Jour de congé

Texte paru dans la revue Verso n°131 en décembre 2007


Le café m’a bien réchauffé le corps. J’en bois un deuxième pour assurer. Elle m’a donné rendez-vous à cinq heures à l’hôtel des Quatre Saisons. Il s’agit de se cacher sous la couette et je n’ai pas intérêt à m’endormir mais plutôt à ressembler à une cheminée. Elle m’a déjà traité de canard boiteux.
Je quitte la table, laisse la monnaie en pourboire et fonce mollement vers les Quatre Saisons.
-J’ai failli attendre, me dit-elle de son regard bleu acier.
Je fais un peu le clown en me déshabillant mais aujourd’hui elle ne semble pas d’humeur à grimper aux arbres.
-J’ai quelque chose à te dire, m’apprend-elle l’écume aux lèvres.
Jamais je ne l’ai vue ainsi. Je lui demande ce qui ne va pas. Dehors, les feuilles frissonnent peureusement.
-Tout va bien, me répond-elle. J’en ai trouvé un qui a moins de bouteille que toi. Tu commences à te faire vieux, non ?
Je me rhabille en silence. Je sors de l’hôtel sifflotant une ritournelle. Le soleil brille et je me sens bien.