Le train de sept heures vingt-trois qui se présente en Gare de Rouen ce mercredi d’entre deux jours de pluie est à numérotation inversée, apprend-on au dernier moment. Cette innovation crée un joli désordre et quelques énervements avant que chacun trouve sa place. Je poursuis là ma lecture de Ma mère à boire de Régine Vandamme tandis que ma voisine se partage entre Marie-Claire et Pierre Lemaître ce qui a pour effet de l’endormir.
Sous un ciel bleu à nuages blancs, je rejoins, avec le bus Vingt-Neuf, le Marché d’Aligre. Les petites mains d’Émile n’ont pas encore terminé de disposer les livres sur les deux longues tables mais j’ai la bonne surprise d’y trouver dans l’édition Christian Bourgois La Victoire à l’ombre des ailes de Stanislas Rodanski dont la vie mouvementée et tragique m’a été racontée un jour par Sarane Alexandrian. Les livres sont affichés à trois euros. Sans que je le demande, Emile me le fait à deux. Chez Amin, plus d’ouvrages de psychanalyse, des romans qui ont l’air neuf ont pris le relais. Ils n’intéressent pas les présents.
Après le café au Camélia, j’explore le Book-Off de Ledru-Rollin. Il y en a tant qui prévoient de dépenser des milliers d’euros pour leur mariage (« Ce sera le plus beau jour de ma vie »), qu’à un euro ne trouve pas preneur Organiser mon mariage pour les nuls. A ce prix, j’achète Correspondance avec la Mouette d’Anton Tchekhov et Lydia Mizinova (Arléa) et Petit traité invitant à la découverte de l’art subtil du go de Pierre Lusson, Georges Perec et Jacques Roubaud (Christian Bourgois).
Direction Sainte-Opportune avec les métros Huit et Un. Je déjeune au Diable des Lombards d’un gravlax de saumon et d’un faux-filet sauce au bleu.
Quasiment personne au sous-sol du Book-Off de Saint-Martin où je trouve à un euro un autre Georges Perec inconnu de moi Vœux publié au Seuil, ainsi que Théâtre et cinéma, la correspondance de Roger Martin du Gard sur ces thèmes (Gallimard), Mes vérités, entretiens de Colette avec André Parinaud (Ecriture), Cent poèmes d’amour de la Chine ancienne traduits et présentés par André Lévy (Philippe Picquier) et des livres à offrir à l’étudiant qui révise dur pour ses partiels, quand il sera disponible pour un café en ville.
Le café du Bistrot d’Edmond est celui que j’ai le plus de mal à boire sans sucre mais je m’y astreins. La terrasse n’est toujours pas revenue mais on en a aussi une en face, me dit le serveur du comptoir en me montrant les tables installées derrière la sortie du métro Quatre Septembre devant laquelle prospère toujours le vendeur de fruits à la sauvette.
Encore une fois, le troisième Book-Off me déçoit. Je n’y dépense qu’un euro pour Contre le bourrage de crâne d’Albert Londres (Arléa) et encore c’est afin de ne pas repartir bredouille. Ne lisant pas davantage de nouvelles que de romans, ce n’est pas moi qui achèterai un euro le jour de l’annonce de sa mort le recueil de nouvelles d’Alice Munro Trop de bonheur (il y est question de mariage). La mort ne fait pas remonter la cote d’un auteur, les livres de Bernard Pivot sont toujours à un euro.
Dans le train du retour, je termine Ma mère à boire. Régine Vandamme, écrivaine belge, y trace un portrait sans complaisance de sa daronne mais je regrette des facilités d’écriture et une fin un peu trop rose. Ce texte datant de deux mille un est composé de courts chapitres, dont voici une sélection de premières phrases :
Ma mère n’a pas d’amis. Ma mère a des bagues. Ma mère est superstitieuse. Ma mère a 58 ans demain. Ma mère, je ne l’appelle plus. Ma mère, ses fourneaux, c’est son royaume. Ma mère ne travaille plus. Ma mère a les cheveux en bataille. Ma mère subit des contrôles médicaux tous les trois mois à Bruxelles. Ma mère n’a pas d’aspirateur. Ma mère n’a pas de garde-robes. Ma mère a les pieds déformés. Ma mère a la télé, mais pas le câble. Ma mère aime le soleil. Ma mère boit. Ma mère n’a pas de télé chez elle. Ma mère me donne son linge à laver. Ma mère garde mon chien. Ma mère fume. Ma mère ne fait rien de ses jours. Ma mère remplit l’air. Ma mère comble le vide de sa vie avec des flots de paroles creuses.
Sous un ciel bleu à nuages blancs, je rejoins, avec le bus Vingt-Neuf, le Marché d’Aligre. Les petites mains d’Émile n’ont pas encore terminé de disposer les livres sur les deux longues tables mais j’ai la bonne surprise d’y trouver dans l’édition Christian Bourgois La Victoire à l’ombre des ailes de Stanislas Rodanski dont la vie mouvementée et tragique m’a été racontée un jour par Sarane Alexandrian. Les livres sont affichés à trois euros. Sans que je le demande, Emile me le fait à deux. Chez Amin, plus d’ouvrages de psychanalyse, des romans qui ont l’air neuf ont pris le relais. Ils n’intéressent pas les présents.
Après le café au Camélia, j’explore le Book-Off de Ledru-Rollin. Il y en a tant qui prévoient de dépenser des milliers d’euros pour leur mariage (« Ce sera le plus beau jour de ma vie »), qu’à un euro ne trouve pas preneur Organiser mon mariage pour les nuls. A ce prix, j’achète Correspondance avec la Mouette d’Anton Tchekhov et Lydia Mizinova (Arléa) et Petit traité invitant à la découverte de l’art subtil du go de Pierre Lusson, Georges Perec et Jacques Roubaud (Christian Bourgois).
Direction Sainte-Opportune avec les métros Huit et Un. Je déjeune au Diable des Lombards d’un gravlax de saumon et d’un faux-filet sauce au bleu.
Quasiment personne au sous-sol du Book-Off de Saint-Martin où je trouve à un euro un autre Georges Perec inconnu de moi Vœux publié au Seuil, ainsi que Théâtre et cinéma, la correspondance de Roger Martin du Gard sur ces thèmes (Gallimard), Mes vérités, entretiens de Colette avec André Parinaud (Ecriture), Cent poèmes d’amour de la Chine ancienne traduits et présentés par André Lévy (Philippe Picquier) et des livres à offrir à l’étudiant qui révise dur pour ses partiels, quand il sera disponible pour un café en ville.
Le café du Bistrot d’Edmond est celui que j’ai le plus de mal à boire sans sucre mais je m’y astreins. La terrasse n’est toujours pas revenue mais on en a aussi une en face, me dit le serveur du comptoir en me montrant les tables installées derrière la sortie du métro Quatre Septembre devant laquelle prospère toujours le vendeur de fruits à la sauvette.
Encore une fois, le troisième Book-Off me déçoit. Je n’y dépense qu’un euro pour Contre le bourrage de crâne d’Albert Londres (Arléa) et encore c’est afin de ne pas repartir bredouille. Ne lisant pas davantage de nouvelles que de romans, ce n’est pas moi qui achèterai un euro le jour de l’annonce de sa mort le recueil de nouvelles d’Alice Munro Trop de bonheur (il y est question de mariage). La mort ne fait pas remonter la cote d’un auteur, les livres de Bernard Pivot sont toujours à un euro.
Dans le train du retour, je termine Ma mère à boire. Régine Vandamme, écrivaine belge, y trace un portrait sans complaisance de sa daronne mais je regrette des facilités d’écriture et une fin un peu trop rose. Ce texte datant de deux mille un est composé de courts chapitres, dont voici une sélection de premières phrases :
Ma mère n’a pas d’amis. Ma mère a des bagues. Ma mère est superstitieuse. Ma mère a 58 ans demain. Ma mère, je ne l’appelle plus. Ma mère, ses fourneaux, c’est son royaume. Ma mère ne travaille plus. Ma mère a les cheveux en bataille. Ma mère subit des contrôles médicaux tous les trois mois à Bruxelles. Ma mère n’a pas d’aspirateur. Ma mère n’a pas de garde-robes. Ma mère a les pieds déformés. Ma mère a la télé, mais pas le câble. Ma mère aime le soleil. Ma mère boit. Ma mère n’a pas de télé chez elle. Ma mère me donne son linge à laver. Ma mère garde mon chien. Ma mère fume. Ma mère ne fait rien de ses jours. Ma mère remplit l’air. Ma mère comble le vide de sa vie avec des flots de paroles creuses.