Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
29 novembre 2022
George Sand avait quarante-cinq ans quand elle rencontra Alexandre Manceau qui en avait trente-deux. Pendant quinze ans, il fut à la fois son amant et son secrétaire. Pour abriter leurs amours, il lui offrit une chaumière à Gargilesse, sur les bords de la Creuse.
Lors de leurs différents séjours, l’écrivaine tenait des carnets qui furent publiés chez Christian Pirot. De la lecture de ces Carnets de voyages à Gargilesse, j’ai retenu ceci :
A peine arrivé, Manceau reçoit Dumeti des mains d’un moutard. Vendredi vingt et un mai mil huit cent cinquante-huit
Visite d’un jeune imbécile qui vient de Nohant à pied pour me demander des conseils, des recommandations et autant que je peux croire, le moyen de ne rien faire. Samedi vingt-neuf mai mil huit cent cinquante-huit
N’avoir à s’occuper de rien au monde en fait de choses matérielles m’a toujours paru un idéal et je trouve cet idéal dans ma chambrette où il y a tout juste la place de dormir, de se laver et d’écrire. Lettre à Solange, seize juin mil huit cent cinquante-huit
J’ai vu un singulier enfant dans la grande prairie, un an, gros et grand comme un enfant de deux mois, et borgne, et gentil pourtant, le pauvre avorton. Vendredi vingt-deux avril mil huit cent soixante-quatre
Lors de leurs différents séjours, l’écrivaine tenait des carnets qui furent publiés chez Christian Pirot. De la lecture de ces Carnets de voyages à Gargilesse, j’ai retenu ceci :
A peine arrivé, Manceau reçoit Dumeti des mains d’un moutard. Vendredi vingt et un mai mil huit cent cinquante-huit
Visite d’un jeune imbécile qui vient de Nohant à pied pour me demander des conseils, des recommandations et autant que je peux croire, le moyen de ne rien faire. Samedi vingt-neuf mai mil huit cent cinquante-huit
N’avoir à s’occuper de rien au monde en fait de choses matérielles m’a toujours paru un idéal et je trouve cet idéal dans ma chambrette où il y a tout juste la place de dormir, de se laver et d’écrire. Lettre à Solange, seize juin mil huit cent cinquante-huit
J’ai vu un singulier enfant dans la grande prairie, un an, gros et grand comme un enfant de deux mois, et borgne, et gentil pourtant, le pauvre avorton. Vendredi vingt-deux avril mil huit cent soixante-quatre
27 novembre 2022
C’est ce qui est arrivé à Christian Bobin, et son âge étant mis en avant dans tous les articles consacrés à cet évènement me fait forcément penser au mien. Le communiqué d’Antoine Gallimard précise qu’il était atteint « d’une grave maladie ». De lui j’ai aimé Une petite robe de fête. Cependant, la plupart de ses livres me sont étrangers pour la raison que je suis indemne de préoccupations religieuses.
Je lis peu en ce moment car il est impossible d’aller en après-midi dans un café sans y trouver des télés branchées sur le foute. Me reste ma lecture du soir. Persévérant, je suis allé au bout des cinq volumes du pornographique Ma vie secrète du mystérieux Walter, un texte répugnant, pas du tout excitant (de plus, vers la fin, l’auteur se révèle on ne peut plus raciste).
Maintenant, après avoir terminé le premier qui m’a tenu compagnie durant ma longue escapade varoise, j’attaque la relecture du deuxième volume du Journal littéraire de Paul Léautaud. Avec lui, pas de risque d’être déçu. J’avance peu, il y en a pour des mois. Je n’atteindrai pas la fin sans parvenir à soixante-douze ans.
Je lis peu en ce moment car il est impossible d’aller en après-midi dans un café sans y trouver des télés branchées sur le foute. Me reste ma lecture du soir. Persévérant, je suis allé au bout des cinq volumes du pornographique Ma vie secrète du mystérieux Walter, un texte répugnant, pas du tout excitant (de plus, vers la fin, l’auteur se révèle on ne peut plus raciste).
Maintenant, après avoir terminé le premier qui m’a tenu compagnie durant ma longue escapade varoise, j’attaque la relecture du deuxième volume du Journal littéraire de Paul Léautaud. Avec lui, pas de risque d’être déçu. J’avance peu, il y en a pour des mois. Je n’atteindrai pas la fin sans parvenir à soixante-douze ans.
24 novembre 2022
Après un voyage sans histoire dans un train complet, j’arrive dans un Paris menacé par la pluie. Je choisis donc le métro pour rejoindre Ledru-Rollin. Jamais encore je n’ai vu autant de monde sur le quai de la ligne Trois. On y est aussi serré que dans une rame blindée. Je ne sais pas par quel miracle je réussis à entrer dans celle qui se présente (la suivante dans cinq minutes). Cette rame s’arrête plusieurs fois dans le tunnel entre deux stations. Depuis quelque temps le métro parisien circule en mode dégradé. Les entassé(e)s supportent ça stoïquement malgré quelques jurons ici ou là.
Je m’extrais du grumeau à l’arrêt Opéra. La ligne Huit est moins chargée, je peux même m’asseoir. Arrivé au but, comme la pluie ne tombe pas encore, je vais voir ce qui se passe au Marché d’Aligre.
Le principal vendeur de livres est là, dont les ouvrages protégés par des barnums ont repris leur prix habituel, deux euros, trois pour cinq euros. J’en trouve trois : Fort-Cigogne et Ici présent de Jean-Pierre Abraham (Le temps qu’il fait) et Promenades françaises de Johanna Schopenhauer, mère d’Arthur (Arte Editions / Editions du Félin).
Après un café au comptoir du Faubourg, je cherche mon bonheur à un euro au Book-Off d’à côté. J’en ressors sous la pluie avec Un long et merveilleux suicide (Regard sur Patricia Highsmith) de François Rivière (Calmann-Lévy), Lettres des mers du sud de Robert James Fletcher (Minerve) et le richement illustré Notre histoire de Rao Pingru (Seuil).
Les métros Huit et Un me conduisent à Châtelet. Quand je mets le pied dehors à l’arrêt Sainte-Opportune il pleut à seaux. Heureusement face à cette sortie est le Café Vigouroux dans lequel je me précipite et attends midi. Dans la formule à treize euros cinquante je choisis le potage aux légumes et les lasagnes.
C’est sous le parapluie que je rejoins le Book-Off de Saint-Martin. Tandis que j’en fouille le sous-sol, Fip diffuse une chanson gainsbourienne qui parle d’une Gisèle qui est belle quand elle pleure le soir. Cela fait du bien d’entendre quelque chose d’un peu malsain en ce siècle de la vertu Quand je remonte au rez-de-chaussée, j’ai la surprise d’un ciel tout bleu et trois livres à un euro : Les Objets du Plaisir d’Hans-Jürgen Döpp (Parkstore Press), Les frères Bouquinquant de Jean Prévost (L’Imaginaire/Gallimard) et La Chambre aux pommes sous-titré Notes et gravures suivi de Correspondance de guerre (1942-1947) de Florence Hinneburg (Bleu autour).
Par la ligne Quatorze je rejoins le Book-Off de Quatre Septembre. Comme souvent ma récolte à un euro y est maigre : Journal en ruines de Noël Herpe (L’Arbalète/Gallimard), un ouvrage dont j’ai déjà eu un exemplaire, revendu à son auteur.
C’est à La Ville d’Argentan que j’attends l’heure de mon train de retour. Derrière moi un couple de quinquagénaires espagnols prend une leçon de français auprès de la serveuse. Leur prononciation de tarte tatin donne tata tata, ce qui les fait beaucoup rire. Je termine ma lecture du jour : La panthère des neiges de Sylvain Tesson. Au Tibet, par moins trente degrés, trois hommes et une femme cherchent à apercevoir cet animal devenu rare. Ils y parviennent trois fois et rentrent contents. L’attente, la nature, les animaux sauvages, les sagesses ancestrales, autant de sujets qui ne m’intéressent guère.
Vers dix-neuf heures j’arrive à Rouen juste après une averse. A l’intérieur de la terrasse couverte du Flo’s une télé diffuse un match de foute bien qu’il n’y ait personne pour le regarder.
*
Un point Rouen peu prévisible dans La panthère des neiges : … j’étais tombé nez à nez avec une fouine sur les toits de l’église de Saint-Maclou, à Rouen …
*
Gisèle, une chanson de Fantastic Mister Zguy, apprends-je en écrivant ma journée.
Mais t'es belle Gisèle quand tu pleures le soir
Et tes yeux qui coulent éclaboussent tes draps
Oh oui t'es belle Gisèle quand t'es seule le soir
Et ton nez qui coule, mouille mouille tes draps
Je m’extrais du grumeau à l’arrêt Opéra. La ligne Huit est moins chargée, je peux même m’asseoir. Arrivé au but, comme la pluie ne tombe pas encore, je vais voir ce qui se passe au Marché d’Aligre.
Le principal vendeur de livres est là, dont les ouvrages protégés par des barnums ont repris leur prix habituel, deux euros, trois pour cinq euros. J’en trouve trois : Fort-Cigogne et Ici présent de Jean-Pierre Abraham (Le temps qu’il fait) et Promenades françaises de Johanna Schopenhauer, mère d’Arthur (Arte Editions / Editions du Félin).
Après un café au comptoir du Faubourg, je cherche mon bonheur à un euro au Book-Off d’à côté. J’en ressors sous la pluie avec Un long et merveilleux suicide (Regard sur Patricia Highsmith) de François Rivière (Calmann-Lévy), Lettres des mers du sud de Robert James Fletcher (Minerve) et le richement illustré Notre histoire de Rao Pingru (Seuil).
Les métros Huit et Un me conduisent à Châtelet. Quand je mets le pied dehors à l’arrêt Sainte-Opportune il pleut à seaux. Heureusement face à cette sortie est le Café Vigouroux dans lequel je me précipite et attends midi. Dans la formule à treize euros cinquante je choisis le potage aux légumes et les lasagnes.
C’est sous le parapluie que je rejoins le Book-Off de Saint-Martin. Tandis que j’en fouille le sous-sol, Fip diffuse une chanson gainsbourienne qui parle d’une Gisèle qui est belle quand elle pleure le soir. Cela fait du bien d’entendre quelque chose d’un peu malsain en ce siècle de la vertu Quand je remonte au rez-de-chaussée, j’ai la surprise d’un ciel tout bleu et trois livres à un euro : Les Objets du Plaisir d’Hans-Jürgen Döpp (Parkstore Press), Les frères Bouquinquant de Jean Prévost (L’Imaginaire/Gallimard) et La Chambre aux pommes sous-titré Notes et gravures suivi de Correspondance de guerre (1942-1947) de Florence Hinneburg (Bleu autour).
Par la ligne Quatorze je rejoins le Book-Off de Quatre Septembre. Comme souvent ma récolte à un euro y est maigre : Journal en ruines de Noël Herpe (L’Arbalète/Gallimard), un ouvrage dont j’ai déjà eu un exemplaire, revendu à son auteur.
C’est à La Ville d’Argentan que j’attends l’heure de mon train de retour. Derrière moi un couple de quinquagénaires espagnols prend une leçon de français auprès de la serveuse. Leur prononciation de tarte tatin donne tata tata, ce qui les fait beaucoup rire. Je termine ma lecture du jour : La panthère des neiges de Sylvain Tesson. Au Tibet, par moins trente degrés, trois hommes et une femme cherchent à apercevoir cet animal devenu rare. Ils y parviennent trois fois et rentrent contents. L’attente, la nature, les animaux sauvages, les sagesses ancestrales, autant de sujets qui ne m’intéressent guère.
Vers dix-neuf heures j’arrive à Rouen juste après une averse. A l’intérieur de la terrasse couverte du Flo’s une télé diffuse un match de foute bien qu’il n’y ait personne pour le regarder.
*
Un point Rouen peu prévisible dans La panthère des neiges : … j’étais tombé nez à nez avec une fouine sur les toits de l’église de Saint-Maclou, à Rouen …
*
Gisèle, une chanson de Fantastic Mister Zguy, apprends-je en écrivant ma journée.
Mais t'es belle Gisèle quand tu pleures le soir
Et tes yeux qui coulent éclaboussent tes draps
Oh oui t'es belle Gisèle quand t'es seule le soir
Et ton nez qui coule, mouille mouille tes draps
22 novembre 2022
Dans la famille James, il y a Henry, l’écrivain, William, le philosophe, et Alice, la malade chronique, ma préférée. Lors de ma lecture de son Journal publié aux Editions des Femmes, ce qu’elle dit de la maternité (… ce que Fanny Moore appelle l’ « approfondissement du lien conjugal », comme elle l’écrit le treize juin mil huit cent quatre-vingt-neuf) m’a particulièrement réjoui :
Figurez-vous qu’on m’a rapporté que quelqu’un, ici, à Leamington, que je n’ai jamais vu, a déclaré que je suis « très charitable ». (…) Cette calomnie a été provoquée, je suppose, parce que j’ai donné six pence aux Brooks avant la naissance du numéro 9. Treize juin mil huit cent quatre-vingt-neuf
Alice Edwards a raconté à Nurse que « Maman était terriblement mal hier soir et que ce matin une dame a apporté un bébé »… peut-il exister une dame qui manque autant de jugement ? C’est le numéro 5 ; le père a vingt-huit ans et la mère vingt-trois… une toute petite voix de plus pour gonfler la vaste lamentation humaine qui s’élève perpétuellement jusqu’aux cieux ! Je me demande s’il est indélicat pour une vierge au corps mou d’être si préoccupée par la multiplication des espèces… Dix-huit juin mil huit cent quatre-vingt-neuf
Grace a donné à Mabel Quincy, comme cadeau de mariage, une œuvre de Montaigne dont toutes les pages « osées » étaient collées ! Peut-on imaginer quelque chose de plus délicieusement drôle ? Quatorze décembre mil huit cent quatre-vingt-neuf
J’apprends qu’un autre numéro va s’ajouter aux petits enfants ! Pour un cœur virginal, il semblerait que, même une âme de mère serait satisfaite d’avoir déjà imposé les souffrances humaines à trois infortunés, mais la compassion semble faire défaut aux entrailles des parents. Trente novembre mil huit cent quatre-vingt-dix
Figurez-vous qu’on m’a rapporté que quelqu’un, ici, à Leamington, que je n’ai jamais vu, a déclaré que je suis « très charitable ». (…) Cette calomnie a été provoquée, je suppose, parce que j’ai donné six pence aux Brooks avant la naissance du numéro 9. Treize juin mil huit cent quatre-vingt-neuf
Alice Edwards a raconté à Nurse que « Maman était terriblement mal hier soir et que ce matin une dame a apporté un bébé »… peut-il exister une dame qui manque autant de jugement ? C’est le numéro 5 ; le père a vingt-huit ans et la mère vingt-trois… une toute petite voix de plus pour gonfler la vaste lamentation humaine qui s’élève perpétuellement jusqu’aux cieux ! Je me demande s’il est indélicat pour une vierge au corps mou d’être si préoccupée par la multiplication des espèces… Dix-huit juin mil huit cent quatre-vingt-neuf
Grace a donné à Mabel Quincy, comme cadeau de mariage, une œuvre de Montaigne dont toutes les pages « osées » étaient collées ! Peut-on imaginer quelque chose de plus délicieusement drôle ? Quatorze décembre mil huit cent quatre-vingt-neuf
J’apprends qu’un autre numéro va s’ajouter aux petits enfants ! Pour un cœur virginal, il semblerait que, même une âme de mère serait satisfaite d’avoir déjà imposé les souffrances humaines à trois infortunés, mais la compassion semble faire défaut aux entrailles des parents. Trente novembre mil huit cent quatre-vingt-dix
20 novembre 2022
« Imbécile, tu as raté l’expulsion de l’imam extrémiste puis la gestion des migrants du bateau. A chaque fois que tu fanfaronnes pour te planter ensuite, c’est des milliers de voix supplémentaires pour Le Pen. Pour punition, tu iras au Qatar représenter la France à l’ouverture de la Coupe du Monde. », a déclaré Macron à Darmanin. « Le cas tare, je me demande si ce n’est pas toi. », a-t-il ajouté.
Car revoici l’époque de cette nuisible compétition sportive qui va encore mettre des hordes de fanatisés dans les rues à chaque victoire des joueurs de l’équipe de France. Mon souhait est toujours le même : Que ces fouteux français soient éliminés le plus tôt possible.
*
Ce que j’aurais aimé faire ce samedi après-midi, c’est aller au Lycée Marc Bloch de Val-de-Reuil pour la vente de livres d’occasion du groupe local d’Amnesty International (un évènement qui avant la Guerre du Covid avait lieu au printemps), mais même si je tousse moins je suis toujours patraque et d’autre part les averses auraient nui à la sécurité de mes sacs de livres (il faut marcher un bon kilomètre entre le Lycée et la Gare).
C’est là que je me dis qu’une voiture c’est utile, ou bien de connaître quelqu’un y allant qui aurait pu m’emmener.
J’en connais mais ce sont des concurrents aussi ils ne me voient pas d’un bon œil.
Car revoici l’époque de cette nuisible compétition sportive qui va encore mettre des hordes de fanatisés dans les rues à chaque victoire des joueurs de l’équipe de France. Mon souhait est toujours le même : Que ces fouteux français soient éliminés le plus tôt possible.
*
Ce que j’aurais aimé faire ce samedi après-midi, c’est aller au Lycée Marc Bloch de Val-de-Reuil pour la vente de livres d’occasion du groupe local d’Amnesty International (un évènement qui avant la Guerre du Covid avait lieu au printemps), mais même si je tousse moins je suis toujours patraque et d’autre part les averses auraient nui à la sécurité de mes sacs de livres (il faut marcher un bon kilomètre entre le Lycée et la Gare).
C’est là que je me dis qu’une voiture c’est utile, ou bien de connaître quelqu’un y allant qui aurait pu m’emmener.
J’en connais mais ce sont des concurrents aussi ils ne me voient pas d’un bon œil.
18 novembre 2022
Ce jeudi, toussant encore plus que la veille, je suis dès neuf heures à la Grande Pharmacie du Centre où une jeune pharmacienne me propose sans hésitation deux médicaments qui devraient me guérir. J’en ai pour douze euros. Rentré, je commence à les prendre illico puis passe la matinée à tousser de pis en pis.
Cela me fatigue énormément et ne doit pas faire du bien à mon vieux cœur. J’en arrive à avoir des douleurs musculaires tant mon torse est secoué par chaque quinte.
C’est précisément ce jour que je dois avoir mon nouveau rappel anti Covid. Me demandant si c’est une bonne chose d’être vacciné dans cette circonstance, mais ne voulant pas reculer mon rendez-vous, je me rends en début d’après-midi à la Pharmacie du Square Verdrel, rue de la Jeanne, une officine discrète que je n’avais jamais remarquée.
Ce n’est que le vingt novembre que je serai à six mois, mais pour trois jours cela passera, m’a dit une pharmacienne lors de ma prise de rendez-vous. Effectivement ça passe quand une autre, un peu cafouilleuse, remplit mon dossier. Un jeune pharmacien m’invite à le suivre derrière, un endroit minuscule et encombré. Coincée contre le mur, il y a une chaise où je m’assois. Lui doit se mettre à genoux pour me piquer. Me voici revacciné contre le Covid, pour la cinquième fois, avec une dose de Pfizer bivalent qui doit faire face à la souche initiale et à Omicron.
Le reste de ma journée se passe à tousser affreusement. J’enchaîne les prises de médicaments, me demandant si ça va finir par s’améliorer, me préparant à une nouvelle nuit difficile.
*
«… seulement 10 à 15 % des personnes éligibles ont tendu le bras une nouvelle fois cet automne. En Angleterre, c’est le cas de 55 % des adultes âgés d’au moins 50 ans. », écrit Le Figaro. Le Ministre de la Santé se désole de même, mais aucun des messages gouvernementaux à la radio ou à la télé n’indique clairement que tous les plus de soixante ans ont la possibilité de le faire.
Cela me fatigue énormément et ne doit pas faire du bien à mon vieux cœur. J’en arrive à avoir des douleurs musculaires tant mon torse est secoué par chaque quinte.
C’est précisément ce jour que je dois avoir mon nouveau rappel anti Covid. Me demandant si c’est une bonne chose d’être vacciné dans cette circonstance, mais ne voulant pas reculer mon rendez-vous, je me rends en début d’après-midi à la Pharmacie du Square Verdrel, rue de la Jeanne, une officine discrète que je n’avais jamais remarquée.
Ce n’est que le vingt novembre que je serai à six mois, mais pour trois jours cela passera, m’a dit une pharmacienne lors de ma prise de rendez-vous. Effectivement ça passe quand une autre, un peu cafouilleuse, remplit mon dossier. Un jeune pharmacien m’invite à le suivre derrière, un endroit minuscule et encombré. Coincée contre le mur, il y a une chaise où je m’assois. Lui doit se mettre à genoux pour me piquer. Me voici revacciné contre le Covid, pour la cinquième fois, avec une dose de Pfizer bivalent qui doit faire face à la souche initiale et à Omicron.
Le reste de ma journée se passe à tousser affreusement. J’enchaîne les prises de médicaments, me demandant si ça va finir par s’améliorer, me préparant à une nouvelle nuit difficile.
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«… seulement 10 à 15 % des personnes éligibles ont tendu le bras une nouvelle fois cet automne. En Angleterre, c’est le cas de 55 % des adultes âgés d’au moins 50 ans. », écrit Le Figaro. Le Ministre de la Santé se désole de même, mais aucun des messages gouvernementaux à la radio ou à la télé n’indique clairement que tous les plus de soixante ans ont la possibilité de le faire.
17 novembre 2022
C’est un masque sur le nez et la bouche que je monte dans le train de sept heures vingt-quatre pour Paris ce mercredi. Je tousse depuis la veille et ne souhaite pas être regardé de travers par mon voisinage. J’ai pour lecture C’est la guerre de Louis Calaferte en Folio. Le train va si bien que je suis surpris par l’arrivée dans la capitale.
Le ciel est gris quand je monte dans le bus Vingt-Neuf. Il part sept minutes plus tard et doit faire un détour pour cause de travaux. En conséquence, je ne suis au Café du Faubourg qu’à dix heures moins le quart. J’y bois un café de comptoir près du buveur de vin blanc. Le vieux serveur et lui se réjouissent de la suppression prévue des trottinettes électriques en libre-service.
Au Book-Off d’à côté dans les livres à un euro je ne prélève que Les années anglaises d’Elias Canetti (Albin Michel). Il pleut un peu quand j’en ressors. Aussi je descends sous terre et à l’aide de deux métros me rends à la station Châtelet. J’en ressors du côté de la rue des Bourbonnais et découvre que la librairie Gilda n’est plus. Le rideau métallique baissé, le local attend un repreneur. Que sont devenus les livres, les disques et tout le reste, un fabuleux stock accumulé depuis des décennies. Dans les années soixante-dix, on y trouvait un rayon des livres aujourd’hui condamnés.
Faute de Gilda je furète un peu chez Boulinier, place Joachim-du-Bellay, puis vais déjeuner au Café Vigouroux, rue des Halles. La formule entrée plat y est toujours à treize euros cinquante. Mon choix ferait bondir le médecin : rillettes d’oie et jarret de porc choucroute, tout cela copieux et bon.
Il ne pleut plus quand je me rends au Book-Off de la rue Saint-Martin où je n’ai pas mis le pied depuis longtemps. Son sous-sol a été agrandi et ce qu’on appelle ici « Connaissance » s’y trouve désormais. L’endroit est vaste et agréable. Parmi les livres à un euro de cette salle et de la voisine où se trouve le rayon « Littérature », je retiens La vie de Tchekhov d’Irène Némirovsky (Albin Michel), Epicure en Corrèze de Marcel Conche (Stock), Noizemont-les-Vierges de Roger Martin du Gard (Editions Claire Paulhan) et Nervosité générale, chansons et poèmes de Fréderic Pajak (Presses Universitaires de France), ce dernier malheureusement non illustré par l’auteur.
Avec le métro Quatorze, je me dirige vers le troisième Book-Off, celui de Quatre Septembre. Je suis surpris d’y trouver à un euro, sans qu’ils soient passés auparavant par des prix supérieurs, deux grands volumes de lettres de Marcel Pagnol. L’un est sous-titré Correspondances avec Raimu, Fernandel, Cocteau, et les autres… et l’autre Correspondances intimes et littéraires.
C’est près de la Gare Saint-Lazare, à La Ville d’Argentan, que j’attends mon train de dix-sept heures quarante. On y entend toujours un radio médiocre mais pas trop fort ce mercredi. Chez les buveurs de bière du comptoir le mot qui revient sans cesse est Qatar, pas pour dénoncer ce qui va s’y passer. Je termine la lecture de C’est la guerre de Louis Calaferte. Ce récit de la Deuxième Guerre Mondiale par un enfant n’est qu’une succession de lieux communs.
Pour quarante centimes de plus, j’ai réservé une place en première dans mon train de retour. Suffisamment isolé, je ne mets pas de masque bien que je tousse de plus en plus. A l’arrivée à Rouen, il pleut à fond. Je descends dans le métro. Celui-ci me laisse à Théâtre des Arts où, en compagnie de nombreux autres, sous un abribus trop petit et mal clos, je m’efforce d’échapper à la drache durant les six minutes d’attente avant qu’arrive un bus Teor qui m’emmène à l’arrêt République. Il me reste à affronter pédestrement le vent et la pluie jusqu’à mon logis en pestant contre la Normandie.
*
Huit milliards d’êtres humains sur cette pauvre terre, et seulement douze ans pour passer de sept milliards à ces huit milliards, une folie.
Le ciel est gris quand je monte dans le bus Vingt-Neuf. Il part sept minutes plus tard et doit faire un détour pour cause de travaux. En conséquence, je ne suis au Café du Faubourg qu’à dix heures moins le quart. J’y bois un café de comptoir près du buveur de vin blanc. Le vieux serveur et lui se réjouissent de la suppression prévue des trottinettes électriques en libre-service.
Au Book-Off d’à côté dans les livres à un euro je ne prélève que Les années anglaises d’Elias Canetti (Albin Michel). Il pleut un peu quand j’en ressors. Aussi je descends sous terre et à l’aide de deux métros me rends à la station Châtelet. J’en ressors du côté de la rue des Bourbonnais et découvre que la librairie Gilda n’est plus. Le rideau métallique baissé, le local attend un repreneur. Que sont devenus les livres, les disques et tout le reste, un fabuleux stock accumulé depuis des décennies. Dans les années soixante-dix, on y trouvait un rayon des livres aujourd’hui condamnés.
Faute de Gilda je furète un peu chez Boulinier, place Joachim-du-Bellay, puis vais déjeuner au Café Vigouroux, rue des Halles. La formule entrée plat y est toujours à treize euros cinquante. Mon choix ferait bondir le médecin : rillettes d’oie et jarret de porc choucroute, tout cela copieux et bon.
Il ne pleut plus quand je me rends au Book-Off de la rue Saint-Martin où je n’ai pas mis le pied depuis longtemps. Son sous-sol a été agrandi et ce qu’on appelle ici « Connaissance » s’y trouve désormais. L’endroit est vaste et agréable. Parmi les livres à un euro de cette salle et de la voisine où se trouve le rayon « Littérature », je retiens La vie de Tchekhov d’Irène Némirovsky (Albin Michel), Epicure en Corrèze de Marcel Conche (Stock), Noizemont-les-Vierges de Roger Martin du Gard (Editions Claire Paulhan) et Nervosité générale, chansons et poèmes de Fréderic Pajak (Presses Universitaires de France), ce dernier malheureusement non illustré par l’auteur.
Avec le métro Quatorze, je me dirige vers le troisième Book-Off, celui de Quatre Septembre. Je suis surpris d’y trouver à un euro, sans qu’ils soient passés auparavant par des prix supérieurs, deux grands volumes de lettres de Marcel Pagnol. L’un est sous-titré Correspondances avec Raimu, Fernandel, Cocteau, et les autres… et l’autre Correspondances intimes et littéraires.
C’est près de la Gare Saint-Lazare, à La Ville d’Argentan, que j’attends mon train de dix-sept heures quarante. On y entend toujours un radio médiocre mais pas trop fort ce mercredi. Chez les buveurs de bière du comptoir le mot qui revient sans cesse est Qatar, pas pour dénoncer ce qui va s’y passer. Je termine la lecture de C’est la guerre de Louis Calaferte. Ce récit de la Deuxième Guerre Mondiale par un enfant n’est qu’une succession de lieux communs.
Pour quarante centimes de plus, j’ai réservé une place en première dans mon train de retour. Suffisamment isolé, je ne mets pas de masque bien que je tousse de plus en plus. A l’arrivée à Rouen, il pleut à fond. Je descends dans le métro. Celui-ci me laisse à Théâtre des Arts où, en compagnie de nombreux autres, sous un abribus trop petit et mal clos, je m’efforce d’échapper à la drache durant les six minutes d’attente avant qu’arrive un bus Teor qui m’emmène à l’arrêt République. Il me reste à affronter pédestrement le vent et la pluie jusqu’à mon logis en pestant contre la Normandie.
*
Huit milliards d’êtres humains sur cette pauvre terre, et seulement douze ans pour passer de sept milliards à ces huit milliards, une folie.
15 novembre 2022
Surpris par ce que m’a dit mon généraliste quand je l’ai interrogé sur la nécessité d’une nouvelle dose de rappel du vaccin contre le Covid, pas question d’une cinquième piqûre bien que la quatrième date de six mois, aucun pays ne la propose à ce jour, j’ouvre mon ordinateur à mon retour chez moi et sur le site de la Haute Autorité de Santé trouve en date du dix-neuf septembre deux mille vingt-deux que celle-ci recommande aux fragiles de se faire administrer une nouvelle injection, si possible de bivalent « quel que soit le nombre d’injections reçues jusqu’à maintenant ». Sont concernées notamment « les personnes de 60 ans et plus ».
Peu après, je reçois un mail d’une fidèle lectrice qui a le désagrément d’être comme moi âgée de plus de soixante ans. Elle m’informe que son médecin traitant lui a fait la cinquième piqûre.
Ce mardi matin je vais renouveler des médicaments à ma pharmacie habituelle et pose la question de cette cinquième dose. On ne la fait pas et on n’est pas informé qu’elle puisse être faite. La pharmacienne qui s’occupe de moi fait une recherche sur Internet mais s’y prend mal. Le pharmacien en chef interroge ameli, le site de l’Assurance Maladie, à mon sujet et obtient comme résultat que je peux avoir cette cinquième dose à partir du vingt novembre. Finalement, il me conseille d’aller voir chez un confrère dont il me donne le nom. Ce que je fais et là aucun problème, j’obtiens un rendez-vous.
De retour chez moi, j’appelle le cabinet médical où exerce mon médecin traitant et explique tout ça à la secrétaire. Elle s’en étonne. Je propose de lui envoyer la recommandation de la Haute Autorité de Santé mais elle refuse. Elle va signaler tout ça au médecin. « Inutile de me rappeler, lui dis-je, j’ai déjà un rendez-vous ailleurs. »
*
Si j’ai entièrement confiance en mon dentiste, cela n’a malheureusement jamais été le cas pour mon généraliste. Cet épisode ne va pas améliorer sa note.
Peu après, je reçois un mail d’une fidèle lectrice qui a le désagrément d’être comme moi âgée de plus de soixante ans. Elle m’informe que son médecin traitant lui a fait la cinquième piqûre.
Ce mardi matin je vais renouveler des médicaments à ma pharmacie habituelle et pose la question de cette cinquième dose. On ne la fait pas et on n’est pas informé qu’elle puisse être faite. La pharmacienne qui s’occupe de moi fait une recherche sur Internet mais s’y prend mal. Le pharmacien en chef interroge ameli, le site de l’Assurance Maladie, à mon sujet et obtient comme résultat que je peux avoir cette cinquième dose à partir du vingt novembre. Finalement, il me conseille d’aller voir chez un confrère dont il me donne le nom. Ce que je fais et là aucun problème, j’obtiens un rendez-vous.
De retour chez moi, j’appelle le cabinet médical où exerce mon médecin traitant et explique tout ça à la secrétaire. Elle s’en étonne. Je propose de lui envoyer la recommandation de la Haute Autorité de Santé mais elle refuse. Elle va signaler tout ça au médecin. « Inutile de me rappeler, lui dis-je, j’ai déjà un rendez-vous ailleurs. »
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Si j’ai entièrement confiance en mon dentiste, cela n’a malheureusement jamais été le cas pour mon généraliste. Cet épisode ne va pas améliorer sa note.
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