Michel Perdrial . Textes en revues

Michel Perdrial




Loïc Boyer
On trouvera ici de mes textes courts publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).

Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.

Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.

Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième chez L’Imprimante.

Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.








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Texte paru dans la revue Gros Textes n°18 en août 1997, dans la revue Filigranes n°39 en novembre 1997 et sur le cédérom 20 ans de Filigranes en octobre 2004


-Dis, tu me racontes une histoire...
-Tu sais bien que je ne suis pas doué pour ça.
-Mais si... Raconte-moi une histoire...
-Bon... Alors c'est l'histoire d'un petit garçon. Il a presque six ans. Il rentre de l'école avec son cartable sur le dos. Il pousse la porte de la maison de ses parents, entre dans la salle à manger et découvre sa mère morte, pendue à une poutre.
-Tu n'as vraiment pas autre chose à me raconter?
-Mais c'est une histoire vraie, tu sais. Je connais ce garçon. Il a maintenant seize ans. Et plein de petits frères et de petites soeurs. Son père s'est remarié. Avec la soeur de sa première femme. La soeur de celle qui s'est pendue.
-Raconte-moi autre chose. Une histoire moins triste si possible.
-Comme tu voudras. C'est l'histoire d'une jeune fille de dix-sept ans. Elle est en terminale dans un grand lycée de Rouen. Le genre d'établissement fréquenté par les enfants de notables. Pourtant son père n'est qu'un petit employé et elle a un peu honte de lui lorsqu’il vient la chercher à la sortie des cours. Un peu honte aussi d’avoir honte. Donc, ce jour-là, son père a rendez-vous avec le professeur de physique. Elle a  un peu de mal avec les matières scientifiques mais elle ne craint qu'une chose: que son père se ridiculise et la ridiculise face à ce professeur en blouse blanche tellement sûr de lui. Cependant tout se passe bien. Le professeur lui serre la main. Il se tourne vers son père pour faire de même. Et ce dernier salue l'homme en blanc d'une voix bien assurée : « Au revoir docteur ».
-Mais où vas-tu chercher tes histoires?
-Je ne vais pas les chercher. On me les raconte. Tu sais bien que je n'ai aucune imagination.
-Ça, je n'en suis pas sûre. Encore une, s'il te plaît.
-C'est l'histoire d'une famille qui reçoit des invités un dimanche midi. La maîtresse de maison a préparé un plat de poisson. Une sorte de poisson reconstitué. Un plat en croûte. Enfin, je ne sais pas comment ça s'appelle mais tu vois le genre. Donc, le poisson est prêt sur la table de la cuisine. Et voilà que le chat ne peut s'empêcher d'aller y goûter. Soigneusement, la maîtresse de maison ôte la partie souillée et reconstitue le poisson. Ni vu ni connu. Le repas se déroule sans problème. Les invités rentrent chez eux. Quelques heures plus tard, la maîtresse de maison se rend dans le garage et y trouve le chat mort. Affolée, elle téléphone à l'hôpital. Il faut absolument faire un lavage d'estomac à tous ceux qui ont mangé du poisson, lui dit-on. Elle appelle les invités et voilà tout le monde à l'hôpital, occupé à vomir du poisson. Un truc bien dégueulasse; tous les médecins te le diront. Et puis chacun rentre chez soi. Il s'agit maintenant d'enterrer le chat. Les voisins arrivent alors: "Oui, votre chat est mort. On n'a pas osé vous déranger pendant le repas, on savait que vos amis étaient là. Il s'est fait écraser là juste devant la maison. Alors on l'a ramassé et déposé dans votre garage".
-Ça aussi on te l'a raconté?
-Oui.
-Je t'en prie, raconte-moi une histoire inventée. Quelque chose d'imaginaire.
-Je  vais  essayer.  C'est  l'histoire d'un garçon qui aime une fille...
-Et alors?
-Et alors il la baise.
-Oh oui, vas-y, baise-moi...

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