Celles qui tirent désespérément sur une jupe devenue soudain trop courte.
Celles qui se sont fait couper les cheveux et qui déjà le regrettent.
Celles qui ne savent pas encore si elles préfèrent les filles ou les garçons.
Celles à qui il manque quelques centimes pour commander un café accompagné d’un verre d’eau.
Celles qui noircissent trois pages à propos d’un livre qu’elles n’ont pas lu.
Celles qui s’inquiètent pour leurs règles qui décidément tardent à venir.
Celles qui ont une petite mèche qui leur descend sur l’œil droit.
Celles qui n’ont encore jamais vu un garçon tout nu mais cela ne saurait durer.
Celles qui tirent sur leur culotte à travers la toile de leur pantalon ou de leur jupe.
Celles qui s’embusquent derrière une plante verte pour reluquer le garçon qui les intéresse.
Celles qui portent des jeans avec des boutons de braguette apparents et qui donnent bien à penser.
Celles qui invitent le barman dragouilleur à aller se faire sucer par le mec là-bas car une bouche est toujours une bouche.
Celles qui vérifient pour la dixième fois que leur téléphone portatif est bien en ligne.
Celles qui écrivent de la main gauche la joue posée sur la surface de la table.
Celles qui n’imaginent absolument pas qu’un jour elles ressembleront aux femmes ridées et fatiguées qui leur font face.
Celles qui passent leur temps à nouer et dénouer leurs cheveux à l’aide d’élastiques, pinces, chouchous et peignes colorés.
Celles qui ignorent le sens du mot leitmotiv et qui ne songent pas à le demander à leur voisin qui meurt pourtant d’envie de le leur apprendre.
Celles qui élaborent une stratégie subtile pour passer la nuit de samedi à dimanche ailleurs que chez leurs parents sans que ces derniers le sachent.
Celles qui expliquent à leurs copines qu’un godemiché c’est comme une bite mais tout en plastique.
Celles qui disent haut et fort qu’elles n’ont pas envie de finir comme leur mère.
Et soudain la sonnerie du lycée qui toutes les appelle. Une cavalcade effrénée. Des rires endiablés. Le café déserté. Une écharpe oubliée. Bientôt nouée autour de mon cou.
Michel Perdrial
(Ce texte a paru dans la revue Diérèse n°18 en septembre 2002.)
Celles qui se sont fait couper les cheveux et qui déjà le regrettent.
Celles qui ne savent pas encore si elles préfèrent les filles ou les garçons.
Celles à qui il manque quelques centimes pour commander un café accompagné d’un verre d’eau.
Celles qui noircissent trois pages à propos d’un livre qu’elles n’ont pas lu.
Celles qui s’inquiètent pour leurs règles qui décidément tardent à venir.
Celles qui ont une petite mèche qui leur descend sur l’œil droit.
Celles qui n’ont encore jamais vu un garçon tout nu mais cela ne saurait durer.
Celles qui tirent sur leur culotte à travers la toile de leur pantalon ou de leur jupe.
Celles qui s’embusquent derrière une plante verte pour reluquer le garçon qui les intéresse.
Celles qui portent des jeans avec des boutons de braguette apparents et qui donnent bien à penser.
Celles qui invitent le barman dragouilleur à aller se faire sucer par le mec là-bas car une bouche est toujours une bouche.
Celles qui vérifient pour la dixième fois que leur téléphone portatif est bien en ligne.
Celles qui écrivent de la main gauche la joue posée sur la surface de la table.
Celles qui n’imaginent absolument pas qu’un jour elles ressembleront aux femmes ridées et fatiguées qui leur font face.
Celles qui passent leur temps à nouer et dénouer leurs cheveux à l’aide d’élastiques, pinces, chouchous et peignes colorés.
Celles qui ignorent le sens du mot leitmotiv et qui ne songent pas à le demander à leur voisin qui meurt pourtant d’envie de le leur apprendre.
Celles qui élaborent une stratégie subtile pour passer la nuit de samedi à dimanche ailleurs que chez leurs parents sans que ces derniers le sachent.
Celles qui expliquent à leurs copines qu’un godemiché c’est comme une bite mais tout en plastique.
Celles qui disent haut et fort qu’elles n’ont pas envie de finir comme leur mère.
Et soudain la sonnerie du lycée qui toutes les appelle. Une cavalcade effrénée. Des rires endiablés. Le café déserté. Une écharpe oubliée. Bientôt nouée autour de mon cou.
Michel Perdrial
(Ce texte a paru dans la revue Diérèse n°18 en septembre 2002.)