Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
13 août 2016
Lors de notre dernier déjeuner en commun, l’ami de Paris m’annonce que son congé sabbatique va lui permettre de donner suite en septembre à ma déjà ancienne proposition de venir me voir à Rouen. Je découvre alors que pour lui cela implique que je l’hébergerai. Dans mon esprit, il n'en a jamais été question. Je vais à Paris tous les mercredis, j'y vois parfois différentes personnes mais je ne dors pas chez elles. S’il est possible de faire l’aller et le retour dans la journée dans un sens, c’est la même chose dans l'autre sens.
Pris de court, désarçonné, je lui dis que, oui, je pourrai l’héberger, bien que ma seconde chambre soit petite, pas pratique, etc. Mon manque d'enthousiasme aurait dû l'alerter.
Rentré à Rouen, je me suis dit que j'avais deux mois pour m'y préparer psychologiquement. Parfois j’ai cru que j'y arriverai, avant d’être sûr que non. Je ne supporte la présence d'aucun homme la nuit chez moi (peut-être est-ce une conséquence de la chambre à trois lits de mon enfance et de mon adolescence, dans les deux autres étaient mes frères). En quarante ans n'ont dormi chez moi que deux bicyclistes québécois dont j'avais eu pitié un soir de pluie au début des années soixante-dix et j’ai été soulagé le lendemain matin de les voir partir tôt.
Je l’en avise.
«C'était surtout venir chez toi et passer la soirée ensemble qui m'amusait, aussi je remets le projet de venir à Rouen à une autre date.», m’écrit succinctement l’ami de Paris auquel je réponds que venir chez moi sans y dormir est toujours possible pour un jour ou pour plusieurs (dans ce dernier cas, il y a par exemple une fille qui met son canapé à disposition contre quinze euros prés du Gros-Horloge) et que passer la soirée ensemble est toujours possible (cependant le soir n’est pas ma meilleure période, je me couche en général à la même heure que les poules).
*
Croisant, jeudi, dans la ruelle, la voisine dont l’amie a fait la chienne devant ma porte, je l’arrête pour lui dire de faire savoir à cette femme que toute récidive sera suivie d’un dépôt de plainte de ma part pour harcèlement. Elle ne me laisse pas aller au bout de mon propos :
-Vous aurez qu'à lui dire vous-même, me répond-elle, ce qui me rappelle la cour de récré en primaire.
Pris de court, désarçonné, je lui dis que, oui, je pourrai l’héberger, bien que ma seconde chambre soit petite, pas pratique, etc. Mon manque d'enthousiasme aurait dû l'alerter.
Rentré à Rouen, je me suis dit que j'avais deux mois pour m'y préparer psychologiquement. Parfois j’ai cru que j'y arriverai, avant d’être sûr que non. Je ne supporte la présence d'aucun homme la nuit chez moi (peut-être est-ce une conséquence de la chambre à trois lits de mon enfance et de mon adolescence, dans les deux autres étaient mes frères). En quarante ans n'ont dormi chez moi que deux bicyclistes québécois dont j'avais eu pitié un soir de pluie au début des années soixante-dix et j’ai été soulagé le lendemain matin de les voir partir tôt.
Je l’en avise.
«C'était surtout venir chez toi et passer la soirée ensemble qui m'amusait, aussi je remets le projet de venir à Rouen à une autre date.», m’écrit succinctement l’ami de Paris auquel je réponds que venir chez moi sans y dormir est toujours possible pour un jour ou pour plusieurs (dans ce dernier cas, il y a par exemple une fille qui met son canapé à disposition contre quinze euros prés du Gros-Horloge) et que passer la soirée ensemble est toujours possible (cependant le soir n’est pas ma meilleure période, je me couche en général à la même heure que les poules).
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Croisant, jeudi, dans la ruelle, la voisine dont l’amie a fait la chienne devant ma porte, je l’arrête pour lui dire de faire savoir à cette femme que toute récidive sera suivie d’un dépôt de plainte de ma part pour harcèlement. Elle ne me laisse pas aller au bout de mon propos :
-Vous aurez qu'à lui dire vous-même, me répond-elle, ce qui me rappelle la cour de récré en primaire.
12 août 2016
Arrivé avant l’heure d’ouverture du Book-Off de l’Opéra Garnier ce mercredi, je me balade au hasard dans le quartier. J’arrive ainsi à l’opulente Galerie Vivienne où une partie de la verrière est en restauration. À proximité, passage des Petits-Pères, se trouve la bibliothèque Charlotte Delbo. Elle est malheureusement fermée à cette heure matutinale. En revanche, sa voisine, la basilique Notre-Dame des Victoires a la porte ouverte à deux battants.
J’y entre et apprends qu’elle a été construite par Louis le Treizième pour remercier Dieu de la victoire contre les protestants suite au siège de La Rochelle. D’architecture baroque, elle est tout à fait kitch. De nombreux ex-voto ornent ses murs qui narrent de bien belles histoires : un aveugle du dix-neuvième siècle y a recouvré la vue, Gustave Bizot artiste peintre élève de Ingres y a retrouvé la foi. Quelques personnes prient. Une religieuse se prosterne devant la statue de Marie et de son fils, tous deux couronnés.
Après avoir bookoffié, je remonte à pied vers Notre-Dame-de-Lorette. Sur le trottoir du boulevard des Italiens, je photographie la tente d’un sans abri patriote dont le drapeau tricolore est en berne. « Sauvegardons la race blanche, ce miracle de Dieu », est-il écrit un peu plus haut sur un mur de la rue Laffitte, une inscription rageusement barrée de rouge.
A Lorette, je prends le métro jusqu’à Jules-Joffrin, achète une bouteille de côtes-de-bourg bio au Gé Vingt, passe devant l’hôtel trois étoiles Eden Montmartre de la rue Ordener qui, signe des temps, propose par affichette des « chambres à cinquante euros pour le jour même » et à midi moins cinq frappe à la porte de celle qui m’invite à déjeuner.
Nous sommes toujours aussi heureux de nous retrouver. Elle a préparé un délicieux plat à sa façon que nous dégustons en dialoguant sur fond de bruit de chantier. En face, là où était la dent creuse, s’élève maintenant un immeuble de six étages. Le vin est aussi bon que bio et c’est en pleine forme que nous allons prendre la café chez Dionis, en terrasse, au bout de la rue Letort.
Nous nous séparons un peu après quinze heures, Rejoignant à pied la station Simplon afin d’aller explorer le Book-Off de l’Opéra Bastille, je la regarde filer sur son haut vélo noir vers un chantier où elle doit faire une visite inopinée.
*
Chez Book-Off (un) :
-Bonjour, on vous apporte tout un véhicule de livres.
L’employée, qui en a vu d’autres :
-Mettez tout ça dans la boutique.
*
Chez Book-Off (deux):
Une femme qui vend ses livres et s’apprête à repartir sans son argent. Une scène déjà vue plusieurs fois. L’important n’est-il pas d’en être débarrassé.
*
Chez Book-Off (trois) :
Les types qui parlent tout seuls : « Ah non, pas celui-là, je l’ai déjà » « Ah, pourquoi pas, j’hésite ». On les trouve presque exclusivement devant le rayon des vinyles.
J’y entre et apprends qu’elle a été construite par Louis le Treizième pour remercier Dieu de la victoire contre les protestants suite au siège de La Rochelle. D’architecture baroque, elle est tout à fait kitch. De nombreux ex-voto ornent ses murs qui narrent de bien belles histoires : un aveugle du dix-neuvième siècle y a recouvré la vue, Gustave Bizot artiste peintre élève de Ingres y a retrouvé la foi. Quelques personnes prient. Une religieuse se prosterne devant la statue de Marie et de son fils, tous deux couronnés.
Après avoir bookoffié, je remonte à pied vers Notre-Dame-de-Lorette. Sur le trottoir du boulevard des Italiens, je photographie la tente d’un sans abri patriote dont le drapeau tricolore est en berne. « Sauvegardons la race blanche, ce miracle de Dieu », est-il écrit un peu plus haut sur un mur de la rue Laffitte, une inscription rageusement barrée de rouge.
A Lorette, je prends le métro jusqu’à Jules-Joffrin, achète une bouteille de côtes-de-bourg bio au Gé Vingt, passe devant l’hôtel trois étoiles Eden Montmartre de la rue Ordener qui, signe des temps, propose par affichette des « chambres à cinquante euros pour le jour même » et à midi moins cinq frappe à la porte de celle qui m’invite à déjeuner.
Nous sommes toujours aussi heureux de nous retrouver. Elle a préparé un délicieux plat à sa façon que nous dégustons en dialoguant sur fond de bruit de chantier. En face, là où était la dent creuse, s’élève maintenant un immeuble de six étages. Le vin est aussi bon que bio et c’est en pleine forme que nous allons prendre la café chez Dionis, en terrasse, au bout de la rue Letort.
Nous nous séparons un peu après quinze heures, Rejoignant à pied la station Simplon afin d’aller explorer le Book-Off de l’Opéra Bastille, je la regarde filer sur son haut vélo noir vers un chantier où elle doit faire une visite inopinée.
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Chez Book-Off (un) :
-Bonjour, on vous apporte tout un véhicule de livres.
L’employée, qui en a vu d’autres :
-Mettez tout ça dans la boutique.
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Chez Book-Off (deux):
Une femme qui vend ses livres et s’apprête à repartir sans son argent. Une scène déjà vue plusieurs fois. L’important n’est-il pas d’en être débarrassé.
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Chez Book-Off (trois) :
Les types qui parlent tout seuls : « Ah non, pas celui-là, je l’ai déjà » « Ah, pourquoi pas, j’hésite ». On les trouve presque exclusivement devant le rayon des vinyles.
11 août 2016
Mardi soir, je suis au jardin et y termine la lecture de Mémoires sans mémoire de Jacques-Henri Lartigue (Robert Laffont) qui, en fait, est son journal de jeunesse. Le futur photographe y raconte ses amourettes de privilégié. C’est agréable à lire mais ne méritera pas de rester dans ma mémoire.
Le soleil descendant me chauffe encore un peu. La pelouse est tondue de la veille. Les plantations ont subi une coupe sévère qui s’apparente plus au débroussaillage qu’à une réelle taille. Les fleurs ont également un peu souffert. Quant aux mauvaises herbes (comme on dit), elles continuent à prospérer. De temps à autre, je salue une voisine ou un voisin rentrant d’une journée de labeur. La pianiste ne se fait malheureusement pas entendre.
La porte d’entrée s’ouvre une nouvelle fois.
« Wouf wouf wouf », fait l’invitée du soir de la secrétaire des voisines à chiens lorsqu’elle passe devant ma porte.
-Je fais le chien puisque ça lui manque, explique-t-elle à celle qui l’attend.
Si son intelligence est remarquable, sa vue est basse et l’empêche de m’apercevoir lisant sur le banc.
Le soleil descendant me chauffe encore un peu. La pelouse est tondue de la veille. Les plantations ont subi une coupe sévère qui s’apparente plus au débroussaillage qu’à une réelle taille. Les fleurs ont également un peu souffert. Quant aux mauvaises herbes (comme on dit), elles continuent à prospérer. De temps à autre, je salue une voisine ou un voisin rentrant d’une journée de labeur. La pianiste ne se fait malheureusement pas entendre.
La porte d’entrée s’ouvre une nouvelle fois.
« Wouf wouf wouf », fait l’invitée du soir de la secrétaire des voisines à chiens lorsqu’elle passe devant ma porte.
-Je fais le chien puisque ça lui manque, explique-t-elle à celle qui l’attend.
Si son intelligence est remarquable, sa vue est basse et l’empêche de m’apercevoir lisant sur le banc.
10 août 2016
Tout ceci tiré de ma relecture en diagonale du Journal, paru chez Points/Seuil, de Jean-René Huguenin, l’auteur d’un seul roman La Côte sauvage, jeune homme au physique moderne mort prématurément d’un accident d’automobile, qui plaisait à François Mauriac et connut Jean-Edern Hallier et Philippe Sollers à leurs débuts. Le portrait qu’il fait de ce dernier m’apparaît des plus perspicaces. Ceux d’autres écrivains ou de notables sont également bien réussis :
La soirée du mercredi 7, où 20 000 étudiants (dont moi) ont mis le feu au siège du parti communiste, m’est restée sur le cœur comme quelque chose d’exaltant et d’effroyable. (vendredi neuf novembre mil neuf cent cinquante-six, après Budapest)
J’ai vu ce matin Michel Butor, pour le journal. Il m’a déçu, ce myope sournois, avec ses regards de chienne fouettée. (samedi trente novembre mil neuf cent cinquante-sept)
A Villejuif, cérémonie d’inauguration de bâtiments dont mon père avait obtenu les premiers crédits. (…) Au premier rang, deux crânes chauves, briqués de frais, entouraient l’énorme tête de cochon, couverte d’une chevelure d’un blanc pisseux, avec sa lippe goulue et son gros nez fier de ses poils, la grosse tête cabossée de M. le président du conseil général. (lundi dix mars mil neuf cent cinquante-huit)
Vu hier après-midi Ph. Sollers. (…) Il lui manque quelque chose, un poids, du tragique, un rêve, son intelligence éclaire tout, elle ne respecte pas ces grands repaires d’ombre où notre mystère se tapit, il explique trop ; il n’inquiète pas. (mardi deux décembre mil neuf cent cinquante-huit)
Vu Gracq. (…) Trop tranquille. Pas de femmes, peu de relations. Un métier anodin, fait de façon anodine. Il ne livre jamais rien de lui-même : un roman tous les sept ans, c’est tout ce qu’on sait de lui. Je crois que son secret est simple : il est resté dans son enfance, c’est un enfant qui se cache. (mercredi trois décembre mil neuf cent cinquante-huit)
Vu aussi Nimier ; mes questions l’ennuient, non à cause du sujet choisi, mais en tant que questions tout court, parce qu’elles l’obligent à réfléchir, à prendre parti, à essayer de s’intéresser à quelque chose. (même jour)
Je le crèverai, J.-Ed. Ce sera lui ou moi, je le sais depuis longtemps et il le sait aussi. Nous sommes nés tous les deux le même jour, il y en a un de trop, c’est évident. (samedi quatorze février mil neuf cent cinquante-neuf)
Il manque à Sollers le sens du tragique, le goût du va-tout, des grandes folies, du désespoir. C’est déjà un homme de lettres. (lundi seize février mil neuf cent cinquante-neuf)
Renaud et moi exclus de Tel Quel –qui décidément court à sa perte. Malgré les assez méchantes manigances de Jean-Edern et de Philippe, je ne me sens pas de rancune. (…) Je suis assez satisfait de ne plus traîner ce boulet qu’était Tel Quel. (samedi deux juillet mil neuf cent soixante)
Mais d’elle, de son corps mat, enfantin et nerveux, je ne suis jamais rassasié. Elle garde pour moi le charme d’une vierge –chair mystérieuse et lisse, si inquiète, à la fois purifiante et corruptible ! (lundi trente avril mil neuf cent soixante-deux)
La soirée du mercredi 7, où 20 000 étudiants (dont moi) ont mis le feu au siège du parti communiste, m’est restée sur le cœur comme quelque chose d’exaltant et d’effroyable. (vendredi neuf novembre mil neuf cent cinquante-six, après Budapest)
J’ai vu ce matin Michel Butor, pour le journal. Il m’a déçu, ce myope sournois, avec ses regards de chienne fouettée. (samedi trente novembre mil neuf cent cinquante-sept)
A Villejuif, cérémonie d’inauguration de bâtiments dont mon père avait obtenu les premiers crédits. (…) Au premier rang, deux crânes chauves, briqués de frais, entouraient l’énorme tête de cochon, couverte d’une chevelure d’un blanc pisseux, avec sa lippe goulue et son gros nez fier de ses poils, la grosse tête cabossée de M. le président du conseil général. (lundi dix mars mil neuf cent cinquante-huit)
Vu hier après-midi Ph. Sollers. (…) Il lui manque quelque chose, un poids, du tragique, un rêve, son intelligence éclaire tout, elle ne respecte pas ces grands repaires d’ombre où notre mystère se tapit, il explique trop ; il n’inquiète pas. (mardi deux décembre mil neuf cent cinquante-huit)
Vu Gracq. (…) Trop tranquille. Pas de femmes, peu de relations. Un métier anodin, fait de façon anodine. Il ne livre jamais rien de lui-même : un roman tous les sept ans, c’est tout ce qu’on sait de lui. Je crois que son secret est simple : il est resté dans son enfance, c’est un enfant qui se cache. (mercredi trois décembre mil neuf cent cinquante-huit)
Vu aussi Nimier ; mes questions l’ennuient, non à cause du sujet choisi, mais en tant que questions tout court, parce qu’elles l’obligent à réfléchir, à prendre parti, à essayer de s’intéresser à quelque chose. (même jour)
Je le crèverai, J.-Ed. Ce sera lui ou moi, je le sais depuis longtemps et il le sait aussi. Nous sommes nés tous les deux le même jour, il y en a un de trop, c’est évident. (samedi quatorze février mil neuf cent cinquante-neuf)
Il manque à Sollers le sens du tragique, le goût du va-tout, des grandes folies, du désespoir. C’est déjà un homme de lettres. (lundi seize février mil neuf cent cinquante-neuf)
Renaud et moi exclus de Tel Quel –qui décidément court à sa perte. Malgré les assez méchantes manigances de Jean-Edern et de Philippe, je ne me sens pas de rancune. (…) Je suis assez satisfait de ne plus traîner ce boulet qu’était Tel Quel. (samedi deux juillet mil neuf cent soixante)
Mais d’elle, de son corps mat, enfantin et nerveux, je ne suis jamais rassasié. Elle garde pour moi le charme d’une vierge –chair mystérieuse et lisse, si inquiète, à la fois purifiante et corruptible ! (lundi trente avril mil neuf cent soixante-deux)
9 août 2016
Connaissant bien moins la Seine-Maritime que l’Eure, je décide ce lundi d’aller à Caudebec-en-Caux, ville parfois traversée, jamais vue de près. Pour ce faire, je me rends à la halte routière où m’accueille une employée peu aimable mais fonctionnelle. Grâce aux questions que je lui pose, j’apprends qu’il existe une carte dix voyages pour douze euros qui n’est valable que pour les communes hors Métropole, pour celles de la Métropole (comme Le Trait juste avant Caudebec-en-Caux) il faut utiliser la carte des bus rouennais. Deux cartes pour un même car selon l’endroit où l’on va, de quoi embrouiller qui n’est pas du coin.
La conductrice du car de neuf heures trente-cinq, peu aimable, m’indique d’un geste de la tête où valider. Je m’installe au milieu du car à bâbord pour bénéficier de la vue sur la Seine et trouve un euro sur mon siège. Faire cinquante-cinq kilomètres pour vingt centimes, c’est une aubaine. Nous sommes sept au départ dont une fille aux cheveux violets. Il ne faut pas être pressé, le voyage dure une heure. Sitôt passé sous le pont de Brotonne, on y est.
Il pleuvine à l’arrivée. Une exposition photographique est installée sur le quai de bord de Seine consacrée à l’usine d’hydravions qui prospéra ici au vingtième siècle, lesquels engins étaient essayés sur le fleuve, ce qui devait rendre la vie locale un peu bruyante mais plus attrayante.
Arrivé au bout du quai, Villequier à l’horizon, je prends la petite route montante qui mène à la chapelle de Barre-y-Va qui doit son nom au fait que le mascaret (la barre) montait jusque-là. Un homme sort de la maison d’à côté et m’apprend qu’elle n’est visitable que l’après-midi à partir de quatorze heures mais aimablement il m’en ouvre les portes et je peux y voir les ex-voto et les maquettes de bateaux. « On va bientôt y tourner un film, me dit-il, deux scènes de mariage ». Il ne sait pas si c’est pour le cinéma ou la télévision.
En face est un trou imposant dans la falaise, c’est la Maison de l’Ermite. Bien longtemps qu’il n’est plus là et pas question de visiter, c’est dangereux, un grillage l’empêche.
Redescendu en ville, je choisis Le Balto pour déjeuner afin de manger en terrasse avec vue sur le fleuve, me doutant bien que côté cuisine, ce ne sera pas grandiose. L’endroit est très fréquenté par des Cauchois(e)s qui se ravitaillent en cartouches de cigarettes et grilles de tiercé ou à gratter. Certain(e)s ne coupent même pas le moteur de leur voiture ou de leur tracteur pendant la transaction. La jeune serveuse, une fille du pays, m’indique le menu du jour : « Taboulé oriental, onglet aux oignons avec frites et zaricots, tiramisu ».
-Vous nous avez ramené le soleil, me dit-elle pensant que j’arrive d’une de ces contrées où le ciel est toujours bleu.
La viande et correcte, le reste est industriel. Cela coûte douze euros quatre-vingt-dix. Le quart de vin rouge est à trois euros cinquante et le café de fin de repas à un euro trente seulement. Pas un bateau ne passe sur la Seine.
La ville est sans charme, ayant été reconstruite après les bombardements de la guerre (l’usine d’hydravions travaillait pour les nazis). L’église Notre-Dame a été épargnée, que je visite après le déjeuner. Elle est particulièrement fière de sa clé de voûte pendante de quatre mètres cinquante.
Ma difficulté avec le tourisme de proximité, c’est que j’ai toujours envie de rentrer. Ce que je fais avec le car de quatorze heures dix dont le conducteur sait répondre par des mots quand on lui pose une question.
*
C’est à bord d’un hydravion Latham construit à Caudebec-en-Caux que l’explorateur Amundsen disparut en juin mil neuf cent vingt-huit dans le Spitzberg en allant porter secours au dirigeable Italia.
*
Le Trait, bourgade en forme d'interminable ligne droite. Les noms de salons de coiffure y sont particulièrement approxima’tifs : Diffus’Hair, Enigma’Tif.
La conductrice du car de neuf heures trente-cinq, peu aimable, m’indique d’un geste de la tête où valider. Je m’installe au milieu du car à bâbord pour bénéficier de la vue sur la Seine et trouve un euro sur mon siège. Faire cinquante-cinq kilomètres pour vingt centimes, c’est une aubaine. Nous sommes sept au départ dont une fille aux cheveux violets. Il ne faut pas être pressé, le voyage dure une heure. Sitôt passé sous le pont de Brotonne, on y est.
Il pleuvine à l’arrivée. Une exposition photographique est installée sur le quai de bord de Seine consacrée à l’usine d’hydravions qui prospéra ici au vingtième siècle, lesquels engins étaient essayés sur le fleuve, ce qui devait rendre la vie locale un peu bruyante mais plus attrayante.
Arrivé au bout du quai, Villequier à l’horizon, je prends la petite route montante qui mène à la chapelle de Barre-y-Va qui doit son nom au fait que le mascaret (la barre) montait jusque-là. Un homme sort de la maison d’à côté et m’apprend qu’elle n’est visitable que l’après-midi à partir de quatorze heures mais aimablement il m’en ouvre les portes et je peux y voir les ex-voto et les maquettes de bateaux. « On va bientôt y tourner un film, me dit-il, deux scènes de mariage ». Il ne sait pas si c’est pour le cinéma ou la télévision.
En face est un trou imposant dans la falaise, c’est la Maison de l’Ermite. Bien longtemps qu’il n’est plus là et pas question de visiter, c’est dangereux, un grillage l’empêche.
Redescendu en ville, je choisis Le Balto pour déjeuner afin de manger en terrasse avec vue sur le fleuve, me doutant bien que côté cuisine, ce ne sera pas grandiose. L’endroit est très fréquenté par des Cauchois(e)s qui se ravitaillent en cartouches de cigarettes et grilles de tiercé ou à gratter. Certain(e)s ne coupent même pas le moteur de leur voiture ou de leur tracteur pendant la transaction. La jeune serveuse, une fille du pays, m’indique le menu du jour : « Taboulé oriental, onglet aux oignons avec frites et zaricots, tiramisu ».
-Vous nous avez ramené le soleil, me dit-elle pensant que j’arrive d’une de ces contrées où le ciel est toujours bleu.
La viande et correcte, le reste est industriel. Cela coûte douze euros quatre-vingt-dix. Le quart de vin rouge est à trois euros cinquante et le café de fin de repas à un euro trente seulement. Pas un bateau ne passe sur la Seine.
La ville est sans charme, ayant été reconstruite après les bombardements de la guerre (l’usine d’hydravions travaillait pour les nazis). L’église Notre-Dame a été épargnée, que je visite après le déjeuner. Elle est particulièrement fière de sa clé de voûte pendante de quatre mètres cinquante.
Ma difficulté avec le tourisme de proximité, c’est que j’ai toujours envie de rentrer. Ce que je fais avec le car de quatorze heures dix dont le conducteur sait répondre par des mots quand on lui pose une question.
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C’est à bord d’un hydravion Latham construit à Caudebec-en-Caux que l’explorateur Amundsen disparut en juin mil neuf cent vingt-huit dans le Spitzberg en allant porter secours au dirigeable Italia.
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Le Trait, bourgade en forme d'interminable ligne droite. Les noms de salons de coiffure y sont particulièrement approxima’tifs : Diffus’Hair, Enigma’Tif.
8 août 2016
Quelle tristesse cet incendie dû aux bougies d’anniversaire d’Ophélie fêtant ses vingt ans dans le sous-sol privatisé du Cuba Libre, bar minuscule de la rive gauche de Rouen, là où vivent en majorité des pauvres, cette jeune fille et plusieurs de ses invité(e)s venant des Hauts de Rouen, là où vivent d’autres pauvres.
On ne fête pas ainsi ses vingt ans chez les bourgeois(e)s de la rive droite, on a accès à des endroits plus attrayants et s’il le faut papa maman laissent leur grand appartement où si un accident devait arriver il ne serait jamais aussi dramatique.
Ophélie, onze de ses ami(e)s et le didjai employé pour la fête sont mort(e)s dans ce sous-sol accessible par un escalier raide et étroit dans lequel a trébuché la porteuse du gâteau dont les bougies ont mis le feu instantanément à l’isolant phonique couvrant murs et plafond. Je pense que le patron du bar, un garçon sympathique dit-on, va devoir s’expliquer devant la Justice.
Ce samedi matin, j’achète des fruits et des légumes au marché des Emmurées pas loin du Cuba Libre mais j’évite d’aller y faire le voyeur.
*
Sur le chemin du retour, au bout de l’île Lacroix, j’aperçois la fille au petit vélo rouge orangé qui vient vers moi alors que j’attends le feu vert des piétons. Elle tourne à gauche et me frôle en m’ignorant. Je suis estomaqué.
« Pourrais-je savoir ce que j'ai fait pour que tu passes prés de moi en regardant ailleurs? », lui écris-je une fois rentré. Eh bien, elle ne m’avait tout simplement pas vu.
Du coup, nous sommes ensemble au jardin quelques heures plus tard et je sais maintenant ce qu’elle pense du Plouk Town de Ian Monk.
Il est possible que l’on n’attende pas trois mois avant de nous revoir.
On ne fête pas ainsi ses vingt ans chez les bourgeois(e)s de la rive droite, on a accès à des endroits plus attrayants et s’il le faut papa maman laissent leur grand appartement où si un accident devait arriver il ne serait jamais aussi dramatique.
Ophélie, onze de ses ami(e)s et le didjai employé pour la fête sont mort(e)s dans ce sous-sol accessible par un escalier raide et étroit dans lequel a trébuché la porteuse du gâteau dont les bougies ont mis le feu instantanément à l’isolant phonique couvrant murs et plafond. Je pense que le patron du bar, un garçon sympathique dit-on, va devoir s’expliquer devant la Justice.
Ce samedi matin, j’achète des fruits et des légumes au marché des Emmurées pas loin du Cuba Libre mais j’évite d’aller y faire le voyeur.
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Sur le chemin du retour, au bout de l’île Lacroix, j’aperçois la fille au petit vélo rouge orangé qui vient vers moi alors que j’attends le feu vert des piétons. Elle tourne à gauche et me frôle en m’ignorant. Je suis estomaqué.
« Pourrais-je savoir ce que j'ai fait pour que tu passes prés de moi en regardant ailleurs? », lui écris-je une fois rentré. Eh bien, elle ne m’avait tout simplement pas vu.
Du coup, nous sommes ensemble au jardin quelques heures plus tard et je sais maintenant ce qu’elle pense du Plouk Town de Ian Monk.
Il est possible que l’on n’attende pas trois mois avant de nous revoir.
6 août 2016
Après une nuit paisible, mais attristé au réveil par l’annonce du dramatique incendie causé par des bougies d’anniversaire au Cuba Libre sur la rive gauche de Rouen, lequel a fait treize morts de dix-huit à vingt-cinq ans, un évènement qui va une nouvelle fois faire fondre les télés sur la ville, je me rends dans une rue parallèle à la mienne où a lieu ce samedi un vide maison d’avant déménagement. Des livres y sont promis.
A neuf heures précises, un sympathique trentenaire ouvre la porte cochère bleue. Tout ce qui est à vendre est disposé dans la cour intérieure. Très vite, je sais que les quelques livres posés en vrac ne correspondent pas à mon espoir. En revanche sont accrochées à un mur deux vestes qui ne me repoussent pas et à l’essayage elles s’avèrent plus ou moins à ma taille. Pour dix euros les deux, elles deviennent miennes.
Le calme règne toujours au jardin dont la porte cochère est depuis mercredi débarrassée des graffitis, comme quoi qui me lit pour de mauvaises raisons dans le voisinage peut quand même en tirer profit.
*
Martine Aubry, Maire de Lille, Socialiste, ayant peur des attentats, supprime sa grande braderie donnant ainsi le pouvoir à Daesh de décider de la vie quotidienne de tout un chacun. La fête foraine quant à elle aura lieu, où le risque d’acte terroriste est aussi grand, à quoi s’ajoute le risque d’accident de manège, mais comme me le fait remarquer l’une de mes connaissances : « Ils ont encore plus peur des forains que de Daesh ».
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Ecrit par une main anonyme sur un mur de ma ruelle : « Si tu continues à vivre, tu vas finir par mourir ».
A neuf heures précises, un sympathique trentenaire ouvre la porte cochère bleue. Tout ce qui est à vendre est disposé dans la cour intérieure. Très vite, je sais que les quelques livres posés en vrac ne correspondent pas à mon espoir. En revanche sont accrochées à un mur deux vestes qui ne me repoussent pas et à l’essayage elles s’avèrent plus ou moins à ma taille. Pour dix euros les deux, elles deviennent miennes.
Le calme règne toujours au jardin dont la porte cochère est depuis mercredi débarrassée des graffitis, comme quoi qui me lit pour de mauvaises raisons dans le voisinage peut quand même en tirer profit.
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Martine Aubry, Maire de Lille, Socialiste, ayant peur des attentats, supprime sa grande braderie donnant ainsi le pouvoir à Daesh de décider de la vie quotidienne de tout un chacun. La fête foraine quant à elle aura lieu, où le risque d’acte terroriste est aussi grand, à quoi s’ajoute le risque d’accident de manège, mais comme me le fait remarquer l’une de mes connaissances : « Ils ont encore plus peur des forains que de Daesh ».
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Ecrit par une main anonyme sur un mur de ma ruelle : « Si tu continues à vivre, tu vas finir par mourir ».
5 août 2016
Aucune attente ce mercredi en début d’après-midi à l’entrée du Centre Pompidou et pas davantage au sixième étage au contrôle de l’exposition Beat Generation où dès que je mets le pied je me sens comme chez moi il y a quelques décennies, précisément dans les années soixante-dix car ce mouvement littéraire et artistique des années cinquante et soixante a mis quelque temps à franchir l’Atlantique.
La bande son est confiée à Bob Dylan qui effeuille en grand format et en boucle le texte de son Homesick Subterrean Blues tandis qu’Allen Ginsberg appuyé sur son bâton discute avec un tiers au second plan. De ce dernier, on peut voir le tapuscrit de Howl, poème écoutable au casque un peu plus loin, dit par lui-même. Comme le sont d’autres, dits par divers auteurs, à l’aide de téléphones noirs en bakélite, selon l’invention de John Giorno. J’expérimente un peu ce Dial-A-Poem qui me rappelle l’usage précédent que j’en fis à New York City au MoMa, puis vais voir la pièce maîtresse de cette exposition, le rouleau tapuscrit sans interligne d’On the Road présenté à plat dans un longue vitrine noire près de laquelle je croise un Rouennais vu souvent au Clos Saint-Marc.
Les films, les magazines, les reproductions des unes des journaux de l’époque et les photos sont en nombre, dont une série tirée des Américains de Robert Frank que filme une jeune femme à l’aide d’une grosse caméra sur trépied à roulettes tandis qu’un jeune homme lui tend la perche au bout de laquelle est un micro poilu.
Je vois là une des cibles illustrées du champion de tir William Burroughs dont je connaissais le talent dans ce domaine mais en revanche j’ignorais l’activité de peintre de Julian Beck et de Jack Kerouac. Je découvre également les dessins de Gregory Corso, William Burroughs et Jack Kerouac et le film de Robert Frank Pull My Daisy inspiré d’une soirée chez Neil Cassady, dont le texte est de Jack Kerouac et lu par celui-ci, puis je décide d’en rester là pour cette fois, me réservant la Californie, Mexico, Tanger et la rue Gît-le-Cœur pour une autre fois.
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Au mur, cette citation de Jack Kerouac: Everything belongs to me because I’m poor.
La bande son est confiée à Bob Dylan qui effeuille en grand format et en boucle le texte de son Homesick Subterrean Blues tandis qu’Allen Ginsberg appuyé sur son bâton discute avec un tiers au second plan. De ce dernier, on peut voir le tapuscrit de Howl, poème écoutable au casque un peu plus loin, dit par lui-même. Comme le sont d’autres, dits par divers auteurs, à l’aide de téléphones noirs en bakélite, selon l’invention de John Giorno. J’expérimente un peu ce Dial-A-Poem qui me rappelle l’usage précédent que j’en fis à New York City au MoMa, puis vais voir la pièce maîtresse de cette exposition, le rouleau tapuscrit sans interligne d’On the Road présenté à plat dans un longue vitrine noire près de laquelle je croise un Rouennais vu souvent au Clos Saint-Marc.
Les films, les magazines, les reproductions des unes des journaux de l’époque et les photos sont en nombre, dont une série tirée des Américains de Robert Frank que filme une jeune femme à l’aide d’une grosse caméra sur trépied à roulettes tandis qu’un jeune homme lui tend la perche au bout de laquelle est un micro poilu.
Je vois là une des cibles illustrées du champion de tir William Burroughs dont je connaissais le talent dans ce domaine mais en revanche j’ignorais l’activité de peintre de Julian Beck et de Jack Kerouac. Je découvre également les dessins de Gregory Corso, William Burroughs et Jack Kerouac et le film de Robert Frank Pull My Daisy inspiré d’une soirée chez Neil Cassady, dont le texte est de Jack Kerouac et lu par celui-ci, puis je décide d’en rester là pour cette fois, me réservant la Californie, Mexico, Tanger et la rue Gît-le-Cœur pour une autre fois.
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Au mur, cette citation de Jack Kerouac: Everything belongs to me because I’m poor.
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