Le Journal de Michel Perdrial

Le Journal de Michel Perdrial




Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

23 décembre 2015


Ayant abandonné le métier de comédien pour se consacrer à l’écriture, Georges Perros manque de ressources financières. Son ami Gérard Philipe intervient auprès de Jean Vilar qui en fait le lecteur des pièces que lui envoient des quidams connus ou inconnus avec l’espoir d’être joués par le Théâtre National Populaire et de préférence au Festival d’Avignon.
Entre mil neuf cent cinquante et un et soixante-trois, Georges Perros lira des centaines de pièces et n’en agréera aucune, faisant de la note de lecture un genre littéraire à part entière. Jean Pierre Nédélec a regroupé et publié ces notes de refus en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf chez Le temps qu’il fait sous le titre Lectures pour Jean Vilar.
La lecture de ces comptes-rendus aussi expéditifs que narquois m’est un très bon moment. J’en tire cet échantillon :
Pièce François 1er de R. G. :
Je l’ai lue à mes chiens. Ils se sont endormis.
Pièce La Reine de Carthage de C. L. :
C’est délicatement écrit, distingué, mais quand on sait que Giraudoux a du plomb dans l’aile que prévoir pour ses disciples ?
Pièce Notre résignation quotidienne de J. T. :
La mienne a consisté à lire ce lourd manuscrit dans lequel l’auteur nous représente « la vie » d’un immeuble comprenant six appartements et un hall d’entrée. J’ai grimpé jusqu’au deuxième étage et je me suis jeté par la fenêtre.
Rien de cassé : Merci.
Pièce La cabine dérangée de D. T. :
Il n’y a pas que la cabine, je vous prie de le croire.
Pièce Rose deuil et Amphi de R. M. :
La chose vient d’Argentine, je pense qu’elle pourra y retourner sans dommage.
Pièce Le crabe de D. P. :
Tout de suite, comme ça, « on entend des pas monter dans l’escalier ».
J’ai pris l’ascenseur pour redescendre.
Pièce Judas de D. B. :
Oui, Judas. S’il avait su le nombre d’auteurs dramatiques qui s’occuperaient de lui, non, il n’aurait jamais trahi Jésus.
Pièce Les vautours sont toujours là de H. d’A. :
C’est du Mirbeau, 3 octaves au-dessous.
Si la plupart de ces malheureux auteurs ne sont signalés que par leurs initiales, exception est faite lorsque leur nom apparaît dans le compte-rendu :
Pièce Le roi Gustave II de Jean Cornillot … l’auteur a lu Shakespeare et Schiller. Par bonheur, ceux-ci ne l’avaient pas lu, lui, Cornillot.
Pièce La chanson de Roland de Maurice Pons: Tel que, c’est tout juste bon pour un Avignon de patronage, avec draperies et trompettes. Sans oublier le son du cor, cher au bel Alfred.
Faut-il répondre à M. Pons, qui est un jeune écrivain, sans grande envergure, mais distingué ?
(Maurice Pons s’en est remis, il est devenu romancier et hôte permanent du Moulin d’Andé, j’ai déjà raconté comment un jour il ne m’a pas pris en stop).
                                                             *
« Je ne suis pas méchant » indique plusieurs fois Georges Perros à Jean Vilar qui le lui reproche.
                                                             *
Dans sa préface, Jean Pierre Nédélec écrit que Georges Perros mène « une vie d’anagnoste », ce qui accroît mon vocabulaire.
Anagnoste : Chez les Romains : esclave ou affranchi chargé de faire la lecture à haute voix. Par extension : Personne qui fait aux autres la lecture dans une assemblée ou une communauté religieuse. (Source : Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales)
 

22 décembre 2015


Si l’animation locale de Noël s’appelle toujours Rouen Givrée, elle pourrait être rebaptisée Rouen Fauchée. Cette année le manque d’argent dans la caisse de Robert, Maire, Socialiste, a fait disparaître la patinoire et la luge. Restent la grande roue, les chevaux de bois et autres manèges, les vendeurs de sucreries, lesquels ont davantage à voir avec un rattrapage de la foire Saint Romain annulée, et l’encombrant Marché de Noël empestant le marron cuit et le vin chaud, lequel complique mes allées et venues au cours desquelles j’entends bien des banalités, du genre : « Les gens, y mangent dehors le midi. Au mois de décembre ! ».
                                                          *
Un commerçant du marché au Clos Saint-Marc :
-C’est bizarre, en ce moment ça arrive tard.
« Ça », ce sont ses client(e)s.
                                                         *
Une femme à une autre, parlant de ses enfants :
-Ils achètent quelque chose, tu le sais pas. Ils achètent une voiture, tu le sais pas.  Moi, je suis contente de le dire quand j’achète quelque chose.
                                                         *
-No plat du jour. Finished. (anglais de serveur du Socrate).
                                                         *
Une enfant me croisant, porteur d’un sac jaune, à sa mère:
-Il y a un Gibert à Rouen ?
 

21 décembre 2015


Le temps passe comme dirait madame Michu et alors que j’ai l’impression que c’était hier l’inauguration au mojito de la galerie rouennaise Point Limite qu’animent les photographes Guillaume Laurent et Guillaume Painchault, voilà que ça fait deux ans.
Durant ces deux années à chaque fois que j’ai croisé l’un des deux Guillaume je lui ai promis de passer prochainement et puis, moitié paresse moitié prudence (il aurait suffi que j’écrive n’avoir pas aimé l’artiste exposé pour me faire un nouvel ennemi), je n’y suis pas retourné.
Aussi ce samedi soir, pour l’anniversaire des deux ans, je tente de me rattraper. Prenant le chemin buissonnier des quais du bas de la Seine pour éviter les chalands de Noël, j’arrive un peu avant dix-neuf heures. L’exposition mise en place pour l’occasion a pour nom Murs libres. Elle mérite d’être estampillée « esprit de Noël » car quiconque fait dans l’art a été autorisé à accrocher sa production. Cela fait plus de cent trente œuvres pour soixante-dix-sept artistes.
Il ne me faut guère de temps pour sélectionner parmi ces photos, dessins, peintures, sculptures et même deux ou trois textes (que personne ne lit) les quelques œuvres qui me plaisent un peu ou davantage et constater que les neuf dixièmes sont à mettre dans les catégories « ça plaira à d’autres », « comment peut-on en être encore là », « aucun intérêt » et « je mettrais bien ça à la benne ».
Je retiens le nom de Kate Polin qui expose trois photos légèrement traches de femmes dénudées. Il me semble familier jusqu’à ce que je me rende compte que je confonds avec l’écrivaine Kate Chopin.
Point de mojito hélas pour ces deux ans, je me rabats sur un vin blanc tiré d’une brique en carton. Mon godet à la main, je m’approche des ateliers d’artiste qui occupent le fond du numéro seize de la rue Georges-d’Amboise. Deux sont ouverts, profitant de l’occasion. Ce que j’en vois de l’extérieur ne m’incite pas à y entrer. Le locataire du dernier accourt voulant m’attirer dans sa réserve de tableaux à colombages. Je décline et rebrousse vers le Point Limite.
-Quel est ton sentiment ? me demande l’un des Guillaume
-Un sentiment mitigé. On peut dire qu’il y en a pour tous les goûts.
Parmi les nombreux présents se trouvent les responsables des œuvres exposées et des membres de leur famille mais aussi des connaisseurs dont d’anciens élèves des Beaux-Arts. Aucun de ces compétents ne se permet le moindre sarcasme, ni même n’émet la moindre critique. Les humains du vingt et unième siècle sont bel et bien domestiqués.
                                                                       *
Ce qui me fait songer à Simone de Beauvoir contrainte d’apprécier les peintures de sa sœur et l’aidant financièrement à organiser les expositions de ses croûtes.
 

19 décembre 2015


J’ai bonne place en corbeille pour le dernier concert de l’année deux mille quinze ce vendredi à l’Opéra de Rouen. J’y étudie tranquillement le livret programme jusqu’à ce qu’arrive une bruyante bourgeoise à téléphone : « Vous êtes où ? Au deuxième péage ? Le dîner est prêt. Il faut juste assaisonner la salade. J’ai peur que Jacques oublie. Vous m’appelez pas, je suis au théâtre. » Elle enchaîne avec son Jacques : « Ils sont au deuxième péage. Ils seront là dans une demi-heure. Ne t’impatiente pas. » Elle range son foutu instrument avant que je ne m’énerve vraiment.
C’est complet ce soir, un public varié, parmi lequel des familles à moutards rehaussés. Tout ce monde est attiré par la promesse d’un concert à deux pianistes et deux percussionnistes.
Ce sont ces derniers qui jouent en premier. Entre en scène le maître des peaux : Philippe Bajard, celui qui murmure à l’oreille des timbales. Il est suivi de son quasi jumeau : Thierry Lecacheux. Cette variété d’instrumentistes se reproduit par clonage, les lunettes étant fournies via l’opération deuxième paire gratuite. Se faisant face à la batterie, les deux garçons au jeu subtil, chacun étant l’image du miroir de l’autre, donnent La Festa per due du contemporain Nicolas Martynciow. Un passage aux claves les autorise à jouer assis en bordure de scène.
Même les technicien(ne)s de plateau ont droit à quelques applaudissements. Il y a des néophytes dans la salle. Une partie de la batterie est remisée. Les pianos roulent jusqu’à être tête-bêche. Le duo rôdé Christian Erslöh/Ursula von Lerber s’y installe et joue l’arrangement pour deux pianos des Symphonic Dances from West Side Story de Leonard Bernstein. J’ai l’impression de voir le film au ralenti.
Enfin, les deux pianistes, dos au public, font face aux deux percussionnistes pour interpréter la Sonate pour deux pianos et percussions de Béla Bartók, œuvre au cours de laquelle les deux types d’instruments dialoguent de façon fine et complexe.
Tout cela vaut beaucoup d’applaudissements aux quatre musicien(ne)s. Manquent ceux de la bourgeoise à téléphone, enfuie dès la dernière note. Sa salade ne pouvait plus attendre.
                                                           *
Que de toux encore ce vendredi soir, ne pourrait-on pas rendre utiles les vigiles désormais à l’entrée en les munissant d’un stéthoscope afin que certain(e)s soient invité(e)s à faire demi-tour (tout sac visité à la lampe torche révélant la présence de médicaments pour la gorge interdisant l’entrée).
 

18 décembre 2015


Que de militaires armés marchant à pas lent autour du Centre Pompidou, ici un groupe de huit, là un trio. Dans quelques temps, ils feront leurs manœuvres et le lever des couleurs (comme ils disent) sur la piazza.
Je passe sans problème le contrôle des sacs avec mon pavé de Soixante-Huit et l’ayant laissé au vestiaire je monte au sixième afin de voir l’exposition rétrospective Anselm Kiefer avant qu’elle ne soit encombrée par les vacanciers de Noël (si toutefois ils osent venir à Paris). Je ne connais pas grand-chose d’Anselm Kiefer que j’ai entendu récemment sur France Culture parler de son œuvre depuis son atelier de Croissy-Beaubourg (Seine et Marne).
« Moi, je l’aime bien parce qu’on ne peut le mettre dans aucune case. » dit une visiteuse mais, quant à moi, hormis les autoportraits au salut nazi, rien de ce qui est montré ici, peint en grande taille ou assemblé à partir de cendre, végétaux, glaise et plomb, ne me retient et comme en plus il fait trop chaud, je ne tarde pas à me diriger vers la sortie.
J’attrape un bus qui me mène jusqu’au Louvre d’où je rejoins à pied le jardin du Palais Royal. Sous un ciel gris, j’y poursuis la lecture des Aphorismes de Lichtenberg.
Chez Book-Off, j’achète Lettres à un majordome de Casanova, petit livre bleu publié par L’Ecole des Lettres où le bibliothécaire de Dux règle ses comptes à coup de missives énervées avec le maître d’hôtel Faulkircher qu’il a fait renvoyer par le comte de Waldstein, puis je m’arme de courage pour affronter la foule à papier cadeau entre l’Opéra et la gare Saint-Lazare. Il arrive toujours un moment où la période de Noël est autant insupportable dans la capitale qu’en province.
                                                                             *
« Il s'agit d'une bouteille de champagne que je vous offre avec plaisir pour différentes raisons qui sont toutes excellentes. » m’écrit par mail ce vendredi matin un énigmatique correspondant de mon voisinage. C’est déjà Noël !
Le mystère de la bouteille oubliée sur les boîtes à lettres de la copropriété est éclairci mais reste entier.
 

17 décembre 2015


La Senecefe me refusant un billet à dix euros à une heure honnête en cette période d’avant fêtes, c’est par le train de six heures quarante-sept que je rejoins ce mercredi la gare Saint-Lazare où à l’arrivée la voix du haut-parleur s’alarme d’un sac vert oublié voie douze.
Un bus Vingt encore nocturne m’emmène vers la Bastille. Des collégiennes y babillent, dont l’une employant à ma surprise l’expression « sans blague ». Mon voisin lit Kafka dans la Pléiade sans se laisser déconcentrer.
J’ai une heure d’attente avant l’ouverture de Book-Off. Bien qu’il fasse assez chaud pour se balader, je préfère la passer à lire les Aphorismes de Georg Christoph Lichtenberg dans l’édition des Presses d’Aujourd’hui (défuntes).
Je quitte Book Off avec un seul livre, pesant et cubique, le pavé publié pour les quarante ans de Mai Soixante-Huit chez Fetjaine, et me rapproche pédestrement du Centre Pompidou, la veste ouverte en raison de la température.
Je déjeune chez New New, impasse Beaubourg, près de deux femmes dont l’une porte une croix ostentatoire.
-Que faites-vous pour Noël ? lui demande l’autre.
-On invite deux autres communautés. Nous serons sept en tout.
-C’est pas beaucoup.
-Il n’y a que dans les monastères qu’il y a encore un peu de monde, mais chez nous, les laïcs, y a plus personne. Et vous, que faites-vous ?
Elle va chez sa sœur. Est-elle croyante ? demande celle qui en est déjà au dessert (elle préfère le sucré).
« Chez ma sœur », la réponse de celles et ceux qui vont passer Noël seul(e)s.
                                                         *
En vitrine des magasins Naturalia une affiche publicitaire pour le chocolat : « Grossissez bio ».
                                                         *
A la fin du pavé commémoratif, ce conseil à celles et ceux de moins de vingt et un ans, alors mineur(e)s : ton bulletin de vote, c’est le pavé. Ce qui nous change de l’utilisation contemporaine des mineur(e)s par la ligue de vertu républicaine pour la stigmatisation des abstentionnistes.
Cela écrit, je ne pense pas que l’usage du pavé soit efficace pour améliorer le monde. En cela, il ne diffère pas du bulletin de vote.
                                                        *
Sans blague, j’ai trouvé en début de semaine, sur le haut des boîtes à lettres de la copropriété, une bouteille d’abord crue vide mais au contraire pas débouchée. L’ai mise à l’abri chez moi avec un mot sur la porte en direction de celui ou celle qui l’a oubliée et saura me dire s’il s’agit d’une huile de tournesol ou d’un grand cru de bourgogne.
 

16 décembre 2015


Grâce à Mathieu Lindon qui a évoqué Hippobosque au Bocage de Gaston Chaissac (L’Imaginaire/Gallimard) sur Libération.fr en avril mil neuf cent quatre-vingt-quinze, je sais qui se cache derrière certaines initiales des correspondants de l’artiste. J.D. est Jean Dubuffet, J.P. Jean Paulhan, G.G. Gaston Gallimard, J l’A Jean l’Anselme. Pour les autres, le mystère demeure.
Suite et fin des notes prises lors de ma lecture des lettres dudit :
Le public n’a pas l’air d’avoir conscience que c’est aux intellectuels de faire de l’art brut puisqu’ils sont malhabiles de leurs mains. A M.T. mai mil neuf cent quarante-huit
D. pense qu’en faveur des négriers il y a qu’ils arrachaient les captifs à un plus triste sort que celui qui les attendait en Amérique mais ce n’est pas tellement sûr car pour ces Africains, ceux d’un certain âge surtout, l’adaptation à la vie américaine exigeait tellement de coups de fouet supplémentaires. A J.P. seize juin mil neuf cent quarante-huit
J’ai l’ambition de devenir quelqu'un de connu à Campenac. A J.D. juin mil neuf cent quarante-huit
J’avais pensé aussi à m’établir marchand de baignoires dans une des localités où personne n’en fait usage puisque de toutes façons je suis pour échouer dans toutes les entreprises. A R.G. juin mil neuf cent quarante-huit
Je voudrais bien te peindre vomissant le Saint-Esprit, c’est-à-dire l’instruction des écoles. A J.D. sept septembre mil neuf cent quarante-huit
Le père Gaby que j’ai connu racontait que quelqu’un qu’il avait connu se délectait de saint-honoré après l’avoir installé dans le propre derrière de sa moitié. Excusez la mise en texte de ces petits souvenirs qui m’ont d’autant plus frappé que j’ai été presque pâtissier. A G.G., éditeur, septembre mil neuf cent quarante-huit
Clôturer une exposition par un petit banquet où les haricots de la mosaïque seraient bouffés en salade, seriez-vous partisan ? A J.P. quatorze septembre mil neuf cent quarante-huit
Je trouve qu’on aurait bien pu faire une enquête au lieu de continuer de dire que j’étais un mythe, c’eût d’ailleurs été facile puisque connu à Paris des Notabilités dès 1937. A R.G. treize septembre mil neuf cent quarante-huit
J’en suis maintenant à dessiner des tableaux auxquels je ne mettrai de la couleur que s’ils se vendent car c’est ma nouvelle façon de procéder. A J.P. septembre mil neuf cent quarante-huit
Mises sous verre mes peintures sandwich devraient faire moins ternes et mes tableaux seulement dessinés et qui restent à peindre devaient être à l’abri des flèches des critiques car peut-on  juger un tableau inachevé ? ce serait ridicule. idem
Nous avons emménagé à Sainte-Florence-de-l’Oie où nous avons un lavoir et des cabanes à poules garnies de vigne vierge pour le moment en leur parure rouge automnale et j’ai fait mon atelier d’un coin de grenier aménagé en chambre de bonne par quelque devancier. A J.P. fin septembre mil neuf cent quarante-huit
J’en suis à peindre des crucifixions que je dessine avec ma bouche. En m’y prenant ainsi ça donne des formes plus arbitraires, imprévues. A J.D. octobre mil neuf cent quarante-huit

15 décembre 2015


Suppose que Hollande n’ait pas fait sa réforme régionale, à vouloir copier l’Allemagne et ses grands länder (bien qu’il y en ait des petits), la Haute-Normandie se serait couchée dimanche soir avec la Gauche victorieuse aux Régionales (grâce à la Seine-Maritime).
Morin a été élu par la Basse et ce n’est pas étonnant car c’est un rural, Maire de son trou perdu, s’occupant de ses chevaux le dimanche.
Certains de gauche de la gauche à Rouen se félicitent de la défaite du bébé Fabius Mayer-Rossignol et ne semblent pas s’émouvoir de la victoire de Morin, fils adoptif de Sarkozy (qui l’a enlevé à sa famille naturelle le Modem).
Ce Morin s’occupera en priorité des ruraux de l’ex Basse-Normandie et de l’Eure à qui il doit sa victoire (toutes les grandes villes des cinq départements ont voté pour son adversaire). Et comme le siège de la nouvelle région sera à Caen, on ne le verra guère à Rouen. Dans son programme, je n’ai lu que des généralités, exemple : un « plan Marshall pour le train ». Je suppose qu’il va s’adresser pour cela aux Américains qu’il connaît bien pour avoir vu le Débarquement des Alliés en Normandie comme il l’a déclaré à Nice en janvier deux mille douze, bien qu’il soit né en mil neuf cent soixante et un.
Et maintenant, place à la Présidentielle de deux mille dix-sept avec au deuxième tour la fille Le Pen et l’Autre.
Si l’Autre est Hollande, Valls ou Sarkozy, on ne me verra pas au lycée Camille Saint-Saëns.
Elle ne sera pas élue. Si par extraordinaire elle l’était, elle n’obtiendrait pas cinquante et un pour cent de député(e)s et ne pourrait pas gouverner. Le problème, c’est l’Autre.
L’avenir est ce qu’il y a de pire dans le présent. a écrit Gustave Flaubert.
                                                               *
« Les boutiques éphémères, un phénomène récent » découvre France Trois Normandie. Tout phénomène récent qui arrive à Rouen est sur le déclin, me dis-je et redis-je.
                                                               *
Vendredi dernier après-midi, dans la ruelle sous mes fenêtres, une nouvelle Dalida en fourrure blanche, Egyptienne, Libanaise, à moins que Turque, chante une jolie ritournelle filmée par des téléphones. Elle reprend en plébaque, accentuant la gestuelle. De tout cela sortira sûrement une vidéo sur Youtube mais comment la trouver ?
Le soir venu, ce sont deux Policiers à lampe torche qui s’y livrent à une étrange chorégraphie. Personne pour les filmer.
                                                               *
Vieux lecteur du Figaro au Bovary.
-Madame va bien ? lui demande une dame de sa connaissance.
-Malheureusement, elle est en pleine forme.
 

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