C’est un dimanche après-midi, juste avant l’orage, assis avec elle à la terrasse de l’Echiquier, je laisse traîner mes oreilles dans les conversations des tablées voisines car elle ne me dit rien et peut-être n’ai-je rien à lui dire non plus.
Dans la vie des autres, il est question de choses sans importance, de charges locatives, de contrats d’abonnement à la téléphonie sans fil, de rentrée des classes. Vraiment rien de palpitant.
Lui, il arrive avec un pull marin. Un léger pull marin adapté à la chaleur du jour. Plus un polo qu’un pull d’ailleurs. Les vêtements ont tous des noms bien particuliers mais je n’ai jamais su lesquels. Entre ses mains et accroché à son dos par les bretelles adéquates, un accordéon dont il commence à manipuler les touches au profit des consommateurs de boissons fraîches.
Dès les premières notes, me voici assis dans une cuisine minuscule aux murs plus ou moins verts et jamais repeints. C’est le dimanche matin. Un dimanche matin quelconque. Semblable à tous les dimanches matins. La musique emplit tout l’espace. L’aiguille du récepteur est bloquée sur Radio Luxembourg. Perles de cristal et Fiancés d’Auvergne. Yvette Horner ou Marcel Azzola. Les rois de l’accordéon, comme ils disent, jouent la valse musette. Jusqu’à l’heure du poulet rôti, l’appétit coupé.
J’aimerais que cet accordéoniste à rayures disparaisse, qu’il déserte la terrasse de l’Echiquier pour une autre, n’importe laquelle. Mais il stagne à deux pas, égrène toutes ses musiquettes avant de faire la quête. Une larme coule sur ma joue droite. Je la sens qui descend lentement. Elle l’aperçoit, me dit :
-Ça ne va pas ? Qu’est-ce que tu as ?
-Je n’aime pas l’accordéon.
-Ah bon, pourquoi ?
-Ça me rappelle un mauvais souvenir, lui dis-je.
-Ah oui, lequel ?
-Mon enfance.
Dans la vie des autres, il est question de choses sans importance, de charges locatives, de contrats d’abonnement à la téléphonie sans fil, de rentrée des classes. Vraiment rien de palpitant.
Lui, il arrive avec un pull marin. Un léger pull marin adapté à la chaleur du jour. Plus un polo qu’un pull d’ailleurs. Les vêtements ont tous des noms bien particuliers mais je n’ai jamais su lesquels. Entre ses mains et accroché à son dos par les bretelles adéquates, un accordéon dont il commence à manipuler les touches au profit des consommateurs de boissons fraîches.
Dès les premières notes, me voici assis dans une cuisine minuscule aux murs plus ou moins verts et jamais repeints. C’est le dimanche matin. Un dimanche matin quelconque. Semblable à tous les dimanches matins. La musique emplit tout l’espace. L’aiguille du récepteur est bloquée sur Radio Luxembourg. Perles de cristal et Fiancés d’Auvergne. Yvette Horner ou Marcel Azzola. Les rois de l’accordéon, comme ils disent, jouent la valse musette. Jusqu’à l’heure du poulet rôti, l’appétit coupé.
J’aimerais que cet accordéoniste à rayures disparaisse, qu’il déserte la terrasse de l’Echiquier pour une autre, n’importe laquelle. Mais il stagne à deux pas, égrène toutes ses musiquettes avant de faire la quête. Une larme coule sur ma joue droite. Je la sens qui descend lentement. Elle l’aperçoit, me dit :
-Ça ne va pas ? Qu’est-ce que tu as ?
-Je n’aime pas l’accordéon.
-Ah bon, pourquoi ?
-Ça me rappelle un mauvais souvenir, lui dis-je.
-Ah oui, lequel ?
-Mon enfance.