Ce dimanche matin à Brest, des victimes du folklore local attendent, écroulés, le passage du premier tram dans quarante-sept minutes. D’autres préfèrent descendre la rue de Siam d’un pied incertain, en grappes, les mains dans les poches, disant c’est dommage qu’il n’y ait pas un café ouvert on aurait pu prendre un café.
Un café ouvert, il y en a un mais peu visible, caché par un barnum du marché, le Café de l’Océan, plus connu sous le nom de Chez Alain. Lequel Alain a remis son masque pour protéger ses soixante-dix-sept ans. La clientèle est moitié café croissant, moitié en train de cuver. « Bonne soirée », dit l’une en partant ; il est huit heures, encore trente minutes avant le premier tram. Une très ancienne beauté tente de se hisser sur un tabouret, n’y arrive pas, renonce.
-Elle est où ta femme ? demande l’un à Alain.
-Ma femme, elle est avec son amant.
-Et tu voudrais bien qu’elle ne revienne pas.
Avant que n’arrive cette harpie, je quitte ce café pittoresque dont je ne connais pas d’équivalent ailleurs et monte dans le tram avec mon dernier billet BreizhGo trafiqué. J’en descends à l’arrêt Capucins. A partir de là, c’est mon adieu pédestre à Brest : Capucins, Téléphérique, Recouvrance, Arsenal, Pont, Château et me voici arrivé au Port de Commerce.
A la terrasse couverte de La Presqu’île, je commande un café qui m’est apporté par la petite serveuse en alternance dont l’attitude si sage contraste sacrément avec celle de la partie imbibée de la clientèle. Un beau deux-mâts quitte le Port. Un dragueur non alcoolisé déclare à la fille avec qui il est arrivé : « J’aime bien le petit matin avec toi » ; il est dix heures et quart.
Le ciel reste gris. A midi je déjeune encore une fois chez Cocorico. Là aussi, le personnel a remis le masque, mais pas le patron. Arrivent de jeunes embiérés, un quatuor composé de deux couples. Ce sont les filles que l’on entend, tonitruantes et vulgaires, les garçons eux sont amortis. Un serveur vient leur dire qu’il va y avoir des familles et qu’il va falloir faire moins de bruit, puis on leur sert les pintes commandées. Je choisis encore une fois la terrine de poisson et la saucisse de Molène, avec de l’eau, pour quinze euros.
Le café, je vais le prendre à La Presqu’île. Il est treize heures trente. Le dragueur et la fille sont toujours à la même table. « Je vais t’offrir un ticket à gratter, lui dit-il, et si tu gagnes tu garderas tout pour toi ».
Une dernière fois je remonte la rampe. Une femme de ménage s’occupe du logement Air Bibi voisin du mien. Les trois bruyants ne seront restés à Brest que le temps de se piquer la ruche.
*
Dans les cafés de cette ville, on ignore la loi qui interdit de servir de l’alcool à des personnes qui arrivent manifestement ivres.
*
A Brest, le réseau Bibus est géré par la Régie Autonome des Transports Parisiens. En fin de semaine, il vaut mieux laisser passer le premier tram et monter dans le suivant.
*
La mère de la fille d’en face ne sort jamais, sauf pour fumer sur son balcon.
Un café ouvert, il y en a un mais peu visible, caché par un barnum du marché, le Café de l’Océan, plus connu sous le nom de Chez Alain. Lequel Alain a remis son masque pour protéger ses soixante-dix-sept ans. La clientèle est moitié café croissant, moitié en train de cuver. « Bonne soirée », dit l’une en partant ; il est huit heures, encore trente minutes avant le premier tram. Une très ancienne beauté tente de se hisser sur un tabouret, n’y arrive pas, renonce.
-Elle est où ta femme ? demande l’un à Alain.
-Ma femme, elle est avec son amant.
-Et tu voudrais bien qu’elle ne revienne pas.
Avant que n’arrive cette harpie, je quitte ce café pittoresque dont je ne connais pas d’équivalent ailleurs et monte dans le tram avec mon dernier billet BreizhGo trafiqué. J’en descends à l’arrêt Capucins. A partir de là, c’est mon adieu pédestre à Brest : Capucins, Téléphérique, Recouvrance, Arsenal, Pont, Château et me voici arrivé au Port de Commerce.
A la terrasse couverte de La Presqu’île, je commande un café qui m’est apporté par la petite serveuse en alternance dont l’attitude si sage contraste sacrément avec celle de la partie imbibée de la clientèle. Un beau deux-mâts quitte le Port. Un dragueur non alcoolisé déclare à la fille avec qui il est arrivé : « J’aime bien le petit matin avec toi » ; il est dix heures et quart.
Le ciel reste gris. A midi je déjeune encore une fois chez Cocorico. Là aussi, le personnel a remis le masque, mais pas le patron. Arrivent de jeunes embiérés, un quatuor composé de deux couples. Ce sont les filles que l’on entend, tonitruantes et vulgaires, les garçons eux sont amortis. Un serveur vient leur dire qu’il va y avoir des familles et qu’il va falloir faire moins de bruit, puis on leur sert les pintes commandées. Je choisis encore une fois la terrine de poisson et la saucisse de Molène, avec de l’eau, pour quinze euros.
Le café, je vais le prendre à La Presqu’île. Il est treize heures trente. Le dragueur et la fille sont toujours à la même table. « Je vais t’offrir un ticket à gratter, lui dit-il, et si tu gagnes tu garderas tout pour toi ».
Une dernière fois je remonte la rampe. Une femme de ménage s’occupe du logement Air Bibi voisin du mien. Les trois bruyants ne seront restés à Brest que le temps de se piquer la ruche.
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Dans les cafés de cette ville, on ignore la loi qui interdit de servir de l’alcool à des personnes qui arrivent manifestement ivres.
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A Brest, le réseau Bibus est géré par la Régie Autonome des Transports Parisiens. En fin de semaine, il vaut mieux laisser passer le premier tram et monter dans le suivant.
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La mère de la fille d’en face ne sort jamais, sauf pour fumer sur son balcon.