Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
3 mai 2016
Malgré l’annonce d’un temps incertain, alternant averses et orages, mais alléché par l’annonce d’un vide grenier à trois cents exposants à La Villette et d’un autre à deux cents boulevard Richard-Lenoir, je prends ce samedi le train de six heures douze pour Paris. Il lui faut presque deux heures pour atteindre la capitale, ayant été détourné par la voie buissonnière qui passe par Conflans-Sainte-Honorine. Nulle explication n’est donnée pour la raison qu’aucun personnel ne semble être à bord hormis le conducteur.
Par un double métro, Trois et Cinq, j’arrive à la Porte de Pantin sous une petite pluie et y découvre la réalité : une douzaine d’exposants sont présents. Dépité, je repars par la Cinq jusqu'à Richard Lenoir où ce n’est guère mieux : une trentaine de présents. Et aucun livre ne me fait signe.
Je n’ai plus qu’à transformer mon samedi en un mercredi ordinaire, rejoignant le Book-Off de l’Opéra Bastille à pied. Pour ce faire, je passe devant le Bataclan dont le rez-de-chaussée est toujours caché par des protections métalliques puis devant le lieu, maintenant muni d’une plaque commémorative, où le policier a été tué par les frères islamo fascistes sortant de Charlie Hebdo.
A midi, je suis au Quartier Latin, deux heures plus tard au Book-Off de l’Opéra Garnier puis à seize heures vingt dans le train de retour. Ma voisine lit Antispéciste d’Aymeric Caron. Ce n’est pas à elle que je peux raconter combien était tendre et délicieux le rumstèque du Saintsév’.
*
« Dès que ça rentre, ça ressort. » (la philosophie de Book-Off résumée par l’employée blonde à lunettes du magasin proche de l’Opéra Garnier)
*
L’argument en béton de la mendiante du métro : « Dieu est au ciel. » Sous-entendu : il te voit qui ne me donnes rien.
Celui qui donne a droit à un cérémonial de remerciement avec attouchement et signe de croix : « Dieu vous bénisse. » « Dieu vous protège. ». De quoi être plus prudent une autre fois.
Par un double métro, Trois et Cinq, j’arrive à la Porte de Pantin sous une petite pluie et y découvre la réalité : une douzaine d’exposants sont présents. Dépité, je repars par la Cinq jusqu'à Richard Lenoir où ce n’est guère mieux : une trentaine de présents. Et aucun livre ne me fait signe.
Je n’ai plus qu’à transformer mon samedi en un mercredi ordinaire, rejoignant le Book-Off de l’Opéra Bastille à pied. Pour ce faire, je passe devant le Bataclan dont le rez-de-chaussée est toujours caché par des protections métalliques puis devant le lieu, maintenant muni d’une plaque commémorative, où le policier a été tué par les frères islamo fascistes sortant de Charlie Hebdo.
A midi, je suis au Quartier Latin, deux heures plus tard au Book-Off de l’Opéra Garnier puis à seize heures vingt dans le train de retour. Ma voisine lit Antispéciste d’Aymeric Caron. Ce n’est pas à elle que je peux raconter combien était tendre et délicieux le rumstèque du Saintsév’.
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« Dès que ça rentre, ça ressort. » (la philosophie de Book-Off résumée par l’employée blonde à lunettes du magasin proche de l’Opéra Garnier)
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L’argument en béton de la mendiante du métro : « Dieu est au ciel. » Sous-entendu : il te voit qui ne me donnes rien.
Celui qui donne a droit à un cérémonial de remerciement avec attouchement et signe de croix : « Dieu vous bénisse. » « Dieu vous protège. ». De quoi être plus prudent une autre fois.
2 mai 2016
Parmi les spectatrices et spectateurs de l’Opéra de Rouen il en est qui ne peuvent rester sans rien faire en attendant que ça commence. J’en vois régulièrement ouvrir un livre ou même un journal. Ce jeudi soir, innovation, l’une de celles devant moi en fond d’orchestre joue à Candy Cruche et elle a bien du mal à ranger son téléphone quand la lumière décroît dans la salle.
Avant que ne débute l’opérette Ali Baba de Charles Lecocq (lequel est surtout connu pour La Fille de Madame Angot), une jeune femme en costume munie d’un micro se glisse le long du rideau rouge. C’est une intermittente. Elle évoque la négociation en cours. Beaucoup l’applaudissent mais pas mes voisin(e)s de droite comme de gauche.
Je mets quelque temps à me laisser prendre par cette opérette puis me laisse faire car tout cela est bien mis en scène, bien joué et bien chanté par une distribution en accord avec les personnages du conte évoluant dans un décor modernisé de grand magasin dont les escalators se transforment pendant un fermé de rideau en entrée de caverne.
J’aime particulièrement Judith Fa dans le rôle de Morgiane, la petite servante d’Ali, et Majdouline Zerari dans celui de Zobéide, la femme de Cassim et cousine d’Ali, qui n’hésite pas à y aller à fond dans son rôle d’épouse frustrée. Les principaux interprètes masculins, Tassis Christoyannis (Ali) et François Rougier (Cassim), sont également très bons Les membres du chœur accentus prouvent encore une fois qu’outre chanter excellemment, ils savent jouer et danser. Dans la fosse, les musiciens assurent dirigés par Jean-Pierre Haeck, chef belge qui j’apprécie fort (c’est justice car l’Ali Baba de Lecocq n’a connu un réel succès à sa création qu’en Belgique).
Pendant l’entracte, revenant du foyer, je retrouve Candy Cruche en pleine action puis le rideau s’ouvre pour le dernier acte qui se termine par le mariage d’Ali et de sa délicieuse servante, comme il convient.
*
Impossible ne pas penser à ce qui s’est passé au Bataclan quand surgissent armes lourdes en main les quarante voleurs. La mises en scène date d’avant, ce spectacle étant une reprise de celui donné il y a deux ans à l’Opéra Comique.
*
L’Opéra de Rouen a une nouvelle Présidente, Catherine Morin-Desailly, Sénatrice, Conseillère Régionale, Centriste de Droite, très rarement spectatrice dans ce lieu.
Hervé Morin, le nouveau Duc de Normandie, étant davantage tourné vers l’ancienne Basse Normandie que vers l’ancienne Haute, vers la campagne que vers la ville, vers l’agriculture que vers la culture, rien d’étonnant à ce qu’il se soit fait remplacer.
Avant que ne débute l’opérette Ali Baba de Charles Lecocq (lequel est surtout connu pour La Fille de Madame Angot), une jeune femme en costume munie d’un micro se glisse le long du rideau rouge. C’est une intermittente. Elle évoque la négociation en cours. Beaucoup l’applaudissent mais pas mes voisin(e)s de droite comme de gauche.
Je mets quelque temps à me laisser prendre par cette opérette puis me laisse faire car tout cela est bien mis en scène, bien joué et bien chanté par une distribution en accord avec les personnages du conte évoluant dans un décor modernisé de grand magasin dont les escalators se transforment pendant un fermé de rideau en entrée de caverne.
J’aime particulièrement Judith Fa dans le rôle de Morgiane, la petite servante d’Ali, et Majdouline Zerari dans celui de Zobéide, la femme de Cassim et cousine d’Ali, qui n’hésite pas à y aller à fond dans son rôle d’épouse frustrée. Les principaux interprètes masculins, Tassis Christoyannis (Ali) et François Rougier (Cassim), sont également très bons Les membres du chœur accentus prouvent encore une fois qu’outre chanter excellemment, ils savent jouer et danser. Dans la fosse, les musiciens assurent dirigés par Jean-Pierre Haeck, chef belge qui j’apprécie fort (c’est justice car l’Ali Baba de Lecocq n’a connu un réel succès à sa création qu’en Belgique).
Pendant l’entracte, revenant du foyer, je retrouve Candy Cruche en pleine action puis le rideau s’ouvre pour le dernier acte qui se termine par le mariage d’Ali et de sa délicieuse servante, comme il convient.
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Impossible ne pas penser à ce qui s’est passé au Bataclan quand surgissent armes lourdes en main les quarante voleurs. La mises en scène date d’avant, ce spectacle étant une reprise de celui donné il y a deux ans à l’Opéra Comique.
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L’Opéra de Rouen a une nouvelle Présidente, Catherine Morin-Desailly, Sénatrice, Conseillère Régionale, Centriste de Droite, très rarement spectatrice dans ce lieu.
Hervé Morin, le nouveau Duc de Normandie, étant davantage tourné vers l’ancienne Basse Normandie que vers l’ancienne Haute, vers la campagne que vers la ville, vers l’agriculture que vers la culture, rien d’étonnant à ce qu’il se soit fait remplacer.
28 avril 2016
Ce mercredi en début d’après-midi, je monte les marches du Musée Guimet, une première, afin de visiter l’exposition consacrée à Araki Nobuyoshi, photographe que je connais depuis longtemps par les livres publiés chez Taschen et dont il me souvient avoir vu également des images chez Templon.
Après avoir ouvert mon sac et vidé mes poches à la demande d’un stagiaire, je paie les neuf euros cinquante demandés puis descends au sous-sol.
On y est accueilli par une série couleur de fleurs en gros plan, autant de sexes féminins que peuvent voir sans dommage les mineur(e)s et les personnes non averties, puis on passe au noir et blanc avec la série Voyage sentimental de mil neuf cent soixante et onze qui raconte sa lune de miel (comme il est écrit) avec sa femme Yōko, sur un mode mi-réaliste mi-fictionnel.
-Elle n’a pas l’air heureuse, commente une visiteuse.
Sur le mur d’en face, c’est le Voyage d’hiver de mil neuf quatre-vingt-dix. Sur le même principe, il évoque la maladie et la mort d’icelle.
Viennent ensuite en grand format les images bien connues de bondage, en diptyque avec d’autres montrant des intérieurs ou des paysages. « La photographie, elle aussi, ligote les gens et les met en boite. La photo prend sa source dans le kinbaku, dans l’acte de ficeler les choses et les évènements. » a écrit Araki, qui noue et dénoue lui-même ses modèles.
D’autres séries sont en format moyen dans lesquelles apparaît parfois la tête de diablotin d’Araki, toujours coiffé en oreilles de chat, cet animal étant très présent dans les photos. Un tapis de Polaroids est multiplié par des miroirs.
M’intéressent beaucoup moins ce qui vient ensuite, photographies calligraphiées (bof), photographies peintes (bof bof), série de ciels (bof bof bof).
Enfin on arrive à la salle Tokyo Tombeau conçue spécialement pour la présente expo, des photos déjà vues imprimées sur des rouleaux traditionnels par l’artiste : « J’ai déjà un pied dans la tombe, j’essaie d’imaginer à quoi pourraient ressembler les photos que je prendrai après ma mort. » L’exposition s’achève par un miroir dans lequel on bute sur soi-même.
-On passe aux choses sérieuses, dit un visiteur à sa compagne en l’entraînant vers la collection ethnologique permanente, dont pour ma part je me dispense.
*
Comme dans tous les lieux d’exposition, la conversation des gardien(ne)s tourne autour de l’organisation du temps de pause.
Après avoir ouvert mon sac et vidé mes poches à la demande d’un stagiaire, je paie les neuf euros cinquante demandés puis descends au sous-sol.
On y est accueilli par une série couleur de fleurs en gros plan, autant de sexes féminins que peuvent voir sans dommage les mineur(e)s et les personnes non averties, puis on passe au noir et blanc avec la série Voyage sentimental de mil neuf cent soixante et onze qui raconte sa lune de miel (comme il est écrit) avec sa femme Yōko, sur un mode mi-réaliste mi-fictionnel.
-Elle n’a pas l’air heureuse, commente une visiteuse.
Sur le mur d’en face, c’est le Voyage d’hiver de mil neuf quatre-vingt-dix. Sur le même principe, il évoque la maladie et la mort d’icelle.
Viennent ensuite en grand format les images bien connues de bondage, en diptyque avec d’autres montrant des intérieurs ou des paysages. « La photographie, elle aussi, ligote les gens et les met en boite. La photo prend sa source dans le kinbaku, dans l’acte de ficeler les choses et les évènements. » a écrit Araki, qui noue et dénoue lui-même ses modèles.
D’autres séries sont en format moyen dans lesquelles apparaît parfois la tête de diablotin d’Araki, toujours coiffé en oreilles de chat, cet animal étant très présent dans les photos. Un tapis de Polaroids est multiplié par des miroirs.
M’intéressent beaucoup moins ce qui vient ensuite, photographies calligraphiées (bof), photographies peintes (bof bof), série de ciels (bof bof bof).
Enfin on arrive à la salle Tokyo Tombeau conçue spécialement pour la présente expo, des photos déjà vues imprimées sur des rouleaux traditionnels par l’artiste : « J’ai déjà un pied dans la tombe, j’essaie d’imaginer à quoi pourraient ressembler les photos que je prendrai après ma mort. » L’exposition s’achève par un miroir dans lequel on bute sur soi-même.
-On passe aux choses sérieuses, dit un visiteur à sa compagne en l’entraînant vers la collection ethnologique permanente, dont pour ma part je me dispense.
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Comme dans tous les lieux d’exposition, la conversation des gardien(ne)s tourne autour de l’organisation du temps de pause.
28 avril 2016
Me voici à nouveau dans le train pour Paris ce mercredi, dans lequel assez vite sont contrôlés les billets par une jeune femme blonde qui ne manque pas de charme et de me demander mon justificatif de tarif réduit.
-Y a pas de grève aujourd’hui ? lui demande d’un ton hargneux la vieille d’à côté, lectrice de Challenges.
-Non, c’était hier, lui répond-elle d’un ton neutre.
A l’arrivée, je choisis le bus afin de me remettre dans l’ambiance des rues animées. La place de la République est, elle, quasiment déserte. Les Nuiteux Debout sont au lit. Ils ont laissé une banderole, accrochée haut : « Sabotage Grève Générale ».
C’est avec grand plaisir que je retrouve Book-Off, le marché d’Aligre et le confit de canard pommes sautées du Péhemmu chinois où je déjeune en solitaire, ayant préféré demander à celui que je devais retrouver à la mi journée de reporter cela à une date ultérieure, mon esprit étant trop occupé par mon souci du moment.
Pendant que la clientèle habituelle perd son argent au comptoir, les deux jeunes serveuses s’affairent. Il y a ce jour du monde à manger, dont des groupes de filles. Six sont à la table la plus proche de la mienne.
-Oh, faut que je vous raconte, dit l’une d’elle, je me suis fait hypnotiser ce week-end.
-Ah oui, j’ai vu le Snap, lui répond une autre.
Suit une narration assez confuse dont toutes les phrases commencent par « en fait ».
Après le café, le métro m’emmène au Musée Guimet, place d’Iéna, où sont montrées des photographies d’Araki.
-Y a pas de grève aujourd’hui ? lui demande d’un ton hargneux la vieille d’à côté, lectrice de Challenges.
-Non, c’était hier, lui répond-elle d’un ton neutre.
A l’arrivée, je choisis le bus afin de me remettre dans l’ambiance des rues animées. La place de la République est, elle, quasiment déserte. Les Nuiteux Debout sont au lit. Ils ont laissé une banderole, accrochée haut : « Sabotage Grève Générale ».
C’est avec grand plaisir que je retrouve Book-Off, le marché d’Aligre et le confit de canard pommes sautées du Péhemmu chinois où je déjeune en solitaire, ayant préféré demander à celui que je devais retrouver à la mi journée de reporter cela à une date ultérieure, mon esprit étant trop occupé par mon souci du moment.
Pendant que la clientèle habituelle perd son argent au comptoir, les deux jeunes serveuses s’affairent. Il y a ce jour du monde à manger, dont des groupes de filles. Six sont à la table la plus proche de la mienne.
-Oh, faut que je vous raconte, dit l’une d’elle, je me suis fait hypnotiser ce week-end.
-Ah oui, j’ai vu le Snap, lui répond une autre.
Suit une narration assez confuse dont toutes les phrases commencent par « en fait ».
Après le café, le métro m’emmène au Musée Guimet, place d’Iéna, où sont montrées des photographies d’Araki.
27 avril 2016
Comment ne pas voyager avec les punaises de lit de l’Hôtel Ibis Budget de Ciboure ? Comment ne pas en ramener (leurs œufs surtout) à la maison alors que j’ai été une nouvelle fois piqué dans la deuxième chambre ?
J’opte pour la solution radicale. J’abandonne ma valise à l’hôtel, de même que tous les vêtements remis depuis leur passage en laverie (cette décision ne semble pas surprendre l’employée que j’en avise) et monte ce lundi matin dans le Tégévé avec ceux non réutilisés depuis la laverie et restés protégés, du moins je l’espère, par le plastique d’emballage.
C’est dans un sac Leclerc que je rapporte ce que j’ai emballé dimanche soir dans des sacs poubelles fournis par l’hôtel, ce que je ne peux pas laisser : appareil photo, rasoir, livres, etc. J’ai aussi et ce sont les points faibles : la paire de chaussures, la veste, la sacoche d’ordinateur et le sac à dos.
Après presque neuf heures de voyage, j’arrive à Rouen sous la pluie. Sous le porche, avant d’entrer dans la maison, je jette la paire de chaussures, la veste et la sacoche d’ordinateur. Le sac à dos, cadeau dont je ne veux pas me séparer, est mis dans un sac poubelle (je le passerai dans une sécheuse ce mardi).
Puis je me douche et me rhabille de vêtements restés à Rouen et du djine acheté samedi à Saint-Jean-de-Luz. Enfin, je jette les vêtements portés lors du retour.
Toutes ces précautions seront-elles suffisantes ? Je n’en suis pas sûr.
*
Presque toujours quand je suis allé en vacances dans un des départements pyrénéens, il m’est arrivé une tuile. Cette fois encore donc.
J’opte pour la solution radicale. J’abandonne ma valise à l’hôtel, de même que tous les vêtements remis depuis leur passage en laverie (cette décision ne semble pas surprendre l’employée que j’en avise) et monte ce lundi matin dans le Tégévé avec ceux non réutilisés depuis la laverie et restés protégés, du moins je l’espère, par le plastique d’emballage.
C’est dans un sac Leclerc que je rapporte ce que j’ai emballé dimanche soir dans des sacs poubelles fournis par l’hôtel, ce que je ne peux pas laisser : appareil photo, rasoir, livres, etc. J’ai aussi et ce sont les points faibles : la paire de chaussures, la veste, la sacoche d’ordinateur et le sac à dos.
Après presque neuf heures de voyage, j’arrive à Rouen sous la pluie. Sous le porche, avant d’entrer dans la maison, je jette la paire de chaussures, la veste et la sacoche d’ordinateur. Le sac à dos, cadeau dont je ne veux pas me séparer, est mis dans un sac poubelle (je le passerai dans une sécheuse ce mardi).
Puis je me douche et me rhabille de vêtements restés à Rouen et du djine acheté samedi à Saint-Jean-de-Luz. Enfin, je jette les vêtements portés lors du retour.
Toutes ces précautions seront-elles suffisantes ? Je n’en suis pas sûr.
*
Presque toujours quand je suis allé en vacances dans un des départements pyrénéens, il m’est arrivé une tuile. Cette fois encore donc.
26 avril 2016
Une dernière fois ce dimanche matin je fais le circuit port plage rue piétonnière de Saint-Jean-de-Luz puis comme il pleut je me réfugie au Majestic près du kiosque pour un café verre d’eau Mugnier.
Une heure plus tard, je prends pour la dernière fois le Basque bondissant de la vallée de la Nivelle. J’en suis le seul passager. Je descends à Ascain (Azkaine), joli village à cafés et restaurants regroupés entre fronton et église. La pluie ayant cessé, je visite et photographie. Poussant la porte de l’église, je vois qu’elle est emplie de paroissien(ne)s, jusqu’à la deuxième galerie. Sur la place, près du fronton, j’entre chez Laduche, café à l’ancienne et à patron à bretelles, mais on n’y parle basque que lorsqu’un groupe de jeunes y entre.
A midi, je déjeune au Restaurant des Chasseurs derrière l’église à la sortie vers Sare dans une véranda avec vue sur la montagne. « Ici, rien ne bouge, même pas les prix » disait Le Guide du Routard en deux mille quatre. C’est toujours vrai aujourd’hui. D’ailleurs, les tenues de Jennifer la serveuse et de Cyril le serveur semblent dater d’années lointaines. Pour mon dernier repas au Pays Basque, j’ai choisi un menu à vingt-quatre euros : assiette du chef (crevettes, jambon de Serrano, foie gras), entrecôte avec pommes rissolées et vacherin. C’est Jennifer qui s’occupe de moi :
-Ça va monsieur ?
-Très bien, oui.
-Super !
J’entre ensuite dans l’Hôtel de la Rhune, bel établissement où Pierre Loti écrivit Ramuntcho. Son aimable patronne me suggère de m’installer près du petit jardin. En écoutant des chanteuses de jazz, j’y continue le Journal de l’abbé Mugnier, une relecture qui aura comblé mes vacances et que je terminerai peut-être dans le train.
Un peu avant quinze heures, je m’assois sur le muret face à l’arrêt de car. Des retraité(e)s à questionnaire me demandent si je suis du pays.
-Pas du tout.
Rentré seul passager du Basque bondissant, je m’emplis les yeux de Ciboure et Saint-Jean-de-Luz.
Pays Basque, adio.
*
Résumé personnel de la côte basque française du nord au sud : Bayonne oui, Biarritz non, Bidard oui, Guéthary non, Saint-Jean-de-Luz Ciboure oui, Hendaye non.
Vallée de la Nivelle : plutôt Ascain que Sare.
Une heure plus tard, je prends pour la dernière fois le Basque bondissant de la vallée de la Nivelle. J’en suis le seul passager. Je descends à Ascain (Azkaine), joli village à cafés et restaurants regroupés entre fronton et église. La pluie ayant cessé, je visite et photographie. Poussant la porte de l’église, je vois qu’elle est emplie de paroissien(ne)s, jusqu’à la deuxième galerie. Sur la place, près du fronton, j’entre chez Laduche, café à l’ancienne et à patron à bretelles, mais on n’y parle basque que lorsqu’un groupe de jeunes y entre.
A midi, je déjeune au Restaurant des Chasseurs derrière l’église à la sortie vers Sare dans une véranda avec vue sur la montagne. « Ici, rien ne bouge, même pas les prix » disait Le Guide du Routard en deux mille quatre. C’est toujours vrai aujourd’hui. D’ailleurs, les tenues de Jennifer la serveuse et de Cyril le serveur semblent dater d’années lointaines. Pour mon dernier repas au Pays Basque, j’ai choisi un menu à vingt-quatre euros : assiette du chef (crevettes, jambon de Serrano, foie gras), entrecôte avec pommes rissolées et vacherin. C’est Jennifer qui s’occupe de moi :
-Ça va monsieur ?
-Très bien, oui.
-Super !
J’entre ensuite dans l’Hôtel de la Rhune, bel établissement où Pierre Loti écrivit Ramuntcho. Son aimable patronne me suggère de m’installer près du petit jardin. En écoutant des chanteuses de jazz, j’y continue le Journal de l’abbé Mugnier, une relecture qui aura comblé mes vacances et que je terminerai peut-être dans le train.
Un peu avant quinze heures, je m’assois sur le muret face à l’arrêt de car. Des retraité(e)s à questionnaire me demandent si je suis du pays.
-Pas du tout.
Rentré seul passager du Basque bondissant, je m’emplis les yeux de Ciboure et Saint-Jean-de-Luz.
Pays Basque, adio.
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Résumé personnel de la côte basque française du nord au sud : Bayonne oui, Biarritz non, Bidard oui, Guéthary non, Saint-Jean-de-Luz Ciboure oui, Hendaye non.
Vallée de la Nivelle : plutôt Ascain que Sare.
24 avril 2016
C’est à pied ce samedi matin que je longe le port côté Ciboure puis gagne par le chemin côtier le quartier de Socoa. Seuls quelques promeneurs de chiens locaux sont dehors à neuf heures. J’en profite pour entrer dans le fort et marcher jusqu’au bout de la digue sur laquelle pendant le début de mon séjour je voyais la mer exploser à marée haute.
Le temps est nuageux mais je peux néanmoins m’attarder longtemps à la terrasse du Belarra d’où l’on domine la baie de Saint-Jean-de-Luz et avancer dans ma relecture du Journal de l’abbé Mugnier. Le seul autre consommateur est le patron lui-même qui gère ses affaires à l’aide de son ordinateur.
L’averse menaçant, je choisis de déjeuner à Socoa dans un restaurant sans prétention nommé Gigi l’Amoroso d’où l’on a vue sur rien d’agréable. Crevettes persillées puis merlu à l’espagnole et mousse au chocolat avec un quart de vin blanc, pendant que des gouttes claquent sur le toit de la véranda. De bruyantes familles s’y réfugient, je file après avoir payé quatorze euros quatre-vingt-dix.
Le café, c’est à Saint-Jean-de-Luz, en terrasse au Café de la Marine, que je le prends étant revenu par le même chemin pédestrement. Une noce a pris possession du kiosque devant la Mairie pour y faire de multiples photographies. L’élégance basque est au rendez-vous, robes colorées, chapeaux et queues de pie.
C’est en revanche le premier djine venu que j’achète chez Monoprix. Je le fais mettre sous plastique dans une laverie. Il s’agit de disposer une fois rentré d’un pantalon que je n’aurai pas utilisé à l’Hôtel Ibis Budget de Ciboure. Tout me porte à croire que les punaises de lit sont toujours là.
*
Entendu à Ciboure : « Un bon métier, qui travaille tous les jours, c’est la picole. »
Le temps est nuageux mais je peux néanmoins m’attarder longtemps à la terrasse du Belarra d’où l’on domine la baie de Saint-Jean-de-Luz et avancer dans ma relecture du Journal de l’abbé Mugnier. Le seul autre consommateur est le patron lui-même qui gère ses affaires à l’aide de son ordinateur.
L’averse menaçant, je choisis de déjeuner à Socoa dans un restaurant sans prétention nommé Gigi l’Amoroso d’où l’on a vue sur rien d’agréable. Crevettes persillées puis merlu à l’espagnole et mousse au chocolat avec un quart de vin blanc, pendant que des gouttes claquent sur le toit de la véranda. De bruyantes familles s’y réfugient, je file après avoir payé quatorze euros quatre-vingt-dix.
Le café, c’est à Saint-Jean-de-Luz, en terrasse au Café de la Marine, que je le prends étant revenu par le même chemin pédestrement. Une noce a pris possession du kiosque devant la Mairie pour y faire de multiples photographies. L’élégance basque est au rendez-vous, robes colorées, chapeaux et queues de pie.
C’est en revanche le premier djine venu que j’achète chez Monoprix. Je le fais mettre sous plastique dans une laverie. Il s’agit de disposer une fois rentré d’un pantalon que je n’aurai pas utilisé à l’Hôtel Ibis Budget de Ciboure. Tout me porte à croire que les punaises de lit sont toujours là.
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Entendu à Ciboure : « Un bon métier, qui travaille tous les jours, c’est la picole. »
23 avril 2016
C’est encore avec un Huit Cent Seize que je me rends ce vendredi matin à Guéthary (Getaria), la plus petite commune de la côte basque française, coincée entre Bidart et Saint-Jean-de-Luz. Elle fut autrefois un port baleinier actif. Il n’en reste rien ou pas grand-chose : un plan incliné en pierre et béton où sont aujourd’hui treuillées des barques à l’aide d’un filin métallique..
Guéthary a de plus le désavantage d’être extrêmement pentue. Je m’y épuise et fais rapidement une pause-café en bordure d’océan puis une autre dans la belle salle en bois de l’Hôtel de Madrid où, ai-je appris par Ouiquipédia, Jacques Rigaut a écrit en mil neuf cent vingt-six un cadavre exquis titré Et puis merde ! Trois ans plus tard, il se suicidait.
Le serveur de cet hôtel ne se soucie pas de littérature, il a une autre préoccupation :
-Y a personne ! Si y avait pas les habitués, on ferait rien !
La patronne accuse l’Education Nationale qui a changé les dates de vacances pour que les stations de ski marchent mieux.
Une autre explication me vient après avoir fait le tour des restaurants du bourg et des gargotes de plage : leurs prix sont beaucoup plus élevés qu’à Bidart et Saint-Jean de-Luz.
Je contribue au « y a personne » en me contentant, au snack Xpress, d’un double burger bacon steak salade tomate emmental sauce au poivre et d’un cornet de frites, dix euros cinquante, le verre d’eau est gratuit.
Mon voyage de retour avec le Huit Cent Seize est assez folklorique. Si une aimable habitante n’était pas venue me dire que l’arrêt où je l’attendais n’était plus desservi, je l’aurais raté et quand je suis enfin au bon endroit et qu’il arrive, déjà mis en retard par des travaux sur la route, voici que sa porte centrale ne se referme plus. La conductrice affolée appelle des mécanos qui ne veulent pas venir. Les nombreux passagers manifestent leur agacement. Deux loustics descendent fumer et donnent des conseils pour résoudre le problème. La chauffeuse ne veut pas les entendre. Quand elle a le dos tourné, ils bidouillent la porte, qui se ferme.
-Ça y est, j’ai réussi à la refermer, triomphe la conductrice au téléphone et au volant.
« Tout le monde descendra par la porte de devant. », nous informe-t-elle.
-On veut même bien descendre par la sortie de secours du toit, commente l’un des deux loustics.
*
L’une des gargotes de plage de Guéthary se nomme Guethappy. Beaucoup des lieux de restauration de la commune pourraient s’appeler Guet-apens.
*
Paul-Jean Toulet, mort à Guéthary en mil neuf cent vingt, a une place à son nom au centre de Guéthary et une autre au cimetière. Celui-ci étant très excentré, je ne suis pas allé le saluer.
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Les sœurs pianistes Marielle et Katia Labèque, l’acteur Vincent Cassel, le comique de télévision Jules-Edouard Moustic et le bègue Beder ont une maison à Guéthary. J’ai croisé deux fois une femme brune qui pourrait être l’une des sœurs, et qui m’a regardé comme regardent les gens connus pour savoir si on les a reconnus, mais je ne le lui ai pas demandé.
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Quant à Georges Guétary, il emprunta à Guéthary son nom d'artiste, trouvant que c’était mieux pour réussir dans la chanson que son vrai nom : Lambros Worloou.
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Sur mon lieu de villégiature, Rouen se rappelle à moi : l’ancien bouquiniste et relieur que je nommais par son prénom, Jean-Jacques, dans ce Journal, le cinq mars dernier, m’apprend que contrairement à ce que je supposais, il ne vend pas de livres via Internet.
Guéthary a de plus le désavantage d’être extrêmement pentue. Je m’y épuise et fais rapidement une pause-café en bordure d’océan puis une autre dans la belle salle en bois de l’Hôtel de Madrid où, ai-je appris par Ouiquipédia, Jacques Rigaut a écrit en mil neuf cent vingt-six un cadavre exquis titré Et puis merde ! Trois ans plus tard, il se suicidait.
Le serveur de cet hôtel ne se soucie pas de littérature, il a une autre préoccupation :
-Y a personne ! Si y avait pas les habitués, on ferait rien !
La patronne accuse l’Education Nationale qui a changé les dates de vacances pour que les stations de ski marchent mieux.
Une autre explication me vient après avoir fait le tour des restaurants du bourg et des gargotes de plage : leurs prix sont beaucoup plus élevés qu’à Bidart et Saint-Jean de-Luz.
Je contribue au « y a personne » en me contentant, au snack Xpress, d’un double burger bacon steak salade tomate emmental sauce au poivre et d’un cornet de frites, dix euros cinquante, le verre d’eau est gratuit.
Mon voyage de retour avec le Huit Cent Seize est assez folklorique. Si une aimable habitante n’était pas venue me dire que l’arrêt où je l’attendais n’était plus desservi, je l’aurais raté et quand je suis enfin au bon endroit et qu’il arrive, déjà mis en retard par des travaux sur la route, voici que sa porte centrale ne se referme plus. La conductrice affolée appelle des mécanos qui ne veulent pas venir. Les nombreux passagers manifestent leur agacement. Deux loustics descendent fumer et donnent des conseils pour résoudre le problème. La chauffeuse ne veut pas les entendre. Quand elle a le dos tourné, ils bidouillent la porte, qui se ferme.
-Ça y est, j’ai réussi à la refermer, triomphe la conductrice au téléphone et au volant.
« Tout le monde descendra par la porte de devant. », nous informe-t-elle.
-On veut même bien descendre par la sortie de secours du toit, commente l’un des deux loustics.
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L’une des gargotes de plage de Guéthary se nomme Guethappy. Beaucoup des lieux de restauration de la commune pourraient s’appeler Guet-apens.
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Paul-Jean Toulet, mort à Guéthary en mil neuf cent vingt, a une place à son nom au centre de Guéthary et une autre au cimetière. Celui-ci étant très excentré, je ne suis pas allé le saluer.
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Les sœurs pianistes Marielle et Katia Labèque, l’acteur Vincent Cassel, le comique de télévision Jules-Edouard Moustic et le bègue Beder ont une maison à Guéthary. J’ai croisé deux fois une femme brune qui pourrait être l’une des sœurs, et qui m’a regardé comme regardent les gens connus pour savoir si on les a reconnus, mais je ne le lui ai pas demandé.
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Quant à Georges Guétary, il emprunta à Guéthary son nom d'artiste, trouvant que c’était mieux pour réussir dans la chanson que son vrai nom : Lambros Worloou.
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Sur mon lieu de villégiature, Rouen se rappelle à moi : l’ancien bouquiniste et relieur que je nommais par son prénom, Jean-Jacques, dans ce Journal, le cinq mars dernier, m’apprend que contrairement à ce que je supposais, il ne vend pas de livres via Internet.
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