Plein vent

Texte paru dans la revue Interventions à Haute Voix n°29 en juin 2000


Le vent soufflait particulièrement fort ce jeudi et je la trouvais particulièrement belle, ébouriffée et caressée par le souffle incessant. Nous avions quitté la ville qui se cachait derrière la colline. La colline des amoureux comme l’appelaient les gens de la ville. Mais aucun autre couple n’y était présent ce jour de septembre et étions-nous amoureux ?
Elle était belle et je la photographiais, les cheveux dans les yeux. Sa robe virevoltait découvrant ses longues jambes fines. J’appuyais régulièrement sur le déclencheur. Les quelques automobilistes et les camionneurs qui passaient sur la route proche pouvaient la voir aussi bien que moi. Cela ne la gênait pas. Je crois même que cela lui plaisait.
Soudain, il y eut une terrible bourrasque qui sembla arracher les arbres de la terre. Sa robe fut aspirée et plaquée contre son corps tel un parapluie retourné. Je photographiais sa petite culotte blanche lorsque nous entendîmes un bruit assourdissant. Derrière la colline, chavirant lentement, une grue était tombée sur l’école dont elle séchait les cours.