J’étais à la fenêtre lorsqu’ils sont arrivés. Leur voiture, imposante et silencieuse, semblait se jouer des trous et des bosses du chemin. Ils ont hésité devant le calvaire, entre la maison de la voisine et la mienne. Puis, ils ont aperçu la pancarte et la flèche. Le nez de la voiture s’est tourné vers moi. J’ai lâché le rideau et me suis apprêté à descendre l’escalier. Eugène, le chien, a aboyé et deux claquements de portière lui ont répondu. Je me suis avancé vers eux. Un homme grand, musclé, sportif et élégant et une femme vraiment très belle, souple et bronzée. Ils auraient droit à la meilleure chambre, celle au grand miroir.
-C’est bien ici, les chambres d’hôtes ? s’est enquis le voyageur.
Ils m’ont suivi jusqu’à la chambre au miroir et ont posé leurs valises sur le lit moelleux. Ils ont jeté un coup d’œil aux toilettes et à la douche puis ont ouvert la fenêtre donnant sur le lac.
-C’est parfait, m’a dit la voyageuse en fixant de ses grands yeux noirs, sur le mur face au miroir, la photo d’Harriet Anderson, les yeux fermés, offrant au soleil ses épaules dénudées dans l’échancrure d’un cardigan boutonné au milieu des seins.
-Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous frapperez à la porte verte, leur ai-je dit avant de les quitter.
Ils se sont enfermés chacun à leur tour dans les toilettes, se sont passé un peu d’eau fraîche sur le visage puis ont ouvert leurs valises. Après avoir rangé leurs vêtements dans l’armoire, ils sont allés à la fenêtre contempler le lac parsemé de voiles blanches.
Puis elle s’est tournée vers le miroir, a esquissé quelques pas de danse en souriant. Son compagnon s’est allongé sur le lit. Tout en dansant, elle a commencé à ouvrir son chemisier et a dénudé ses épaules. Ses seins libres et dorés se mouvaient en cadence. Elle a fait glisser sa jupe, ôté ses escarpins, enlevé sa minuscule culotte de soie blanche.
L’homme avait ouvert son pantalon. Son sexe était dressé et il le caressait, les yeux sur sa compagne et sur l’image de celle-ci.
Elle a collé sa bouche sur le miroir, s’embrassant elle-même avec passion et avidité puis, s’asseyant sur un tabouret, a largement ouvert les cuisses et, à l’aide de ses doigts, a écarté les lèvres de son sexe.
L’homme s’est approché pour mieux voir. Il a promené sa queue sur le corps de la femme, l’insinuant entre les fesses, remontant au creux des reins, suivant le contour des omoplates, la cachant dans l’épaisse chevelure noire, la nichant dans une oreille, frôlant la bouche entrouverte, descendant entre les seins.
La jeune femme s’est levée, s’est placée de profil, a pris appui des deux mains sur le dossier d’une chaise, légèrement penchée en avant. Il l’a empoignée par les seins et l’a prise par derrière.
J’ai attrapé le téléphone et j’ai composé le numéro de la voisine. J’ai laissé sonner une fois comme convenu avant de raccrocher.
J’ai attendu, fébrile et impatient, contemplant, derrière le miroir sans tain, le sexe de l’homme allant et venant dans celui de la femme dont les yeux semblaient me regarder.
Je n’allais pas pouvoir tenir longtemps comme cela avec un tel bilboquet au bas du ventre. Que faisait donc la fille de la voisine ? N’avait-elle pas entendu la sonnerie du téléphone ?
Michel Perdrial
(Ce texte, dans une version légèrement différente, a paru au Québec dans la revue Les Saisons Littéraires n°19 à l’automne/hiver 2000/2001.)
-C’est bien ici, les chambres d’hôtes ? s’est enquis le voyageur.
Ils m’ont suivi jusqu’à la chambre au miroir et ont posé leurs valises sur le lit moelleux. Ils ont jeté un coup d’œil aux toilettes et à la douche puis ont ouvert la fenêtre donnant sur le lac.
-C’est parfait, m’a dit la voyageuse en fixant de ses grands yeux noirs, sur le mur face au miroir, la photo d’Harriet Anderson, les yeux fermés, offrant au soleil ses épaules dénudées dans l’échancrure d’un cardigan boutonné au milieu des seins.
-Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous frapperez à la porte verte, leur ai-je dit avant de les quitter.
Ils se sont enfermés chacun à leur tour dans les toilettes, se sont passé un peu d’eau fraîche sur le visage puis ont ouvert leurs valises. Après avoir rangé leurs vêtements dans l’armoire, ils sont allés à la fenêtre contempler le lac parsemé de voiles blanches.
Puis elle s’est tournée vers le miroir, a esquissé quelques pas de danse en souriant. Son compagnon s’est allongé sur le lit. Tout en dansant, elle a commencé à ouvrir son chemisier et a dénudé ses épaules. Ses seins libres et dorés se mouvaient en cadence. Elle a fait glisser sa jupe, ôté ses escarpins, enlevé sa minuscule culotte de soie blanche.
L’homme avait ouvert son pantalon. Son sexe était dressé et il le caressait, les yeux sur sa compagne et sur l’image de celle-ci.
Elle a collé sa bouche sur le miroir, s’embrassant elle-même avec passion et avidité puis, s’asseyant sur un tabouret, a largement ouvert les cuisses et, à l’aide de ses doigts, a écarté les lèvres de son sexe.
L’homme s’est approché pour mieux voir. Il a promené sa queue sur le corps de la femme, l’insinuant entre les fesses, remontant au creux des reins, suivant le contour des omoplates, la cachant dans l’épaisse chevelure noire, la nichant dans une oreille, frôlant la bouche entrouverte, descendant entre les seins.
La jeune femme s’est levée, s’est placée de profil, a pris appui des deux mains sur le dossier d’une chaise, légèrement penchée en avant. Il l’a empoignée par les seins et l’a prise par derrière.
J’ai attrapé le téléphone et j’ai composé le numéro de la voisine. J’ai laissé sonner une fois comme convenu avant de raccrocher.
J’ai attendu, fébrile et impatient, contemplant, derrière le miroir sans tain, le sexe de l’homme allant et venant dans celui de la femme dont les yeux semblaient me regarder.
Je n’allais pas pouvoir tenir longtemps comme cela avec un tel bilboquet au bas du ventre. Que faisait donc la fille de la voisine ? N’avait-elle pas entendu la sonnerie du téléphone ?
Michel Perdrial
(Ce texte, dans une version légèrement différente, a paru au Québec dans la revue Les Saisons Littéraires n°19 à l’automne/hiver 2000/2001.)