Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
6 octobre 2023
De retour dans le bus Soixante terminus Talloires ce jeudi, j’en descends à l’arrêt Chavoires, commune de Veyrier-du-Lac. Au-dessus de la tête, j’ai la falaise montagneuse. A ma gauche, le lac. D’abord caché par des maisons, il est bientôt dégagé de toute construction. Un sentier le longe, doublé par une structure en bois posée au-dessus de l’eau. Elle est assez large pour que je m’y engage, bien que le vertige me guette. De l’autre côté du lac, Annecy apparaît dans le soleil et au bout du lac ce grand bâtiment blanc, c’est l’Impérial Palace, à portée de marche.
Tout en haut du lac, j’arrive au Petit Port de Chavoires, pas si petit que ça, un peu embêté par les roseaux. De l’autre côté de la route, c’est Annecy-le-Vieux qui ne possède plus aucun attrait touristique. C’est devenu une zone résidentielle. Autrefois, Eugène Sue y fut envoyé en exil par Napoléon le Troisième et y mourut. J’arrive à la Plage d’Albigny, la plus grande du lac, mais de taille réduite. Personne ne s’y baigne ni n’y bronze.
A deux pas est l’Impérial Palace. Je suis en terrain connu et retrouve mon banc à lecture. Ce matin encore, une photographe professionnelle fait des images de bébés. La paix est un peu troublée par des scolaires qui à tribord disputent un match de ballon kayak, les buts flottant sur l’eau.
Vers onze heures, je me rapproche de la ville et comme La Cuisine des Amis propose à son tour du gigot d’agneau, c’est là que je mange à midi. Il est moins copieux et moins bon que celui d’hier, en face au Napoli, lequel aujourd’hui n’a pour clientèle que deux ouvriers.
Il y a moins de monde ce jeudi à Annecy, bien qu’il fasse toujours beau. Cela me permet d’avoir une table au Café des Arts. J’y bois un café, termine le deuxième volume de chez Folio des Mémoires de Saint-Simon et commence le troisième qui est consacré à la mort de Louis le Quatorzième.
Ces volumes ayant des responsables d’édition différents, dans ce dernier la conjugaison de l’époque est maintenue. Tous ces verbes en oit m’énervent, ces étoit, sentoit, affectoit. J’ai envie d’actualiser tout ça. Je ne peux le faire que mentalement.
Tout en haut du lac, j’arrive au Petit Port de Chavoires, pas si petit que ça, un peu embêté par les roseaux. De l’autre côté de la route, c’est Annecy-le-Vieux qui ne possède plus aucun attrait touristique. C’est devenu une zone résidentielle. Autrefois, Eugène Sue y fut envoyé en exil par Napoléon le Troisième et y mourut. J’arrive à la Plage d’Albigny, la plus grande du lac, mais de taille réduite. Personne ne s’y baigne ni n’y bronze.
A deux pas est l’Impérial Palace. Je suis en terrain connu et retrouve mon banc à lecture. Ce matin encore, une photographe professionnelle fait des images de bébés. La paix est un peu troublée par des scolaires qui à tribord disputent un match de ballon kayak, les buts flottant sur l’eau.
Vers onze heures, je me rapproche de la ville et comme La Cuisine des Amis propose à son tour du gigot d’agneau, c’est là que je mange à midi. Il est moins copieux et moins bon que celui d’hier, en face au Napoli, lequel aujourd’hui n’a pour clientèle que deux ouvriers.
Il y a moins de monde ce jeudi à Annecy, bien qu’il fasse toujours beau. Cela me permet d’avoir une table au Café des Arts. J’y bois un café, termine le deuxième volume de chez Folio des Mémoires de Saint-Simon et commence le troisième qui est consacré à la mort de Louis le Quatorzième.
Ces volumes ayant des responsables d’édition différents, dans ce dernier la conjugaison de l’époque est maintenue. Tous ces verbes en oit m’énervent, ces étoit, sentoit, affectoit. J’ai envie d’actualiser tout ça. Je ne peux le faire que mentalement.
5 octobre 2023
Ce mercredi, c’est sur la rive ouest du lac d’Annecy que m’emmène le bus Cinquante, lui aussi étant un car qui part de la Gare Routière. Son terminus est Duingt, à l’église, dont il fait le tour pour être prêt à repartir dans l’autre sens. Me voici en face de Talloires, côté ombre.
Une jolie Mairie retient d’abord mon attention puis j’obéis à la pancarte qui indique le vieux village. Quelques rues où on trouve de solides maisons médiévales. Je rejoins ensuite le bord du lac dont une grande partie est inaccessible à cause de constructions privées. C’est le cas du château du bout de la presqu’île.
En longeant la route qui va à Albertville, je rejoins le port et la plage, tous deux un peu envahis par les roseaux. Plusieurs hôtels chics sont visibles où l’on vante un séjour détox, une plage privée ou une cuisine intuitive. Presque tous sont fermés. Comme sont fermés les commerces et les toilettes publiques. La supérette Spar est ouverte.
Ce constat fait, je choisis de rentrer sans tarder et ai la chance d’être au bus de neuf heures neuf trois minutes avant son départ (le prochain dans une heure). Arrivé à Annecy, je vais lire Saint-Simon à la terrasse du Café des Arts où nous sommes peu de clients, l’ombre et la fraîcheur décourageant.
A midi, je déjeune au Napoli qui a pour plat du jour du gigot d’agneau gratin dauphinois. Cela lui amène plus de clientèle qu’à ses voisins. Le serveur de la Cuisine des Amis a le temps de traverser la rue pour raconter des histoires salaces à la serveuse sexy (ce n’est pas la patronne). Avec en entrée une terrine campagnarde et en dessert une tarte au citron meringuée, j’en ai pour seize euros.
Je rejoins le lac en passant par le canal au bord duquel chaque midi pique-nique la jeunesse lycéenne. Le vieux manège à chevaux de bois tourne, on est mercredi. Le Pont des Amours a été débarrassé des cadenas qui l’enlaidissaient.
Je lis quelque temps au soleil des Jardins de l’Europe et souhaite poursuivre au Café des Arts mais cette fois plus une place de libre. Le Café des Ducs, lui, est fermé comme chaque mercredi. Je ne connais pas d’autre endroit pour prendre un café dans cette ville.
*
Pas une journée sans un nouvel article sur les punaises de lit qui prolifèrent. Le Gouvernement commence à s’en soucier. Ce qui n’est pas rassurant. Lorsque les politiciens au pouvoir se saisissent d’un problème, c’est souvent qu’il n’est plus temps d’y faire face.
De quoi raviver la hantise qui est la mienne depuis ma rencontre avec ces bestioles à l’Hôtel Ibis Budget de Ciboure Saint-Jean-de-Luz au printemps deux mille seize.
Une jolie Mairie retient d’abord mon attention puis j’obéis à la pancarte qui indique le vieux village. Quelques rues où on trouve de solides maisons médiévales. Je rejoins ensuite le bord du lac dont une grande partie est inaccessible à cause de constructions privées. C’est le cas du château du bout de la presqu’île.
En longeant la route qui va à Albertville, je rejoins le port et la plage, tous deux un peu envahis par les roseaux. Plusieurs hôtels chics sont visibles où l’on vante un séjour détox, une plage privée ou une cuisine intuitive. Presque tous sont fermés. Comme sont fermés les commerces et les toilettes publiques. La supérette Spar est ouverte.
Ce constat fait, je choisis de rentrer sans tarder et ai la chance d’être au bus de neuf heures neuf trois minutes avant son départ (le prochain dans une heure). Arrivé à Annecy, je vais lire Saint-Simon à la terrasse du Café des Arts où nous sommes peu de clients, l’ombre et la fraîcheur décourageant.
A midi, je déjeune au Napoli qui a pour plat du jour du gigot d’agneau gratin dauphinois. Cela lui amène plus de clientèle qu’à ses voisins. Le serveur de la Cuisine des Amis a le temps de traverser la rue pour raconter des histoires salaces à la serveuse sexy (ce n’est pas la patronne). Avec en entrée une terrine campagnarde et en dessert une tarte au citron meringuée, j’en ai pour seize euros.
Je rejoins le lac en passant par le canal au bord duquel chaque midi pique-nique la jeunesse lycéenne. Le vieux manège à chevaux de bois tourne, on est mercredi. Le Pont des Amours a été débarrassé des cadenas qui l’enlaidissaient.
Je lis quelque temps au soleil des Jardins de l’Europe et souhaite poursuivre au Café des Arts mais cette fois plus une place de libre. Le Café des Ducs, lui, est fermé comme chaque mercredi. Je ne connais pas d’autre endroit pour prendre un café dans cette ville.
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Pas une journée sans un nouvel article sur les punaises de lit qui prolifèrent. Le Gouvernement commence à s’en soucier. Ce qui n’est pas rassurant. Lorsque les politiciens au pouvoir se saisissent d’un problème, c’est souvent qu’il n’est plus temps d’y faire face.
De quoi raviver la hantise qui est la mienne depuis ma rencontre avec ces bestioles à l’Hôtel Ibis Budget de Ciboure Saint-Jean-de-Luz au printemps deux mille seize.
4 octobre 2023
Officiellement c’est un bus, le Soixante, mais concrètement c’est un car, où tout le monde est assis et doit en principe boucler sa ceinture, qui permet d’aller à Talloires sur la rive est du lac d’Annecy. Ce mardi, je monte dans celui qui part à huit heures de la Gare Routière. Le valideur est en panne, ce sera un voyage gratuit.
Nous y sommes peu nombreux à longer le lac, de prés d’abord puis d’un peu haut avant de redescendre par deux virages en épingle à cheveux vers Talloires. Je descends à l’arrêt Ecoles. Le Policier Municipal qui veillait sur l’entrée des élèves terminant son service, je lui demande comment rejoindre le bord du lac. Il me conseille le chemin de la Roche. Ce qui me permet de faire un léger détour par un petit port discret.
Je rejoins ensuite le centre du bourg. Il possède un mignonnet Office du Tourisme que j’ai la surprise de trouver ouvert. Un homme de type employé aux écritures raccroche son téléphone « attends, j’ai quelqu’un » et me donne un plan du pays. Il me confirme qu’il n’est plus possible de monter avec un autre car au Col de la Forclaz.
Je vais voir l’église Saint Maurice puis m’offre un croissant à un euro vingt au Fournil de Mon Père que je vais manger avec un café à deux euros à la terrasse du Café de la Place près duquel est malheureusement un chantier de construction un peu bruyant.
Ce bruit s’estompe lorsque je descends vers le port de loisir et la plage. Celle-ci ne dispose pas d’endroit pour s’allonger, hormis l’herbe et les pontons. C’est surtout un endroit où on peut nager et certain(e)s le font. On trouve là des plongeoirs, une piscine d’eau de lac et un croquignolet toboggan posé sur une plateforme. La vue sur l’autre rive est magnifique et le calme appréciable. Il n’y a ici ce matin que quelques autochtones, dont des résidents anglais. Je lis là un bon moment Saint-Simon. Au soleil, ce qui me permet peut-être de soigner ma toux.
A midi, je retourne au Café de la Place qui propose une formule à dix-huit euros, crevettes roses, araignée de porc frites salade. Encore une fois ce n’est pas de la grande cuisine et les plats à la carte que je vois passer non plus. Sept Anglais à ma droite, des hommes de vingt-cinq à quarante ans, profitent de leur présence en France pour s’encanailler, certains mangent du foie gras, d’autres des escargots.
Je vais boire le café à La Closerie, un bar à restauration rapide tenu par un jeune couple, elle en cuisine, lui au service. Ce café à deux euros m’est servi avec une petite carafe d’eau. Au moment où je pars arrivent au moins vingt marcheuses et marcheurs à bâtons qui s’engouffrent à l’intérieur. « Ça va être compliqué », leur dit le jeune homme.
Talloires est un bel endroit qui échappe aux dérives touristiques. Un air d’authenticité y survit, qui doit être mis à mal en été. Là, les parcmètres ont été neutralisés, le stationnement redevenu gratuit.
Je remonte vers les écoles pour le bus du retour, les yeux sur la falaise dentelée qui surplombe la montagne de ce côté-là. L’Ermitage Saint-Germain y est accroché que l’on peut atteindre par un sentier sûrement très pentu. Ce que je me garderai de faire, épuisé rien qu’à l’idée.
*
Une affiche sur l’un des murs du Café de la Place : « On vous laisse croire. Laissez-nous penser. »
*
C’est à Talloires que se déroule Le Genou de Claire d’Eric Rohmer.
Nous y sommes peu nombreux à longer le lac, de prés d’abord puis d’un peu haut avant de redescendre par deux virages en épingle à cheveux vers Talloires. Je descends à l’arrêt Ecoles. Le Policier Municipal qui veillait sur l’entrée des élèves terminant son service, je lui demande comment rejoindre le bord du lac. Il me conseille le chemin de la Roche. Ce qui me permet de faire un léger détour par un petit port discret.
Je rejoins ensuite le centre du bourg. Il possède un mignonnet Office du Tourisme que j’ai la surprise de trouver ouvert. Un homme de type employé aux écritures raccroche son téléphone « attends, j’ai quelqu’un » et me donne un plan du pays. Il me confirme qu’il n’est plus possible de monter avec un autre car au Col de la Forclaz.
Je vais voir l’église Saint Maurice puis m’offre un croissant à un euro vingt au Fournil de Mon Père que je vais manger avec un café à deux euros à la terrasse du Café de la Place près duquel est malheureusement un chantier de construction un peu bruyant.
Ce bruit s’estompe lorsque je descends vers le port de loisir et la plage. Celle-ci ne dispose pas d’endroit pour s’allonger, hormis l’herbe et les pontons. C’est surtout un endroit où on peut nager et certain(e)s le font. On trouve là des plongeoirs, une piscine d’eau de lac et un croquignolet toboggan posé sur une plateforme. La vue sur l’autre rive est magnifique et le calme appréciable. Il n’y a ici ce matin que quelques autochtones, dont des résidents anglais. Je lis là un bon moment Saint-Simon. Au soleil, ce qui me permet peut-être de soigner ma toux.
A midi, je retourne au Café de la Place qui propose une formule à dix-huit euros, crevettes roses, araignée de porc frites salade. Encore une fois ce n’est pas de la grande cuisine et les plats à la carte que je vois passer non plus. Sept Anglais à ma droite, des hommes de vingt-cinq à quarante ans, profitent de leur présence en France pour s’encanailler, certains mangent du foie gras, d’autres des escargots.
Je vais boire le café à La Closerie, un bar à restauration rapide tenu par un jeune couple, elle en cuisine, lui au service. Ce café à deux euros m’est servi avec une petite carafe d’eau. Au moment où je pars arrivent au moins vingt marcheuses et marcheurs à bâtons qui s’engouffrent à l’intérieur. « Ça va être compliqué », leur dit le jeune homme.
Talloires est un bel endroit qui échappe aux dérives touristiques. Un air d’authenticité y survit, qui doit être mis à mal en été. Là, les parcmètres ont été neutralisés, le stationnement redevenu gratuit.
Je remonte vers les écoles pour le bus du retour, les yeux sur la falaise dentelée qui surplombe la montagne de ce côté-là. L’Ermitage Saint-Germain y est accroché que l’on peut atteindre par un sentier sûrement très pentu. Ce que je me garderai de faire, épuisé rien qu’à l’idée.
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Une affiche sur l’un des murs du Café de la Place : « On vous laisse croire. Laissez-nous penser. »
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C’est à Talloires que se déroule Le Genou de Claire d’Eric Rohmer.
3 octobre 2023
Le soleil arrive en même temps que moi au Café des Ducs ce lundi matin alors qu’une montgolfière flotte au-dessus du lac. Ce tableau idyllique est hélas troublé par un bruit de machine. On cure le Thiou. Un engin mécanique a été descendu dans le lit de la rivière. Plusieurs tuyaux en sortent. Certains aspirent la vase. D’autres propulsent de l’eau façon carcheur. Une dizaine d’ouvriers en cuissardes s’activent. De temps à autre l’un trébuche mais aucun ne choie. Ce bruit me conduit à ne pas prolonger mon petit-déjeuner.
C’est un jour où je suis décidé à ne pas me bousculer. Je choisis de retourner par le bord du lac au Parc Charles-Bosson dans lequel se trouve l’Impérial Palace. Pour ce faire, je longe l’endroit où s’est tenu le High Five Festival. L’heure est au démontage. Je ne sais s’il y a eu du monde pour s’intéresser au ski par ces températures estivales.
La vue sur les montagnes dans la lumière du matin est un spectacle de choix. Je m’installe sur un banc à l’ombre des grands platanes pour en jouir tout en lisant Saint-Simon. Sur le ponton où opéraient l’autre fois des professionnel(le)s de la photo, un jeune homme fait sa gymnastique. Précisément, il se fait voir faisant sa gymnastique. Sur le banc voisin du mien est une fille venue là avec sa bicyclette. Elle ne semble pas plus que moi intéressée par cette exhibition. Quand le paysage s’anime d’un passage de voiliers ou de la pause d’une jeune femme sur le muret, je sors de ma poche mon appareil photo.
Vers onze heures et demie, je quitte mon banc pour revenir tout droit jusqu’à la rue du Pâquier. La moitié des restaurants sont fermés le lundi. Je trouve place à la terrasse des Retrouvailles où je ne suis jamais venu. Le plat et le dessert du jour sont pour quinze euros cinquante, diots au vin de Savoie et poudigne. Le personnel est d’une amabilité commerciale.
Vers quatorze heures, après avoir lu à l’ombre au bord du lac dans les Jardins de l’Europe. je trouve une table au Café des Arts. A celle d’à côté sont six ou sept lycéennes, toutes mignonnes. Leur conversation n’est pas plus fine que celle des groupes de garçons de leur âge. De quoi faut-il parler pour montrer qu’on est affranchies ? De la chiasse par exemple. Elles sont remplacées par deux garçons plus âgés. L’un essaie de conseiller l’autre à qui son médecin vient de prescrire six mois d’antidépresseurs. En cause : ses vingt-cinq ans et les musiciens de son groupe pas assez motivés.
*
Parmi tous les touristes anglais, parfois un groupe avec ballon de rugby. Ils se font des passes en marchant.
C’est un jour où je suis décidé à ne pas me bousculer. Je choisis de retourner par le bord du lac au Parc Charles-Bosson dans lequel se trouve l’Impérial Palace. Pour ce faire, je longe l’endroit où s’est tenu le High Five Festival. L’heure est au démontage. Je ne sais s’il y a eu du monde pour s’intéresser au ski par ces températures estivales.
La vue sur les montagnes dans la lumière du matin est un spectacle de choix. Je m’installe sur un banc à l’ombre des grands platanes pour en jouir tout en lisant Saint-Simon. Sur le ponton où opéraient l’autre fois des professionnel(le)s de la photo, un jeune homme fait sa gymnastique. Précisément, il se fait voir faisant sa gymnastique. Sur le banc voisin du mien est une fille venue là avec sa bicyclette. Elle ne semble pas plus que moi intéressée par cette exhibition. Quand le paysage s’anime d’un passage de voiliers ou de la pause d’une jeune femme sur le muret, je sors de ma poche mon appareil photo.
Vers onze heures et demie, je quitte mon banc pour revenir tout droit jusqu’à la rue du Pâquier. La moitié des restaurants sont fermés le lundi. Je trouve place à la terrasse des Retrouvailles où je ne suis jamais venu. Le plat et le dessert du jour sont pour quinze euros cinquante, diots au vin de Savoie et poudigne. Le personnel est d’une amabilité commerciale.
Vers quatorze heures, après avoir lu à l’ombre au bord du lac dans les Jardins de l’Europe. je trouve une table au Café des Arts. A celle d’à côté sont six ou sept lycéennes, toutes mignonnes. Leur conversation n’est pas plus fine que celle des groupes de garçons de leur âge. De quoi faut-il parler pour montrer qu’on est affranchies ? De la chiasse par exemple. Elles sont remplacées par deux garçons plus âgés. L’un essaie de conseiller l’autre à qui son médecin vient de prescrire six mois d’antidépresseurs. En cause : ses vingt-cinq ans et les musiciens de son groupe pas assez motivés.
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Parmi tous les touristes anglais, parfois un groupe avec ballon de rugby. Ils se font des passes en marchant.
2 octobre 2023
La lune presque ronde dans le ciel bleu montre que ce dimanche le temps est au beau dès la première heure. De quoi valider mon retour au Semnoz. Au quai Onze de la Gare Routière, je suis encore le premier à attendre le car de huit heures quarante, terminus Les Alpages Cette fois, une flopée de vététistes me rejoignent les uns après les autres. Des jeunes coqs qui pour certains arrivent avec leur petit-déjeuner à la main. Ils se toisent sans se dire un mot mais j’entends bien les t’as vu mon beau vélo ? et mon beau casque ? et mes exploits, tu veux que je te les raconte ?
Ils mettent un temps fou à installer leur monture à l’arrière du car blanc. Nous sommes quand même quelques piétons, dont la dame aux champignons et un vieil homme à canne qui veut dire adieu au Semnoz et à des amis là-haut qu’il ne pourra plus voir faute de car.
Le conducteur d’aujourd’hui est rond. Sa conduite lui ressemble, tranquille. La dame descend dans la forêt. Je descends à l’avant-dernier arrêt, Rochers Blancs. Ce nom est celui d’un hôtel bar restaurant montagnard tenu par la même famille depuis quatre générations.
Prés de cet établissement, un ingénieux système à cylindres (cela laisse aussi passer les bicyclistes) me permet de pénétrer dans la pâture où est le chemin qui mène au Crêt du Chatillon, le sommet du Semnoz à mille sept cent quatre mètres. Les animaux sont en contrebas. Ils m’ignorent tandis que je grimpe vers ce qui est aussi un lieu d’arrivée de remonte-pente. Deux tables d’orientation permettent de savoir ce qu’on a sous les yeux. Côté plaine, les trois lacs (Le Bourget, Annecy et Léman). Côté montagne, la Chaîne des Aravis, le Massif du Mont-Blanc, le Massif de la Vanoise, le Massif des Bauges, le Massif des Ecrins. Les sommets sont un peu embrumés mais je distingue le Mont Blanc et ses neiges dites éternelles.
Après ce bel exploit, je redescends aux Rochers Blancs et m’installe à une table haute en terrasse pour un café verre d’eau. « Nous n’avons pas d’eau ici, me dit la serveuse, on nous l’apporte par citerne, mais je vais vous donner un verre d’eau. » Je lui réponds que je peux m’en passer. Il arrive quand même avec mon café à deux euros. J’avais dans l’idée de manger dans cette auberge mais j’apprends que tout est réservé. Je me console car c’est déjeuner sur du goudron, prés de la route, avec de l’autre côté de celle-ci, le parquigne où se garent les clients et les autres. Assis à une table, on ne voit presque pas la montagne.
Je reste là à lire Saint-Simon jusqu’au car d’onze heures vingt-six et rentre avec le même chauffeur, tout aussi calme dans sa conduite. Je suis seul avec lui. La dame aux champignons n’est pas au bord de la route comme hier. A l’arrivée dans le centre d’Annecy, je constate qu’il y a foule. « C’est cette année que c’est comme ça, me dit le chauffeur, depuis le début du mois de juin. »
Le Napoli fermé, je déjeune à La Cuisine des Amis de la formule du dimanche à vingt euros soixante, épaule de veau rôtie jus à l’échalote purée maison légumes, opéra au café et café. Cela me va et reste un prix raisonnable quand on compare avec ceux des restaurants de bord de Thiou où l’on sert fondues et tartiflettes à toute heure et malgré la chaleur.
Une chaleur que je subis devant le Château Musée qui est gratuit le premier dimanche de chaque mois. Je suis l’un des premiers à y entrer à quatorze heures. Ma visite dure peu, trop chaud, trop sombre dans les salles. Je me contente des tours et des murs vus de la cour intérieure et de découvrir ce qu’on voir de la ville et du lac depuis cette hauteur. Redescendu au bord du Thiou, je veux entrer au Palais de l’Isle, mais en ce jour de gratuité, c’est fermé sans explication. Une dame me dit qu’elle est déjà venue ce matin, que c’était pareil et que la galeriste d’en face lui a dit « C’est pas étonnant avec la Mairie ».
Faute de trouver une place au Café des Arts, c’est encore une fois à une table haute du Café des Ducs que je vais lire à l’ombre.
*
Type de crétins de la montagne : les motards qui font ronfler leur engin entre chaque virage, z’avez vu comme on en a une grosse.
*
Parmi les sommets visibles du Semnoz : le Lancebranlette.
Ils mettent un temps fou à installer leur monture à l’arrière du car blanc. Nous sommes quand même quelques piétons, dont la dame aux champignons et un vieil homme à canne qui veut dire adieu au Semnoz et à des amis là-haut qu’il ne pourra plus voir faute de car.
Le conducteur d’aujourd’hui est rond. Sa conduite lui ressemble, tranquille. La dame descend dans la forêt. Je descends à l’avant-dernier arrêt, Rochers Blancs. Ce nom est celui d’un hôtel bar restaurant montagnard tenu par la même famille depuis quatre générations.
Prés de cet établissement, un ingénieux système à cylindres (cela laisse aussi passer les bicyclistes) me permet de pénétrer dans la pâture où est le chemin qui mène au Crêt du Chatillon, le sommet du Semnoz à mille sept cent quatre mètres. Les animaux sont en contrebas. Ils m’ignorent tandis que je grimpe vers ce qui est aussi un lieu d’arrivée de remonte-pente. Deux tables d’orientation permettent de savoir ce qu’on a sous les yeux. Côté plaine, les trois lacs (Le Bourget, Annecy et Léman). Côté montagne, la Chaîne des Aravis, le Massif du Mont-Blanc, le Massif de la Vanoise, le Massif des Bauges, le Massif des Ecrins. Les sommets sont un peu embrumés mais je distingue le Mont Blanc et ses neiges dites éternelles.
Après ce bel exploit, je redescends aux Rochers Blancs et m’installe à une table haute en terrasse pour un café verre d’eau. « Nous n’avons pas d’eau ici, me dit la serveuse, on nous l’apporte par citerne, mais je vais vous donner un verre d’eau. » Je lui réponds que je peux m’en passer. Il arrive quand même avec mon café à deux euros. J’avais dans l’idée de manger dans cette auberge mais j’apprends que tout est réservé. Je me console car c’est déjeuner sur du goudron, prés de la route, avec de l’autre côté de celle-ci, le parquigne où se garent les clients et les autres. Assis à une table, on ne voit presque pas la montagne.
Je reste là à lire Saint-Simon jusqu’au car d’onze heures vingt-six et rentre avec le même chauffeur, tout aussi calme dans sa conduite. Je suis seul avec lui. La dame aux champignons n’est pas au bord de la route comme hier. A l’arrivée dans le centre d’Annecy, je constate qu’il y a foule. « C’est cette année que c’est comme ça, me dit le chauffeur, depuis le début du mois de juin. »
Le Napoli fermé, je déjeune à La Cuisine des Amis de la formule du dimanche à vingt euros soixante, épaule de veau rôtie jus à l’échalote purée maison légumes, opéra au café et café. Cela me va et reste un prix raisonnable quand on compare avec ceux des restaurants de bord de Thiou où l’on sert fondues et tartiflettes à toute heure et malgré la chaleur.
Une chaleur que je subis devant le Château Musée qui est gratuit le premier dimanche de chaque mois. Je suis l’un des premiers à y entrer à quatorze heures. Ma visite dure peu, trop chaud, trop sombre dans les salles. Je me contente des tours et des murs vus de la cour intérieure et de découvrir ce qu’on voir de la ville et du lac depuis cette hauteur. Redescendu au bord du Thiou, je veux entrer au Palais de l’Isle, mais en ce jour de gratuité, c’est fermé sans explication. Une dame me dit qu’elle est déjà venue ce matin, que c’était pareil et que la galeriste d’en face lui a dit « C’est pas étonnant avec la Mairie ».
Faute de trouver une place au Café des Arts, c’est encore une fois à une table haute du Café des Ducs que je vais lire à l’ombre.
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Type de crétins de la montagne : les motards qui font ronfler leur engin entre chaque virage, z’avez vu comme on en a une grosse.
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Parmi les sommets visibles du Semnoz : le Lancebranlette.
1er octobre 2023
Pratique d’avoir La Panière, qui ouvre dès six heures trente tous les jours, en bas de chez soi. A sept heures, j’y prends le petit-déjeuner, un pain au chocolat et un café allongé pour trois euros quatre-vingt-quinze.
Ce samedi, je souhaite aller dans la montagne au dessus d’Annecy, aux alpages du Semnoz, en car pour le prix d’un ticket de bus (quatre-vingt-dix-neuf centimes en ce qui me concerne grâce à ma carte senior dix voyages). Ce sont les derniers cars de l'année ce ouiquennede, et comme ils prennent les vététés (cinq euros par machine), il y a peu de places pour les humains. En conséquence, je me présente à huit heures et quart au quai Onze de la Gare Routière. Le premier car est à huit heures quarante. Etant le premier arrivé, je ne serai pas privé du voyage.
Dans le car blanc, dont la moitié arrière est dépourvue de sièges, nous ne sommes que sept, dont un vététiste. Le chauffeur est du genre sec et excité, de plus énervé parce qu’il a été prévenu tard de ses horaires du jour. « J’espère que vous êtes bien attachés », nous dit-il. Montant vers la sortie d’Annecy, nous passons devant le Camping Municipal du Belvédère où j’ai séjourné avec celle qui travaille à Paris, quand elle me tenait la main. Cela me rend mélancolique.
Vient une succession de virages serrés dans la montagne boisée. La montée est rude. Le moteur ronfle. Une dame avec une canne descend du car au milieu des bois. Quand les alpages apparaissent, on pense être arrivé mais il faut encore grimper.
Le terminus est au Chalet Nordique du Plateau. Je m’engage sur le sentier caillouteux qui mène aux fermes d’alpage, désolé d’être suivi par deux duos de femmes. Il faut aussi faire avec les campigne-cars tous rangés au même endroit.
J’arrive quand même à être seul pour bénéficier du concert de clochettes des animaux qui paissent. Une vache se gratte contre un arbre. Une autre me fait un clin d’œil. A chaque ferme on annonce la vente de fromages mais c’est fermé. Quand même je croise un énorme tracteur tirant une non moins énorme remorque. Il est conduit par une jeune femme blonde qui me salue en passant. Le ciel aussi est fermé, par des nuages assez gris. Au-dessus de ma tête, les remonte-pentes sont immobiles.
Quand une pancarte m’annonce « Le Galet Rond 1615 m », je considère que j’ai assez marché et je reviens vers l’arrêt de car. En saison un café permet de se désaltérer. C’est fini jusqu’en juillet. Aucune possibilité pour manger non plus. Je rentre donc par le car d’onze heures vingt-cinq. J’y suis seul avec le même chauffeur. Il m’annonce le seul endroit où on voit le lac dans la descente. Au cœur de la forêt, il s’arrête pour la dame à canne. Elle a empli son sac de champignons. Comme elle ne m’invite pas à les manger avec elle, je descends à Hôtel de Ville. Ici, c’est plein soleil.
Je déjeune à la Pizzéria Napoli où le personnel a été renforcé pour ce samedi. Celle que je prenais pour une serveuse doit être la patronne. Vêtue d’une minirobe crème, elle ne quitte guère la caisse aujourd’hui. J’ai choisi le faux filet sauce au bleu avec des pommes sautées et j’ai bien fait. C’est copieux et bon. En dessert, le tiramisu mérite son nom mais rien de plus. Avec le quart de vin rouge, j’en ai pour vingt-six euros cinquante.
Que ce soit dans les Jardins de l’Europe ou à la terrasse du Café des Ducs, j’ai du mal à me concentrer pour lire Saint-Simon. C’est jour de foule et tout ce monde me fatigue. Le contraste est violent entre la vie aux alpages et la vie au cœur d’Annecy. Quarante minutes de car les sépare.
*
Panneau d’alpage : « Merci de ne pas prendre l’abreuvoir à vaches pour une piscine à chiens ».
Ce samedi, je souhaite aller dans la montagne au dessus d’Annecy, aux alpages du Semnoz, en car pour le prix d’un ticket de bus (quatre-vingt-dix-neuf centimes en ce qui me concerne grâce à ma carte senior dix voyages). Ce sont les derniers cars de l'année ce ouiquennede, et comme ils prennent les vététés (cinq euros par machine), il y a peu de places pour les humains. En conséquence, je me présente à huit heures et quart au quai Onze de la Gare Routière. Le premier car est à huit heures quarante. Etant le premier arrivé, je ne serai pas privé du voyage.
Dans le car blanc, dont la moitié arrière est dépourvue de sièges, nous ne sommes que sept, dont un vététiste. Le chauffeur est du genre sec et excité, de plus énervé parce qu’il a été prévenu tard de ses horaires du jour. « J’espère que vous êtes bien attachés », nous dit-il. Montant vers la sortie d’Annecy, nous passons devant le Camping Municipal du Belvédère où j’ai séjourné avec celle qui travaille à Paris, quand elle me tenait la main. Cela me rend mélancolique.
Vient une succession de virages serrés dans la montagne boisée. La montée est rude. Le moteur ronfle. Une dame avec une canne descend du car au milieu des bois. Quand les alpages apparaissent, on pense être arrivé mais il faut encore grimper.
Le terminus est au Chalet Nordique du Plateau. Je m’engage sur le sentier caillouteux qui mène aux fermes d’alpage, désolé d’être suivi par deux duos de femmes. Il faut aussi faire avec les campigne-cars tous rangés au même endroit.
J’arrive quand même à être seul pour bénéficier du concert de clochettes des animaux qui paissent. Une vache se gratte contre un arbre. Une autre me fait un clin d’œil. A chaque ferme on annonce la vente de fromages mais c’est fermé. Quand même je croise un énorme tracteur tirant une non moins énorme remorque. Il est conduit par une jeune femme blonde qui me salue en passant. Le ciel aussi est fermé, par des nuages assez gris. Au-dessus de ma tête, les remonte-pentes sont immobiles.
Quand une pancarte m’annonce « Le Galet Rond 1615 m », je considère que j’ai assez marché et je reviens vers l’arrêt de car. En saison un café permet de se désaltérer. C’est fini jusqu’en juillet. Aucune possibilité pour manger non plus. Je rentre donc par le car d’onze heures vingt-cinq. J’y suis seul avec le même chauffeur. Il m’annonce le seul endroit où on voit le lac dans la descente. Au cœur de la forêt, il s’arrête pour la dame à canne. Elle a empli son sac de champignons. Comme elle ne m’invite pas à les manger avec elle, je descends à Hôtel de Ville. Ici, c’est plein soleil.
Je déjeune à la Pizzéria Napoli où le personnel a été renforcé pour ce samedi. Celle que je prenais pour une serveuse doit être la patronne. Vêtue d’une minirobe crème, elle ne quitte guère la caisse aujourd’hui. J’ai choisi le faux filet sauce au bleu avec des pommes sautées et j’ai bien fait. C’est copieux et bon. En dessert, le tiramisu mérite son nom mais rien de plus. Avec le quart de vin rouge, j’en ai pour vingt-six euros cinquante.
Que ce soit dans les Jardins de l’Europe ou à la terrasse du Café des Ducs, j’ai du mal à me concentrer pour lire Saint-Simon. C’est jour de foule et tout ce monde me fatigue. Le contraste est violent entre la vie aux alpages et la vie au cœur d’Annecy. Quarante minutes de car les sépare.
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Panneau d’alpage : « Merci de ne pas prendre l’abreuvoir à vaches pour une piscine à chiens ».
30 septembre 2023
Embêtant pour le matinal que je suis, le jour se lève de plus en plus tard. De surcroit, je dois attendre que le soleil soit vraiment là pour le sentir en terrasse. Sans lui, ça caille. Plus possible de prendre le petit-déjeuner dehors avant huit heures et demie. Jusqu’à présent, je n’ai trouvé qu’un seul estaminet ensoleillé à cette heure, le Café des Ducs, dont me voici client régulier.
Mon projet du jour est de suivre le Thiou depuis cette terrasse jusqu’où je pourrai aller. Comme c’est un jour de marché, des étals sont installés sur les ponts. Je ne peux faire les photos que je voudrais. En chemin je m’arrête à la pharmacie Sainte-Claire pour un renouvellement de médicaments. La pharmacienne ne veut pas admettre que ma mutuelle soit sur ma Carte Vitale. Elle finit par le constater. Jamais encore, où que ce soit, je n’avais eu droit à ça.
Après, le chemin qui longe le Thiou passe prés d’un local de la Croix-Rouge. Je me fraie un passage parmi des dizaines de nécessiteux à chariot qui attendent l’ouverture. Quand il n’est plus entouré de belles bâtisses, ce Thiou est une rivière sans attrait. Arrivé à un jardin de quelques bancs, je fais demi-tour.
Dans l’île du Palais, je remarque le Café des Arts dont la tersasse est à l’ombre mais à cette heure, c’est ce que je cherche. La clientèle est jeune et essentiellement locale. Le personnel jeune et survolté, souriant aussi, une rareté dans le coin. J’y bois un café à un euro soixante-dix puis lis Saint-Simon. En face, sur une porte condamnée, est une peinture rappelant qu’il n’y a pas de plan Bé pour la planète. C’est signé du logotype des Soulèvements de la Terre.
A midi, je déjeune encore une fois à La Cuisine des Amis. Le plat du jour est un filet de merlu dont l’accompagnement est quasiment le même qu’hier. Un chanteur de rue ne sachant pas chanter casse les oreilles de tout le monde. Lorsqu’il passe avec son chapeau, il ne récolte pas un centime. « Eh bien, bienvenue en France ! », commente-t-il. Quand il revient devant L’Abbaye, le restaurant un peu plus chic de la rue, il se fait éjecter avant la fin de son premier couplet. La serveuse du Napoli a sorti de son armoire une minijupe évasée. J’ai pour voisinage un homme et une femme sexagénaires. C’est un rendez-vous de site de rencontre. Lui est bien, physiquement et intellectuellement. Elle, se fait remarquer par la bêtise de ses propos et sa voix assortie. Mon dessert, vendu sous le nom de tiramisu à la framboise, est composé d’un morceau de biscuit sec, de purée de framboise et d’une crème indéfinissable.
« A demain », me dit la patronne quand je quitte les lieux. Elle s’avance un peu.
*
Le Thiou, trois kilomètres et demi, est l’exutoire du lac d’Annecy dans le Fier. C'est une rivière sans source, qui part du lac. Ça lui donne l’air de couler à l’envers.
Mon projet du jour est de suivre le Thiou depuis cette terrasse jusqu’où je pourrai aller. Comme c’est un jour de marché, des étals sont installés sur les ponts. Je ne peux faire les photos que je voudrais. En chemin je m’arrête à la pharmacie Sainte-Claire pour un renouvellement de médicaments. La pharmacienne ne veut pas admettre que ma mutuelle soit sur ma Carte Vitale. Elle finit par le constater. Jamais encore, où que ce soit, je n’avais eu droit à ça.
Après, le chemin qui longe le Thiou passe prés d’un local de la Croix-Rouge. Je me fraie un passage parmi des dizaines de nécessiteux à chariot qui attendent l’ouverture. Quand il n’est plus entouré de belles bâtisses, ce Thiou est une rivière sans attrait. Arrivé à un jardin de quelques bancs, je fais demi-tour.
Dans l’île du Palais, je remarque le Café des Arts dont la tersasse est à l’ombre mais à cette heure, c’est ce que je cherche. La clientèle est jeune et essentiellement locale. Le personnel jeune et survolté, souriant aussi, une rareté dans le coin. J’y bois un café à un euro soixante-dix puis lis Saint-Simon. En face, sur une porte condamnée, est une peinture rappelant qu’il n’y a pas de plan Bé pour la planète. C’est signé du logotype des Soulèvements de la Terre.
A midi, je déjeune encore une fois à La Cuisine des Amis. Le plat du jour est un filet de merlu dont l’accompagnement est quasiment le même qu’hier. Un chanteur de rue ne sachant pas chanter casse les oreilles de tout le monde. Lorsqu’il passe avec son chapeau, il ne récolte pas un centime. « Eh bien, bienvenue en France ! », commente-t-il. Quand il revient devant L’Abbaye, le restaurant un peu plus chic de la rue, il se fait éjecter avant la fin de son premier couplet. La serveuse du Napoli a sorti de son armoire une minijupe évasée. J’ai pour voisinage un homme et une femme sexagénaires. C’est un rendez-vous de site de rencontre. Lui est bien, physiquement et intellectuellement. Elle, se fait remarquer par la bêtise de ses propos et sa voix assortie. Mon dessert, vendu sous le nom de tiramisu à la framboise, est composé d’un morceau de biscuit sec, de purée de framboise et d’une crème indéfinissable.
« A demain », me dit la patronne quand je quitte les lieux. Elle s’avance un peu.
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Le Thiou, trois kilomètres et demi, est l’exutoire du lac d’Annecy dans le Fier. C'est une rivière sans source, qui part du lac. Ça lui donne l’air de couler à l’envers.
29 septembre 2023
Un pain au chocolat à un euro trente-cinq acheté en bas de mon logis provisoire à La Panière où petit-déjeunent des clients de l’Hôtel des Alpes et du Novotel voisins. Je l’accompagne d’un allongé en terrasse au Café des Ducs, table haute, face au navire du Thiou, soleil dans le dos. Je bénéficie aussi de la conversation de deux copines qui se sont donné rendez-vous ici. Elles sont d’accord. Le nettoyage des vitres, c’est hyper dur, ça et les miroirs. Elles parlent ensuite des multiples activités culturelles de leurs filles. Inès, elle en est où maintenant ? En grande (comprendre : grande section de maternelle). Et qu’est-ce qu’elle fait en périsco ? (comprendre : activités périscolaires). J’ai envie de leur demander ce qu’elles font, elles, dans le domaine de la pratique culturelle, après le nettoyage des vitres et des miroirs.
Ce jeudi matin, je passe le Pont des Amours pour marcher de l’autre côté du lac. On y trouve, côté eau, une succession de loueurs de pédalos et, côté Parc du Pâquier, l’installation en cours du High Five Festival, une grosse opération qui mobilise beaucoup de monde et de matériel. Suit la rectiligne et arborée Promenade du Docteur Servettaz et me voici dans le Parc Charles Bosson qui en saison à sa plage privée avec toboggans géants. C’est aussi là que se trouve le seul palace d’Annecy. Il est énorme et comprend un hôtel, le Casino et le Centre de Congrès.
La vue sur le lac et les montagnes d’en face est superbe à cet endroit. Pendant qu’assis sur une chaise individuelle, je lis Saint-Simon, deux photographes professionnels se disputent le ponton où il faut être, une femme pour des bébés coiffés et vêtus en enfançons modèles et un homme pour un gentleman anglais qui doit avoir une haute idée de son physique. Le contraste entre son chic britannique et le débraillé du jeune homme à cheveux longs et chapeau d’artiste est plaisant. La photographe de bébés sait s’y prendre, aucun ne pleure pendant la longue séance de pose, ni ne chute du ponton dans l’eau du lac. Les parents, en retrait, n’en mènent pas large.
Revenu au cœur de ville, je retourne déjeuner à La Cuisine des Amis, même table que l’autre jour. En face, la serveuse du Napoli fait porter son effort vestimentaire sur la partie supérieure de son corps : un crop top blanc à fanfreluches dont les manches laissent nues ses épaules. Le patron porte la même tenue que l’autre fois, un vieux djine et un vieux pull. « On n’est pas les meilleurs mais on est sympa », dit-il à ses clients.
De mon côté, le personnel est sobre et réservé. La formule du jour comprend des aiguillettes de volaille crème de curry riz légumes, un chou farci crème caramel et le café. Elle me convient et quand je quitte les lieux, vers une heure dix, elle est toujours en cours.
Je lis une bonne heure dans les Jardins de l’Europe puis continue à la terrasse du Café des Ducs, même table que ce matin, tabouret opposé, face à l’église Saint François. Dans le ciel les mêmes moutons blancs qu’en début de journée. Peut-être toussé-je un peu moins, ou alors je m’habitue.
*
Sur le chemin du retour, je chante pouille à l’un des arrêteurs de rue à ticheurte vert de la Ligue pour la Protection des Oiseaux : « Vous êtes pire que les pigeons. »
*
High Five Festival, « le festival du ski mais pas que… », apprends-je une fois rentré.
Ce jeudi matin, je passe le Pont des Amours pour marcher de l’autre côté du lac. On y trouve, côté eau, une succession de loueurs de pédalos et, côté Parc du Pâquier, l’installation en cours du High Five Festival, une grosse opération qui mobilise beaucoup de monde et de matériel. Suit la rectiligne et arborée Promenade du Docteur Servettaz et me voici dans le Parc Charles Bosson qui en saison à sa plage privée avec toboggans géants. C’est aussi là que se trouve le seul palace d’Annecy. Il est énorme et comprend un hôtel, le Casino et le Centre de Congrès.
La vue sur le lac et les montagnes d’en face est superbe à cet endroit. Pendant qu’assis sur une chaise individuelle, je lis Saint-Simon, deux photographes professionnels se disputent le ponton où il faut être, une femme pour des bébés coiffés et vêtus en enfançons modèles et un homme pour un gentleman anglais qui doit avoir une haute idée de son physique. Le contraste entre son chic britannique et le débraillé du jeune homme à cheveux longs et chapeau d’artiste est plaisant. La photographe de bébés sait s’y prendre, aucun ne pleure pendant la longue séance de pose, ni ne chute du ponton dans l’eau du lac. Les parents, en retrait, n’en mènent pas large.
Revenu au cœur de ville, je retourne déjeuner à La Cuisine des Amis, même table que l’autre jour. En face, la serveuse du Napoli fait porter son effort vestimentaire sur la partie supérieure de son corps : un crop top blanc à fanfreluches dont les manches laissent nues ses épaules. Le patron porte la même tenue que l’autre fois, un vieux djine et un vieux pull. « On n’est pas les meilleurs mais on est sympa », dit-il à ses clients.
De mon côté, le personnel est sobre et réservé. La formule du jour comprend des aiguillettes de volaille crème de curry riz légumes, un chou farci crème caramel et le café. Elle me convient et quand je quitte les lieux, vers une heure dix, elle est toujours en cours.
Je lis une bonne heure dans les Jardins de l’Europe puis continue à la terrasse du Café des Ducs, même table que ce matin, tabouret opposé, face à l’église Saint François. Dans le ciel les mêmes moutons blancs qu’en début de journée. Peut-être toussé-je un peu moins, ou alors je m’habitue.
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Sur le chemin du retour, je chante pouille à l’un des arrêteurs de rue à ticheurte vert de la Ligue pour la Protection des Oiseaux : « Vous êtes pire que les pigeons. »
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High Five Festival, « le festival du ski mais pas que… », apprends-je une fois rentré.
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