Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
14 décembre 2015
-Vous êtes le premier, me dit la gardienne de l’urne ce dimanche au lycée Camille Saint-Saëns.
-Je ne viens pas souvent alors quand je me déplace autant être le premier, lui réponds-je.
Il fait nuit. Huit heures viennent de sonner. Le bulletin Mayer-Rossignol tombe au fond de l’urne dans son enveloppe bleue. Le Morin est chiffonné dans ma poche. Je n’ai pas touché au troisième, trop puant.
Le jour levé, je fais un tour au marché du côté des bouquinistes puis vais me réchauffer au Clos-Saint-Marc afin d’y terminer la lecture de Lectures pour Jean Vilar de Georges Perros.
C’est un café mal fréquenté. À une table de quatre se trouve le chef rouennais du Parti qui pue. En sa compagnie, un couple de quinquagénaires et un sexagénaire à longs cheveux blancs attachés en catogan, le genre de type qu’on pourrait croire de passage venant de l’une des dernières communautés des Cévennes (ne pas se fier à la tête d’un quidam pour savoir s’il est ou non un électeur du F-Haine). Ce quatuor disparaît assez vite. Les autres clients lisent Liberté Dimanche dont le titre est « Un Noël durable ? » (ne parlons pas de malheur).
L’après-midi, je suis à l’Opéra où l’on donne Les Caprices de Marianne d’Henri Sauguet sur un livret de Jean-Pierre Grédy (du duo boulevardier Barillet et Grédy) d’après Alfred de Musset dont je n’ai jamais lu ni vu la pièce, aussi ne puis-je pas me rendre compte de toute l’étendue des dégâts mais quelle niaiserie dans le texte et certaines situations. Je suis en corbeille entre une vieille qui baille et un jeunot qui pique régulièrement du nez.
-C’est un peu monotone, déclare l’un à l’entracte
-On me l’aurait fait écouter chez moi avant, je ne serais pas venue, dit une autre.
« La sieste est finie » chante l’aubergiste au début du deuxième acte. Cette injonction a de l’effet sur ma voisine et mon voisin. Je n’ennuie un peu moins mais je continue à penser que ce n’était pas la peine de se mettre à seize maisons d’opéra pour sortir de la poussière cette œuvre de mil neuf cent cinquante-quatre.
Marianne n’a rien d’une femme à caprices, c’est une épouse malheureuse que son mari frappe et dont il fait tuer celui qu’il soupçonne être son amant. En cela, elle ressemble à la Marianne de la République qui depuis un moment prend des coups.
Avant l’heure officielle, je regarde les résultats du deuxième tour des Régionales sur le site du journal belge Le Soir. Le F-Haine n’a aucun(e) élu(e), à part Laurent Wauquiez qui se présentait en Rhône Alpes Auvergne sous le sigle Les Républicains.
Pour la Normandie, on ne sait pas. Le F-Haineux Bay est dans les choux, Nicolas Mayer-Rossignol (Gauche) et Hervé Morin (Droite) sont à égalité. Vers vingt et une heures, le premier est donné gagnant, mais pas à coup sûr. A croire que dans cette région, Marianne est capricieuse. Un peu avant vingt-deux heures, elle finit par choisir de très peu celui qui a trahi François Bayrou au lendemain du premier tour de la Présidentielle de deux mille sept.
*
Le dimanche du premier tour, j’aurais eu envie de voter en Ile-de-France. Cette fois, je m’y serais abstenu. Pas possible de voter Bartolone, l’un des plus crétins des Socialistes.
*
Laurent le Fabuleux, sa petite larme à la fin de la Cop Vingt et Un où l’on a décidé de ne s’obliger à rien et pas avant deux mille vingt.
Il a bien mérité pour retraite de faire Président du Conseil Constitutionnel.
-Je ne viens pas souvent alors quand je me déplace autant être le premier, lui réponds-je.
Il fait nuit. Huit heures viennent de sonner. Le bulletin Mayer-Rossignol tombe au fond de l’urne dans son enveloppe bleue. Le Morin est chiffonné dans ma poche. Je n’ai pas touché au troisième, trop puant.
Le jour levé, je fais un tour au marché du côté des bouquinistes puis vais me réchauffer au Clos-Saint-Marc afin d’y terminer la lecture de Lectures pour Jean Vilar de Georges Perros.
C’est un café mal fréquenté. À une table de quatre se trouve le chef rouennais du Parti qui pue. En sa compagnie, un couple de quinquagénaires et un sexagénaire à longs cheveux blancs attachés en catogan, le genre de type qu’on pourrait croire de passage venant de l’une des dernières communautés des Cévennes (ne pas se fier à la tête d’un quidam pour savoir s’il est ou non un électeur du F-Haine). Ce quatuor disparaît assez vite. Les autres clients lisent Liberté Dimanche dont le titre est « Un Noël durable ? » (ne parlons pas de malheur).
L’après-midi, je suis à l’Opéra où l’on donne Les Caprices de Marianne d’Henri Sauguet sur un livret de Jean-Pierre Grédy (du duo boulevardier Barillet et Grédy) d’après Alfred de Musset dont je n’ai jamais lu ni vu la pièce, aussi ne puis-je pas me rendre compte de toute l’étendue des dégâts mais quelle niaiserie dans le texte et certaines situations. Je suis en corbeille entre une vieille qui baille et un jeunot qui pique régulièrement du nez.
-C’est un peu monotone, déclare l’un à l’entracte
-On me l’aurait fait écouter chez moi avant, je ne serais pas venue, dit une autre.
« La sieste est finie » chante l’aubergiste au début du deuxième acte. Cette injonction a de l’effet sur ma voisine et mon voisin. Je n’ennuie un peu moins mais je continue à penser que ce n’était pas la peine de se mettre à seize maisons d’opéra pour sortir de la poussière cette œuvre de mil neuf cent cinquante-quatre.
Marianne n’a rien d’une femme à caprices, c’est une épouse malheureuse que son mari frappe et dont il fait tuer celui qu’il soupçonne être son amant. En cela, elle ressemble à la Marianne de la République qui depuis un moment prend des coups.
Avant l’heure officielle, je regarde les résultats du deuxième tour des Régionales sur le site du journal belge Le Soir. Le F-Haine n’a aucun(e) élu(e), à part Laurent Wauquiez qui se présentait en Rhône Alpes Auvergne sous le sigle Les Républicains.
Pour la Normandie, on ne sait pas. Le F-Haineux Bay est dans les choux, Nicolas Mayer-Rossignol (Gauche) et Hervé Morin (Droite) sont à égalité. Vers vingt et une heures, le premier est donné gagnant, mais pas à coup sûr. A croire que dans cette région, Marianne est capricieuse. Un peu avant vingt-deux heures, elle finit par choisir de très peu celui qui a trahi François Bayrou au lendemain du premier tour de la Présidentielle de deux mille sept.
*
Le dimanche du premier tour, j’aurais eu envie de voter en Ile-de-France. Cette fois, je m’y serais abstenu. Pas possible de voter Bartolone, l’un des plus crétins des Socialistes.
*
Laurent le Fabuleux, sa petite larme à la fin de la Cop Vingt et Un où l’on a décidé de ne s’obliger à rien et pas avant deux mille vingt.
Il a bien mérité pour retraite de faire Président du Conseil Constitutionnel.
12 décembre 2015
Lecture d’Hippobosque au Bocage publié chez L’Imaginaire/Gallimard, sans présentation ni notes ou appareil critique, qui regroupe des lettres écrites par Gaston Chaissac, l’ancien cordonnier devenu artiste, à divers correspondants désignés seulement par leurs initiales, entre fin quarante-six et fin quarante-huit.
Chaissac, dont la femme est institutrice, vit dans une certaine pauvreté qui l’empêche parfois d’acheter de la gouache ou du papier. Dans ses missives, il évoque ses soucis d’artiste et sa vie quotidienne en bocage vendéen, passant souvent du coq à l’âne, peut-être parce qu’il répond à des questions posées par ses correspondants,
Les coiffeurs nous abîment, ils manquent d’adresse –c’est-à-dire de maladresse– ils ne savent jamais faire une coupe de cheveux qui fait une tête de romanichel. Je préfère passer entre les mains des apprentis coiffeurs qui au moins font des coupes de cheveux inédites, mais leurs patrons sont des cons qui ont la marotte de retoucher à leur travail quand il est particulièrement intéressant, ils gâchent tout. A J.D. décembre mil neuf cent quarante-six
Il y a des choses bien étonnantes mais ce que je trouve le plus étonnant de tout c’est les paysans, forts comme ils sont, ils pourraient facilement vivre sans jamais se fatiguer et ils se crèvent le tempérament. A Madame E.D., seize mai mil neuf cent quarante-sept
Personnellement ça me rassure énormément que mes tableaux n’ont pas de succès en Normandie. Et j’ai l’intention de signer quelques écrits ainsi : Chaissac, qui peint des tableaux qui n’ont pas de succès en Normandie. A J.l’A. mil neuf cent quarante-sept
Je viens de me découvrir l’inventeur de l’hippobocalisme. Mais ça en restera probablement là car peu probable que l’hippobocalisme soit monté en épingle par qui que ce soit et fasse parler de lui. A J. l’A. vingt-quatre novembre mil neuf cent quarante-sept
Bien des artistes ne sont pas assez instables pour des artistes ainsi que l’atteste leur fidélité pour certains salons. Idem
C’est dommage qu’il n’y ait pas de mots correspondant à accordéonneux pour désigner le peintre et l’écrivain que je suis, il faudrait les inventer. Je suis accordéonneux (au sens propre) aussi. A J. l’A. vingt-deux janvier mil neuf cent quarante-huit
Le communiste reste libre de travailler pour un capitaliste et c’est là que ça pêche. Dans les doctrines sérieuses des choses comme ça ne se voit pas. A J. l’A. en mil neuf cent quarante-huit
Chez Dubuffet mon étonnement fut ses meubles, qu’on ne les ait pas bardés de bouts de caisses d’emballage. Les intellectuels devraient fabriquer eux-mêmes des meubles. A J. l’A. douze janvier mil neuf cent quarante-huit
Je pense que des sculptures en charbon de bois mal cuites seraient moins fragiles que bien cuites alors faudrait tâcher de les faire mal cuire. A J.D. en mil neuf cent quarante-huit
Mes sculptures naturelles en bois viennent de s’augmenter d’une nouvelle unité qui est cette fois une personne qui baisse la tête et que j’ai bien envie de baptiser : le Parlementaire vu qu’elle a le bras très long qui est d’ailleurs en bois plus vulgaire et plus corruptible et qui commence même à désagréger, tomber en poussière A J.D. mai mil neuf cent quarante-huit
La dame qui travaille pour hommes dans le bourg est en train de me faire un pantalon d’un tissu jaune que ma belle-mère avait acheté d’une nouvelle marchande qui s’est remariée avec un réfugié alors qu’elle était veuve d’un fils de gendarme. A J.D. mai mil neuf cent quarante-huit
En peinture aussi je veux emmener les gens à Quimper-Corentin. Rien n’est meilleur pour l’homme que de faire un petit tour à Quimper-Corentin. A J.P. mai mil neuf cent quarante-huit
Ce qui m’a fait tort c’est un qui a eu la langue trop longue qui a raconté qu’autrefois j’écrivais bien. Je lui avais en effet envoyé une lettre d’une écriture appliquée. A M.T. mai mil neuf cent quarante-huit
(à suivre)
*
L’hippobosque est une mouche parasite du cheval, ai-je appris à l’occasion de cette lecture.
Chaissac, dont la femme est institutrice, vit dans une certaine pauvreté qui l’empêche parfois d’acheter de la gouache ou du papier. Dans ses missives, il évoque ses soucis d’artiste et sa vie quotidienne en bocage vendéen, passant souvent du coq à l’âne, peut-être parce qu’il répond à des questions posées par ses correspondants,
Les coiffeurs nous abîment, ils manquent d’adresse –c’est-à-dire de maladresse– ils ne savent jamais faire une coupe de cheveux qui fait une tête de romanichel. Je préfère passer entre les mains des apprentis coiffeurs qui au moins font des coupes de cheveux inédites, mais leurs patrons sont des cons qui ont la marotte de retoucher à leur travail quand il est particulièrement intéressant, ils gâchent tout. A J.D. décembre mil neuf cent quarante-six
Il y a des choses bien étonnantes mais ce que je trouve le plus étonnant de tout c’est les paysans, forts comme ils sont, ils pourraient facilement vivre sans jamais se fatiguer et ils se crèvent le tempérament. A Madame E.D., seize mai mil neuf cent quarante-sept
Personnellement ça me rassure énormément que mes tableaux n’ont pas de succès en Normandie. Et j’ai l’intention de signer quelques écrits ainsi : Chaissac, qui peint des tableaux qui n’ont pas de succès en Normandie. A J.l’A. mil neuf cent quarante-sept
Je viens de me découvrir l’inventeur de l’hippobocalisme. Mais ça en restera probablement là car peu probable que l’hippobocalisme soit monté en épingle par qui que ce soit et fasse parler de lui. A J. l’A. vingt-quatre novembre mil neuf cent quarante-sept
Bien des artistes ne sont pas assez instables pour des artistes ainsi que l’atteste leur fidélité pour certains salons. Idem
C’est dommage qu’il n’y ait pas de mots correspondant à accordéonneux pour désigner le peintre et l’écrivain que je suis, il faudrait les inventer. Je suis accordéonneux (au sens propre) aussi. A J. l’A. vingt-deux janvier mil neuf cent quarante-huit
Le communiste reste libre de travailler pour un capitaliste et c’est là que ça pêche. Dans les doctrines sérieuses des choses comme ça ne se voit pas. A J. l’A. en mil neuf cent quarante-huit
Chez Dubuffet mon étonnement fut ses meubles, qu’on ne les ait pas bardés de bouts de caisses d’emballage. Les intellectuels devraient fabriquer eux-mêmes des meubles. A J. l’A. douze janvier mil neuf cent quarante-huit
Je pense que des sculptures en charbon de bois mal cuites seraient moins fragiles que bien cuites alors faudrait tâcher de les faire mal cuire. A J.D. en mil neuf cent quarante-huit
Mes sculptures naturelles en bois viennent de s’augmenter d’une nouvelle unité qui est cette fois une personne qui baisse la tête et que j’ai bien envie de baptiser : le Parlementaire vu qu’elle a le bras très long qui est d’ailleurs en bois plus vulgaire et plus corruptible et qui commence même à désagréger, tomber en poussière A J.D. mai mil neuf cent quarante-huit
La dame qui travaille pour hommes dans le bourg est en train de me faire un pantalon d’un tissu jaune que ma belle-mère avait acheté d’une nouvelle marchande qui s’est remariée avec un réfugié alors qu’elle était veuve d’un fils de gendarme. A J.D. mai mil neuf cent quarante-huit
En peinture aussi je veux emmener les gens à Quimper-Corentin. Rien n’est meilleur pour l’homme que de faire un petit tour à Quimper-Corentin. A J.P. mai mil neuf cent quarante-huit
Ce qui m’a fait tort c’est un qui a eu la langue trop longue qui a raconté qu’autrefois j’écrivais bien. Je lui avais en effet envoyé une lettre d’une écriture appliquée. A M.T. mai mil neuf cent quarante-huit
(à suivre)
*
L’hippobosque est une mouche parasite du cheval, ai-je appris à l’occasion de cette lecture.
11 décembre 2015
Jeudi matin, m’en allant à la Poste principale, je vois déboucher, sorti de Camille Saint-Saëns, un cortège lycéen suivi de Gendarmes Mobiles à pied et d’autres en fourgons. Cette jeunesse proteste contre le nombre de voix qu’a obtenu le F-Haine au premier tour des Régionales. Au carrefour avec la rue de la Jeanne, une poignée s’assoit sur la chaussée avec l’envie de bloquer la circulation mais se voyant entourés de grands costauds avec une longue tige dépassant de leur uniforme, ces filles et ces garçons ont tôt fait de se lever et de rejoindre le gros de la troupe qui s’éloigne vers la place du Vieux.
Après avoir posté, je rentre par un autre chemin. Parvenu devant le Socrate, je vois surgir un deuxième cortège de lycéen(ne)s. Sans doute issu(e)s de Corneille, ces filles et ces garçons arrivent de la rue des Fossés Louis le Huitième et constatent que les élèves de Saint-Saëns sont déjà partis. « Le F-Haine, on t’encule », crient-ils en chœur et en boucle, bien inutilement à mon avis.
*
Manifester dans la rue des Fossés Louis le Huitième, cette voie sombre bordée de maisons tristes, il n’y a que des lycéen(ne)s pour faire un pareil choix.
Moi-même, je l’emprunte souvent entre le Socrate et la maison pour éviter la rue Ganterie, sa parallèle affreusement marchande où l’on manifeste quotidiennement pour la société de consommation, avec succès.
Après avoir posté, je rentre par un autre chemin. Parvenu devant le Socrate, je vois surgir un deuxième cortège de lycéen(ne)s. Sans doute issu(e)s de Corneille, ces filles et ces garçons arrivent de la rue des Fossés Louis le Huitième et constatent que les élèves de Saint-Saëns sont déjà partis. « Le F-Haine, on t’encule », crient-ils en chœur et en boucle, bien inutilement à mon avis.
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Manifester dans la rue des Fossés Louis le Huitième, cette voie sombre bordée de maisons tristes, il n’y a que des lycéen(ne)s pour faire un pareil choix.
Moi-même, je l’emprunte souvent entre le Socrate et la maison pour éviter la rue Ganterie, sa parallèle affreusement marchande où l’on manifeste quotidiennement pour la société de consommation, avec succès.
10 décembre 2015
Fuir, ne serait-ce qu’une journée, ce fâcheux centre commercial ouvert sept jours sur sept qu’est la ville de Rouen à l’approche de Noël est indispensable à ma santé mentale, aussi est-ce avec empressement que je rejoins la gare de Rouen ce mercredi matin. Le jour se lève tandis que le train file (si l’on peut dire) vers Paris, découvrant un ciel sans nuages et une brume épaisse qui suit le cours de la Seine.
C’est par le bus Vingt que je rejoins le Book-Off du Faubourg-Saint-Antoine d’où je ressors avec peu. Le temps doux et ensoleillé spécial Cop Vingt et Un m’incite à passer par le marché d’Aligre puis à poursuivre pédestrement par le Jardin des Plantes afin de me rapprocher du Quartier Latin.
A hauteur de Jussieu un menu du jour proposant une saucisse au couteau me fait entrer au Valmozzola dont l’aimable serveuse accepte de remplacer l’œuf mayonnaise par une tranche de pâté. Installé en vitrine, je déguste cette bonne saucisse accompagnée de purée rustique et de beaujolais, songeant aux bons moments passés en Auvergne tout en observant la hardiesse avec laquelle les bicyclistes et scouteuristes traversent le carrefour de Cardinal Lemoine. Un enjoliveur perdu par une voiture met peu de temps à être transformé en menus débris.
La rue des Ecoles m’emmène chez Gibert Bleu où je monte à l’étage « littérature » après avoir été scanné par mesure de sécurité. J’y investis neuf euros quarante dans une occasion : Lectures pour Jean Vilar de Georges Perros (Le temps qu’il fait), un bon placement.
Par le bus Vingt-Neuf je rejoins le jardin du Palais Royal. Le soleil bas est suffisamment chaud pour y lire un bon moment sur l’une des chaises vertes près du bassin.
Après avoir trouvé peu dans l’autre Book Off, je longe l’Opéra Garnier direction Saint-Lazare. Sur un îlot, entre les deux sens de circulation automobile, une vingtaine d’individus sont cernés par le même nombre de fonctionnaires (comme on dit dans ce milieu). Les passants passent, ainsi qu’il convient.
*
Malheureux habitants du bâtiment de la rue de la République à Saint-Denis détruit par l’intervention des forces de l’ordre contre l’appartement des islamo-fascistes, non seulement ils n’ont plus de logement ni même accès à leurs affaires, mais certains (dont l’un blessé par balle) ont dû subir une garde à vue et d’autres, sans papiers, ont fait un passage en Centre de Rétention (heureusement sortis de là par la justice administrative), entends-je, raconté par eux-mêmes, dans Les Pieds sur Terre sur France Culture mardi.
*
« Passe-moi la salade, je t’envoie la rhubarbe », que ce fat sot de Sarko connaisse la salade (la vraie, pas celles qu’il raconte) ne m’étonne pas mais qu’il connaisse la rhubarbe m’interloque, lui qui reprochait à Hollande d’aimer les frites.
C’est par le bus Vingt que je rejoins le Book-Off du Faubourg-Saint-Antoine d’où je ressors avec peu. Le temps doux et ensoleillé spécial Cop Vingt et Un m’incite à passer par le marché d’Aligre puis à poursuivre pédestrement par le Jardin des Plantes afin de me rapprocher du Quartier Latin.
A hauteur de Jussieu un menu du jour proposant une saucisse au couteau me fait entrer au Valmozzola dont l’aimable serveuse accepte de remplacer l’œuf mayonnaise par une tranche de pâté. Installé en vitrine, je déguste cette bonne saucisse accompagnée de purée rustique et de beaujolais, songeant aux bons moments passés en Auvergne tout en observant la hardiesse avec laquelle les bicyclistes et scouteuristes traversent le carrefour de Cardinal Lemoine. Un enjoliveur perdu par une voiture met peu de temps à être transformé en menus débris.
La rue des Ecoles m’emmène chez Gibert Bleu où je monte à l’étage « littérature » après avoir été scanné par mesure de sécurité. J’y investis neuf euros quarante dans une occasion : Lectures pour Jean Vilar de Georges Perros (Le temps qu’il fait), un bon placement.
Par le bus Vingt-Neuf je rejoins le jardin du Palais Royal. Le soleil bas est suffisamment chaud pour y lire un bon moment sur l’une des chaises vertes près du bassin.
Après avoir trouvé peu dans l’autre Book Off, je longe l’Opéra Garnier direction Saint-Lazare. Sur un îlot, entre les deux sens de circulation automobile, une vingtaine d’individus sont cernés par le même nombre de fonctionnaires (comme on dit dans ce milieu). Les passants passent, ainsi qu’il convient.
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Malheureux habitants du bâtiment de la rue de la République à Saint-Denis détruit par l’intervention des forces de l’ordre contre l’appartement des islamo-fascistes, non seulement ils n’ont plus de logement ni même accès à leurs affaires, mais certains (dont l’un blessé par balle) ont dû subir une garde à vue et d’autres, sans papiers, ont fait un passage en Centre de Rétention (heureusement sortis de là par la justice administrative), entends-je, raconté par eux-mêmes, dans Les Pieds sur Terre sur France Culture mardi.
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« Passe-moi la salade, je t’envoie la rhubarbe », que ce fat sot de Sarko connaisse la salade (la vraie, pas celles qu’il raconte) ne m’étonne pas mais qu’il connaisse la rhubarbe m’interloque, lui qui reprochait à Hollande d’aimer les frites.
9 décembre 2015
Arthur Schopenhauer a quinze ans quand il parcourt l’Europe avec ses parents (et parfois sans) de mil huit cent trois à mil huit cent quatre, son père voulant en faire un marchand, raison pour laquelle il a déjà passé trois ans dans une famille d’accueil au Havre entre dix et douze ans, un séjour linguistique d’où il est rentré seul par le bateau.
Ce branlotin d’Arthur rédige son Journal de voyage qu’a publié le Mercure de France dans la collection Le Temps Retrouvé et que je viens de lire.
A cet âge, il ne lui arrive pas grand-chose, il décrit les villes et campagnes traversées, les monuments visités, les spectacles vus, les concerts entendus. Dans un additif, il évalue les auberges fréquentées. C’est en quelque sorte l’inventeur du Guide du Routard.
Quand même ceci :
Ce matin, je fus témoin d’une triste scène. Je vis la pendaison de trois hommes. Il est toujours révoltant d’assister à l’exécution violente d’êtres humains. Pourtant, cette scène d’exécution anglaise n’était pas aussi atroce que celles que l’on voit habituellement. Le malheureux ne souffre pas trente secondes. (…) Les spectateurs ne se pressent pas en foule car les pendaisons ont lieu toutes les six semaines. (…)
Ce soir, je suis allé voir un ventriloque dont on parlait chaque jour dans les journaux. (mercredi huit juin mil huit cent trois à Londres)
L’empereur en sortit en tenant l’impératrice par la main, s’assit à côté d’elle et guida lui-même le cheval. Tous les deux portaient des habits très modestes. Lui est un homme maigre dont le visage remarquablement bête semble être celui d’un tailleur plutôt qu’un empereur. L’impératrice n’est pas jolie, mais a l’air plus intelligente. (mercredi vingt-sept juin mil huit cent quatre à Vienne)
A la cour, on boit de l’eau, le vin autrichien étant trop aigre, le vin étranger trop cher, alors qu’on a remarqué que l’eau n’avait aucun de ces deux inconvénients ! (idem)
Le postillon était tellement vieux que faute de dents, il ne pouvait corner et il était tellement entêté que, malgré les prières et les menaces, il ne voulait passer son cor à personne d’autre. Nous avons donc dû attendre le bac pendant trente minutes. (même date, au bord du Danube en crue, face à la Hongrie)
*
Pendant son long voyage, Arthur passe à Rouen mais, pressé de retrouver Le Havre, il ne s’y attarde pas et n’en dit rien :
Le soir à dix heures, j’ai quitté Paris pour le Havre en diligence, voyage que j’attendais avec impatience car je désirais revoir mes chers amis, ainsi que la ville où j’avais passé mes dixième, onzième et douzième années. Dans la diligence, je me trouvais avec des gens de conditions diverses, mais bonnes dans l’ensemble. Le lendemain, j’arrivai dans la soirée à Rouen, et allai voir M. Hilscher chez qui je passai la nuit et, le soir suivant, je parvins au Havre. (jeudi quinze décembre mil huit cent trois)
*
Le vingt avril mil neuf cent six, Floris Schopenhauer, père d’Arthur, passe par la fenêtre du grenier et chute mortellement dans le canal (accident ou suicide, on ne sait pas), ce qui permet à Arthur d’arrêter ses études de commerce et de devenir celui que l’on sait.
*
Le monde oscille comme une pendule de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui. Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation
Ce branlotin d’Arthur rédige son Journal de voyage qu’a publié le Mercure de France dans la collection Le Temps Retrouvé et que je viens de lire.
A cet âge, il ne lui arrive pas grand-chose, il décrit les villes et campagnes traversées, les monuments visités, les spectacles vus, les concerts entendus. Dans un additif, il évalue les auberges fréquentées. C’est en quelque sorte l’inventeur du Guide du Routard.
Quand même ceci :
Ce matin, je fus témoin d’une triste scène. Je vis la pendaison de trois hommes. Il est toujours révoltant d’assister à l’exécution violente d’êtres humains. Pourtant, cette scène d’exécution anglaise n’était pas aussi atroce que celles que l’on voit habituellement. Le malheureux ne souffre pas trente secondes. (…) Les spectateurs ne se pressent pas en foule car les pendaisons ont lieu toutes les six semaines. (…)
Ce soir, je suis allé voir un ventriloque dont on parlait chaque jour dans les journaux. (mercredi huit juin mil huit cent trois à Londres)
L’empereur en sortit en tenant l’impératrice par la main, s’assit à côté d’elle et guida lui-même le cheval. Tous les deux portaient des habits très modestes. Lui est un homme maigre dont le visage remarquablement bête semble être celui d’un tailleur plutôt qu’un empereur. L’impératrice n’est pas jolie, mais a l’air plus intelligente. (mercredi vingt-sept juin mil huit cent quatre à Vienne)
A la cour, on boit de l’eau, le vin autrichien étant trop aigre, le vin étranger trop cher, alors qu’on a remarqué que l’eau n’avait aucun de ces deux inconvénients ! (idem)
Le postillon était tellement vieux que faute de dents, il ne pouvait corner et il était tellement entêté que, malgré les prières et les menaces, il ne voulait passer son cor à personne d’autre. Nous avons donc dû attendre le bac pendant trente minutes. (même date, au bord du Danube en crue, face à la Hongrie)
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Pendant son long voyage, Arthur passe à Rouen mais, pressé de retrouver Le Havre, il ne s’y attarde pas et n’en dit rien :
Le soir à dix heures, j’ai quitté Paris pour le Havre en diligence, voyage que j’attendais avec impatience car je désirais revoir mes chers amis, ainsi que la ville où j’avais passé mes dixième, onzième et douzième années. Dans la diligence, je me trouvais avec des gens de conditions diverses, mais bonnes dans l’ensemble. Le lendemain, j’arrivai dans la soirée à Rouen, et allai voir M. Hilscher chez qui je passai la nuit et, le soir suivant, je parvins au Havre. (jeudi quinze décembre mil huit cent trois)
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Le vingt avril mil neuf cent six, Floris Schopenhauer, père d’Arthur, passe par la fenêtre du grenier et chute mortellement dans le canal (accident ou suicide, on ne sait pas), ce qui permet à Arthur d’arrêter ses études de commerce et de devenir celui que l’on sait.
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Le monde oscille comme une pendule de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui. Arthur Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation
8 décembre 2015
« Moi je suis trop jeune pour voter, Et toi ? T’es trop quoi ? » me dit une branlotine au regard sévère sur l’image que m’envoie sans bonjour ni salut un lecteur.
« Oui oui j'en ai côtoyé beaucoup dans les manifestations de ces trop jeunes pour voter quand le père Le Pen est arrivé au deuxième tour et parmi eux beaucoup votent F-Haine aujourd'hui. », lui réponds-je
Dire que l’on s’est abstenu ce dimanche est un bon moyen de se faire insulter. Pourtant il me semble que le problème vient plutôt de ceux qui ont fait leur « devoir électoral ». Ces ouvriers qui autrefois auraient voté communiste, ces jeunes qui autrefois auraient voté extrême gauche, ces catholiques qui autrefois auraient voté à droite et qui aujourd’hui optent en chœur pour le F-Haine, félicitons-les, ils ont voté !
Je voterai au deuxième tour. Ce n’est pas que je cède aux invectives, conseils ou injonctions des bonnes âmes, défenseurs du devoir ou donneurs de leçon, mais parce que j’en ai décidé ainsi depuis avant le premier tour au cas où il y aurait risque, même faible, que l’emporte en Normandie le F-Haineux Bay.
*
Les abstentionnistes, c’est encore Raphaël Einthoven qui en parle le mieux :
« Des ingrats » : « Ils négligent les acquis que d'autres ont payé de leur vie » et « voudraient des droits sans devoir ».
« Des fainéants et des malhonnêtes » : « Ils brandissent la nullité des politiques opportunément pour justifier leur flemme ». Dès lors, « suspendre son vote à la coïncidence improbable de ses désirs et des propositions que font les politiques » est une attitude « d'enfant gâté ».
« Des irresponsables » : « qui s'en remettent à des gens qu'ils n'ont pas élus pour gérer les transports, la culture ou les lycées ».
« Des orgueilleux et des snobs » : « L'abstentionniste n'est pas un électeur tellement exigeant qu'en son âme et conscience, après un examen minutieux, aucune proposition ne le satisfait » en revanche « il a une tellement haute opinion de sa propre opinion qu'il aurait l'impression de la souiller en la mêlant à la tourbe des autres. »
Raphaël Einthoven faisait naguère philosophe chez France Culture. Il pose désormais une petite crotte matinale chez Europe Un.
*
Il faut être un peu quoi pour ne pas se douter que parmi les abstentionnistes, il y en a de nombreux qui voteraient pour le F-Haine s’ils étaient obligés d’y aller (des sondages l’ont montré).
*
Etre quoi comme un Socialiste : inviter Cazeneuve la matraque à Rouen ce mardi. Pour convaincre les électeurs du Front de Gauche et des Ecolos de voter Mayer-Rossignol au second tour, c’est parfait.
*
Parmi celles et ceux qui n’ont pas de questions à se poser : les artistes qui en votant Socialiste votent pour leur subvention.
« Oui oui j'en ai côtoyé beaucoup dans les manifestations de ces trop jeunes pour voter quand le père Le Pen est arrivé au deuxième tour et parmi eux beaucoup votent F-Haine aujourd'hui. », lui réponds-je
Dire que l’on s’est abstenu ce dimanche est un bon moyen de se faire insulter. Pourtant il me semble que le problème vient plutôt de ceux qui ont fait leur « devoir électoral ». Ces ouvriers qui autrefois auraient voté communiste, ces jeunes qui autrefois auraient voté extrême gauche, ces catholiques qui autrefois auraient voté à droite et qui aujourd’hui optent en chœur pour le F-Haine, félicitons-les, ils ont voté !
Je voterai au deuxième tour. Ce n’est pas que je cède aux invectives, conseils ou injonctions des bonnes âmes, défenseurs du devoir ou donneurs de leçon, mais parce que j’en ai décidé ainsi depuis avant le premier tour au cas où il y aurait risque, même faible, que l’emporte en Normandie le F-Haineux Bay.
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Les abstentionnistes, c’est encore Raphaël Einthoven qui en parle le mieux :
« Des ingrats » : « Ils négligent les acquis que d'autres ont payé de leur vie » et « voudraient des droits sans devoir ».
« Des fainéants et des malhonnêtes » : « Ils brandissent la nullité des politiques opportunément pour justifier leur flemme ». Dès lors, « suspendre son vote à la coïncidence improbable de ses désirs et des propositions que font les politiques » est une attitude « d'enfant gâté ».
« Des irresponsables » : « qui s'en remettent à des gens qu'ils n'ont pas élus pour gérer les transports, la culture ou les lycées ».
« Des orgueilleux et des snobs » : « L'abstentionniste n'est pas un électeur tellement exigeant qu'en son âme et conscience, après un examen minutieux, aucune proposition ne le satisfait » en revanche « il a une tellement haute opinion de sa propre opinion qu'il aurait l'impression de la souiller en la mêlant à la tourbe des autres. »
Raphaël Einthoven faisait naguère philosophe chez France Culture. Il pose désormais une petite crotte matinale chez Europe Un.
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Il faut être un peu quoi pour ne pas se douter que parmi les abstentionnistes, il y en a de nombreux qui voteraient pour le F-Haine s’ils étaient obligés d’y aller (des sondages l’ont montré).
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Etre quoi comme un Socialiste : inviter Cazeneuve la matraque à Rouen ce mardi. Pour convaincre les électeurs du Front de Gauche et des Ecolos de voter Mayer-Rossignol au second tour, c’est parfait.
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Parmi celles et ceux qui n’ont pas de questions à se poser : les artistes qui en votant Socialiste votent pour leur subvention.
7 décembre 2015
Aurais-je eu la possibilité de voter en Ile-de-France, ce dimanche de premier tour des Régionales, que j’aurais sorti ma carte d’électeur et mis dans l’urne le bulletin de la Fédération Libertaire Unitaire Ouverte (Fluo) où l’on trouve des ancien(ne)s d’Europe Ecologie (dont celui à l’origine de ce regroupement et qui est un peu suspect car il n’a pris cette initiative qu’après avoir été mis hors d’état d’être réélu par son Parti), et des adhérent(e)s du Parti Pirate, de Cannabis Sans Frontières, du Syndicat du Travail Sexuel ainsi que beaucoup d’électrons libres, mais ici en Normandie n’ayant le choix qu’entre des listes de Partis pas fréquentables ou peu attrayants, je m’abstiens de me rendre au lycée Camille Saint-Saëns.
Buvant un café au Bovary, lieu fréquenté par la bonne bourgeoisie rouennaise, et y lisant Hammerstein ou l’intransigeance (Une histoire allemande) de Hans Magnus Enzensberger (Gallimard), je constate que chez les possédant(e)s, on est tout aussi dépité :
-Les Socialistes, non. Le Front National, n’en parlons pas. Hervé Morin ? C’est un faisan, il s’inscrit partout et il ne fout rien.
Le soir venu, ne pouvant regarder les résultats à la télévision (l’antenne de la copropriété est en panne depuis deux semaines, la faute à la ouifi de plus en plus forte, paraît-il), c’est à radio que j’apprends la montée pire que prévue du F-Haine.
*
« « La peur n’est pas une vision du monde » C’est par ces mots qu’en 1933, Kurt von Hammerstein, chef d’état-major général de la Reichswehr, résolut de tourner le dos à l’Allemagne nouvelle, et à Hitler devenu chancelier. Issu d’une très ancienne lignée d’aristocrates prussiens, Hammerstein méprisa profondément l’hystérie funeste où s’engageait son pays. On voulut ignorer son avertissement, et c’est en vain que le général, de complots en dissidences, tenta de freiner le désastre. » (quatrième de couverture de Hammerstein ou l’intransigeance (Une histoire allemande).)
Buvant un café au Bovary, lieu fréquenté par la bonne bourgeoisie rouennaise, et y lisant Hammerstein ou l’intransigeance (Une histoire allemande) de Hans Magnus Enzensberger (Gallimard), je constate que chez les possédant(e)s, on est tout aussi dépité :
-Les Socialistes, non. Le Front National, n’en parlons pas. Hervé Morin ? C’est un faisan, il s’inscrit partout et il ne fout rien.
Le soir venu, ne pouvant regarder les résultats à la télévision (l’antenne de la copropriété est en panne depuis deux semaines, la faute à la ouifi de plus en plus forte, paraît-il), c’est à radio que j’apprends la montée pire que prévue du F-Haine.
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« « La peur n’est pas une vision du monde » C’est par ces mots qu’en 1933, Kurt von Hammerstein, chef d’état-major général de la Reichswehr, résolut de tourner le dos à l’Allemagne nouvelle, et à Hitler devenu chancelier. Issu d’une très ancienne lignée d’aristocrates prussiens, Hammerstein méprisa profondément l’hystérie funeste où s’engageait son pays. On voulut ignorer son avertissement, et c’est en vain que le général, de complots en dissidences, tenta de freiner le désastre. » (quatrième de couverture de Hammerstein ou l’intransigeance (Une histoire allemande).)
5 décembre 2015
Il faut bien sûr ouvrir son manteau ou sa veste, façon exhibitionniste, afin d’entrer au Musée des Beaux-Arts de Rouen ce jeudi soir pour le début de la saison Agnès Jaoui dans la série Le Temps des Collections (chaque année, un(e) pipeule est invité(e) à fouiller parmi les œuvres du Musée et à en faire une présentation temporaire si possible originale). Avant elle, ce furent Christian Lacroix, Olivia Putman et Laure Adler.
Je me faufile dans la foule qui occupe la salle des sculptures et trouve une place un peu surélevée près d’une entrée de salle fermée. Les officiels ne sont pas là bien qu’il soit l’heure indiquée sur le carton d’invitation. Je m’occupe mentalement en observant, au milieu de fleurs blanches commandées à foison, cet attroupement de bourgeois(e)s qui semblent plus patient(e)s que moi.
L’attente se prolonge jusqu’à atteindre l’incorrection. J’en suis à songer à partir quand, avec une demi-heure de retard, s’ouvre la porte derrière moi laissant passer élus, Jaoui et compagnie, suivis d’une caméra de télé. Ces privilégié(e)s visitaient tranquillement sans se soucier de l’heure.
Une partie de ce beau monde s’installe derrière les micros. Agnès Jaoui fait des coucous à des gens qu’elle connaît dans la salle.
Yvon Robert, Maire, Socialiste, parle le premier. Il évoque la Culture dont on a tant besoin en cette période, Agnès Jaoui dont Le Goût des autres a été en partie tourné à Rouen, (je me souviens l’avoir vu au cinéma et qu’il ne fut pas du mien) et ce Musée qui va passer avec d’autres sous le contrôle de la Métropole au premier janvier (Maire de Rouen, c’est de moins en moins de boulot).
Frédéric Sanchez, Chef de Métropole, Socialiste, file l’anaphore à la Hollande pour se féliciter d’être dans une démarche humaniste, moderne et je ne sais plus quoi. Il confirme que les divers Musées vont passer sous sa coupe, rassemblés et siglés Réunion des Musées Métropolitains (décalque un peu ridicule de Réunion des Musées Nationaux), dont Sylvain Amic sera le premier responsable et la Matmut le mécène comme d’hab.
Une élue dont j’ignore le nom prend la parole à la place de Nicolas Mayer-Rossignol, Chef de Région, Socialiste, excusé (sans doute occupé quelque part à faire voter pour lui dimanche). Elle remarque qu’on doit déjà en avoir un peu assez des discours mais ne nous épargne pas le sien.
Monsieur de la Matmut fait la publicité de sa boutique en lui attribuant les qualificatifs de Sanchez, humaniste, moderne et je ne sais plus quoi. Il s’émerveille de sa belle générosité (avec l’argent des assuré(e)s), dont bénéficient les Musées, l’Opéra et le Cent Six « pour les musiques modernes ».
Sylvain Amic, futur Chef de la Réunion des Musées Métropolitains, tutoyé par Jean-Michel de la Matmut, remercie un par un tous les services sous ses ordres, une liste longue qui se termine désormais par les agents de sécurité.
Agnès Jaoui, qui doit se croire aux Césars de la télé, remercie les remerciements, et tous les remerciants, et ses amis venus de Paris, et les serveurs du buffet sur lequel nous allons tous nous jeter dès qu’elle aura fini de parler.
Consterné, je choisis de me tirer sans voir un tableau ni croquer un amuse-bouche, me jurant que jamais plus.
*
Valérie Fourneyron, ancienne Ministre, ancienne Maire de Rouen, Députée, Socialiste, nommée en ce mois de novembre membre du Conseil d’Administration de cette Matmut qui met la main dans la culotte de l’Opéra, des Musées, du Cent Six et autres lieux culturels de Rouen. Qu’on ne compte pas sur les journaux locaux pour enquêter sur le sujet. Mediapart peut-être un jour, qui sait.
Je me faufile dans la foule qui occupe la salle des sculptures et trouve une place un peu surélevée près d’une entrée de salle fermée. Les officiels ne sont pas là bien qu’il soit l’heure indiquée sur le carton d’invitation. Je m’occupe mentalement en observant, au milieu de fleurs blanches commandées à foison, cet attroupement de bourgeois(e)s qui semblent plus patient(e)s que moi.
L’attente se prolonge jusqu’à atteindre l’incorrection. J’en suis à songer à partir quand, avec une demi-heure de retard, s’ouvre la porte derrière moi laissant passer élus, Jaoui et compagnie, suivis d’une caméra de télé. Ces privilégié(e)s visitaient tranquillement sans se soucier de l’heure.
Une partie de ce beau monde s’installe derrière les micros. Agnès Jaoui fait des coucous à des gens qu’elle connaît dans la salle.
Yvon Robert, Maire, Socialiste, parle le premier. Il évoque la Culture dont on a tant besoin en cette période, Agnès Jaoui dont Le Goût des autres a été en partie tourné à Rouen, (je me souviens l’avoir vu au cinéma et qu’il ne fut pas du mien) et ce Musée qui va passer avec d’autres sous le contrôle de la Métropole au premier janvier (Maire de Rouen, c’est de moins en moins de boulot).
Frédéric Sanchez, Chef de Métropole, Socialiste, file l’anaphore à la Hollande pour se féliciter d’être dans une démarche humaniste, moderne et je ne sais plus quoi. Il confirme que les divers Musées vont passer sous sa coupe, rassemblés et siglés Réunion des Musées Métropolitains (décalque un peu ridicule de Réunion des Musées Nationaux), dont Sylvain Amic sera le premier responsable et la Matmut le mécène comme d’hab.
Une élue dont j’ignore le nom prend la parole à la place de Nicolas Mayer-Rossignol, Chef de Région, Socialiste, excusé (sans doute occupé quelque part à faire voter pour lui dimanche). Elle remarque qu’on doit déjà en avoir un peu assez des discours mais ne nous épargne pas le sien.
Monsieur de la Matmut fait la publicité de sa boutique en lui attribuant les qualificatifs de Sanchez, humaniste, moderne et je ne sais plus quoi. Il s’émerveille de sa belle générosité (avec l’argent des assuré(e)s), dont bénéficient les Musées, l’Opéra et le Cent Six « pour les musiques modernes ».
Sylvain Amic, futur Chef de la Réunion des Musées Métropolitains, tutoyé par Jean-Michel de la Matmut, remercie un par un tous les services sous ses ordres, une liste longue qui se termine désormais par les agents de sécurité.
Agnès Jaoui, qui doit se croire aux Césars de la télé, remercie les remerciements, et tous les remerciants, et ses amis venus de Paris, et les serveurs du buffet sur lequel nous allons tous nous jeter dès qu’elle aura fini de parler.
Consterné, je choisis de me tirer sans voir un tableau ni croquer un amuse-bouche, me jurant que jamais plus.
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Valérie Fourneyron, ancienne Ministre, ancienne Maire de Rouen, Députée, Socialiste, nommée en ce mois de novembre membre du Conseil d’Administration de cette Matmut qui met la main dans la culotte de l’Opéra, des Musées, du Cent Six et autres lieux culturels de Rouen. Qu’on ne compte pas sur les journaux locaux pour enquêter sur le sujet. Mediapart peut-être un jour, qui sait.
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