La plus calme des nuits, c’est celle du dimanche au lundi. De plus, depuis quelques jours, la balayeuse ne passe plus à six heures du matin réveiller la clientèle de l’Hôtel des Bains à ma gauche, ni les handicapés du Normandy à ma droite.
Ce Normandy était aussi un hôtel à l’origine. Plus tard, la Gestapo s’y établit, puis Eisenhower. Son usage actuel me donne à réfléchir. Ces corps que l’on déplace comme des colis. J’évite de regarder de ce côté-là. Au petit jour, de jeune employées arrivent d’un bon pas, un casque à musique sur les oreilles, retrouvant des mal-en-point, dont certains déjà sortis pour fumer. Peu d’entre elles doivent se dire, c’est peut-être moi dans cinquante ans.
Comme il ne pleut pas, je vais voir de près celle qui domine Granville, l’église Saint-Paul Un petit bout de la rue Couraye et à droite commence l’escalier Saint-Paul. Au bout duquel est l’église dont le parvis sert à garer les voitures. Cette église Saint-Paul est de style romano-byzantin, inspirée de l'éclectisme de la fin du dix-neuvième siècle. C’est un édifice désacralisé, cerné d’avertissements « Danger : chute de pierres » et même fermé pour raison d’insécurité. Du béton fait avec du sable de mer, ce n’est pas bon. La municipalité veut la restaurer pour en faire un tiers lieu et espère que Stéphane Bern y mettra de l’argent avec son loto. Un autochtone s’étonne que je la photographie par temps gris.
Le tour fait, je redescends au centre-ville et rejoins le Port du Hérel et le café du même nom pour un allongé verre d’eau lecture à l’intérieur avec vue sur les bateaux de plaisance et l’église Saint-Paul. Chez Lagarce, une quantité de « ceci dit » en fin de phrase. Il est trop tard pour lui apprendre qu’il ne faut pas, cela dit.
Ce lundi, pour déjeuner, je vais au Port de Pêche et entre au Cabestan. C’est le moment où les pêcheurs partent en mer. La patronne tente à nouveau de me faire consulter la carte sur une tablette. « C’est quand même plus intéressant de regarder les chalutiers qui sortent du port que cet écran », lui dis-je. La formule du jour est sur l’ardoise : roussette et tarte amandine.
Un peu de soleil quand je m’assois à la terrasse du Pirate pour le café puis un ciel bleu inespéré durant l’après-midi. De quoi faire un aller et retour sur la Promenade du Plat Gousset qui semble nue sans ses cabines de plage. A son entrée, Yver, le glacier qui a fêté ses trente ans l’an dernier, est plus que fermé. Des ouvriers cassent la baraque avant de la refaire.
*
Idée idiote – je n’en manque pas – je suis candidat à la direction du théâtre de Vesoul. (Sklong !) (Jean-Luc Lagarce Journal lundi vingt-neuf mai mil neuf cent quatre-vingt-neuf)
Ce Normandy était aussi un hôtel à l’origine. Plus tard, la Gestapo s’y établit, puis Eisenhower. Son usage actuel me donne à réfléchir. Ces corps que l’on déplace comme des colis. J’évite de regarder de ce côté-là. Au petit jour, de jeune employées arrivent d’un bon pas, un casque à musique sur les oreilles, retrouvant des mal-en-point, dont certains déjà sortis pour fumer. Peu d’entre elles doivent se dire, c’est peut-être moi dans cinquante ans.
Comme il ne pleut pas, je vais voir de près celle qui domine Granville, l’église Saint-Paul Un petit bout de la rue Couraye et à droite commence l’escalier Saint-Paul. Au bout duquel est l’église dont le parvis sert à garer les voitures. Cette église Saint-Paul est de style romano-byzantin, inspirée de l'éclectisme de la fin du dix-neuvième siècle. C’est un édifice désacralisé, cerné d’avertissements « Danger : chute de pierres » et même fermé pour raison d’insécurité. Du béton fait avec du sable de mer, ce n’est pas bon. La municipalité veut la restaurer pour en faire un tiers lieu et espère que Stéphane Bern y mettra de l’argent avec son loto. Un autochtone s’étonne que je la photographie par temps gris.
Le tour fait, je redescends au centre-ville et rejoins le Port du Hérel et le café du même nom pour un allongé verre d’eau lecture à l’intérieur avec vue sur les bateaux de plaisance et l’église Saint-Paul. Chez Lagarce, une quantité de « ceci dit » en fin de phrase. Il est trop tard pour lui apprendre qu’il ne faut pas, cela dit.
Ce lundi, pour déjeuner, je vais au Port de Pêche et entre au Cabestan. C’est le moment où les pêcheurs partent en mer. La patronne tente à nouveau de me faire consulter la carte sur une tablette. « C’est quand même plus intéressant de regarder les chalutiers qui sortent du port que cet écran », lui dis-je. La formule du jour est sur l’ardoise : roussette et tarte amandine.
Un peu de soleil quand je m’assois à la terrasse du Pirate pour le café puis un ciel bleu inespéré durant l’après-midi. De quoi faire un aller et retour sur la Promenade du Plat Gousset qui semble nue sans ses cabines de plage. A son entrée, Yver, le glacier qui a fêté ses trente ans l’an dernier, est plus que fermé. Des ouvriers cassent la baraque avant de la refaire.
*
Idée idiote – je n’en manque pas – je suis candidat à la direction du théâtre de Vesoul. (Sklong !) (Jean-Luc Lagarce Journal lundi vingt-neuf mai mil neuf cent quatre-vingt-neuf)