Ce samedi après-midi, Rouen s’émerveille de savoir si bien capter la lumière et la transformer en chants d’oiseaux. Oui, le soleil brille dans les jardins de l’hôtel de ville où l’abbatiale Saint-Ouen donne au temps qui passe l’illusion de la permanence.
Je suis assis sur un banc en compagnie des Belles endormies de Kawabata. A quelques pas, un petit garçon fait évoluer son voilier sur le bassin d’eau pailletée. Sa sœur adolescente parfois se penche pour donner un nouvel élan au navire et par l’échancrure de son débardeur m’offre l’esquisse de son sein. Et je me demande quel signal mystérieux me fait précisément lever les yeux juste au moment de l’apparition furtive du globe laiteux.
Soudain les portes de l’hôtel de ville s’ouvrent pour un défilé nuptial. Chemises trop blanches, robes trop ajustées, rires trop gais, discours trop volubiles et à la tête de ce serpent emprunté un homme et une femme souriants qui chacun se demandent très loin au fond d’eux-mêmes s’ils ne viennent pas de faire une grosse bêtise.
La colonne festive regagne ses voitures et le vent léger regonfle les voiles du petit bateau et le mince tissu du débardeur.
Mais voilà qu’elles arrivent.
Trois vieilles bruyantes et encombrantes qui s’installent près de moi sur le banc et m’embrouillent avec leurs histoires de pensions invalides, d’enfants ingrats et de maladies chroniques.
Elles sont bientôt rejointes par une quatrième qui cherche où s’asseoir.
-Posez donc votre sac par terre, m’enjoint l’une des importunes.
Je ne peux que lui obéir.
-Assieds-toi donc Mamie, ajoute-t-elle, je lui ai fait mettre son sac par terre.
La voici, Mamie, qui me repousse en bout de banc et j’ai peur de voir surgir de derrière un bosquet une autre vieille au regard louche munie d’une faux.
Je range mon livre, ramasse mon sac et prends la fuite. J’entends une voix qui commente :
-Il s’en va, on a dû dire quelque chose qui ne lui a pas plu.
Je jette un dernier regard vers le bassin mais la jeune fille et son petit frère ont disparu.
Je suis assis sur un banc en compagnie des Belles endormies de Kawabata. A quelques pas, un petit garçon fait évoluer son voilier sur le bassin d’eau pailletée. Sa sœur adolescente parfois se penche pour donner un nouvel élan au navire et par l’échancrure de son débardeur m’offre l’esquisse de son sein. Et je me demande quel signal mystérieux me fait précisément lever les yeux juste au moment de l’apparition furtive du globe laiteux.
Soudain les portes de l’hôtel de ville s’ouvrent pour un défilé nuptial. Chemises trop blanches, robes trop ajustées, rires trop gais, discours trop volubiles et à la tête de ce serpent emprunté un homme et une femme souriants qui chacun se demandent très loin au fond d’eux-mêmes s’ils ne viennent pas de faire une grosse bêtise.
La colonne festive regagne ses voitures et le vent léger regonfle les voiles du petit bateau et le mince tissu du débardeur.
Mais voilà qu’elles arrivent.
Trois vieilles bruyantes et encombrantes qui s’installent près de moi sur le banc et m’embrouillent avec leurs histoires de pensions invalides, d’enfants ingrats et de maladies chroniques.
Elles sont bientôt rejointes par une quatrième qui cherche où s’asseoir.
-Posez donc votre sac par terre, m’enjoint l’une des importunes.
Je ne peux que lui obéir.
-Assieds-toi donc Mamie, ajoute-t-elle, je lui ai fait mettre son sac par terre.
La voici, Mamie, qui me repousse en bout de banc et j’ai peur de voir surgir de derrière un bosquet une autre vieille au regard louche munie d’une faux.
Je range mon livre, ramasse mon sac et prends la fuite. J’entends une voix qui commente :
-Il s’en va, on a dû dire quelque chose qui ne lui a pas plu.
Je jette un dernier regard vers le bassin mais la jeune fille et son petit frère ont disparu.