce qui signifie que les réservations tombent et surtout que beaucoup voyageront debout.
Quand ce sept heures vingt-quatre arrive, j’ai la chance d’avoir face à moi une porte de première, ce qui me permet de rejoindre assez vite la voiture Trois et d’y trouver une place pour m’asseoir. Les derniers montés s’installent comme ils peuvent dans les marches et sur la plateforme.
Ce n’est que le début des ennuis. Notre train s’arrête en Gare de Gaillon Aubevoye en conséquence d’un dérangement d’installation électrique dans le secteur de Vernouillet. « Il semblerait que notre train arrivera à Paris Saint-Lazare avec un retard de trente minutes environ, je n’ai pas plus d’information », déclare la cheffe de bord. « Bah comment tu peux dire ça alors ! », peste ma voisine qui doit prendre un autre train ensuite.
Je lis Crimes exemplaires de Max Aub (Phébus Libretto). L’écrivain franco-allemand hispanophone (ayant surtout vécu en Espagne puis au Mexique) y explore les désirs de meurtre qui traversent l’esprit de chacun, un livre de circonstance.
Nous repartons au bout de vingt-trois minutes avec la promesse de rattraper une partie du temps perdu. Las, nouvel arrêt en Gare de Vernon Giverny car « les circulations ont repris mais petit à petit ». Cette cheffe de bord est assassinée par ma voisine qui ne s’arrête pas là. Quand nous arrivons à Paris avec un retard de cinquante-cinq minutes, ce qui fait un voyage bien long, surtout pour ceux qui étaient debout, tous les responsables de la Senecefe sont morts. Elle s’en prend même à la voix enregistrée qui nous souhaite une bonne journée.
Ce retard m’a permis d’aller au bout du livre de Max Aub. J'en rattrape une partie en optant pour le métro au lieu du bus. Il est un peu plus de dix heures quand je bois mon café au comptoir du Faubourg tandis que le patron discute avec le cuisinier. « Il faut supprimer le fish and chips de la carte, lui dit-il, je perds de l’argent et je ne peux tout de même pas le mettre à vingt ou vingt-deux euros. »
*
Deux meurtres signés Max Aub :
-Plutôt mourir ! me dit-elle. Et dire que ce que je voulais par-dessus tout c’était lui faire plaisir.
Personne ne peut se vanter de s’être moqué de moi. En tout cas pas celui-là.
*
De lui aussi, cette réjouissante remarque :
La serveuse, qui remuait les fesses comme si elle était la seule à en avoir…
Quand ce sept heures vingt-quatre arrive, j’ai la chance d’avoir face à moi une porte de première, ce qui me permet de rejoindre assez vite la voiture Trois et d’y trouver une place pour m’asseoir. Les derniers montés s’installent comme ils peuvent dans les marches et sur la plateforme.
Ce n’est que le début des ennuis. Notre train s’arrête en Gare de Gaillon Aubevoye en conséquence d’un dérangement d’installation électrique dans le secteur de Vernouillet. « Il semblerait que notre train arrivera à Paris Saint-Lazare avec un retard de trente minutes environ, je n’ai pas plus d’information », déclare la cheffe de bord. « Bah comment tu peux dire ça alors ! », peste ma voisine qui doit prendre un autre train ensuite.
Je lis Crimes exemplaires de Max Aub (Phébus Libretto). L’écrivain franco-allemand hispanophone (ayant surtout vécu en Espagne puis au Mexique) y explore les désirs de meurtre qui traversent l’esprit de chacun, un livre de circonstance.
Nous repartons au bout de vingt-trois minutes avec la promesse de rattraper une partie du temps perdu. Las, nouvel arrêt en Gare de Vernon Giverny car « les circulations ont repris mais petit à petit ». Cette cheffe de bord est assassinée par ma voisine qui ne s’arrête pas là. Quand nous arrivons à Paris avec un retard de cinquante-cinq minutes, ce qui fait un voyage bien long, surtout pour ceux qui étaient debout, tous les responsables de la Senecefe sont morts. Elle s’en prend même à la voix enregistrée qui nous souhaite une bonne journée.
Ce retard m’a permis d’aller au bout du livre de Max Aub. J'en rattrape une partie en optant pour le métro au lieu du bus. Il est un peu plus de dix heures quand je bois mon café au comptoir du Faubourg tandis que le patron discute avec le cuisinier. « Il faut supprimer le fish and chips de la carte, lui dit-il, je perds de l’argent et je ne peux tout de même pas le mettre à vingt ou vingt-deux euros. »
*
Deux meurtres signés Max Aub :
-Plutôt mourir ! me dit-elle. Et dire que ce que je voulais par-dessus tout c’était lui faire plaisir.
Personne ne peut se vanter de s’être moqué de moi. En tout cas pas celui-là.
*
De lui aussi, cette réjouissante remarque :
La serveuse, qui remuait les fesses comme si elle était la seule à en avoir…
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante