réflexion
J’ai remarqué ça régulièrement en lisant Monocle: quand ils font un papier sur un bâtiment, une institution, une usine, etc , il y a bien sûr des photos d’architecture, et des portraits des gens qui travaillent.
Portrait de la grosse légume (proprio / directeur / responsable) qui est interviewée, mais également portraits des petites mains dans leur élément, que ce soit derrière une machine à coudre, un comptoir, ou au milieu d’une salle de restaurant. Jusqu’ici rien que de très ordinaire me diras-tu, on voit ça tous les jours dans les magazines. Mais là où il y a une différence, c’est d’abord dans le traitement de l’image de ces gens. Là où un media ordinaire capturera ces femmes et hommes en plein labeur, vaguement flous voire de trois-quart dos, ici le portrait posé frontal est la règle, exactement le même procédé que pour la vedette de l’article. Mais bon, ça se voit parfois également, pas tous les jours, mais ça se voit quand même me diras-tu. C’est vrai tu as raison. Non, la véritable différence je la gardais pour la fin, et elle n’est pas dans l’image, elle est dans le texte, puisque ces personnages sont nommés dans la légende de la photographie, comme dans le Monocle numéro 26, page 28: Paul List, waiter at the rooftop bar Club International dans un article sur le ministère de affaires étrangères allemand. C’est autre chose qu’un anonyme ouvrière d’une usine de Noidans comme légende, non? Avoir sa photo dans la presse c’est cool, mais avoir son nom dans la presse, c’est autrement plus valorisant. Et imagine même la différence de traitement sur le moment: dans l’un des cas on te demande/prend ton image et c’est marre, dans l’autre on va te demander qui tu es, prendre le temps de noter ton nom, c’est autrement plus humain. Ce qui m’amène à penser une fois de plus que cette soi-disant civilisation de l’image dans laquelle on baignerait, c’est un beau mirage quand on voit la force dont est capable l’écriture, même la plus anecdotique soit-elle. PLUS LOIN Monocle.com
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2007-2020, Loïc Boyer.
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