Loïc Boyer
On trouvera ici de mes textes courts publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième chez L’Imprimante.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième chez L’Imprimante.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les enseignants des classes de Troisième l’appelaient Brevet blanc. C’était la répétition générale du Brevet des Collèges, examen de la fin juin, qui ne servait strictement à rien, l’entrée en Seconde étant acquise auparavant. Les résultats de ce pré-examen étaient souvent déplorables. Les professeurs rasaient les murs cachant leur carnet de notes au fond de leur serviette. Les élèves se disaient qu’ils étaient nuls et leurs parents ne savaient qu’en penser.
- Ça vous fait du bien de recevoir une bonne claque, déclara le jour des résultats, l’un des enseignants du collège de Villeneuve à ses élèves catastrophés.
Le lendemain, Thomas la recevait cinq sur cinq, cette claque. Il sentait encore la main de son père sur sa joue. Il venait d’annoncer ses notes. Sous la violence du choc, il avait reculé de trois cases. Quand il avait repris ses esprits, il s’était enfui en claquant la porte de l’appartement.
Cela faisait maintenant cinq jours qu’il se cachait dans un garage mal fermé au sous-sol d’un immeuble. Les policiers municipaux qui étaient passés hier n’avaient pas eu l’idée de contrôler l’emballage de réfrigérateur où il s’était réfugié en entendant leurs pas.
Il ne sortait que la nuit profitant de sa parfaite connaissance du réseau souterrain de Villeneuve, véritable labyrinthe qui desservait les garages et qui lui permettait de parcourir toute la ville sous les voies piétonnières.
Dans l’ombre, il se rendrait chez Dominique et Sylvain dont les parents travaillaient la nuit. Dans leur appartement de la rue Traversière, il pouvait se restaurer, se laver, se détendre. Et se préparer à partir en expédition avec ses deux amis. Munis de bombes de peinture, les trois adolescents se faufilaient dans les rues mal éclairées et, d’un geste rapide et sûr, imprimaient leur marque sur les murs.
Au matin, devant leurs façades tatouées, les habitants courroucés s’emportaient contre les auteurs de ces étranges hiéroglyphes : ZOG, SLADE, EETERS. Aucun ne songeait que ces traceurs ne cherchaient qu’à prouver qu’ils existaient, qu’ils ne griffaient les murs jusqu’à s’en déchirer les doigts que pour un peu d’amour, que c’était leur sang rouge et noir qui maculait la cité.
Thomas était de nouveau réfugié dans son garage gris poussière. Son cœur lui faisait mal mais il attendrait encore quelques jours avant de rentrer chez ses parents. Il voulait être tout à fait certain de voir son père l’alarme à l’œil, sa mère les larmes aux yeux.
Michel Perdrial
(Ce texte a paru dans une version légèrement différente dans la revue Diérèse n°16 en décembre 2001.)
- Ça vous fait du bien de recevoir une bonne claque, déclara le jour des résultats, l’un des enseignants du collège de Villeneuve à ses élèves catastrophés.
Le lendemain, Thomas la recevait cinq sur cinq, cette claque. Il sentait encore la main de son père sur sa joue. Il venait d’annoncer ses notes. Sous la violence du choc, il avait reculé de trois cases. Quand il avait repris ses esprits, il s’était enfui en claquant la porte de l’appartement.
Cela faisait maintenant cinq jours qu’il se cachait dans un garage mal fermé au sous-sol d’un immeuble. Les policiers municipaux qui étaient passés hier n’avaient pas eu l’idée de contrôler l’emballage de réfrigérateur où il s’était réfugié en entendant leurs pas.
Il ne sortait que la nuit profitant de sa parfaite connaissance du réseau souterrain de Villeneuve, véritable labyrinthe qui desservait les garages et qui lui permettait de parcourir toute la ville sous les voies piétonnières.
Dans l’ombre, il se rendrait chez Dominique et Sylvain dont les parents travaillaient la nuit. Dans leur appartement de la rue Traversière, il pouvait se restaurer, se laver, se détendre. Et se préparer à partir en expédition avec ses deux amis. Munis de bombes de peinture, les trois adolescents se faufilaient dans les rues mal éclairées et, d’un geste rapide et sûr, imprimaient leur marque sur les murs.
Au matin, devant leurs façades tatouées, les habitants courroucés s’emportaient contre les auteurs de ces étranges hiéroglyphes : ZOG, SLADE, EETERS. Aucun ne songeait que ces traceurs ne cherchaient qu’à prouver qu’ils existaient, qu’ils ne griffaient les murs jusqu’à s’en déchirer les doigts que pour un peu d’amour, que c’était leur sang rouge et noir qui maculait la cité.
Thomas était de nouveau réfugié dans son garage gris poussière. Son cœur lui faisait mal mais il attendrait encore quelques jours avant de rentrer chez ses parents. Il voulait être tout à fait certain de voir son père l’alarme à l’œil, sa mère les larmes aux yeux.
Michel Perdrial
(Ce texte a paru dans une version légèrement différente dans la revue Diérèse n°16 en décembre 2001.)
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