Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
19 juin 2024
De la pluie à Lorient et presque pas à Port-Louis où me dépose le bateau-bus. La boulangère du rempart n’est plus en vacances. Je lui achète un pain au chocolat et rejoins Le Penalty et je bois l’allongé à l’intérieur. Au comptoir, on cause d’Orléans « C’est joli Orléans. On est allé boire un coup dans une péniche sur la Loire. On a eu des orages samedi dimanche, putain ! » Trois tables seulement à l’intérieur du Penalty, ce n’est pas un endroit où je peux m’attarder.
Heureusement il ne pleut plus du tout quand je sors. Aussi je me hasarde dans les rues intérieures du bourg en direction de Locmalo. J’y trouve un lavoir, le lavoir de Locmalo, géométrique et à sec. Arrivé au Port j’assiste au départ du bateau-bus pour Gâvres. Je suis absolument seul sur la digue, pas même un pêcheur. Le bâtiment remarquable de Locmalo est son ancienne Criée que je parviens à photographier sans voiture devant. Je ne peux malheureusement pas éviter les panneaux électoraux. On y a voté. On y votera. Cette exploration de Locmalo faite, je reviens au centre du bourg par la Promenade du Lohic.
A l’angle de la Grande Rue et de la rue de la Marine, je peux m’asseoir avec un café à la terrasse de La Civette après que le sympathique serveur a épongé la table et surtout la chaise. Je reprends là la lecture de Proust et Céleste.
Il est dix heures quinze quand je lève le camp sous les nuages menaçants. Direction l’embarcadère de la Pointe où j’ai droit à un rappel inopiné de mon passé. Trois classes maternelles qui n’ont pas choisi le meilleur jour pour pique-niquer à Port-Louis viennent de descendre du bateau-bus.
Rentré à Lorient, je vais déjeuner au Westport Inn : tartelette savoyarde, papillote de lieu noir aux petits légumes et clafoutis aux pêches avec glace pêche de vigne. Cette fois ce n’est pas mon dessert que j’attends trop mais l’accès à la caisse par la faute d’un groupe de douze où chacun paye séparément. Quelle plaie ces gens qui ne savent pas vivre les uns sans les autres mais qui n’entendent rien partager.
Pour le café, je choisis l’intérieur de la belle brasserie Le Vauban où il ne coûte qu’un euro soixante. J’y étudie la suite, comment aller à certains endroits que je vise dès que le temps s’améliorera. Pas sur l’île de Groix. Trop grande et pas de transports en commun adaptés. C’est ce que l’expérience m’a appris. Le joli Port-Tudy où l’on débarque, j’y ai logé dans un petit hôtel avec l’une qui me tenait la main. Ensuite on peut monter à pied au bourg situé dans l’intérieur mais quand on y est, on se demande ce qu’on fait là. Le reste de l’île est trop loin donc inaccessible, sauf à louer une bicyclette, ce dont je n’ai aucune envie.
Heureusement il ne pleut plus du tout quand je sors. Aussi je me hasarde dans les rues intérieures du bourg en direction de Locmalo. J’y trouve un lavoir, le lavoir de Locmalo, géométrique et à sec. Arrivé au Port j’assiste au départ du bateau-bus pour Gâvres. Je suis absolument seul sur la digue, pas même un pêcheur. Le bâtiment remarquable de Locmalo est son ancienne Criée que je parviens à photographier sans voiture devant. Je ne peux malheureusement pas éviter les panneaux électoraux. On y a voté. On y votera. Cette exploration de Locmalo faite, je reviens au centre du bourg par la Promenade du Lohic.
A l’angle de la Grande Rue et de la rue de la Marine, je peux m’asseoir avec un café à la terrasse de La Civette après que le sympathique serveur a épongé la table et surtout la chaise. Je reprends là la lecture de Proust et Céleste.
Il est dix heures quinze quand je lève le camp sous les nuages menaçants. Direction l’embarcadère de la Pointe où j’ai droit à un rappel inopiné de mon passé. Trois classes maternelles qui n’ont pas choisi le meilleur jour pour pique-niquer à Port-Louis viennent de descendre du bateau-bus.
Rentré à Lorient, je vais déjeuner au Westport Inn : tartelette savoyarde, papillote de lieu noir aux petits légumes et clafoutis aux pêches avec glace pêche de vigne. Cette fois ce n’est pas mon dessert que j’attends trop mais l’accès à la caisse par la faute d’un groupe de douze où chacun paye séparément. Quelle plaie ces gens qui ne savent pas vivre les uns sans les autres mais qui n’entendent rien partager.
Pour le café, je choisis l’intérieur de la belle brasserie Le Vauban où il ne coûte qu’un euro soixante. J’y étudie la suite, comment aller à certains endroits que je vise dès que le temps s’améliorera. Pas sur l’île de Groix. Trop grande et pas de transports en commun adaptés. C’est ce que l’expérience m’a appris. Le joli Port-Tudy où l’on débarque, j’y ai logé dans un petit hôtel avec l’une qui me tenait la main. Ensuite on peut monter à pied au bourg situé dans l’intérieur mais quand on y est, on se demande ce qu’on fait là. Le reste de l’île est trop loin donc inaccessible, sauf à louer une bicyclette, ce dont je n’ai aucune envie.
18 juin 2024
Précipitations annoncées pour ce lundi alors pas de précipitation, j’attends huit heures pour sortir, pain au chocolat chez Le Goff et allongé au Parisien. « Moi clairement, le Smic à mille six cents euros, je ne peux pas, je serais obligé de licencier », dit le patron à un habitué. Son inquiétude n’a pas lieu d’être. Il est exclu que le Nouveau Front Populaire ait la majorité à l’Assemblée Nationale et donc son programme, c’est de la fiction.
Je prends le Té Quatre de huit heures trente pour Lomener. L’autocar est un moyen de transport éminemment proustien. Il tient de l’aéroplane et de la bicyclette et déplace lentement le voyageur au-dessus des enclos et des bocages. Les murs, les haies ne sont plus des obstacles. Le regard porte au-delà, là où se mêlent les pâturages et la mer, les arbres et les vagues. écrit Christian Péchenard dans Proust à Cabourg. Il en est ainsi de l’autobus Té Quatre quand il quitte la ville.
Une éclaircie inespérée à l’arrivée, dont je profite pour un café de bord de plage au Moulin Vert. Des retraités marcheurs à bâtons s’apprêtent à prendre le bateau pour se faire dracher sur l’île de Groix. Je m’attends presque à découvrir ma sœur parmi eux. Pourtant, je sais que c’est dans la presqu’île de Crozon qu’elle dépense son énergie en compagnie de son mari.
A dix heures et quart, il commence à pleuvoir. Sur la plage, des garçons venus de je ne sais où se rhabillent après une courageuse baignade. Je migre à l’intérieur de la brasserie qui ne manque pas de charme avec ses puits de lumière entourés de végétation tombante. C’est là que je termine Proust et son père.
Quand la pluie cesse, je marche jusqu’au bout de la digue. Elle est en principe interdite pour cause de détérioration mais la barrière a été mise de côté. Cette digue est un spot pour les photographes lors des tempêtes. L’un d’eux, Jean Libert, y a même saisi une dame blanche. Si lui la voit sur sa photo, pas moi.
Pour attendre midi, je vais m’asseoir sur un banc face au Port. A peine y suis-je qu’arrive un homme qui me demande s’il peut. Je lui fais de la place et ça ne loupe pas, il sort son téléphone et raconte qu’il a plu et qu’il ne pleut plus et cela de plus en plus fort. Je me lève en maugréant et vais m’asseoir plus loin sur le rebord en pierre. Une femme s’installe à deux mètres de moi. « J’espère que vous n’allez pas téléphoner », lui dis-je et je lui raconte l’autre abruti. On parle ensuite de la situation actuelle. Soudain arrive l’abruti. C’est un ami à elle. Il me dit qu’il s’excuse etc. Je lui réponds que c’était avant qu’il fallait prendre en considération son voisin puis je souhaite une bonne journée à la femme et entre au Moulin Vert pour déjeuner.
Dans le menu de la semaine, je choisis l’entrée plat à vingt-deux euros : wrap au saumon fumé, tzatziki, sucrine, perles de yuzu et pastilla de noix de joues de bœuf semoule au raisin, tajine de légumes. C’est fort bon. J’ai à tribord le marché hebdomadaire qui n’attire pas la foule et droit devant le Port. Entre ce dernier et moi, la table d’une famille où la mère sort son gros sein pour allaiter le petit dernier. Heureusement, elle me tourne le dos et je ne vois rien.
Je bois le café bien abrité de la pluie qui a repris sous l’auvent du Baradoz, le troquet du pays (un euro soixante). « Le temps n’est pas propice », se lamentent des commerçants du marché qui dépensent une partie de leur bénéfice dans des pintes à la table d’à côté. C’est ici que, sans changer de livre, je commence Proust et Céleste.
*
Notre-Dame de la Garde, l’église de Lomener, est une ancienne conserverie à sardines, apprends-je du panneau explicatif sur le trottoir d’en face.
Je prends le Té Quatre de huit heures trente pour Lomener. L’autocar est un moyen de transport éminemment proustien. Il tient de l’aéroplane et de la bicyclette et déplace lentement le voyageur au-dessus des enclos et des bocages. Les murs, les haies ne sont plus des obstacles. Le regard porte au-delà, là où se mêlent les pâturages et la mer, les arbres et les vagues. écrit Christian Péchenard dans Proust à Cabourg. Il en est ainsi de l’autobus Té Quatre quand il quitte la ville.
Une éclaircie inespérée à l’arrivée, dont je profite pour un café de bord de plage au Moulin Vert. Des retraités marcheurs à bâtons s’apprêtent à prendre le bateau pour se faire dracher sur l’île de Groix. Je m’attends presque à découvrir ma sœur parmi eux. Pourtant, je sais que c’est dans la presqu’île de Crozon qu’elle dépense son énergie en compagnie de son mari.
A dix heures et quart, il commence à pleuvoir. Sur la plage, des garçons venus de je ne sais où se rhabillent après une courageuse baignade. Je migre à l’intérieur de la brasserie qui ne manque pas de charme avec ses puits de lumière entourés de végétation tombante. C’est là que je termine Proust et son père.
Quand la pluie cesse, je marche jusqu’au bout de la digue. Elle est en principe interdite pour cause de détérioration mais la barrière a été mise de côté. Cette digue est un spot pour les photographes lors des tempêtes. L’un d’eux, Jean Libert, y a même saisi une dame blanche. Si lui la voit sur sa photo, pas moi.
Pour attendre midi, je vais m’asseoir sur un banc face au Port. A peine y suis-je qu’arrive un homme qui me demande s’il peut. Je lui fais de la place et ça ne loupe pas, il sort son téléphone et raconte qu’il a plu et qu’il ne pleut plus et cela de plus en plus fort. Je me lève en maugréant et vais m’asseoir plus loin sur le rebord en pierre. Une femme s’installe à deux mètres de moi. « J’espère que vous n’allez pas téléphoner », lui dis-je et je lui raconte l’autre abruti. On parle ensuite de la situation actuelle. Soudain arrive l’abruti. C’est un ami à elle. Il me dit qu’il s’excuse etc. Je lui réponds que c’était avant qu’il fallait prendre en considération son voisin puis je souhaite une bonne journée à la femme et entre au Moulin Vert pour déjeuner.
Dans le menu de la semaine, je choisis l’entrée plat à vingt-deux euros : wrap au saumon fumé, tzatziki, sucrine, perles de yuzu et pastilla de noix de joues de bœuf semoule au raisin, tajine de légumes. C’est fort bon. J’ai à tribord le marché hebdomadaire qui n’attire pas la foule et droit devant le Port. Entre ce dernier et moi, la table d’une famille où la mère sort son gros sein pour allaiter le petit dernier. Heureusement, elle me tourne le dos et je ne vois rien.
Je bois le café bien abrité de la pluie qui a repris sous l’auvent du Baradoz, le troquet du pays (un euro soixante). « Le temps n’est pas propice », se lamentent des commerçants du marché qui dépensent une partie de leur bénéfice dans des pintes à la table d’à côté. C’est ici que, sans changer de livre, je commence Proust et Céleste.
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Notre-Dame de la Garde, l’église de Lomener, est une ancienne conserverie à sardines, apprends-je du panneau explicatif sur le trottoir d’en face.
17 juin 2024
Ce dimanche, mon petit-déjeuner se déroule encore une fois debout aux Halles de Merville puis je monte dans le premier bus Té Quatre, celui de neuf heures dix-sept, direction Lomener, un endroit avec suffisamment de ressources pour contrer les incertitudes de la météo. A l’arrivée, je m’offre un café lecture au Moulin Vert.
Le dimanche à Lomener tout est ouvert mais tout est déjà réservé. En plus aujourd’hui c’est la Fête des Pères, me rappelle la souriante gérante de Côté Mer où l’on a vue sur la mer. Il reste les quelques tables de sa terrasse sous un auvent mais soumises au petit vent. Cela me va. Je choisis la pizza Vesuvio (tomate mozzarella poivron viande hachée chorizo oignon) à quinze euros, fort bonne, que j’accompagne d’un verre de chardonnay à trois euros soixante.
Le dessert je l’achète à la boulangerie. Un petit kouign-amann à deux euros cinquante que l’aimable boulangère me réchauffe dans sa cuisine. Je le mange avec un café au Moulin Vert, à ma table habituelle miraculeusement libre.
Le dimanche à Lomener, les moutards se répandent. On appelle en vain son Octave. On crie après son Oscar. Y aurait-il eu une année des prénoms en O, comme pour les noms des chevaux ?
En remontant vers l’arrêt de bus Pen Palud, je passe prés de la chapelle Notre Dame de la Garde. Elle a l’aspect d’une grange dîmière. Des notes d’instruments à cordes s’en échappent, provenant de la répétition d’un concert qui va y être donné ce soir.
De retour à Lorient dans mon studio Air Bibi, je m’étonne d’être aussi fatigué. Je ne fais pourtant pas grand-chose de mes journées.
*
Près des Halles de Merville passe une drôle de bicyclette où à la place des pédales ce sont des sortes de skis sur lesquels on appuie alternativement.
Il faisait du vélo debout (air connu).
*
Lomener, un huit ans qui sait à quoi s’attendre : « Comme tu m’achèteras une glace si je mets les pieds dans l’eau. »
*
J’entends ceux qui disent qu’ils vont retourner voter alors qu’ils ne le faisaient plus. J’entends ceux qui disent qu’ils vont voter par procuration. J’entends ceux qui incitent les autres à aller voter. Ils veulent faire obstacle (comme ils disent) au Rassemblement National.
Pourtant plus la participation sera importante, plus il sera facile à une troisième liste d’obtenir douze et demi pour cent des inscrits et d’ainsi se maintenir au deuxième tour. Et deux listes face à l’Extrême-Droite, ça donne plus de chance à celle-ci de gagner. Il est des circonscriptions où il serait sage de s’abstenir au premier tour.
Le dimanche à Lomener tout est ouvert mais tout est déjà réservé. En plus aujourd’hui c’est la Fête des Pères, me rappelle la souriante gérante de Côté Mer où l’on a vue sur la mer. Il reste les quelques tables de sa terrasse sous un auvent mais soumises au petit vent. Cela me va. Je choisis la pizza Vesuvio (tomate mozzarella poivron viande hachée chorizo oignon) à quinze euros, fort bonne, que j’accompagne d’un verre de chardonnay à trois euros soixante.
Le dessert je l’achète à la boulangerie. Un petit kouign-amann à deux euros cinquante que l’aimable boulangère me réchauffe dans sa cuisine. Je le mange avec un café au Moulin Vert, à ma table habituelle miraculeusement libre.
Le dimanche à Lomener, les moutards se répandent. On appelle en vain son Octave. On crie après son Oscar. Y aurait-il eu une année des prénoms en O, comme pour les noms des chevaux ?
En remontant vers l’arrêt de bus Pen Palud, je passe prés de la chapelle Notre Dame de la Garde. Elle a l’aspect d’une grange dîmière. Des notes d’instruments à cordes s’en échappent, provenant de la répétition d’un concert qui va y être donné ce soir.
De retour à Lorient dans mon studio Air Bibi, je m’étonne d’être aussi fatigué. Je ne fais pourtant pas grand-chose de mes journées.
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Près des Halles de Merville passe une drôle de bicyclette où à la place des pédales ce sont des sortes de skis sur lesquels on appuie alternativement.
Il faisait du vélo debout (air connu).
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Lomener, un huit ans qui sait à quoi s’attendre : « Comme tu m’achèteras une glace si je mets les pieds dans l’eau. »
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J’entends ceux qui disent qu’ils vont retourner voter alors qu’ils ne le faisaient plus. J’entends ceux qui disent qu’ils vont voter par procuration. J’entends ceux qui incitent les autres à aller voter. Ils veulent faire obstacle (comme ils disent) au Rassemblement National.
Pourtant plus la participation sera importante, plus il sera facile à une troisième liste d’obtenir douze et demi pour cent des inscrits et d’ainsi se maintenir au deuxième tour. Et deux listes face à l’Extrême-Droite, ça donne plus de chance à celle-ci de gagner. Il est des circonscriptions où il serait sage de s’abstenir au premier tour.
16 avril 2024
Ça caille ce samedi matin. Un pull, un blouson et un coupe-vent ne me sont pas suffisants. Je me pèle en attendant le bateau-bus pour Port-Louis dans cette zone mal définie entre le Port de Pêche et le Port de Commerce. Dans ce dernier se pose un peu là un bateau rouge que je prends en photo, le Sti Camden, un pétrolier semble-t-il.
Un bateau en provenance de Groix passe devant l’île Saint-Michel tandis que je vois le Kerpont qui grossit peu à peu. Il en descend un seul passager et je suis le seul à y monter. Cela alourdit considérablement mon bilan carbone, mais bon, si je n’y étais pas, il ferait quand même la traversée à vide. Cette traversée est paisible car la rade protège du vent. Sur le front de mer à Port-Louis, il fait moins froid qu’à Lorient.
Je photographie certaines façades des bâtisses du front de mer puis me dirige vers la boulangerie Denigod qui va bientôt être en vacances jusqu’à la fin du mois. C’est jour de marché dans la Grande Rue, transformant celle-ci en un jeu d’obstacles. Je bois l’allongé à La Civette, à l’intérieur, où on entend France Bleu Armorique et les conversations oiseuses des habitués du petit matin. Je découvre dans Le Télégramme la carte des investitures du Nouveau Front Populaire en Bretagne. Elle montre que La France Insoumise rafle la mise. L’article dit qu’en conséquence certains électeurs du Parti Socialiste préféreront les candidats de Macron.
Il fait trop mauvais pour rester longtemps dehors. Je vais donc attendre le bateau de neuf heures quinze. Il arrive en même temps qu’une drache.
De l’autre côté de l’eau, il n’a pas plu. Le bus Onze est là dont je descends encore une fois à Faouëdic afin de poursuivre ma lecture de Proust et son père au Parisien. « Il n’y a rien qui va sur la planète », constate le patron. « Ça gâche tout et ça rend les gens de mauvaise humeur », commente une cliente.
A midi, je déjeune au Vauban assis sur une banquette défoncée. L’endroit est inchangé depuis mil neuf cent quarante-sept (la reconstruction). C’est ce qu’on peut trouver de plus historique à Lorient, une grande belle salle à superbes suspensions. La formule à quinze euros quatre-vingt-dix fonctionne le samedi : sauté de veau, quart de vin rouge, mousse au chocolat
Toujours le vent, toujours de courtes averses en début d’après-midi. J’inaugure la salle toute neuve du Café Crème, ce qui me permet de voir évoluer la jeune serveuse brune et longiligne quand je lève un œil de mon livre.
*
A Port-Louis, il y a une ruelle du Marché près de la Mairie, loin du marché.
*
Près de l’église, une affichette sur la vitre d’un particulier : « Petites Cités de Mauvais Caractère ». Pourquoi ce pluriel ? Je ne me risque pas à sonner pour poser la question.
Un bateau en provenance de Groix passe devant l’île Saint-Michel tandis que je vois le Kerpont qui grossit peu à peu. Il en descend un seul passager et je suis le seul à y monter. Cela alourdit considérablement mon bilan carbone, mais bon, si je n’y étais pas, il ferait quand même la traversée à vide. Cette traversée est paisible car la rade protège du vent. Sur le front de mer à Port-Louis, il fait moins froid qu’à Lorient.
Je photographie certaines façades des bâtisses du front de mer puis me dirige vers la boulangerie Denigod qui va bientôt être en vacances jusqu’à la fin du mois. C’est jour de marché dans la Grande Rue, transformant celle-ci en un jeu d’obstacles. Je bois l’allongé à La Civette, à l’intérieur, où on entend France Bleu Armorique et les conversations oiseuses des habitués du petit matin. Je découvre dans Le Télégramme la carte des investitures du Nouveau Front Populaire en Bretagne. Elle montre que La France Insoumise rafle la mise. L’article dit qu’en conséquence certains électeurs du Parti Socialiste préféreront les candidats de Macron.
Il fait trop mauvais pour rester longtemps dehors. Je vais donc attendre le bateau de neuf heures quinze. Il arrive en même temps qu’une drache.
De l’autre côté de l’eau, il n’a pas plu. Le bus Onze est là dont je descends encore une fois à Faouëdic afin de poursuivre ma lecture de Proust et son père au Parisien. « Il n’y a rien qui va sur la planète », constate le patron. « Ça gâche tout et ça rend les gens de mauvaise humeur », commente une cliente.
A midi, je déjeune au Vauban assis sur une banquette défoncée. L’endroit est inchangé depuis mil neuf cent quarante-sept (la reconstruction). C’est ce qu’on peut trouver de plus historique à Lorient, une grande belle salle à superbes suspensions. La formule à quinze euros quatre-vingt-dix fonctionne le samedi : sauté de veau, quart de vin rouge, mousse au chocolat
Toujours le vent, toujours de courtes averses en début d’après-midi. J’inaugure la salle toute neuve du Café Crème, ce qui me permet de voir évoluer la jeune serveuse brune et longiligne quand je lève un œil de mon livre.
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A Port-Louis, il y a une ruelle du Marché près de la Mairie, loin du marché.
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Près de l’église, une affichette sur la vitre d’un particulier : « Petites Cités de Mauvais Caractère ». Pourquoi ce pluriel ? Je ne me risque pas à sonner pour poser la question.
15 juin 2024
Un ciel de traîne, comme dit Météo-France, un peu de ciel bleu avec plein de nuages allant du gris au noir, ce vendredi, quand je prends le Té Quatre de sept heures vingt. J’en descends à Kerpape devant le Centre de Rééducation Fonctionnelle.
Je me faufile entre ses bâtiments pour rejoindre le Géherre Trente-Quatre et commence par le prendre en direction de Larmor-Plage. Cela me permet de découvrir la portion de sentier que je n’avais pas pu parcourir en partant de ce bourg, bloqué que je fus par une barrière, devant un hôtel où j’avais ensuite lu en terrasse sans consommer.
C’est la première fois depuis mon arrivée que j’entends si fort la mer car le vent avec rafales est d’actualité. Arrivé à la pointe de Kerpape, je rebrousse, marchant désormais en direction de Lomener. Je passe par un minuscule sentier entre les buissons et arrive sur un chemin refait avec le renforcement de la dune, le long de l’anse du Stole, de sa plage et de son port à flot.
Le bourg atteint, je fais un détour par la boulangerie puis je retrouve ma table préférée, un peu mouillée, au Moulin Vert pour y petit-déjeuner en faisant fi des nuages menaçants. « Qu’est-ce qui va gagner ce soir ? L’Allemagne ? » C’est de cela que discute la clientèle abritée du café. Il va falloir se fader l’Euro en plus de la tragi-comédie des Elections Législatives et de la saoulerie des Jeux Olympiques. Comme toujours je souhaite l’élimination la plus rapide de l’équipe de France afin d’être débarrassé au plus vite des hordes de fanatiques.
Une averse se déclenche peu après le départ du Té Quatre du retour. A Kerpape monte un couple de quinquagénaires en vacances qui demande à la conductrice où descendre pour voir « le centre historique de Lorient ».. Savent-ils ce qu’il en est ? Elle leur conseille de descendre à Faouëdic. Ce que je fais aussi pour traverser la voie réservée aux bus et aux bicyclettes afin d’entrer au Parisien pour un café lecture. J’y ai pour voisins quatre joueurs de l’équipe de foute locale, des Merlus (comme ils disent), dont deux qui sortent pour fumer.
Pour déjeuner, c’est au Westport Inn. Au menu : rillettes de thon, sot-l’y-laisse de dinde à la crème de vin blanc et riz basmati et gratin de fruits rouges. « Et maintenant, au travail ? » me demande celui à qui je paie. « Oh non, plus jamais », lui réponds-je. Il fait sombre dans cette taverne mais de là à me prendre pour un moins de soixante-quatre ans.
Mon café d’après repas, c’est en terrasse au Café Crème, abrité de l’averse par l’auvent tout neuf, où le patron se désespère « Y’a personne ! Ça valait le coup de faire des travaux ! »
*
C’est donc Florence Hérouin-Léautey, Socialiste, Adjointe au Maire de Rouen en charge des Ecoles et de la Petite Enfance, qui est la candidate du Nouveau Front Populaire pour les Législatives dans la première circonscription de Seine-Maritime.
Sauf rebondissement toujours possible, je voterai pour elle. Sans enthousiasme. Je l’ai côtoyée un jour au Socrate, l’entendant parler de son action politique et l’impression que j’en ai eu, c’est : elle ne se prend pas pour de la merde.
On devrait pouvoir voter soit là où on habite soit là où on est né. Je voterais avec plus d’entrain pour Philippe Brun, Socialiste, Député sortant, dont j’ai apprécié certaines prises de parole, et je serais plus utile. Il n’y a aucun risque Rassemblement National à Rouen, alors qu’à Louviers…
Je me faufile entre ses bâtiments pour rejoindre le Géherre Trente-Quatre et commence par le prendre en direction de Larmor-Plage. Cela me permet de découvrir la portion de sentier que je n’avais pas pu parcourir en partant de ce bourg, bloqué que je fus par une barrière, devant un hôtel où j’avais ensuite lu en terrasse sans consommer.
C’est la première fois depuis mon arrivée que j’entends si fort la mer car le vent avec rafales est d’actualité. Arrivé à la pointe de Kerpape, je rebrousse, marchant désormais en direction de Lomener. Je passe par un minuscule sentier entre les buissons et arrive sur un chemin refait avec le renforcement de la dune, le long de l’anse du Stole, de sa plage et de son port à flot.
Le bourg atteint, je fais un détour par la boulangerie puis je retrouve ma table préférée, un peu mouillée, au Moulin Vert pour y petit-déjeuner en faisant fi des nuages menaçants. « Qu’est-ce qui va gagner ce soir ? L’Allemagne ? » C’est de cela que discute la clientèle abritée du café. Il va falloir se fader l’Euro en plus de la tragi-comédie des Elections Législatives et de la saoulerie des Jeux Olympiques. Comme toujours je souhaite l’élimination la plus rapide de l’équipe de France afin d’être débarrassé au plus vite des hordes de fanatiques.
Une averse se déclenche peu après le départ du Té Quatre du retour. A Kerpape monte un couple de quinquagénaires en vacances qui demande à la conductrice où descendre pour voir « le centre historique de Lorient ».. Savent-ils ce qu’il en est ? Elle leur conseille de descendre à Faouëdic. Ce que je fais aussi pour traverser la voie réservée aux bus et aux bicyclettes afin d’entrer au Parisien pour un café lecture. J’y ai pour voisins quatre joueurs de l’équipe de foute locale, des Merlus (comme ils disent), dont deux qui sortent pour fumer.
Pour déjeuner, c’est au Westport Inn. Au menu : rillettes de thon, sot-l’y-laisse de dinde à la crème de vin blanc et riz basmati et gratin de fruits rouges. « Et maintenant, au travail ? » me demande celui à qui je paie. « Oh non, plus jamais », lui réponds-je. Il fait sombre dans cette taverne mais de là à me prendre pour un moins de soixante-quatre ans.
Mon café d’après repas, c’est en terrasse au Café Crème, abrité de l’averse par l’auvent tout neuf, où le patron se désespère « Y’a personne ! Ça valait le coup de faire des travaux ! »
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C’est donc Florence Hérouin-Léautey, Socialiste, Adjointe au Maire de Rouen en charge des Ecoles et de la Petite Enfance, qui est la candidate du Nouveau Front Populaire pour les Législatives dans la première circonscription de Seine-Maritime.
Sauf rebondissement toujours possible, je voterai pour elle. Sans enthousiasme. Je l’ai côtoyée un jour au Socrate, l’entendant parler de son action politique et l’impression que j’en ai eu, c’est : elle ne se prend pas pour de la merde.
On devrait pouvoir voter soit là où on habite soit là où on est né. Je voterais avec plus d’entrain pour Philippe Brun, Socialiste, Député sortant, dont j’ai apprécié certaines prises de parole, et je serais plus utile. Il n’y a aucun risque Rassemblement National à Rouen, alors qu’à Louviers…
14 juin 2024
La pluie est clairement annoncée pour ce jeudi et le ciel déjà gris à six heures quarante-cinq lorsque je mets un pied dehors. Je ne renonce pas à mon projet du jour et vais pédestrement jusqu’à l’embarcadère du quai des Indes. Le premier bateau-bus Bé Un, Les Deux Rives à siège en bois, m’emmène à Locmiquélic où arrive un bus Dix-Sept dans lequel je monte. Il va à Riantec, commune située à l’entrée de la presqu’île de Port-Louis face à l’isthme de la presqu’île de Gâvres. Ses habitants sont parfois appelés les « Culs-salés » en référence à la pêche à pied pratiquée dans la Petite Mer de Gâvres.
J’en descends à son terminus, longe un plan d’eau au-dessus duquel le ciel est plombé, marche vers l’église Sainte Radegonde et trouve la Grande Rue où j’achète un pain au chocolat à un euro dix dans une petite boulangerie. Le bar tabac est un peu plus haut devant la Mairie. Il se nomme Chez Lamour. J’y bois un allongé à un euro cinquante avec ma viennoiserie, sans m’attarder.
Je redescends vers l’église afin d’emprunter à droite une sorte de pont qui permet d’entrer sur l’île de Kerner. Faire le tour de cette vraie fausse île est mon objectif. Le temps s’améliore lorsque je côtoie quelques voiliers dormant à marée basse, dont l’un très sale à vendre. Un peu plus loin est une vieille pancarte montrant le sol sur laquelle est écrit le mot Sentier. Celui-ci est sur la droite, un vrai chemin champêtre où il convient de rester, un pas de côté et c’est le pied dans le marais.
Je marche longuement sur ce chemin bucolique. Il me mène de l’autre côté de l’île qui s’avère plus étendue que je ne pensais. Aussi, aux premières maisons, je choisis de revenir par une route d’entre champs, espérant voir le clocher de l’église assez vite mais je dois continuer plus que je ne voudrais à mettre un pied devant l’autre avant de le voir au loin sur la gauche.
Je trouve alors un sentier entre les herbes qui me fait passer devant la petite fontaine de Sainte Radegonde.et arrive à l’église Sainte Radegonde au moment où un bus Dix-Sept s’y présente. J’y grimpe. Dans une rue de Locmiquélic il se trouve bloqué par un camion. Tous les passagers voient déjà le bateau partir sans eux. Quand la voie se libère, le chauffeur de bus prévient du retard. Le bateau-bus déjà parti vient de faire demi-tour quand nous arrivons à Pen Mané, un que je n’ai jamais vu à sièges en plastique, nommé Corsaire.
A dix heures, le ciel redevenu très gris, je suis au Parisien où un homme à casquette lit Spinoza. Le patron déprime. Personne en terrasse, c’est le retour de l’automne. « Il va falloir attendre le Festival pour voir du monde », lui dit un habitué. « Ce ne sera que sur une semaine et on n’a pas le droit de faire des concerts cette année », lui répond-il. La faute aux Jeux Olympiques.
Pour déjeuner, je choisis Le Vauban, une brasserie d’importance situé près de l’église à cent mètres de mon studio Air Bibi. Pour quinze euros quatre-vingt-dix, la formule du jour propose lapin au riz et mousse au chocolat avec un quart de vin rouge. Il y a du monde, des locaux uniquement, qui mangent là assez souvent. La patronne dirige le service derrière son comptoir et celui-ci est effectué par deux serveuses qui semblent être sœurs ou alors mère et fille. La cuisine est à mon goût.
Je prends le café (un euro soixante) dans la rue du Port, au Café Crème, un bar tabac qui rouvre ce jour après trois semaines de travaux, sous un auvent qui m’abrite des premières gouttes de pluie et du vent. J’y reprends la lecture de Proust et son père. Près de moi, deux commerçantes évoquent un drame local : « Tu te rends compte, ils ont trimé toute leur vie, ils vendent le Gallia et en deux jours ils meurent tous les deux. »
*
A Vannes, une chanson peu connue de Françoise Hardy dans laquelle elle exprime le souhait de quitter cette ville du Morbihan pour La Havane. On pourrait écrire la même avec Lorient et l’Orient. Personnellement, même sous la pluie, ni Vannes ni Lorient ne me donnent envie de les quitter pour de lointaines contrées ensoleillées.
J’en descends à son terminus, longe un plan d’eau au-dessus duquel le ciel est plombé, marche vers l’église Sainte Radegonde et trouve la Grande Rue où j’achète un pain au chocolat à un euro dix dans une petite boulangerie. Le bar tabac est un peu plus haut devant la Mairie. Il se nomme Chez Lamour. J’y bois un allongé à un euro cinquante avec ma viennoiserie, sans m’attarder.
Je redescends vers l’église afin d’emprunter à droite une sorte de pont qui permet d’entrer sur l’île de Kerner. Faire le tour de cette vraie fausse île est mon objectif. Le temps s’améliore lorsque je côtoie quelques voiliers dormant à marée basse, dont l’un très sale à vendre. Un peu plus loin est une vieille pancarte montrant le sol sur laquelle est écrit le mot Sentier. Celui-ci est sur la droite, un vrai chemin champêtre où il convient de rester, un pas de côté et c’est le pied dans le marais.
Je marche longuement sur ce chemin bucolique. Il me mène de l’autre côté de l’île qui s’avère plus étendue que je ne pensais. Aussi, aux premières maisons, je choisis de revenir par une route d’entre champs, espérant voir le clocher de l’église assez vite mais je dois continuer plus que je ne voudrais à mettre un pied devant l’autre avant de le voir au loin sur la gauche.
Je trouve alors un sentier entre les herbes qui me fait passer devant la petite fontaine de Sainte Radegonde.et arrive à l’église Sainte Radegonde au moment où un bus Dix-Sept s’y présente. J’y grimpe. Dans une rue de Locmiquélic il se trouve bloqué par un camion. Tous les passagers voient déjà le bateau partir sans eux. Quand la voie se libère, le chauffeur de bus prévient du retard. Le bateau-bus déjà parti vient de faire demi-tour quand nous arrivons à Pen Mané, un que je n’ai jamais vu à sièges en plastique, nommé Corsaire.
A dix heures, le ciel redevenu très gris, je suis au Parisien où un homme à casquette lit Spinoza. Le patron déprime. Personne en terrasse, c’est le retour de l’automne. « Il va falloir attendre le Festival pour voir du monde », lui dit un habitué. « Ce ne sera que sur une semaine et on n’a pas le droit de faire des concerts cette année », lui répond-il. La faute aux Jeux Olympiques.
Pour déjeuner, je choisis Le Vauban, une brasserie d’importance situé près de l’église à cent mètres de mon studio Air Bibi. Pour quinze euros quatre-vingt-dix, la formule du jour propose lapin au riz et mousse au chocolat avec un quart de vin rouge. Il y a du monde, des locaux uniquement, qui mangent là assez souvent. La patronne dirige le service derrière son comptoir et celui-ci est effectué par deux serveuses qui semblent être sœurs ou alors mère et fille. La cuisine est à mon goût.
Je prends le café (un euro soixante) dans la rue du Port, au Café Crème, un bar tabac qui rouvre ce jour après trois semaines de travaux, sous un auvent qui m’abrite des premières gouttes de pluie et du vent. J’y reprends la lecture de Proust et son père. Près de moi, deux commerçantes évoquent un drame local : « Tu te rends compte, ils ont trimé toute leur vie, ils vendent le Gallia et en deux jours ils meurent tous les deux. »
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A Vannes, une chanson peu connue de Françoise Hardy dans laquelle elle exprime le souhait de quitter cette ville du Morbihan pour La Havane. On pourrait écrire la même avec Lorient et l’Orient. Personnellement, même sous la pluie, ni Vannes ni Lorient ne me donnent envie de les quitter pour de lointaines contrées ensoleillées.
13 juin 2024
Triste nouvelle pour qui aimait ses chansons et sa personnalité, la mort de Françoise Hardy. Pour elle, qui désirait mourir afin d’échapper aux souffrances du cancer, c’est la fin du calvaire. Le ciel est bleu lorsque j’arrive à l’embarcadère du Port de Pêche. Une traversée en bateau-bus et me voici à Port-Louis où je trouve la boulangerie Denigot fermée et le bar Le Penalty fermé. C’est mercredi et ces gens ont des enfants.
Sans petit-déjeuner, je contourne le Port de Plaisance afin de voir d’en face le bourg éclairé par le soleil. J’en fais quelques photos puis m’engage sur la longue digue en bois qui me rapproche du débarcadère où le bateau-bus vient d’arriver à nouveau. J’assiste à son départ puis continue sur le sentier de randonnée. Il passe entre deux cimetières, un d’humains et un de bateaux. Ces derniers se décomposent en plein air. Il n’en reste pas grand-chose, comme les os d’une cage thoracique.
Je continue jusqu’à la pointe de Kerzo qui fait face à Lorient puis rebrousse et entre dans le cimetière des humains. Un cimetière marin où je n’ai personne à visiter mais une belle vue sur Port-Louis, son rempart et sa Citadelle.
De retour au centre du bourg, je demande à la patronne du bar tabac La Civette, maintenant ouvert, si croissants il y a. Que non, mais le petit Vival est ouvert à côté, me dit-elle. J’y achète un paquet de barquettes à la fraise à un euro quatre-vingt-trois. Je les mange avec un allongé (un euro cinquante) à la table du coin, celle qui bientôt prend le soleil et d’où l’on peut voir le clocher des deux églises en même temps, de quoi rester un peu à lire Proust et son père.
Je rejoins ensuite Le Terminus qui ferme ce soir pour huit jours de vacances et y bois un nouveau café avant d’ouvrir mon livre. Ici on entend Comment te dire adieu. Françoise Hardy a marqué le début de mon adolescence. C’est à elle que je dois mon goût définitif pour les brunes longilignes à petits seins, un goût aggravé par Jane Birkin quelques années plus tard.
Quand arrivent les premiers nuages, je retrouve l’embarcadère, traverse la rade avec le bateau-bus, monte dans le bus Onze et en descends au deuxième arrêt situé au milieu de l’avenue de La Perrière où sont plusieurs restaurants. Je choisis Le Relais de la Perrière et m’installe à sa terrasse de trottoir. Le menu du jour est à dix-sept euros : terrine au saumon fumé, rognons de veau sauce balsamique et moelleux au chocolat. C’est un endroit où mangent des ouvriers qui travaillent dans le coin. On ne peut pas dire que ce soit de la cuisine artisanale.
Quand j’en ai terminé, je retourne à l’embarcadère du Port de Pêche, retraverse la rade avec Le Kerpont et rejoins la terrasse du Terminus pour le café. Près de moi, un homme est au téléphone :
« Je suis au paradis
Je suis à Port-Louis. »
*
Port-Louis est l’une de ces rares communes à ne pas avoir mis Bardella en tête aux Européennes. Il est arrivé derrière Glucksmann.
*
Françoise Hardy s’était engagée pour le projet de loi dit de fin de vie. On n’est pas prêt de le revoir à l'ordre du jour. La dissolution l’a enterré.
Sans petit-déjeuner, je contourne le Port de Plaisance afin de voir d’en face le bourg éclairé par le soleil. J’en fais quelques photos puis m’engage sur la longue digue en bois qui me rapproche du débarcadère où le bateau-bus vient d’arriver à nouveau. J’assiste à son départ puis continue sur le sentier de randonnée. Il passe entre deux cimetières, un d’humains et un de bateaux. Ces derniers se décomposent en plein air. Il n’en reste pas grand-chose, comme les os d’une cage thoracique.
Je continue jusqu’à la pointe de Kerzo qui fait face à Lorient puis rebrousse et entre dans le cimetière des humains. Un cimetière marin où je n’ai personne à visiter mais une belle vue sur Port-Louis, son rempart et sa Citadelle.
De retour au centre du bourg, je demande à la patronne du bar tabac La Civette, maintenant ouvert, si croissants il y a. Que non, mais le petit Vival est ouvert à côté, me dit-elle. J’y achète un paquet de barquettes à la fraise à un euro quatre-vingt-trois. Je les mange avec un allongé (un euro cinquante) à la table du coin, celle qui bientôt prend le soleil et d’où l’on peut voir le clocher des deux églises en même temps, de quoi rester un peu à lire Proust et son père.
Je rejoins ensuite Le Terminus qui ferme ce soir pour huit jours de vacances et y bois un nouveau café avant d’ouvrir mon livre. Ici on entend Comment te dire adieu. Françoise Hardy a marqué le début de mon adolescence. C’est à elle que je dois mon goût définitif pour les brunes longilignes à petits seins, un goût aggravé par Jane Birkin quelques années plus tard.
Quand arrivent les premiers nuages, je retrouve l’embarcadère, traverse la rade avec le bateau-bus, monte dans le bus Onze et en descends au deuxième arrêt situé au milieu de l’avenue de La Perrière où sont plusieurs restaurants. Je choisis Le Relais de la Perrière et m’installe à sa terrasse de trottoir. Le menu du jour est à dix-sept euros : terrine au saumon fumé, rognons de veau sauce balsamique et moelleux au chocolat. C’est un endroit où mangent des ouvriers qui travaillent dans le coin. On ne peut pas dire que ce soit de la cuisine artisanale.
Quand j’en ai terminé, je retourne à l’embarcadère du Port de Pêche, retraverse la rade avec Le Kerpont et rejoins la terrasse du Terminus pour le café. Près de moi, un homme est au téléphone :
« Je suis au paradis
Je suis à Port-Louis. »
*
Port-Louis est l’une de ces rares communes à ne pas avoir mis Bardella en tête aux Européennes. Il est arrivé derrière Glucksmann.
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Françoise Hardy s’était engagée pour le projet de loi dit de fin de vie. On n’est pas prêt de le revoir à l'ordre du jour. La dissolution l’a enterré.
12 juin 2024
Retour du soleil et à Lomener ce mardi où, avec mon pain au chocolat acheté en descendant vers le Port, je déjeune sur celui-ci au Moulin Vert avec un allongé et dans le dos un petit vent frais. A l’horizon, un bateau de commerce rouge est en mouvement et m’incite à faire de même.
Je marche au bord de l’océan sur le Géherre Trente-Quatre avec du sentier, des bouts de route, des contournements de maisons et encore du sentier, plage de Port-Fontaine, pointe de Kerbiscart, plage de Port-Vril, anse de Pérello avec sa plage, son lavoir et sa pointe. Je suis au lieu-dit Le Talud, toujours dans la commune de Ploemeur. Je reviens par le même chemin et même table au Moulin Vert au bord de la chute sur la plage pour retrouver Proust et son père.
Je rentre avec le bus d’onze heures huit et m’installe sous les arbres au Westport Inn pour déjeuner. Derrière moi est assise sur un banc, la statue d’un homme qui a la tête de Mark Twain. C’est Polig Monjarret qui donne son nom à la place. J’apprends que c’est une « figure du renouveau culturel breton ».
Au menu ce mardi : mousse avocat crevettes, brandade de poisson et chou craquelin glace noisettes chocolat maison amandes grillées. C’est bien comme d’habitude mais je dois attendre le dessert trop longtemps. Quand je m’en plains à l’une des serveuses, elle me dit que c’est parce que beaucoup de plats doivent sortir de la cuisine en même temps, les desserts passent après. Je finirai par m’en passer.
C’est le retour des nuages et il fait de plus en plus frais. Je m’installe à la terrasse du Relax pour le café. Près de moi, on parle du gaz qui va augmenter. On voudrait être américain. Les Américains, ils ont le gaz de shit.
*
Et revoici la menace d’une Gôchunie. Tous ensemble pour faire au mieux trente pour cent et perdre encore une fois.
Si par malheur le candidat de cette éventuelle Gôchunie à Rouen était issu de La France Insoumise, ce serait sans moi le jour du vote.
Je suis fier de n’avoir jamais voté pour Mélenchon et ses sous-fifres.
*
Ces partis et mouvements de Gauche qui appellent à manifester contre le score de l’Extrême-Droite qu’ils ont contribué à faire grimper. Ils manifestent contre eux-mêmes.
Combien d’adhérent(e)s de la Cégété ont voté Bardella ? Des quantités.
*
Pendant ce temps-là, la fille Le Pen aux alléchés par sa soupe : « Passez au bureau, il y en aura un bol pour vous comme il y en a eu un pour Ciotti. Si je n’y suis pas, mon barde est là. »
Je marche au bord de l’océan sur le Géherre Trente-Quatre avec du sentier, des bouts de route, des contournements de maisons et encore du sentier, plage de Port-Fontaine, pointe de Kerbiscart, plage de Port-Vril, anse de Pérello avec sa plage, son lavoir et sa pointe. Je suis au lieu-dit Le Talud, toujours dans la commune de Ploemeur. Je reviens par le même chemin et même table au Moulin Vert au bord de la chute sur la plage pour retrouver Proust et son père.
Je rentre avec le bus d’onze heures huit et m’installe sous les arbres au Westport Inn pour déjeuner. Derrière moi est assise sur un banc, la statue d’un homme qui a la tête de Mark Twain. C’est Polig Monjarret qui donne son nom à la place. J’apprends que c’est une « figure du renouveau culturel breton ».
Au menu ce mardi : mousse avocat crevettes, brandade de poisson et chou craquelin glace noisettes chocolat maison amandes grillées. C’est bien comme d’habitude mais je dois attendre le dessert trop longtemps. Quand je m’en plains à l’une des serveuses, elle me dit que c’est parce que beaucoup de plats doivent sortir de la cuisine en même temps, les desserts passent après. Je finirai par m’en passer.
C’est le retour des nuages et il fait de plus en plus frais. Je m’installe à la terrasse du Relax pour le café. Près de moi, on parle du gaz qui va augmenter. On voudrait être américain. Les Américains, ils ont le gaz de shit.
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Et revoici la menace d’une Gôchunie. Tous ensemble pour faire au mieux trente pour cent et perdre encore une fois.
Si par malheur le candidat de cette éventuelle Gôchunie à Rouen était issu de La France Insoumise, ce serait sans moi le jour du vote.
Je suis fier de n’avoir jamais voté pour Mélenchon et ses sous-fifres.
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Ces partis et mouvements de Gauche qui appellent à manifester contre le score de l’Extrême-Droite qu’ils ont contribué à faire grimper. Ils manifestent contre eux-mêmes.
Combien d’adhérent(e)s de la Cégété ont voté Bardella ? Des quantités.
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Pendant ce temps-là, la fille Le Pen aux alléchés par sa soupe : « Passez au bureau, il y en aura un bol pour vous comme il y en a eu un pour Ciotti. Si je n’y suis pas, mon barde est là. »
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