Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
4 décembre 2015
Pas d’attente à l’extérieur à l’heure où j’arrive au Centre Pompidou ce mercredi. Une voiture de police stationne désormais devant, dont il ne faudrait pas confondre les occupants avec les saltimbanques qu’on trouve habituellement sur la piazza. Une structure architecturale destinée à protéger du froid les fouilleurs et fouilleuses de sacs a été hardiment ajoutée au bâtiment de Renzo Piano, Richard Rogers et Gianfranco Franchini.
La chenille m’emmène aux étages des collections permanentes où sont proposées des expositions temporaires. Je vais d’abord voir au cinquième l’installation de Chen Zhen, Beyond the Vulnerability, une œuvre réalisée après un séjour dans les favelas de Salvador de Bahia, constituée de fragiles maisons faites en bougies colorées. Tout cela protégé par un fil métallique l’entourant ; c’est prudent car ça donne envie de toucher et même d’y goûter.
Descendu au quatrième, je passe un certain temps parmi les quatre-vingt-cinq peintures sur papier expressionnistes et colorées de Karel Appel, membre fondateur de CoBrA, prêtées par sa Fondation. Les deux intitulés Homme et animal sont louches à souhait, montrant le second sur le corps nu du premier, occupé à on ne sait quoi.
Dans les salles en face est montrée D’où je viens où j’en suis où je vais, une exposition donation de Claude Rutault, lequel en mil neuf cent soixante-treize décida que ses toiles auraient la même couleur que les murs d’exposition, une idée qui aurait pu en rester au stade de l’idée, le tableau jaune sur le mur jaune, ça me laisse indifférent.
Sorti de là, j’emprunte la ligne Quatorze pour me rapprocher du Book-Off de l’Opéra puis attends le train du retour Chez Léon où l’habituelle clientèle de comptoir est au complet. S’y ajoute un homme à lunettes noires qui veut absolument que l’ancienne patronne lui dise bonjour. Il insiste lourdement jusqu’à ce que la fille de la vieille dame intervienne :
-Vous avez grossi, elle vous reconnaît pas.
Ça lui ferme le clapet.
*
Dans le train du retour, je lis Basse Fidélité de Philippe Dumez (Le Mot et le Reste), édition revue et augmentée de l’épuisé 39 ans ½ pour tous (In My Bed) que j’ai évoqué dans ce Journal le vingt-deux décembre deux mille quatorze.
L’une des additions :
Je me souviens de la proposition formulée par mon couple d’amis suédois ; Guillaume et Johanna : aller applaudir en leur compagnie les Vêpres de la Vierge de Claudio Monteverdi interprétées sur des instruments d’époque dans une église futuriste. Je suis juste un peu déçu que, à la sortie, des CD-R de Monteverdi ne soient pas vendus à la sauvette.
La chenille m’emmène aux étages des collections permanentes où sont proposées des expositions temporaires. Je vais d’abord voir au cinquième l’installation de Chen Zhen, Beyond the Vulnerability, une œuvre réalisée après un séjour dans les favelas de Salvador de Bahia, constituée de fragiles maisons faites en bougies colorées. Tout cela protégé par un fil métallique l’entourant ; c’est prudent car ça donne envie de toucher et même d’y goûter.
Descendu au quatrième, je passe un certain temps parmi les quatre-vingt-cinq peintures sur papier expressionnistes et colorées de Karel Appel, membre fondateur de CoBrA, prêtées par sa Fondation. Les deux intitulés Homme et animal sont louches à souhait, montrant le second sur le corps nu du premier, occupé à on ne sait quoi.
Dans les salles en face est montrée D’où je viens où j’en suis où je vais, une exposition donation de Claude Rutault, lequel en mil neuf cent soixante-treize décida que ses toiles auraient la même couleur que les murs d’exposition, une idée qui aurait pu en rester au stade de l’idée, le tableau jaune sur le mur jaune, ça me laisse indifférent.
Sorti de là, j’emprunte la ligne Quatorze pour me rapprocher du Book-Off de l’Opéra puis attends le train du retour Chez Léon où l’habituelle clientèle de comptoir est au complet. S’y ajoute un homme à lunettes noires qui veut absolument que l’ancienne patronne lui dise bonjour. Il insiste lourdement jusqu’à ce que la fille de la vieille dame intervienne :
-Vous avez grossi, elle vous reconnaît pas.
Ça lui ferme le clapet.
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Dans le train du retour, je lis Basse Fidélité de Philippe Dumez (Le Mot et le Reste), édition revue et augmentée de l’épuisé 39 ans ½ pour tous (In My Bed) que j’ai évoqué dans ce Journal le vingt-deux décembre deux mille quatorze.
L’une des additions :
Je me souviens de la proposition formulée par mon couple d’amis suédois ; Guillaume et Johanna : aller applaudir en leur compagnie les Vêpres de la Vierge de Claudio Monteverdi interprétées sur des instruments d’époque dans une église futuriste. Je suis juste un peu déçu que, à la sortie, des CD-R de Monteverdi ne soient pas vendus à la sauvette.
3 novembre 2015
« Il est neuf heures quinze, notre train arrive à l’heure » annonce fièrement le chef du train parti de Rouen à sept heures cinquante-neuf ce mercredi. Je rejoins le point de départ du bus Vingt. Il démarre trois minutes plus tard et s’arrête une première fois au coin de la rue du Havre.
Parmi celles et ceux qui l’attendent, je reconnais, venu par le train de Caen, l’écrivain dont la femme ne me porte pas dans son cœur. Celle-ci le précède dans le bus, s’avance vers moi mais comme elle ne sait pas à quoi je ressemble je ne risque rien. Ils s’assoient deux rangées derrière et parlent de ce qu’ « ils ont dit à France Inter ».
Ils descendent à Oberkampf/Filles du Calvaire. Je poursuis jusqu’à Bastille. Chez Book-Off, le choix est grand de livres à un euro de l’écrivain croisé, et même un d’elle. Je les laisse à qui aime ça, préférant, un peu plus loin dans la rue du Faubourg-Saint-Antoine, mettre quinze euros chez L’Arbre à Lettres dans l’achat du tout neuf Basse Fidélité de Philippe Dumez (Le Mot et le Reste) puis je prends la rue de Charonne pour aller Chez Céleste où l'on ne me tutoie plus.
Il fait doux. De plus, en l’honneur de la Cop Vingt et Un, un chauffage de terrasse fonctionne. Aussi c’est à l’extérieur que je m’installe le temps de déjeuner d’un tartare de colin et d’un poulet coco avec un quart de vin portugais, regardant passer de sympathiques habitant(e)s du quartier qui auraient pu faire partie des tué(e)s du vendredi treize. Me tiennent compagnie un père divorcé et sa fille de neuf ou dix ans, lequel a du mal à cacher qu’il s’ennuie.
-Tu sais qu’avec Sophie on va s’acheter, enfin elle va s’acheter, une petite maison, et donc on va quitter l’appartement
Après l’addition, je passe à côté, chez Arts Factory, où l’on expose sous le titre Winter Tales des œuvres subtilement dérangeantes de Véronique Dorey, Ciou et Sachiko Kanaizumi puis poursuis pédestrement jusqu’au Centre Pompidou.
*
Dans les rues parisiennes, des affiches du Mouvement Républicain et Citoyen, minuscule parti soutenant les Socialistes : « Nucléaire : l’atout zéro carbone ! » et celles de Pierre Laurent, chef du Parti Communiste, candidat aux Régionales : « Nos vies d’abord ! ».
Parmi celles et ceux qui l’attendent, je reconnais, venu par le train de Caen, l’écrivain dont la femme ne me porte pas dans son cœur. Celle-ci le précède dans le bus, s’avance vers moi mais comme elle ne sait pas à quoi je ressemble je ne risque rien. Ils s’assoient deux rangées derrière et parlent de ce qu’ « ils ont dit à France Inter ».
Ils descendent à Oberkampf/Filles du Calvaire. Je poursuis jusqu’à Bastille. Chez Book-Off, le choix est grand de livres à un euro de l’écrivain croisé, et même un d’elle. Je les laisse à qui aime ça, préférant, un peu plus loin dans la rue du Faubourg-Saint-Antoine, mettre quinze euros chez L’Arbre à Lettres dans l’achat du tout neuf Basse Fidélité de Philippe Dumez (Le Mot et le Reste) puis je prends la rue de Charonne pour aller Chez Céleste où l'on ne me tutoie plus.
Il fait doux. De plus, en l’honneur de la Cop Vingt et Un, un chauffage de terrasse fonctionne. Aussi c’est à l’extérieur que je m’installe le temps de déjeuner d’un tartare de colin et d’un poulet coco avec un quart de vin portugais, regardant passer de sympathiques habitant(e)s du quartier qui auraient pu faire partie des tué(e)s du vendredi treize. Me tiennent compagnie un père divorcé et sa fille de neuf ou dix ans, lequel a du mal à cacher qu’il s’ennuie.
-Tu sais qu’avec Sophie on va s’acheter, enfin elle va s’acheter, une petite maison, et donc on va quitter l’appartement
Après l’addition, je passe à côté, chez Arts Factory, où l’on expose sous le titre Winter Tales des œuvres subtilement dérangeantes de Véronique Dorey, Ciou et Sachiko Kanaizumi puis poursuis pédestrement jusqu’au Centre Pompidou.
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Dans les rues parisiennes, des affiches du Mouvement Républicain et Citoyen, minuscule parti soutenant les Socialistes : « Nucléaire : l’atout zéro carbone ! » et celles de Pierre Laurent, chef du Parti Communiste, candidat aux Régionales : « Nos vies d’abord ! ».
2 décembre 2015
Ce mardi matin, un couple arménien yéside ayant trois enfants scolarisés au Petit-Quevilly conteste son Obligation de Quitter le Territoire Français devant le Tribunal Administratif de Rouen, mais je n’y suis pas. Dans les circonstances actuelles, il est préférable que je me tienne à l’écart de certains membres du Réseau Education Sans Frontières avec lesquels je risquerais de me brouiller, car si je déplore l’usage dévoyé qui est fait de l’état d’urgence, je n’y suis pas opposé quand il s’agit de l’utiliser contre ceux à cause de qui il a été décrété.
Hier lundi, je découvre qu’un texte de mon Journal datant de deux mille douze avait été repris dans son intégralité et avec ma signature sur le blog d’un prêtre de la Mission de France et retraité de l’Education Nationale. J’écris à monsieur le curé que ce ne sont pas des manières de chrétien, il aurait fallu me demander l’autorisation. Il m’apprend qu’il a fait un copié collé, non pas de mon Journal, mais du site du Réseau Education Sans Frontières où ce texte avait été repris (sans qu’on m’en demande l’autorisation) et d’où il a maintenant disparu.
Pour cela aussi, je ne suis pas au Tribunal Administratif ce mardi matin. Je n’aime pas que l’on donne à ce que j’écris une simple valeur de compte-rendu.
Monsieur le curé, à ma demande, a retiré mon texte.
*
Je me suis avancé en annonçant depuis longtemps Morin (Udéhi Aie l’Air) gagnant à coup sûr les Régionales de Normandie contre Mayer-Rossignol (Péhesse). Le dernier sondage sur le deuxième tour annonce Bay (F-Haine) à égalité avec eux, chacun ayant un tiers des voix. Si ce sondage est fiable (j’ai des doutes), Bay pourrait être Chef de la Normandie (mais chacun des deux autres aussi).
*
En bleu et en capitales, grande inscription murale rues Croix-de-Fer et Richard-Lallemant : « France réveille-toi unité et résistance contre la violence et le mensonge ».
Ça ne veut pas dire grand-chose et c’est signé One Love.
Hier lundi, je découvre qu’un texte de mon Journal datant de deux mille douze avait été repris dans son intégralité et avec ma signature sur le blog d’un prêtre de la Mission de France et retraité de l’Education Nationale. J’écris à monsieur le curé que ce ne sont pas des manières de chrétien, il aurait fallu me demander l’autorisation. Il m’apprend qu’il a fait un copié collé, non pas de mon Journal, mais du site du Réseau Education Sans Frontières où ce texte avait été repris (sans qu’on m’en demande l’autorisation) et d’où il a maintenant disparu.
Pour cela aussi, je ne suis pas au Tribunal Administratif ce mardi matin. Je n’aime pas que l’on donne à ce que j’écris une simple valeur de compte-rendu.
Monsieur le curé, à ma demande, a retiré mon texte.
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Je me suis avancé en annonçant depuis longtemps Morin (Udéhi Aie l’Air) gagnant à coup sûr les Régionales de Normandie contre Mayer-Rossignol (Péhesse). Le dernier sondage sur le deuxième tour annonce Bay (F-Haine) à égalité avec eux, chacun ayant un tiers des voix. Si ce sondage est fiable (j’ai des doutes), Bay pourrait être Chef de la Normandie (mais chacun des deux autres aussi).
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En bleu et en capitales, grande inscription murale rues Croix-de-Fer et Richard-Lallemant : « France réveille-toi unité et résistance contre la violence et le mensonge ».
Ça ne veut pas dire grand-chose et c’est signé One Love.
1er décembre 2015
N’ayant pu assister, pour cause de concert à l’Opéra de Rouen, au vernissage de l’exposition Trafic d’influence groupant des œuvres d’Hervé Télémaque et de Baptiste Roux, je prends ce lundi midi la route qui mène au Musée de Louviers.
Arrivé une demi-heure avant l’ouverture, j’entre en face au café brasserie Le Juhl’s (anciennement Juhel, où j’ai dû mettre le pied la première fois il y a cinquante ans) et y commande un café.
La facturette me l’annonce à deux euros, au prix du café de fin de repas. J’appelle la serveuse pour lui signaler l’erreur. Il n’y en a pas, m’apprend-elle, entre midi et quatorze heures le café est au prix brasserie.
Je lui dis que je ne pense pas que ce soit légal et que, quoi qu’il en soit, n’ayant pas déjeuné ici je ne paierai pas deux euros.
Elle va chercher le patron à qui je confirme mon refus de payer ces deux euros. Il hausse les épaules et s’en va en me disant qu’il me l’offre « et le chocolat qui va avec ».
-Votre réaction montre bien qu’il y a un problème, lui dis-je.
Le café bu, je lis Souvenirs de Berlin-Est de Sophie Calle dans lequel l’auteure demande à des habitants de lui raconter les monuments communistes détruits après la réunification, un cadeau que l’on m’a fait il y a déjà longtemps. Lorsque les portes du Musée s’ouvrent, je laisse un euro trente sur la table, ce café ne vaut pas plus, et traverse la place Thorel où des municipaux libèrent des sapins blancs enfermés dans des plastiques roses et verts.
Après avoir laissé mon sac à dos à l’aimable dame de l’accueil qui ne semble plus se souvenir que nous avons travaillé ensemble, je parcours en solitaire les salles du rez-de-chaussée et celle de l’étage. Ce n’est pas sans raison qu’Hervé Télémaque est l’un des moins connus des peintres de la Figuration narrative. Sa rétrospective au Centre Pompidou m’avait peu intéressé. Ici, ses œuvres « collection de l’artiste » ne me disent rien et pas davantage celle de son cadet de trente ans Baptiste Roux.
Je ne m’attarde donc pas dans ce Musée toujours gratuit et garanti sans vigile, quittant vite Louviers, ville natale, où les nuages gris et bas de ce dernier jour de novembre sont particulièrement déprimants.
*
Le Commissaire de Police de Louviers/Val-de-Reuil était au concert des Eagles of Death Metal le vendredi treize novembre. Il a été grièvement blessé. Sa compagne, Commissaire de Police de Deauville, est indemne. Si elle et lui avaient eu leur arme de service sur eux auraient-ils pu abattre un ou deux tueurs ?
Arrivé une demi-heure avant l’ouverture, j’entre en face au café brasserie Le Juhl’s (anciennement Juhel, où j’ai dû mettre le pied la première fois il y a cinquante ans) et y commande un café.
La facturette me l’annonce à deux euros, au prix du café de fin de repas. J’appelle la serveuse pour lui signaler l’erreur. Il n’y en a pas, m’apprend-elle, entre midi et quatorze heures le café est au prix brasserie.
Je lui dis que je ne pense pas que ce soit légal et que, quoi qu’il en soit, n’ayant pas déjeuné ici je ne paierai pas deux euros.
Elle va chercher le patron à qui je confirme mon refus de payer ces deux euros. Il hausse les épaules et s’en va en me disant qu’il me l’offre « et le chocolat qui va avec ».
-Votre réaction montre bien qu’il y a un problème, lui dis-je.
Le café bu, je lis Souvenirs de Berlin-Est de Sophie Calle dans lequel l’auteure demande à des habitants de lui raconter les monuments communistes détruits après la réunification, un cadeau que l’on m’a fait il y a déjà longtemps. Lorsque les portes du Musée s’ouvrent, je laisse un euro trente sur la table, ce café ne vaut pas plus, et traverse la place Thorel où des municipaux libèrent des sapins blancs enfermés dans des plastiques roses et verts.
Après avoir laissé mon sac à dos à l’aimable dame de l’accueil qui ne semble plus se souvenir que nous avons travaillé ensemble, je parcours en solitaire les salles du rez-de-chaussée et celle de l’étage. Ce n’est pas sans raison qu’Hervé Télémaque est l’un des moins connus des peintres de la Figuration narrative. Sa rétrospective au Centre Pompidou m’avait peu intéressé. Ici, ses œuvres « collection de l’artiste » ne me disent rien et pas davantage celle de son cadet de trente ans Baptiste Roux.
Je ne m’attarde donc pas dans ce Musée toujours gratuit et garanti sans vigile, quittant vite Louviers, ville natale, où les nuages gris et bas de ce dernier jour de novembre sont particulièrement déprimants.
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Le Commissaire de Police de Louviers/Val-de-Reuil était au concert des Eagles of Death Metal le vendredi treize novembre. Il a été grièvement blessé. Sa compagne, Commissaire de Police de Deauville, est indemne. Si elle et lui avaient eu leur arme de service sur eux auraient-ils pu abattre un ou deux tueurs ?
30 novembre 2015
Des lampes torches sont indispensables aux vigiles de l’Opéra de Rouen pour voir au fond du sac des dames qu’ils soupçonnent d’être des terroristes. Penchés comme ils le sont, ils ne verraient pas surgir le véritable danger si celui-ci advenait. Combien de temps va-t-on continuer à suspecter celles et ceux qui sont des victimes potentielles ? Je crains qui n’y ait pas de retour à la situation ante et d’avoir à mettre au rayon des souvenirs agréables le fait d’entrer tranquillement à l’Opéra.
Après avoir ouvert ma veste « Plus grand s’il vous plaît », j’attends le feu vert des placeuses, ce samedi soir, pour monter jusqu‘à la partie supérieure du premier balcon. De là-haut je profite au mieux du concert dansé intitulé Coup fatal, un spectacle co-accueilli par l’Opéra et le bientôt fini Hangar Vingt-Trois, dont les interprètes, parmi lesquels le talentueux contre-ténor Serge Kakudji (natif de Lubumbashi et ayant étudié le chant à Namur), viennent du Congo-Kinshasa, autrefois belge, ce qui explique sans doute l’humour surréalisant dont ils font preuve, jouant, chantant et dansant les compositions de Rodriguez Vangama, chef d’orchestre et joueur de guitare électrique à deux manches, et de Fabrizio Casso, directeur musical, aidés des baroques Händel, Vivaldi, Bach, Monteverdi et Gluck pour la musique, d’Alain Platel pour la mise en scène et la chorégraphie. Le décor, dû à Freddy Tsimba, se compose de rideaux de douilles et de chaises en plastique bleu saphir empruntées à Kabila. Quelques intrusions dans le public font trembler certains, ce qui est jouissif à contempler quand on est soi-même hors d’atteinte. En seconde partie de concert, les treize de ce Coup fatal, membres (comme il se doit) de la Société des Ambianceurs et Personnes Elégantes (la Sape), sont « sapés comme jamais ». Au bout d’une heure quarante de musique et de danse exubérantes éclatent d’enthousiastes et unanimes applaudissements.
*
Me demandant pourquoi Serge Kakudji chantait en chaise roulante ce samedi soir à l’Opéra de Rouen alors qu’on le voit debout dans des vidéos tirées de ce Coup fatal, je trouve la réponse sur le site de France Musique : « Le chanteur lyrique s’est fait violemment agresser à Palerme en Sicile le 20 juillet dernier, au lendemain de son concert avec l’orchestre du Théâtre Massimo de Palerme. »
« Le fait d’être noir a failli me coûter la vie », a-t-il écrit le trente juillet sur sa page Effe Bé.
*
Bien obligé pour me rendre à l’Opéra de passer par le Marché de Noël installé sur le parvis de la Cathédrale. La nuit, sa marchandise est entourée de barrières et gardée par des vigiles mais pendant l’ouverture aucune barrière n’est installée en travers des rues piétonnières pour prévenir le risque de la voiture conduite par un dingue fonçant vers la foule.
Après avoir ouvert ma veste « Plus grand s’il vous plaît », j’attends le feu vert des placeuses, ce samedi soir, pour monter jusqu‘à la partie supérieure du premier balcon. De là-haut je profite au mieux du concert dansé intitulé Coup fatal, un spectacle co-accueilli par l’Opéra et le bientôt fini Hangar Vingt-Trois, dont les interprètes, parmi lesquels le talentueux contre-ténor Serge Kakudji (natif de Lubumbashi et ayant étudié le chant à Namur), viennent du Congo-Kinshasa, autrefois belge, ce qui explique sans doute l’humour surréalisant dont ils font preuve, jouant, chantant et dansant les compositions de Rodriguez Vangama, chef d’orchestre et joueur de guitare électrique à deux manches, et de Fabrizio Casso, directeur musical, aidés des baroques Händel, Vivaldi, Bach, Monteverdi et Gluck pour la musique, d’Alain Platel pour la mise en scène et la chorégraphie. Le décor, dû à Freddy Tsimba, se compose de rideaux de douilles et de chaises en plastique bleu saphir empruntées à Kabila. Quelques intrusions dans le public font trembler certains, ce qui est jouissif à contempler quand on est soi-même hors d’atteinte. En seconde partie de concert, les treize de ce Coup fatal, membres (comme il se doit) de la Société des Ambianceurs et Personnes Elégantes (la Sape), sont « sapés comme jamais ». Au bout d’une heure quarante de musique et de danse exubérantes éclatent d’enthousiastes et unanimes applaudissements.
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Me demandant pourquoi Serge Kakudji chantait en chaise roulante ce samedi soir à l’Opéra de Rouen alors qu’on le voit debout dans des vidéos tirées de ce Coup fatal, je trouve la réponse sur le site de France Musique : « Le chanteur lyrique s’est fait violemment agresser à Palerme en Sicile le 20 juillet dernier, au lendemain de son concert avec l’orchestre du Théâtre Massimo de Palerme. »
« Le fait d’être noir a failli me coûter la vie », a-t-il écrit le trente juillet sur sa page Effe Bé.
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Bien obligé pour me rendre à l’Opéra de passer par le Marché de Noël installé sur le parvis de la Cathédrale. La nuit, sa marchandise est entourée de barrières et gardée par des vigiles mais pendant l’ouverture aucune barrière n’est installée en travers des rues piétonnières pour prévenir le risque de la voiture conduite par un dingue fonçant vers la foule.
28 novembre 2015
Entendant sur France Culture que tout le monde pavoise en bleu blanc rouge ce vendredi pour l’hommage national aux morts du treize novembre, je m’attends quand je mets le pied dehors à trouver une ville submergée de drapeaux, mais en suivant mon chemin de petit bonhomme, le nez en l’air, de la place Saint-Marc à celle du Vieux-Marché, je n’en vois que trois, ce qui est quand même rassurant.
Ce qui ne l’est pas, c’est comment tournent les choses (comme on dit) côté investigations policières. Autant je suis pour un état d’urgence permettant de donner un bon coup de pied dans la fourmilière islamo-fasciste, autant je trouve consternant l’usage secondaire qu’en font Hollande, Valls et Cazeneuve, Socialistes.
Hier jeudi, La Conjuration des Fourneaux a reçu la visite de la Police. Deux cuisiniers sont menacés d’être assignés à résidence. Des faits semblables ont eu lieu un peu partout en France, qui visent les libertaires et alternatifs que les autorités soupçonnent d’être capables de manifester à Paris pendant le jeu de dupe climatique mondial nommé Cop Vingt-Et-Un.
*
Procéder ainsi, c’est faire de ces attentats une aubaine (on allait devoir subir les manifestations de contestation de la Cop Vingt-Et-Un, et ouf voici les terroristes).
*
Il faut bien que quelqu’un se dévoue : durant trois après-midi consécutives je fais le seul vrai client du bar de l’Ubi.
J’y vais pour écrire mais ce manque d’animation finit quand même par me lasser.
*
Parole de professeur : « On dit que je suis sévère mais moi à Noël, je ramène des chocolats aux élèves. »
Ce qui ne l’est pas, c’est comment tournent les choses (comme on dit) côté investigations policières. Autant je suis pour un état d’urgence permettant de donner un bon coup de pied dans la fourmilière islamo-fasciste, autant je trouve consternant l’usage secondaire qu’en font Hollande, Valls et Cazeneuve, Socialistes.
Hier jeudi, La Conjuration des Fourneaux a reçu la visite de la Police. Deux cuisiniers sont menacés d’être assignés à résidence. Des faits semblables ont eu lieu un peu partout en France, qui visent les libertaires et alternatifs que les autorités soupçonnent d’être capables de manifester à Paris pendant le jeu de dupe climatique mondial nommé Cop Vingt-Et-Un.
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Procéder ainsi, c’est faire de ces attentats une aubaine (on allait devoir subir les manifestations de contestation de la Cop Vingt-Et-Un, et ouf voici les terroristes).
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Il faut bien que quelqu’un se dévoue : durant trois après-midi consécutives je fais le seul vrai client du bar de l’Ubi.
J’y vais pour écrire mais ce manque d’animation finit quand même par me lasser.
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Parole de professeur : « On dit que je suis sévère mais moi à Noël, je ramène des chocolats aux élèves. »
27 novembre 2015
Faire ouvrir, au prétexte de sécurité, les vestes et manteaux du public dans l’air froid courant devant la porte de l’Opéra aura-t-il pour seul effet d’augmenter le nombre des tousseurs de concert ? Je le crains.
Ils sont déjà nombreux ce jeudi soir mais heureusement s’expriment surtout pendant les pauses. Sur la scène, que je domine du premier balcon, sont mélangé(e)s les musicien(ne)s de l’Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie et de l’Orchestre Régional de Normandie. Voir s’entendre si bien les Normand(e)s de la Haute et de la Basse à quelques semaines de l’unification pourrait tirer des larmes à un plus sensible que moi. Ce beau monde est dirigé par Leo Hussain.
En première partie sont donnés le Prélude de Tristan et Isolde de Richard Wagner puis le Poème de l’amour et de la mer pour voix et orchestre d’Ernest Chausson (la voix est celle du baryton André Heyboer) mais c’est surtout lors de la seconde que je trouve mon compte dans cette soirée maritime avec les Four Sea Interludes tirés de Peter Grimes de Benjamin Britten et La Mer de Claude Debussy pour lesquels musicien(ne)s et chef se donnent à fond, le maestro allant jusqu'à sauter en l’air face aux vagues de Britten.
-Il a l’air sympathique ce chef d’orchestre, remarque ma voisine.
Ils sont déjà nombreux ce jeudi soir mais heureusement s’expriment surtout pendant les pauses. Sur la scène, que je domine du premier balcon, sont mélangé(e)s les musicien(ne)s de l’Orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie et de l’Orchestre Régional de Normandie. Voir s’entendre si bien les Normand(e)s de la Haute et de la Basse à quelques semaines de l’unification pourrait tirer des larmes à un plus sensible que moi. Ce beau monde est dirigé par Leo Hussain.
En première partie sont donnés le Prélude de Tristan et Isolde de Richard Wagner puis le Poème de l’amour et de la mer pour voix et orchestre d’Ernest Chausson (la voix est celle du baryton André Heyboer) mais c’est surtout lors de la seconde que je trouve mon compte dans cette soirée maritime avec les Four Sea Interludes tirés de Peter Grimes de Benjamin Britten et La Mer de Claude Debussy pour lesquels musicien(ne)s et chef se donnent à fond, le maestro allant jusqu'à sauter en l’air face aux vagues de Britten.
-Il a l’air sympathique ce chef d’orchestre, remarque ma voisine.
26 novembre 2015
Une habitude que j’ai perdue, celle de me rendre chaque jeudi matin au marché à la brocante des Emmurées, rive gauche. J’y retourne ce jour et suis une nouvelle fois déçu. Ce marché a pâti de son déplacement pendant des mois sur le boulevard Clemenceau lors de la destruction du parquigne de béton laid sous lequel il se tenait. Des marchands l’ont quitté qui n’aimaient pas le boulevard. Ils ne sont pas revenus lors de sa réouverture sous la vague de verre des Emmurées et parmi ceux qui y sont encore certains ne viennent pas chaque semaine, dont ceux qui vendent des livres. A croire que ces personnes brocanteuses préfèrent l’ombre à la clarté.
J’en fais le tour de manière infructueuse et repasse la Seine. Devant la Cathédrale, les marchands de Noël s’empressent d’emplir leurs cabanes blanches d’objets fabriqués essentiellement en Chine qu’il s’agira de rendre désirables aux chalands rouennais et des alentours. Cela ne devrait pas poser de problème, faire les boutiques (comme ils disent) et en ressortir un sac en papier à la main est l’occupation préférée des gens d’ici.
Quand j’y repasse au milieu de la matinée, en chemin vers la Poste de la Champmeslé, non protégée par un vigile, une bonne moitié de ces commerçants nomades a ouvert cabane. De futurs clients s’y pressent. Paris est loin, l’heure n’est plus à la crainte des attentats. D’ailleurs si un marché de Noël devait être visé, ce serait celui de Strasbourg, doivent-ils se dire.
Dans le prolongement de ce marché, rue Saint-Romain, des sapins ont poussé sur le pavé, offerts par une jardinerie. A leur pied, les riverains déposent des sacs poubelles.
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Il y a trois cercles : celui des arrondissements des tueries (à l’ambiance soucieuse), celui des autres arrondissements de Paris (à l’ambiance concernée), celui de la province (à l’ambiance habituelle). Les radios, télévisions et journaux nationaux se situent dans les premier et deuxième cercles. La majorité de leurs auditeurs, regardeurs et lecteurs sont dans le troisième.
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Quand même, écrire comme l’ont fait Les Inrocks et d’autres que le voisin du Bataclan tué par une balle de kalachnikov ayant ricoché sur un balcon est mort d’une balle perdue, c’est dire que ne l’étaient pas les autres balles, celles reçues par les personnes visées.
J’en fais le tour de manière infructueuse et repasse la Seine. Devant la Cathédrale, les marchands de Noël s’empressent d’emplir leurs cabanes blanches d’objets fabriqués essentiellement en Chine qu’il s’agira de rendre désirables aux chalands rouennais et des alentours. Cela ne devrait pas poser de problème, faire les boutiques (comme ils disent) et en ressortir un sac en papier à la main est l’occupation préférée des gens d’ici.
Quand j’y repasse au milieu de la matinée, en chemin vers la Poste de la Champmeslé, non protégée par un vigile, une bonne moitié de ces commerçants nomades a ouvert cabane. De futurs clients s’y pressent. Paris est loin, l’heure n’est plus à la crainte des attentats. D’ailleurs si un marché de Noël devait être visé, ce serait celui de Strasbourg, doivent-ils se dire.
Dans le prolongement de ce marché, rue Saint-Romain, des sapins ont poussé sur le pavé, offerts par une jardinerie. A leur pied, les riverains déposent des sacs poubelles.
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Il y a trois cercles : celui des arrondissements des tueries (à l’ambiance soucieuse), celui des autres arrondissements de Paris (à l’ambiance concernée), celui de la province (à l’ambiance habituelle). Les radios, télévisions et journaux nationaux se situent dans les premier et deuxième cercles. La majorité de leurs auditeurs, regardeurs et lecteurs sont dans le troisième.
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Quand même, écrire comme l’ont fait Les Inrocks et d’autres que le voisin du Bataclan tué par une balle de kalachnikov ayant ricoché sur un balcon est mort d’une balle perdue, c’est dire que ne l’étaient pas les autres balles, celles reçues par les personnes visées.
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