Dimanche 28 Novembre 2010

Livres

Nadia Sendin

Le Sel de Jean-Baptiste Del Amo (éditions Gallimard)


Compte-rendu Club de lectures :
L'histoire se déroule à Sète, lors d'un dîner de famille, organisé par la mère Louise, veuve après le décès de son époux Armand, auquel sont conviés ses enfants et ses petits-enfants. A l'occasion de ce dîner qui aura lieu le soir, l'auteur donne la parole à chaque individu.
Le personnage au centre du roman est Armand, le père décédé, qui était marin à Sète. Chaque enfant évoque ce père violent, puissant, cruel, envers sa femme et envers ses enfants et qui semblait penser que tous le décevaient. Ils s'interrogent sur cette figure de père qui a façonné leur enfance, en même temps qu'ils s'interrogent sur leur propre identité.

Dans ce roman choral, divisé en trois parties nommées Nona, Decima, et Morta, l'auteur fait alterner les voix de chaque personnage. Nous pénétrons à l'intérieur des consciences, nous suivons le flux des pensées des individus qui se souviennent de leur enfance et lisent leur existence actuelle à l'aune du passé. Il y a un aller-retour, des résonances entre le présent et le passé et chacun comprend sa vie présente à l'aune de ce qu'il a vécu. Ainsi ils disent les blessures de l'enfance, mais aussi leurs échecs, les manques, leurs incapacités, leurs regrets de n'avoir pas pu rattraper le temps.
Plus nous avançons dans le roman et plus les voix s'entremêlent, se rejoignent, mettant en valeur les mêmes thèmes : ceux de la maladie, de la mort, de l'identité, de la sexualité liée à la souillure et à la trahison. Dans cet entrelacement des voix résonne un chœur tragique où les êtres dont le destin est déterminé par la figure du père, font le constat de leur existence dont il ne reste que regrets et douleurs.

Le sel de Jean Baptiste Del Amo

Dommage, l’idée était belle de ce repas de famille improbable. Le personnage de Fanny est souvent intéressant. Mais celui de Jonas, qui devient à la place du père, le nombril du livre, ne nous apprend rien de bien intéressant, au risque de desservir l’homosexualité. Les quelques relations hétérosexuelles des uns des autres n’ont pas non plus beaucoup d’intérêts dans le déroulement des affects des uns des autres pour les membres de la famille. Sauf à avoir envie de lire quelques passages érotiques.

On souhaiterait presque mieux connaître la ville de Sète à la fin de cette lecture et le pourquoi de ce titre. L’écriture est quelque fois difficile, au point de devoir revenir en arrière pour se souvenir de qui on parle. Parfois aussi un peu pédante, inutilement.