Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
3 juillet 2023
Un retour en pleine nuit pour le couple d’en dessous. Une courte séquence talons hauts sur carrelage et après au lit (pour dormir). Ce qui me permet une nuit correcte. Au réveil, c’est plein soleil.
Point de jeunesse saoule en terrasse ce dimanche au Mustang mais un pilier de comptoir qui l’est et fait fuir ses voisins. Le patron est en pétard et fait encore plus de bruit que ce poivrot en lui disant que s’il ne s’amende pas, il va le virer. Encore une fois, je ne m’attarde pas.
Par le bord de mer j’arrive au Poisson Rouge à neuf heures. « Salut », me dit le patron qui termine d’installer la terrasse. Mon café bu, je lis Le Club du suicide de Robert Louis Stevenson, un ouvrage constitué de trois contes des Nouvelles mille et nuits.
Vers onze heures je reviens du côté du Kasino par l’intérieur du bourg et me place au bout de la longue file d’attente qui déborde sur le trottoir devant le Fournil du Casino. Le boulanger arrivant avec sa camionnette, j’apprends en lisant ce qui est écrit dessus qu’il est le patron des trois boulangeries de la ville, Fournil du Casino, Fournil de Saint-Quay, Fournil du Port. Pour combler l’attente, il y a la musique du carrousel.
Mon tour enfin venu je prends la formule pan bagnat, tarte aux abricots, petite bouteille d’eau, à sept euros. Je traverse la place d’Armes et trouve une table en terrasse au Mustang pour une formule six huîtres verre de muscadet pain et beurre à huit euros cinquante qui m’est servie par Audrey la fille du patron, plus décontractée que son père (l’apprentie serveuse qui la secondait un dimanche n’est jamais revenue). Tandis que je déguste ces six huîtres passent les participant(e)s de la Quinocéenne, une course d’orientation applaudie par une partie de la clientèle du bar.
« A dimanche prochain », me dit Audrey quand je la paie. « Non, c’était la dernière » « Ah vous rentrez. Vous venez d’où ? » « Rouen » « C’est pas loin, vous reviendrez » « Je l’espère ». Je lui souhaite un bon été et vais continuer mon repas dominical sur un banc bleu au-dessus de la Grève Noire. La bande des vieilles et vieux propulsés grâce à l’électricité s’est élargie. C’est le moment où tout le monde se rhabille avec un certain manque de souplesse. Côté ciel, c’est devenu gris.
Vers treize heures je peux me percher au bord de la terrasse du Café de la Plage où je termine sans enthousiasme la lecture de la fiction de Stevenson. La littérature d’imagination ne me dit vraiment plus rien.
Depuis le temps que je passe devant l’Hôtel Saint-Quay, j’ai fini par remarquer une affichette qui annonce que s’y trouve une bouquinerie n’ouvrant que le ouiquennede à partir de quinze heures. C’est la gérante de l’hôtel qui m’y accueille. « On donne ce qu’on veut, entre un et dix euros, me dit-elle, l’important c’est que les livres circulent. » Je mets un certain temps avant de trouver un livre qui puisse me convenir, Fou de Vincent d’Hervé Guibert en grand format aux Editions de Minuit, pour lequel je donne deux euros à cette agréable hôtelière.
L’Hôtel Saint-Quay est un petit hôtel indépendant proche de la mer et des commerces. Il n’est pas très cher, soixante-dix-neuf euros la nuit pour la plus petite de ses chambres. C’est quand même plus du double de ce que je paie pour mon grand studio Air Bibi.
*
Que des couillus dans les rues pour piller incendier agresser détruire. Un bel exemple de masculinité toxique. Sandrine Rousseau ne le dénonce pas. Elle ne voit là qu’un effet de la pauvreté.
Point de jeunesse saoule en terrasse ce dimanche au Mustang mais un pilier de comptoir qui l’est et fait fuir ses voisins. Le patron est en pétard et fait encore plus de bruit que ce poivrot en lui disant que s’il ne s’amende pas, il va le virer. Encore une fois, je ne m’attarde pas.
Par le bord de mer j’arrive au Poisson Rouge à neuf heures. « Salut », me dit le patron qui termine d’installer la terrasse. Mon café bu, je lis Le Club du suicide de Robert Louis Stevenson, un ouvrage constitué de trois contes des Nouvelles mille et nuits.
Vers onze heures je reviens du côté du Kasino par l’intérieur du bourg et me place au bout de la longue file d’attente qui déborde sur le trottoir devant le Fournil du Casino. Le boulanger arrivant avec sa camionnette, j’apprends en lisant ce qui est écrit dessus qu’il est le patron des trois boulangeries de la ville, Fournil du Casino, Fournil de Saint-Quay, Fournil du Port. Pour combler l’attente, il y a la musique du carrousel.
Mon tour enfin venu je prends la formule pan bagnat, tarte aux abricots, petite bouteille d’eau, à sept euros. Je traverse la place d’Armes et trouve une table en terrasse au Mustang pour une formule six huîtres verre de muscadet pain et beurre à huit euros cinquante qui m’est servie par Audrey la fille du patron, plus décontractée que son père (l’apprentie serveuse qui la secondait un dimanche n’est jamais revenue). Tandis que je déguste ces six huîtres passent les participant(e)s de la Quinocéenne, une course d’orientation applaudie par une partie de la clientèle du bar.
« A dimanche prochain », me dit Audrey quand je la paie. « Non, c’était la dernière » « Ah vous rentrez. Vous venez d’où ? » « Rouen » « C’est pas loin, vous reviendrez » « Je l’espère ». Je lui souhaite un bon été et vais continuer mon repas dominical sur un banc bleu au-dessus de la Grève Noire. La bande des vieilles et vieux propulsés grâce à l’électricité s’est élargie. C’est le moment où tout le monde se rhabille avec un certain manque de souplesse. Côté ciel, c’est devenu gris.
Vers treize heures je peux me percher au bord de la terrasse du Café de la Plage où je termine sans enthousiasme la lecture de la fiction de Stevenson. La littérature d’imagination ne me dit vraiment plus rien.
Depuis le temps que je passe devant l’Hôtel Saint-Quay, j’ai fini par remarquer une affichette qui annonce que s’y trouve une bouquinerie n’ouvrant que le ouiquennede à partir de quinze heures. C’est la gérante de l’hôtel qui m’y accueille. « On donne ce qu’on veut, entre un et dix euros, me dit-elle, l’important c’est que les livres circulent. » Je mets un certain temps avant de trouver un livre qui puisse me convenir, Fou de Vincent d’Hervé Guibert en grand format aux Editions de Minuit, pour lequel je donne deux euros à cette agréable hôtelière.
L’Hôtel Saint-Quay est un petit hôtel indépendant proche de la mer et des commerces. Il n’est pas très cher, soixante-dix-neuf euros la nuit pour la plus petite de ses chambres. C’est quand même plus du double de ce que je paie pour mon grand studio Air Bibi.
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Que des couillus dans les rues pour piller incendier agresser détruire. Un bel exemple de masculinité toxique. Sandrine Rousseau ne le dénonce pas. Elle ne voit là qu’un effet de la pauvreté.
2 juillet 2023
Serait-ce un effet de l’arrivée prochaine des estivants ? La crêpe du Fournil du Casino est passée de soixante centimes à soixante-cinq centimes. Je le constate ce samedi matin en réglant mon achat. Le temps est gris, le vent souffle mais la pluie, après avoir tombé toute la nuit, a cessé. Au Mustang, les habitués parlent chasse, pêche et bracos, un sujet de peu d’intérêt pour moi.
Par le sentier du littoral je rejoins Port d’Armor qui sera le point de départ de la première étape du Tour de Bretagne à la Voile dimanche à dix-sept heures. Les bateaux identiques, les voiles noires, c’était pour ça. Cette fois ils sont tous arrivés et occupent l’emplacement habituel des bateaux de pêche qui ont été priés de s’amarrer ailleurs. Un village commercial a été installé avec sonorisation.
Je réserve une table aux Plaisanciers puis remonte dans le bourg jusqu’à la pharmacie renouveler des médicaments. Redescendu au Portrieux, j’arrive juste pour l’ouverture (neuf heures et demie aujourd’hui) du Poisson Rouge dont les vacances sont terminées.
-Tu veux un café ? me demande le patron.
Ce n’est pas la première fois qu’il me tutoie. Je m’arrange pour répondre sans utiliser de pronom personnel. Il est réputé avoir mauvais caractère. TripAdvisor en témoigne. C’est plutôt quelqu'un qui n’aime pas qu’on lui casse les pieds. Ce en quoi on se ressemble. Je commence ici la lecture du Club du suicide de Robert Louis Stevenson, un texte de fiction, ce qui en dit long sur la pénurie de livres à lire qui me touche, encore un ouvrage qui provient d’une boîte à livres.
A midi c’est boudin noir aux deux pommes aux Plaisanciers où je mange à l’intérieur à cause du vent frais. Parmi la clientèle du jour, des organisateurs et des commerçants du Tour de Bretagne à la Voile qui portent des vêtements avec écrit dans le dos qui ils sont. C’est ainsi que j’apprends que dans ce genre de compétition, il y a des arbitres.
Je choisis une tarte à je ne sais quoi sur le plateau de Miss Desserts, mais je ne peux plus l’appeler ainsi car chaque jour elle étend ses compétences. C’est elle qui m’a apporté le plat du jour. « Maintenant, on ouvre aussi le dimanche », me dit la patronne quand je paie mes vingt euros. Les estivants vont arriver.
Au Café de la Plage je dois me contenter du perchoir en retrait, trop de vent pour aller au bord. Pour me distraire de ma lecture, j’ai sur la mer une sortie d’entraînement des voiliers du Tour de Bretagne, beaucoup de voiles noires.
Ce sera une nuit avec occupation du logement Air Bibi du dessous. Des invités à un mariage si j’en juge par les vêtements dont ils sont affublés quand ils le quittent vers seize heures. A quelle heure et dans quel état rentreront-ils ? C’est ce qui déterminera la qualité de mon sommeil.
Par le sentier du littoral je rejoins Port d’Armor qui sera le point de départ de la première étape du Tour de Bretagne à la Voile dimanche à dix-sept heures. Les bateaux identiques, les voiles noires, c’était pour ça. Cette fois ils sont tous arrivés et occupent l’emplacement habituel des bateaux de pêche qui ont été priés de s’amarrer ailleurs. Un village commercial a été installé avec sonorisation.
Je réserve une table aux Plaisanciers puis remonte dans le bourg jusqu’à la pharmacie renouveler des médicaments. Redescendu au Portrieux, j’arrive juste pour l’ouverture (neuf heures et demie aujourd’hui) du Poisson Rouge dont les vacances sont terminées.
-Tu veux un café ? me demande le patron.
Ce n’est pas la première fois qu’il me tutoie. Je m’arrange pour répondre sans utiliser de pronom personnel. Il est réputé avoir mauvais caractère. TripAdvisor en témoigne. C’est plutôt quelqu'un qui n’aime pas qu’on lui casse les pieds. Ce en quoi on se ressemble. Je commence ici la lecture du Club du suicide de Robert Louis Stevenson, un texte de fiction, ce qui en dit long sur la pénurie de livres à lire qui me touche, encore un ouvrage qui provient d’une boîte à livres.
A midi c’est boudin noir aux deux pommes aux Plaisanciers où je mange à l’intérieur à cause du vent frais. Parmi la clientèle du jour, des organisateurs et des commerçants du Tour de Bretagne à la Voile qui portent des vêtements avec écrit dans le dos qui ils sont. C’est ainsi que j’apprends que dans ce genre de compétition, il y a des arbitres.
Je choisis une tarte à je ne sais quoi sur le plateau de Miss Desserts, mais je ne peux plus l’appeler ainsi car chaque jour elle étend ses compétences. C’est elle qui m’a apporté le plat du jour. « Maintenant, on ouvre aussi le dimanche », me dit la patronne quand je paie mes vingt euros. Les estivants vont arriver.
Au Café de la Plage je dois me contenter du perchoir en retrait, trop de vent pour aller au bord. Pour me distraire de ma lecture, j’ai sur la mer une sortie d’entraînement des voiliers du Tour de Bretagne, beaucoup de voiles noires.
Ce sera une nuit avec occupation du logement Air Bibi du dessous. Des invités à un mariage si j’en juge par les vêtements dont ils sont affublés quand ils le quittent vers seize heures. A quelle heure et dans quel état rentreront-ils ? C’est ce qui déterminera la qualité de mon sommeil.
1er juillet 2023
Une nouvelle journée à pluies éparses est annoncée pour ce vendredi, mais le temps est encore sec quand j’attends le car BreizhGo terminus Paimpol de sept heures quarante-huit. Je veux revoir ce port sans les manèges de fête foraine qui le défigurait l’autre fois.
Sur la route, c’est une véritable explosion d’hortensias, notamment dans la descente vers Lanloup.
Il ne pleut toujours pas quand, après un petit-déjeuner composé de deux pains au chocolat de La Fournée et d’un allongé de L’Epoque, je fais le tour de ce beau port qui abrite des navires fort variés, bateaux de pêche, voiliers (dont l’un qui a pour nom Bel Ami), vieux gréement nommé Ruth.
Je poursuis jusqu’à la plage où, après une dernière photo de bateaux ostréicoles avec en fond la tour de Kerroc'h à Ploubazlanec, voici que tombent les premières gouttes.
Elles me ramènent au port où je prends un deuxième café sous l’auvent, avec vue sur les bateaux, du Bistrot Gourmand. Derrière moi s’installent des vieilles et des vieux qui partaient dessiner sur le motif avec leur prof et leur siège pliant. Changement de programme : on dessine le port de la table du café, une activité peu bruyante, qui ne me gêne pas pour finir Maximes et Réflexions de La Rochefoucauld.
L’ouvrage se termine par une biographie de l’auteur, sans doute due à S. de Sacy, responsable de l’édition du Livre de Poche. J’aime beaucoup la façon dont est évoquée la vie maritale de La Rochefoucauld : Agé de quatorze ans, il épouse Andrée de Vivienne. Il ne la négligera pas tout à fait, puisqu’il lui fera huit enfants, mais elle ne semble guère avoir laissé d’autre trace dans sa vie.
Vers onze heures, je fais quelques courses chez Carrefour City puis je repasse à La Fournée où, pour huit euros, j’achète un pan bagnat au saumon et un kouign-amann individuel que je destine à un pique-nique dans mon logis provisoire.
C’est avec le car de douze heures cinq que je veux rentrer. Je l’attends devant un troisième café au Nelson Kafé. Au comptoir, la discussion entre le patron et sa clientèle est sans équivoque : « Charles Martel, il a arrêté les Arabes à Poitiers et maintenant y en a partout ». « Deux peuples ensemble sur le même territoire, ça peut pas marcher »
-Bon, conclut l’un, je vais aller faite mes courses à Leclerc avant qu’y flambe.
*
Une fois encore, cela a commencé par une révolte d’indignation après qu’un jeune a été tué par un membre de la Police et ça débouche sur le pillage des boutiques.
Ces branlotins des banlieues sont fascinés par la marchandise et en agissant ainsi, ils justifient le fait que la Police les contrôle plus que les autres jeunes.
Inutile de préciser à qui cela va profiter en deux mille vingt-sept.
Sur la route, c’est une véritable explosion d’hortensias, notamment dans la descente vers Lanloup.
Il ne pleut toujours pas quand, après un petit-déjeuner composé de deux pains au chocolat de La Fournée et d’un allongé de L’Epoque, je fais le tour de ce beau port qui abrite des navires fort variés, bateaux de pêche, voiliers (dont l’un qui a pour nom Bel Ami), vieux gréement nommé Ruth.
Je poursuis jusqu’à la plage où, après une dernière photo de bateaux ostréicoles avec en fond la tour de Kerroc'h à Ploubazlanec, voici que tombent les premières gouttes.
Elles me ramènent au port où je prends un deuxième café sous l’auvent, avec vue sur les bateaux, du Bistrot Gourmand. Derrière moi s’installent des vieilles et des vieux qui partaient dessiner sur le motif avec leur prof et leur siège pliant. Changement de programme : on dessine le port de la table du café, une activité peu bruyante, qui ne me gêne pas pour finir Maximes et Réflexions de La Rochefoucauld.
L’ouvrage se termine par une biographie de l’auteur, sans doute due à S. de Sacy, responsable de l’édition du Livre de Poche. J’aime beaucoup la façon dont est évoquée la vie maritale de La Rochefoucauld : Agé de quatorze ans, il épouse Andrée de Vivienne. Il ne la négligera pas tout à fait, puisqu’il lui fera huit enfants, mais elle ne semble guère avoir laissé d’autre trace dans sa vie.
Vers onze heures, je fais quelques courses chez Carrefour City puis je repasse à La Fournée où, pour huit euros, j’achète un pan bagnat au saumon et un kouign-amann individuel que je destine à un pique-nique dans mon logis provisoire.
C’est avec le car de douze heures cinq que je veux rentrer. Je l’attends devant un troisième café au Nelson Kafé. Au comptoir, la discussion entre le patron et sa clientèle est sans équivoque : « Charles Martel, il a arrêté les Arabes à Poitiers et maintenant y en a partout ». « Deux peuples ensemble sur le même territoire, ça peut pas marcher »
-Bon, conclut l’un, je vais aller faite mes courses à Leclerc avant qu’y flambe.
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Une fois encore, cela a commencé par une révolte d’indignation après qu’un jeune a été tué par un membre de la Police et ça débouche sur le pillage des boutiques.
Ces branlotins des banlieues sont fascinés par la marchandise et en agissant ainsi, ils justifient le fait que la Police les contrôle plus que les autres jeunes.
Inutile de préciser à qui cela va profiter en deux mille vingt-sept.
30 juin 2023
S’il pleut, j’irai à Saint-Brieuc, me suis-je dit. Il pleut toute la nuit et il pleut encore un peu ce jeudi matin quand je rejoins l’arrêt de car La Vallée. Seulement alors que j’attends le car de sept heures trente-sept, cela cesse, même si le ciel reste gris. Aussi je change d’avis en route et descends à Binic où c’est jour de marché.
Celui-ci se tient sur la place devant Le Narval et dans la rue intérieure jusqu’à l’église. On y trouve certains des marchands présents hier à Plouha.
Je petit-déjeune au Narval où la clientèle est conséquente. A une table proche de la mienne, quatre vieux en chorte parlent des émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel, tué par un motard de la Police à Nanterre. Ils s’en prennent à Kilian M’Bappé. « J’ai mal à ma France » Qu’est-ce qu'il en sait, lui, de la France ?
Je m’en aperçois à chaque passage : Binic est photogénique. Elle m’inspire de nouvelles photos quand je parcours à nouveau son port et sa plage.
Le temps qui devait être mauvais s’améliore. Le soleil revient. Je vais lire un peu au Chaland Qui Passe. Près de moi est une quinquagénaire qui a sympathisé avec un trentenaire qui cherche un emploi dans le bâtiment sans en trouver. Il campe sur un terrain municipal. Avec l’arrivée des vacances scolaires, toutes les places sont réservées. Il va devoir partir. « Tu vas bien trouver un endroit où mettre ta tente », lui dit-elle. « Justement, je comptais te demander de l’installer chez toi, dans ton jardin. » Elle est bien ennuyée et invente une histoire de règlement le lui interdisant.
A midi, je choisis de déjeuner à la Cabane aux Crabes qui fait face à l’entrée du port. On y propose une formule demi-homard frites légumes dessert à vingt-neuf euros. A quoi j’ajoute un verre de muscadet à quatre euros soixante.
Je suis déjà venu ici. On y employait le maillet contre les crustacés. Ce n’est plus le cas. Quand ma moitié de homard arrive, je la trouve bien petite. Quand elle est mangée, mon avis sur le homard est conforté, c’est peu de chose, c’est peu de goût. Le dessert, une mousse au chocolat blanc, ne rattrape pas l’affaire.
Je remonte l’alignement de restaurants jusqu’au Narval, traverse la place où le marché se termine et arrive à l’arrêt de car en même temps qu’un BreizhGo numéro Un. C’est celui de douze heures cinquante qui a quinze minutes de retard. Il me permet d’être perché au Café de la Plage plus tôt que prévu mais je ne peux y rester qu’une heure à cause du vent trop frais.
*
Retour à la raison pour le Maire de Dieppe, Nicolas Langlois, Communiste, et donc retour à l’affiche initiale pour le festival de bande dessinée, celle avec le léger décolleté.
Celui-ci se tient sur la place devant Le Narval et dans la rue intérieure jusqu’à l’église. On y trouve certains des marchands présents hier à Plouha.
Je petit-déjeune au Narval où la clientèle est conséquente. A une table proche de la mienne, quatre vieux en chorte parlent des émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel, tué par un motard de la Police à Nanterre. Ils s’en prennent à Kilian M’Bappé. « J’ai mal à ma France » Qu’est-ce qu'il en sait, lui, de la France ?
Je m’en aperçois à chaque passage : Binic est photogénique. Elle m’inspire de nouvelles photos quand je parcours à nouveau son port et sa plage.
Le temps qui devait être mauvais s’améliore. Le soleil revient. Je vais lire un peu au Chaland Qui Passe. Près de moi est une quinquagénaire qui a sympathisé avec un trentenaire qui cherche un emploi dans le bâtiment sans en trouver. Il campe sur un terrain municipal. Avec l’arrivée des vacances scolaires, toutes les places sont réservées. Il va devoir partir. « Tu vas bien trouver un endroit où mettre ta tente », lui dit-elle. « Justement, je comptais te demander de l’installer chez toi, dans ton jardin. » Elle est bien ennuyée et invente une histoire de règlement le lui interdisant.
A midi, je choisis de déjeuner à la Cabane aux Crabes qui fait face à l’entrée du port. On y propose une formule demi-homard frites légumes dessert à vingt-neuf euros. A quoi j’ajoute un verre de muscadet à quatre euros soixante.
Je suis déjà venu ici. On y employait le maillet contre les crustacés. Ce n’est plus le cas. Quand ma moitié de homard arrive, je la trouve bien petite. Quand elle est mangée, mon avis sur le homard est conforté, c’est peu de chose, c’est peu de goût. Le dessert, une mousse au chocolat blanc, ne rattrape pas l’affaire.
Je remonte l’alignement de restaurants jusqu’au Narval, traverse la place où le marché se termine et arrive à l’arrêt de car en même temps qu’un BreizhGo numéro Un. C’est celui de douze heures cinquante qui a quinze minutes de retard. Il me permet d’être perché au Café de la Plage plus tôt que prévu mais je ne peux y rester qu’une heure à cause du vent trop frais.
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Retour à la raison pour le Maire de Dieppe, Nicolas Langlois, Communiste, et donc retour à l’affiche initiale pour le festival de bande dessinée, celle avec le léger décolleté.
29 juin 2023
Le jour est venu, un mercredi parce que c’est le marché, de m’attaquer au gros morceau qu’est Plouha, une commune très étendue dont le centre est loin de la mer.
Ce marché n’est pas encore totalement installé lorsque le car BreizhGo direction Paimpol me dépose à l’arrêt La Poste. Si celle-ci est discrète, l’église se fait bien voir, mais elle est quelconque.
Au Fournil de la Poste, j’achète un pain au chocolat (un euro vingt) et commande à La Taverne, juste à côté, un allongé verre d’eau à un euro trente.
L’Office de Tourisme est à deux pas. Une employée me confirme que pour aller au port de Gwin Segal ou à la plage du Palus, il faut marcher longtemps sur une route qui descend et qu’il faudra remonter. De même est inatteignable la chapelle Kermaria an Isquit connue pour sa danse macabre. Un fidèle lecteur me l’a recommandée, m’écrivant qu’autrefois on allait chercher la clé chez la voisine, ce que dit aussi mon Guide du Routard Bretagne Nord de deux mille huit. Aujourd’hui, plus de clé chez la voisine, il faut prendre rendez-vous par téléphone. Ce qui rend la chose moins excitante. Quoi qu’il en soit, trois kilomètres pour aller et trois kilomètres pour revenir, cela aurait été trop pour moi. Je reste donc dans le bourg qui n’a pas grand-chose à offrir, hormis la vue de son marché fréquenté par des Breton(ne)s pur cidre.
Pour bien les observer, je m’installe à la terrasse de La Taverne où je bois un deuxième café. Vers onze heures, c’est la foule. J’ai près de moi une marchande de pinces à linge « Allez ! Des pinces à linge de qualité ! Profitez ! » Cela se vend, mais peu. Des files d’attente se forment à d’autres endroits. Y compris devant certaines boutiques du pays, comme je le constate en refaisant un tour.
Il y en a une qui est fermée, la poissonnerie derrière l’église, et si file d’attente il y a devant, c’est pour lire l’avis de décès affiché sur le rideau baissé. Le poissonnier vient de mourir. D’une crise cardiaque sur son voilier, dit l’un. Un grand marcheur pourtant, dit une autre. Il laisse une veuve de trente-quatre ans et deux jeunes enfants. « Ça fait drôle » « On n’est pas grand-chose » « J’allais le dire ».
A midi, je vais au Rest’o qui affiche un menu ouvrier. La salle est triste, la musique disco, les ouvriers seuls ou à deux, le menu à quatorze euros, une tarte provençale maison (bonne), un fish and chips (où je laisse la moitié des frites industrielles), une mousse au chocolat (acceptable), le quart de vin blanc est à trois euros.
Je rejoins La Taverne à l’heure où au marché on déshabille les mannequins. La vendeuse de pinces à linge est déjà partie. J’ai le temps de finir mon café en terrasse avant que ne tombent quelques gouttes. Il est bientôt l’heure du car de retour. Celui-ci me laisse à Kertugal, le quartier de Saint-Quay où se situe mon logis provisoire.
*
Il y a aussi, à Plouha, Babelle « librairie salon de thé » et La Barbe « café culture » mais ces lieux ne m’attirent pas. Je préfère La Taverne, où quand une femme pose sa cigarette dans le cendrier que j’ai repoussé au coin de ma table, sa fille la reprend en disant : « Attends, le monsieur, y fume peut-être pas, tu vas lui mettre la fumée dans la goule ».
*
Quelle tristesse cette ville de Dieppe qui fait refaire l’affiche de son festival de bande dessinée parce qu’on y voyait une jeune femme en léger décolleté appuyée sur deux piles de livres. L’auteur du dessin a accepté d’ajouter une troisième pile de livres ne reposant sur rien pour cacher ce début de seins qu’on ne saurait voir.
J’en connais qui auraient protesté il y a quelques années et qui ne disent plus rien aujourd’hui, ayant eu, elles aussi, eux aussi, le cerveau grignoté par les injonctions du nouvel ordre moral ou bien qui ont désormais peur de donner leur avis.
Ce marché n’est pas encore totalement installé lorsque le car BreizhGo direction Paimpol me dépose à l’arrêt La Poste. Si celle-ci est discrète, l’église se fait bien voir, mais elle est quelconque.
Au Fournil de la Poste, j’achète un pain au chocolat (un euro vingt) et commande à La Taverne, juste à côté, un allongé verre d’eau à un euro trente.
L’Office de Tourisme est à deux pas. Une employée me confirme que pour aller au port de Gwin Segal ou à la plage du Palus, il faut marcher longtemps sur une route qui descend et qu’il faudra remonter. De même est inatteignable la chapelle Kermaria an Isquit connue pour sa danse macabre. Un fidèle lecteur me l’a recommandée, m’écrivant qu’autrefois on allait chercher la clé chez la voisine, ce que dit aussi mon Guide du Routard Bretagne Nord de deux mille huit. Aujourd’hui, plus de clé chez la voisine, il faut prendre rendez-vous par téléphone. Ce qui rend la chose moins excitante. Quoi qu’il en soit, trois kilomètres pour aller et trois kilomètres pour revenir, cela aurait été trop pour moi. Je reste donc dans le bourg qui n’a pas grand-chose à offrir, hormis la vue de son marché fréquenté par des Breton(ne)s pur cidre.
Pour bien les observer, je m’installe à la terrasse de La Taverne où je bois un deuxième café. Vers onze heures, c’est la foule. J’ai près de moi une marchande de pinces à linge « Allez ! Des pinces à linge de qualité ! Profitez ! » Cela se vend, mais peu. Des files d’attente se forment à d’autres endroits. Y compris devant certaines boutiques du pays, comme je le constate en refaisant un tour.
Il y en a une qui est fermée, la poissonnerie derrière l’église, et si file d’attente il y a devant, c’est pour lire l’avis de décès affiché sur le rideau baissé. Le poissonnier vient de mourir. D’une crise cardiaque sur son voilier, dit l’un. Un grand marcheur pourtant, dit une autre. Il laisse une veuve de trente-quatre ans et deux jeunes enfants. « Ça fait drôle » « On n’est pas grand-chose » « J’allais le dire ».
A midi, je vais au Rest’o qui affiche un menu ouvrier. La salle est triste, la musique disco, les ouvriers seuls ou à deux, le menu à quatorze euros, une tarte provençale maison (bonne), un fish and chips (où je laisse la moitié des frites industrielles), une mousse au chocolat (acceptable), le quart de vin blanc est à trois euros.
Je rejoins La Taverne à l’heure où au marché on déshabille les mannequins. La vendeuse de pinces à linge est déjà partie. J’ai le temps de finir mon café en terrasse avant que ne tombent quelques gouttes. Il est bientôt l’heure du car de retour. Celui-ci me laisse à Kertugal, le quartier de Saint-Quay où se situe mon logis provisoire.
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Il y a aussi, à Plouha, Babelle « librairie salon de thé » et La Barbe « café culture » mais ces lieux ne m’attirent pas. Je préfère La Taverne, où quand une femme pose sa cigarette dans le cendrier que j’ai repoussé au coin de ma table, sa fille la reprend en disant : « Attends, le monsieur, y fume peut-être pas, tu vas lui mettre la fumée dans la goule ».
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Quelle tristesse cette ville de Dieppe qui fait refaire l’affiche de son festival de bande dessinée parce qu’on y voyait une jeune femme en léger décolleté appuyée sur deux piles de livres. L’auteur du dessin a accepté d’ajouter une troisième pile de livres ne reposant sur rien pour cacher ce début de seins qu’on ne saurait voir.
J’en connais qui auraient protesté il y a quelques années et qui ne disent plus rien aujourd’hui, ayant eu, elles aussi, eux aussi, le cerveau grignoté par les injonctions du nouvel ordre moral ou bien qui ont désormais peur de donner leur avis.
28 juin 2023
Ce mardi matin, sous un ciel gris, je descends la rue de la Lande jusqu’à sa fin, prends à gauche la départementale, heureusement pas trop fréquentée à cette heure, et au bout de quelques centaines de mètres, derrière un bouquet d’arbres, aperçois le Moulin Saint-Michel. Il a fière allure, ce moulin à vent datant de mil huit cent trente, restauré comme il a été. J’en fais le tour, ne peux évidemment pas y entrer. De la butte où il a été construit, on voit la mer au loin.
Je traverse la départementale sur un passage pour piétons où il ne faut pas se croire prioritaire et prends la rue du Moulin-Saint-Michel qui descend tout droit jusqu’à la place d’Armes où se trouvent Le Fournil du Casino et Le Mustang. Surprise, en vue de l’arrivée des estivants, un carrousel va y être installé. « On va pouvoir faire des tours de manège », commente un habitué du troquet.
Mon petit-déjeuner terminé, je rejoins le chemin des douaniers et y croise un photographe bien équipé. Là où le sentier semble tomber dans la mer, je surplombe un bateau dans lequel trois pêcheurs remontent des casiers. Une petite pause sur un banc du port et je reviens à mon point de départ par l’intérieur du bourg.
Sur la plage du Casino personne d’autre à dix heures qu’un chercheur de métaux. Après un café lecture au Café de la Plage, j’y déjeune du menu du jour : gaspacho de melon à l’estragon, sandwich façon pastrami maison frites salade et brioche perdue, banane flambée et glace mangue. Les trois sont fort bons. Mes dix-neuf euros réglés, je retourne à mon perchoir pour le café. J’en ai fini avec les maximes de La Rochefoucauld, j’en suis à ses réflexions qui parfois entraînent les miennes.
*
Un quinquagénaire photographiant sa femme sur fond de mer. Une jeune femme : « Vous voulez que je vous prenne tous les deux ? » Il lui passe son smartphone et va se placer près de son épouse. La jeune femme : « Un p’tit sourire, monsieur ? Un p’tit geste ? Quelque chose ? »
*
« Je vais mourir. » (une collégienne trouvant fermée la confiserie Ker Suçons)
Je traverse la départementale sur un passage pour piétons où il ne faut pas se croire prioritaire et prends la rue du Moulin-Saint-Michel qui descend tout droit jusqu’à la place d’Armes où se trouvent Le Fournil du Casino et Le Mustang. Surprise, en vue de l’arrivée des estivants, un carrousel va y être installé. « On va pouvoir faire des tours de manège », commente un habitué du troquet.
Mon petit-déjeuner terminé, je rejoins le chemin des douaniers et y croise un photographe bien équipé. Là où le sentier semble tomber dans la mer, je surplombe un bateau dans lequel trois pêcheurs remontent des casiers. Une petite pause sur un banc du port et je reviens à mon point de départ par l’intérieur du bourg.
Sur la plage du Casino personne d’autre à dix heures qu’un chercheur de métaux. Après un café lecture au Café de la Plage, j’y déjeune du menu du jour : gaspacho de melon à l’estragon, sandwich façon pastrami maison frites salade et brioche perdue, banane flambée et glace mangue. Les trois sont fort bons. Mes dix-neuf euros réglés, je retourne à mon perchoir pour le café. J’en ai fini avec les maximes de La Rochefoucauld, j’en suis à ses réflexions qui parfois entraînent les miennes.
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Un quinquagénaire photographiant sa femme sur fond de mer. Une jeune femme : « Vous voulez que je vous prenne tous les deux ? » Il lui passe son smartphone et va se placer près de son épouse. La jeune femme : « Un p’tit sourire, monsieur ? Un p’tit geste ? Quelque chose ? »
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« Je vais mourir. » (une collégienne trouvant fermée la confiserie Ker Suçons)
27 juin 2023
Soleil et fraîcheur sont de nouveau là ce lundi tandis que je descends vers Le Fournil du Casino et le Mustang. Dans ce dernier, les habitué(e)s parlent des enivré(e)s d’hier matin :
-Y en avait deux qui dormaient dans leur voiture, la bouche ouverte.
-Y sont marrants.
-Tant que c’est pas les nôtres.
-Les nôtres, y feraient pas ça ici.
Sur le sentier de randonnée, je m’intéresse au Château de Calan. En passant par la venelle de la Comtesse je vais voir de plus près ce bâtiment que certains désignent abusivement par le nom d’Hôtel Ker Moor alors que cet hôtel, sous ses pieds, n’a rien à voir avec lui. Personnellement, à la suite de l’ami d’Orléans, je l’appelle la turquerie.
Difficile de s’en approcher, cela ne peut se faire que par les parquignes de l’hôtel et certains sont fermés avec digicode. Je fais néanmoins quelques photos. C’est le comte de Calan, ancien diplomate au Moyen-Orient, qui lança sa construction en mil huit cent quatre-vingt, laquelle fut poursuivie par le deuxième propriétaire, un amateur du style mauresque en vogue depuis l’exposition universelle de dix-neuf cent. Une partie de la décoration intérieure est due au célèbre mosaïste Odorico. Je n’en verrai rien.
A mon arrivée au Portrieux, je vais à la supérette acheter du thé et me trouve à la caisse derrière la pénible de service, une femme à casquette montmartroise, qui en a pour cinquante-trois euros, surtout du jambon rose et d’Aoste. C’est pour son chien qui a retrouvé l’appétit. Elle ne trouve pas sa carte bancaire et quand elle l’a enfin, n’est pas sûre de son code. Même l’épicier en a marre : « Tu me fais le coup à chaque fois », lui dit-il. Quand c’est enfin mon tour, je donne mon euro quarante-cinq que j’ai eu le temps de préparer et la contourne. A part son clébard nourri au jambon, je ne vois pas qui pourrait la supporter.
Je retrouve le calme à la terrasse des Plaisanciers. Dans le port sont alignés des voiliers identiques qui présagent d’une course prochaine. A une table voisine boivent des cafés six employés de l’agglo de Saint-Brieuc (c’est écrit dans leur dos). C’est aussi ici que je déjeune à midi.
Je retrouve ensuite mon perchoir du Café de la Plage. « J’ai pris le risque », me dit la gentille serveuse en m’apportant un café verre d’eau à peine suis-je installé. Ce n’était pas un grand risque. A l’horizon naviguent quatre bateaux à voile noire, une couleur peu courante dans ce milieu. Je passe un moment avec La Rochefoucauld dont les maximes, souvent construites sur des paradoxes, sont pour moi d’inégal intérêt. Sa plus courte : Peu de gens savent être vieux.
*
Pas loin du Château de Calan est un beau bâtiment blanc et rouge nommé Bretania, une résidence appart hôtel gérée par l’Association Nationale d’Action Sociale des personnels de la Police Nationale et du Ministère de l’Intérieur. On y a accueilli des réfugiés ukrainiens, surtout des femmes et des enfants. Je ne sais pas s’ils y sont encore.
*
La patronne des Plaisanciers à un saisonnier pas très performant : « Un jour, je te féliciterai, mais je ne sais pas quand ».
*
L’affichette du jour de La Presse d’Armor : « L’été s’annonce compliqué ».
-Y en avait deux qui dormaient dans leur voiture, la bouche ouverte.
-Y sont marrants.
-Tant que c’est pas les nôtres.
-Les nôtres, y feraient pas ça ici.
Sur le sentier de randonnée, je m’intéresse au Château de Calan. En passant par la venelle de la Comtesse je vais voir de plus près ce bâtiment que certains désignent abusivement par le nom d’Hôtel Ker Moor alors que cet hôtel, sous ses pieds, n’a rien à voir avec lui. Personnellement, à la suite de l’ami d’Orléans, je l’appelle la turquerie.
Difficile de s’en approcher, cela ne peut se faire que par les parquignes de l’hôtel et certains sont fermés avec digicode. Je fais néanmoins quelques photos. C’est le comte de Calan, ancien diplomate au Moyen-Orient, qui lança sa construction en mil huit cent quatre-vingt, laquelle fut poursuivie par le deuxième propriétaire, un amateur du style mauresque en vogue depuis l’exposition universelle de dix-neuf cent. Une partie de la décoration intérieure est due au célèbre mosaïste Odorico. Je n’en verrai rien.
A mon arrivée au Portrieux, je vais à la supérette acheter du thé et me trouve à la caisse derrière la pénible de service, une femme à casquette montmartroise, qui en a pour cinquante-trois euros, surtout du jambon rose et d’Aoste. C’est pour son chien qui a retrouvé l’appétit. Elle ne trouve pas sa carte bancaire et quand elle l’a enfin, n’est pas sûre de son code. Même l’épicier en a marre : « Tu me fais le coup à chaque fois », lui dit-il. Quand c’est enfin mon tour, je donne mon euro quarante-cinq que j’ai eu le temps de préparer et la contourne. A part son clébard nourri au jambon, je ne vois pas qui pourrait la supporter.
Je retrouve le calme à la terrasse des Plaisanciers. Dans le port sont alignés des voiliers identiques qui présagent d’une course prochaine. A une table voisine boivent des cafés six employés de l’agglo de Saint-Brieuc (c’est écrit dans leur dos). C’est aussi ici que je déjeune à midi.
Je retrouve ensuite mon perchoir du Café de la Plage. « J’ai pris le risque », me dit la gentille serveuse en m’apportant un café verre d’eau à peine suis-je installé. Ce n’était pas un grand risque. A l’horizon naviguent quatre bateaux à voile noire, une couleur peu courante dans ce milieu. Je passe un moment avec La Rochefoucauld dont les maximes, souvent construites sur des paradoxes, sont pour moi d’inégal intérêt. Sa plus courte : Peu de gens savent être vieux.
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Pas loin du Château de Calan est un beau bâtiment blanc et rouge nommé Bretania, une résidence appart hôtel gérée par l’Association Nationale d’Action Sociale des personnels de la Police Nationale et du Ministère de l’Intérieur. On y a accueilli des réfugiés ukrainiens, surtout des femmes et des enfants. Je ne sais pas s’ils y sont encore.
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La patronne des Plaisanciers à un saisonnier pas très performant : « Un jour, je te féliciterai, mais je ne sais pas quand ».
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L’affichette du jour de La Presse d’Armor : « L’été s’annonce compliqué ».
26 juin 2023
Ce dimanche, vers sept heures et demie, Le Mustang a son lot de jeunes excités alcoolisés, des petits bourges venus de L’Etrier, discothèque avec sortie sur la plage, située sous Le Café de la Plage et Les Cochons Flingueurs, chemise blanche et coiffure de surfeur pour les garçons, appas en vitrine pour les filles. Je ne m’y attarde pas, d’autant qu’il va faire encore plus chaud aujourd’hui, bien que cela reste loin de ce que subissent d’autres villes, dont Rouen.
Je décide de faire mon habituel circuit à l’envers, d’aller jusqu’aux ports par l’intérieur du bourg puis de retourner au point de départ par le chemin côtier, histoire de voir les choses différemment. Dans mon souvenir, c’est plus dur dans ce sens. J’en ai la confirmation, davantage de marches à monter. Je dois m’asseoir à mi-chemin, près du belvédère, pour reprendre souffle.
Quand je suis presque arrivé, une jeune femme en mauve vient vers moi :
-Vous vous promenez depuis un moment par-là ? Est-ce que je peux vous poser une petite question ? Est-ce que vous avez vu cette personne ?
Elle me montre une photo sur son téléphone, un brun barbu comme il en est tant.
-Non, je ne l’ai pas vu. Il est tout seul ?
-Oui tout seul en sortie de boîte. Et je viens de trouver son téléphone.
-Ah ! Eh bien non, je ne l’ai pas vu.
Je profite d’un banc temporairement à l’ombre pour attendre qu’à dix heures ouvre le Café de la Plage. Ce moment venu, malgré le soleil qui cogne (comme on dit ici), je m’installe à mon perchoir favori et de cette hauteur me demande si le garçon en chorte blanc qui marche sur la plage ne serait pas celui que cherche la fille en mauve. Il est loin et elle est je ne sais où, je ne peux rien faire. Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d’autrui. Je commence Maximes et Réflexions de La Rochefoucauld, le vieux Livre de Poche préfacé par Paul Morand que j’ai trouvé dans une boîte à livres.
Vers onze heures et quart, j’entre pour payer mon euro cinquante mais le serveur néo barbu qui est peut-être aussi patron, comme celui qui lui tient compagnie ce matin, me dit : « On vous l’offre, le petit café. »
-C’est gentil, mais ça fait deux fois.
-Ça nous fait plaisir, me disent-ils en chœur.
Au Fournil du Casino, je prends un pan bagnat, une tarte aux abricots et une petite bouteille d’eau, ce qui correspond à une formule à sept euros. Je traverse la place et trouve une table à l’ombre à la terrasse du Mustang. Audrey est là, toujours aussi sexy, à qui je commande une formule huîtres avec pain et beurre. Quand il s’agit de la payer, elle me rend un euro cinquante sur mon billet de dix, appliquant enfin le véritable prix, établi par sa mère, qui n’est plus là.
Aucun banc n’est à l’ombre en bord de mer. C’est près du terrain de pétanque que je mange mon pique-nique tiré du sac. La chaleur étant contre moi, je décide, le repas terminé, de rentrer sans attendre.
*
Dans la nuit de samedi à dimanche, une arrivée vers deux heures du matin dans le studio Air Bibi du dessous. Un jeune couple. A peine entré, au lit (pour dormir). Des invités à un mariage peut-être. Chaque jour, je surveille l’état des locations de ce logement gênant.
Rien à craindre pour l’ultime semaine de juin, sauf réservation de dernière minute, comme les deux motards de l’autre jour.
*
Boire le coup de l’étrier, on s’y emploie à Saint-Quay. Avant de monter, non à cheval, mais en voiture.
Je décide de faire mon habituel circuit à l’envers, d’aller jusqu’aux ports par l’intérieur du bourg puis de retourner au point de départ par le chemin côtier, histoire de voir les choses différemment. Dans mon souvenir, c’est plus dur dans ce sens. J’en ai la confirmation, davantage de marches à monter. Je dois m’asseoir à mi-chemin, près du belvédère, pour reprendre souffle.
Quand je suis presque arrivé, une jeune femme en mauve vient vers moi :
-Vous vous promenez depuis un moment par-là ? Est-ce que je peux vous poser une petite question ? Est-ce que vous avez vu cette personne ?
Elle me montre une photo sur son téléphone, un brun barbu comme il en est tant.
-Non, je ne l’ai pas vu. Il est tout seul ?
-Oui tout seul en sortie de boîte. Et je viens de trouver son téléphone.
-Ah ! Eh bien non, je ne l’ai pas vu.
Je profite d’un banc temporairement à l’ombre pour attendre qu’à dix heures ouvre le Café de la Plage. Ce moment venu, malgré le soleil qui cogne (comme on dit ici), je m’installe à mon perchoir favori et de cette hauteur me demande si le garçon en chorte blanc qui marche sur la plage ne serait pas celui que cherche la fille en mauve. Il est loin et elle est je ne sais où, je ne peux rien faire. Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d’autrui. Je commence Maximes et Réflexions de La Rochefoucauld, le vieux Livre de Poche préfacé par Paul Morand que j’ai trouvé dans une boîte à livres.
Vers onze heures et quart, j’entre pour payer mon euro cinquante mais le serveur néo barbu qui est peut-être aussi patron, comme celui qui lui tient compagnie ce matin, me dit : « On vous l’offre, le petit café. »
-C’est gentil, mais ça fait deux fois.
-Ça nous fait plaisir, me disent-ils en chœur.
Au Fournil du Casino, je prends un pan bagnat, une tarte aux abricots et une petite bouteille d’eau, ce qui correspond à une formule à sept euros. Je traverse la place et trouve une table à l’ombre à la terrasse du Mustang. Audrey est là, toujours aussi sexy, à qui je commande une formule huîtres avec pain et beurre. Quand il s’agit de la payer, elle me rend un euro cinquante sur mon billet de dix, appliquant enfin le véritable prix, établi par sa mère, qui n’est plus là.
Aucun banc n’est à l’ombre en bord de mer. C’est près du terrain de pétanque que je mange mon pique-nique tiré du sac. La chaleur étant contre moi, je décide, le repas terminé, de rentrer sans attendre.
*
Dans la nuit de samedi à dimanche, une arrivée vers deux heures du matin dans le studio Air Bibi du dessous. Un jeune couple. A peine entré, au lit (pour dormir). Des invités à un mariage peut-être. Chaque jour, je surveille l’état des locations de ce logement gênant.
Rien à craindre pour l’ultime semaine de juin, sauf réservation de dernière minute, comme les deux motards de l’autre jour.
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Boire le coup de l’étrier, on s’y emploie à Saint-Quay. Avant de monter, non à cheval, mais en voiture.
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