Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
6 octobre 2024
En fin d’après-midi, ma logeuse arrive avec son ami plombier. Le robinet d’eau chaude est effectivement naze. L’homme de l’art coupe l’eau, le démonte, va en acheter un semblable chez Bricorama, l’installe et ce samedi matin une bonne douche chaude. Pour la télé, le fils de cette dame s’en occupera dimanche matin. Elle est efficace et gentille. A mon arrivée m’attendaient une documentation touristique (à jour, ce qui est rare) et un petit paquet de la spécialité locale, les zézettes de Sète.
Le soleil est là quand je sors ce samedi vers huit heures, mais encore trop bas pour éclairer la terrasse du Classic. Je profite donc de l’ambiance intérieure de cet agréable café pendant mon petit-déjeuner dont le pain au chocolat (très bon) provient d’à côté, Boulangerie Laurent Soro (un euro, qui dit mieux ?).
Sète a son Vieux Port. Elle a aussi sa Corniche. C’est là où pédestrement je choisis d’aller. Après ce Vieux Port apparaît l’ébouriffant Théâtre de la Mer, le blockhaus de la Culture. Là commence la Promenade Maréchal Leclerc dite de la Corniche (deux kilomètres).
Je marche le long des falaises et des criques sur une piste goudronnée dotée de nombreux bancs en béton. De petits balcons sur la mer permettent de voir jusqu’au Cap d’Agde surplombé par l’ancien volcan du Mont Saint-Loup. A un moment, après un passage par sentier pierreux pour être au plus près du bord, je dois prendre la rue de Savoie par la faute de propriétés privées puis un escalier me ramène à une petite plage et sur le sentier. J’arrive alors à un quartier résidentiel à l’architecture caractéristique des lieux où l’on crée le plus possible d’appartements de vacances avec vue sur mer. Je décide d’arrêter là.
Au retour, le soleil dans les yeux gène un peu. Arrivé à la Criée, je passe par les stands des Bretons de Saint-Brieuc qui sont invités pendant deux jours à vendre leurs premières coquilles Saint-Jacques, dégustation possible à de grandes tables pour qui aime la convivialité. Ce n’est pas pour moi et de plus c’est trop tôt
J’ai les pieds cuits quand j’arrive au Classic. Impossible d’avoir une place en terrasse. Il y a un monde fou sur le bord du canal. Je lis Lagarce à l’intérieur au milieu des autochtones. Il est à Amsterdam, passe beaucoup de temps au De Jaren et découvre le menu indonésien aux quatorze plats. Mon café préféré là-bas et ce somptueux repas quand j’étais bien accompagné, cela ravive dans ma mémoire des souvenirs empreints de mélancolie.
Pour déjeuner, je fuis le monde et entre au Oscar Café sur le quai du canal dont le patron propose un couscous à onze euros quatre-vingt-dix. Comme sa femme en cuisine ne l’a pas encore tout à fait terminé, je commande un kir qu’il me sert accompagné de petites choses chaudes. « Je ne vous conseille pas de prendre une entrée, me dit-il ainsi qu’au couple étant arrivé après moi, parce que c’est copieux. » Plus qu’à l’attendre en écoutant Elli, Lio et Mylène que diffuse une radio des années quatre-vingt. La cloche tinte en cuisine, c’est bon signe. Ce couscous n’est pas seulement copieux, il est excellent. « On n’est pas cher parce qu’on fait venir directement la marchandise de là-bas par bateau, m’explique le patron quand je paie en lui disant de remercier la cuisinière. On pourrait faire payer plus mais on ne veut pas. » Durant ce repas, leur jolie fillette dans les dix ans est allée s’acheter un burgueur, l’a mangé à une table en jetant un vague coup d’œil à son smartphone puis a disparu sans jamais dire un mot à ses parents, vivant sa vie en toute indépendance.
Sorti de là, je rejoins le Classic. Une table étant libre en terrasse, je la fais mienne pour le café et la lecture. A Granville, je mettais les longs moments passés à lire sur le compte du mauvais temps. Ici il fait beau et c’est exactement pareil. Au moins cette fois ai-je emporté un deuxième livre, déjà lu il y a longtemps, et qu’il conviendrait de relire précisément en ce lieu : Le Regard de la mémoire de Jean Hugo, un épais livre de poche de chez Babel.
Pour rentrer je fais un détour par le quai d’en face qui a l’avantage d’être débarrassé de la circulation des véhicules à moteur. On y trouve une suite de cafés restaurants qui sont au soleil l’après-midi. Ce dont il faudra que je profite. Sète est pleine de ressources dans ce domaine.
*
Un homme d’ici au téléphone : « Je regarde dans le journal, à partir de demain c’est gris et après il pleut, c’est dingue non ? » (le journal : Le Midi Libre)
*
Mes yeux ou plutôt mes paupières vont mieux, plus aucune démangeaison. Mon médecin m’a dit que si ça allait bien, inutile de prendre les antibiotiques, mais j’ai un doute sur la guérison. Les symptômes ont disparu mais le mal est peut-être encore là. Je vais donc manger les antibiotiques pendant une semaine. C’est l’option ceinture et bretelles.
Le soleil est là quand je sors ce samedi vers huit heures, mais encore trop bas pour éclairer la terrasse du Classic. Je profite donc de l’ambiance intérieure de cet agréable café pendant mon petit-déjeuner dont le pain au chocolat (très bon) provient d’à côté, Boulangerie Laurent Soro (un euro, qui dit mieux ?).
Sète a son Vieux Port. Elle a aussi sa Corniche. C’est là où pédestrement je choisis d’aller. Après ce Vieux Port apparaît l’ébouriffant Théâtre de la Mer, le blockhaus de la Culture. Là commence la Promenade Maréchal Leclerc dite de la Corniche (deux kilomètres).
Je marche le long des falaises et des criques sur une piste goudronnée dotée de nombreux bancs en béton. De petits balcons sur la mer permettent de voir jusqu’au Cap d’Agde surplombé par l’ancien volcan du Mont Saint-Loup. A un moment, après un passage par sentier pierreux pour être au plus près du bord, je dois prendre la rue de Savoie par la faute de propriétés privées puis un escalier me ramène à une petite plage et sur le sentier. J’arrive alors à un quartier résidentiel à l’architecture caractéristique des lieux où l’on crée le plus possible d’appartements de vacances avec vue sur mer. Je décide d’arrêter là.
Au retour, le soleil dans les yeux gène un peu. Arrivé à la Criée, je passe par les stands des Bretons de Saint-Brieuc qui sont invités pendant deux jours à vendre leurs premières coquilles Saint-Jacques, dégustation possible à de grandes tables pour qui aime la convivialité. Ce n’est pas pour moi et de plus c’est trop tôt
J’ai les pieds cuits quand j’arrive au Classic. Impossible d’avoir une place en terrasse. Il y a un monde fou sur le bord du canal. Je lis Lagarce à l’intérieur au milieu des autochtones. Il est à Amsterdam, passe beaucoup de temps au De Jaren et découvre le menu indonésien aux quatorze plats. Mon café préféré là-bas et ce somptueux repas quand j’étais bien accompagné, cela ravive dans ma mémoire des souvenirs empreints de mélancolie.
Pour déjeuner, je fuis le monde et entre au Oscar Café sur le quai du canal dont le patron propose un couscous à onze euros quatre-vingt-dix. Comme sa femme en cuisine ne l’a pas encore tout à fait terminé, je commande un kir qu’il me sert accompagné de petites choses chaudes. « Je ne vous conseille pas de prendre une entrée, me dit-il ainsi qu’au couple étant arrivé après moi, parce que c’est copieux. » Plus qu’à l’attendre en écoutant Elli, Lio et Mylène que diffuse une radio des années quatre-vingt. La cloche tinte en cuisine, c’est bon signe. Ce couscous n’est pas seulement copieux, il est excellent. « On n’est pas cher parce qu’on fait venir directement la marchandise de là-bas par bateau, m’explique le patron quand je paie en lui disant de remercier la cuisinière. On pourrait faire payer plus mais on ne veut pas. » Durant ce repas, leur jolie fillette dans les dix ans est allée s’acheter un burgueur, l’a mangé à une table en jetant un vague coup d’œil à son smartphone puis a disparu sans jamais dire un mot à ses parents, vivant sa vie en toute indépendance.
Sorti de là, je rejoins le Classic. Une table étant libre en terrasse, je la fais mienne pour le café et la lecture. A Granville, je mettais les longs moments passés à lire sur le compte du mauvais temps. Ici il fait beau et c’est exactement pareil. Au moins cette fois ai-je emporté un deuxième livre, déjà lu il y a longtemps, et qu’il conviendrait de relire précisément en ce lieu : Le Regard de la mémoire de Jean Hugo, un épais livre de poche de chez Babel.
Pour rentrer je fais un détour par le quai d’en face qui a l’avantage d’être débarrassé de la circulation des véhicules à moteur. On y trouve une suite de cafés restaurants qui sont au soleil l’après-midi. Ce dont il faudra que je profite. Sète est pleine de ressources dans ce domaine.
*
Un homme d’ici au téléphone : « Je regarde dans le journal, à partir de demain c’est gris et après il pleut, c’est dingue non ? » (le journal : Le Midi Libre)
*
Mes yeux ou plutôt mes paupières vont mieux, plus aucune démangeaison. Mon médecin m’a dit que si ça allait bien, inutile de prendre les antibiotiques, mais j’ai un doute sur la guérison. Les symptômes ont disparu mais le mal est peut-être encore là. Je vais donc manger les antibiotiques pendant une semaine. C’est l’option ceinture et bretelles.
5 octobre 2024
Une nuit totalement silencieuse, aucun bruit de la ville ne me parvient et aucun bruit dans l’immeuble pourtant habité. Une nuit totalement noire sans la moindre lumière artificielle, ce qui est propice aux idées moroses dans les moments où je ne dors pas. Une mauvaise surprise au réveil, impossible d’avoir de l’eau chaude dans la douche, le robinet rouge est naze. Ma logeuse qui doit passer avec son fils ce vendredi matin pour s’occuper de la télé qui ne fonctionne pas a un deuxième problème à régler.
Je marche jusqu’à la boulangerie Hector et Simone où, surprise, le pain au chocolat n’est qu’à un euro et cinq centimes puis je longe le canal jusqu’au Classic pour un allongé en terrasse au bord de l’eau et au soleil avec vue sur la tour du Palais Consulaire et sur les bateaux.
Ce premier petit-déjeuner sétois pris, sous un ciel uniformément bleu, je continue le long du canal puis à l’intérieur de la ville, objectif l’Office du Tourisme. Sa responsable est interloquée quand je refuse de payer pour le plan détaillé de la ville. « Dans ce cas, vous vous servirez de votre portable. » « Je n’en ai pas. » Je reviens ensuite sur mes pas pour trouver la Boutique Mobilité qui se cache dans un sombre passage près du Monoprix. J’y achète une carte de bus Thermalis (vingt et un jours à volonté pour vingt-trois euros).
Je retrouve le canal et arrive au Vieux Port qui abrite d’énormes chalutiers. Je m’en souvenais par mon seul passage ici, quand je résidais à Montpellier, une journée pour voir les canaux et visiter le Miam.
Je reviens encore une fois sur mes pas et m’arrête au Marina qui a une terrasse les pieds dans l’eau ou presque. Un café, un verre d’eau et je commence la lecture du second volume du Journal de Jean-Luc Lagarce.
A midi, je déjeune au Grand Bleu du Menu d’Escale à vingt euros quatre-vingt-dix : six huîtres de l’étang de Thau (pas trop petites), une bourride de lotte (très bonne) et une panna cotta. C’est au bord du canal, avec passage de voitures hélas, un endroit certes conçu pour les touristes, mais honnête et décontracté. Un apéritif est offert aux premiers clients. Le même que celui des restaurants grecs du Quartier Latin. Pour le café lecture, retour au Classic. « Allez ! », dit la serveuse à la commande et j’aime ça.
*
Sur les bus jaunes de l’Agglopôle : « Ici je monte et je valide avec ma carte bancaire. » On est moderne et le voyage à l’unité n’est qu’à un euro trente.
*
A Sète, on fait ramer les touristes dans des barques nommées Margot, Jeanne et Marinette. Tu saisis l’allusion ?
*
J’aime entendre les discussions des femmes méridionales, elles ne disent rien de plus que les septentrionales mais l’accent les rend plus intéressantes.
*
Parmi les lectures de Lagarce : le Journal de Matthieu Galet, le Journal de Renaud Camus, (celui des années quatre-vingt), le Journal d’Henri-Pierre Roché, le Journal d’Andy Warhol. Trois que j’ai beaucoup aimés. L’autre pas lu.
*
Un récent mais déjà fidèle lecteur m’envoie un mail pour me signaler que j’ai daté mon texte d’hier du quatre septembre. Je m’en étais rendu compte moi-même en cours de journée. Cela pourrait s’expliquer par le fait que j’ai cru vivre en octobre à Granville et que le ciel bleu de Sète me donne à penser que septembre commence. D’autres explications sont possibles, parmi lesquelles la distraction ou pire.
Je marche jusqu’à la boulangerie Hector et Simone où, surprise, le pain au chocolat n’est qu’à un euro et cinq centimes puis je longe le canal jusqu’au Classic pour un allongé en terrasse au bord de l’eau et au soleil avec vue sur la tour du Palais Consulaire et sur les bateaux.
Ce premier petit-déjeuner sétois pris, sous un ciel uniformément bleu, je continue le long du canal puis à l’intérieur de la ville, objectif l’Office du Tourisme. Sa responsable est interloquée quand je refuse de payer pour le plan détaillé de la ville. « Dans ce cas, vous vous servirez de votre portable. » « Je n’en ai pas. » Je reviens ensuite sur mes pas pour trouver la Boutique Mobilité qui se cache dans un sombre passage près du Monoprix. J’y achète une carte de bus Thermalis (vingt et un jours à volonté pour vingt-trois euros).
Je retrouve le canal et arrive au Vieux Port qui abrite d’énormes chalutiers. Je m’en souvenais par mon seul passage ici, quand je résidais à Montpellier, une journée pour voir les canaux et visiter le Miam.
Je reviens encore une fois sur mes pas et m’arrête au Marina qui a une terrasse les pieds dans l’eau ou presque. Un café, un verre d’eau et je commence la lecture du second volume du Journal de Jean-Luc Lagarce.
A midi, je déjeune au Grand Bleu du Menu d’Escale à vingt euros quatre-vingt-dix : six huîtres de l’étang de Thau (pas trop petites), une bourride de lotte (très bonne) et une panna cotta. C’est au bord du canal, avec passage de voitures hélas, un endroit certes conçu pour les touristes, mais honnête et décontracté. Un apéritif est offert aux premiers clients. Le même que celui des restaurants grecs du Quartier Latin. Pour le café lecture, retour au Classic. « Allez ! », dit la serveuse à la commande et j’aime ça.
*
Sur les bus jaunes de l’Agglopôle : « Ici je monte et je valide avec ma carte bancaire. » On est moderne et le voyage à l’unité n’est qu’à un euro trente.
*
A Sète, on fait ramer les touristes dans des barques nommées Margot, Jeanne et Marinette. Tu saisis l’allusion ?
*
J’aime entendre les discussions des femmes méridionales, elles ne disent rien de plus que les septentrionales mais l’accent les rend plus intéressantes.
*
Parmi les lectures de Lagarce : le Journal de Matthieu Galet, le Journal de Renaud Camus, (celui des années quatre-vingt), le Journal d’Henri-Pierre Roché, le Journal d’Andy Warhol. Trois que j’ai beaucoup aimés. L’autre pas lu.
*
Un récent mais déjà fidèle lecteur m’envoie un mail pour me signaler que j’ai daté mon texte d’hier du quatre septembre. Je m’en étais rendu compte moi-même en cours de journée. Cela pourrait s’expliquer par le fait que j’ai cru vivre en octobre à Granville et que le ciel bleu de Sète me donne à penser que septembre commence. D’autres explications sont possibles, parmi lesquelles la distraction ou pire.
4 octobre 2024
Jeudi, c’est reparti. Traversée nocturne d’une ville de Rouen déserte afin de prendre le train Nomad de six heures douze pour Paris, un train court dans lequel je n’ai pas de voisin. Ça permet de garder sa valise près de soi et éviter le risque de vol.
Il arrive pile à l’heure dans la capitale. J’ai deux heures pour rejoindre la Gare de Lyon et donc largement le temps de prendre un café à deux euros quatre-vingts à Terrasse de Lyon.
Mon Tégévé est celui de neuf heures quarante-deux, terminus Perpignan. Il est accroché au train de Barcelone et file sous un ciel gris. Ma voisine a mon âge, un masque et un Carnet de Notes (c’est écrit dessus), plus grand que le mien, où elle écrit davantage que moi, cherchant parfois l’inspiration dans le paysage qui défile. Peut-être parle-t-elle de moi : « Mon voisin n’est guère reluisant. Il est habillé comme un clochard et maintenant il mange des sandwiches triangle. » Après Valence, le ciel devient bleu avec des petits nuages blancs.
Me voici à Sète, anciennement Cette. Sorti de la Gare, je traverse le Bassin du Midi, vais à droite le long du Canal Royal qui tourne à angle droit sur la gauche, prends le premier pont et arrive dans le quartier de la Médiathèque où je vais résider provisoirement.
En attendant quatorze heures trente, le rendez-vous avec ma nouvelle logeuse, j’entre dans le troquet le plus proche de ce nouvel Air Bibi. Il est rempli de turfistes « arabes ». C’est là que je prends mon premier café sétois (un euro quatre-vingts). J’aurais pu le prendre chez un barbier de même origine à qui je demandais où en boire un. « Tu veux un café ? Entre. »
Elle est là à l’heure dite. Encore un escalier particulier pour monter au deuxième étage, moins dangereux cependant que celui de Granville. « C’est une maison italienne », me dit-elle. J’ai un Té Deux pas loin du Miam, avec vue sur cour et sur son appartement à elle.
Mon bagage déposé, je vais marcher le long du Canal Royal. Avec prudence, la place laissée au piéton est proche du bord et le mistral souffle (à moins que ce soit la tramontane). Quand il est temps de prendre un café verre d’eau, je choisis Le Classic où il est aussi à un euro quatre-vingts avec une clientèle féminine un peu cagole et en bonus un pigeon qui se balade entre les tables. La serveuse à sa collègue : « Jette-lui une pierre ! ». Une cliente : « Oh peuchère ! »
*
« C’est toujours les dames », remarque d’expérience le chef de bord du Tégévé quand il « vérifie les titres de transport ». Dans un couple qui voyage, c’est la femme qui a les billets sur son smartphone. Doit-on s’en étonner ?
*
Au Classic, deux amies parlant d’une vague connaissance :
-Qu’est-ce qu’elle fait comme travail ?
-Elle télétravaille.
*
Sète est une ville plus grande que sur le plan.
Il arrive pile à l’heure dans la capitale. J’ai deux heures pour rejoindre la Gare de Lyon et donc largement le temps de prendre un café à deux euros quatre-vingts à Terrasse de Lyon.
Mon Tégévé est celui de neuf heures quarante-deux, terminus Perpignan. Il est accroché au train de Barcelone et file sous un ciel gris. Ma voisine a mon âge, un masque et un Carnet de Notes (c’est écrit dessus), plus grand que le mien, où elle écrit davantage que moi, cherchant parfois l’inspiration dans le paysage qui défile. Peut-être parle-t-elle de moi : « Mon voisin n’est guère reluisant. Il est habillé comme un clochard et maintenant il mange des sandwiches triangle. » Après Valence, le ciel devient bleu avec des petits nuages blancs.
Me voici à Sète, anciennement Cette. Sorti de la Gare, je traverse le Bassin du Midi, vais à droite le long du Canal Royal qui tourne à angle droit sur la gauche, prends le premier pont et arrive dans le quartier de la Médiathèque où je vais résider provisoirement.
En attendant quatorze heures trente, le rendez-vous avec ma nouvelle logeuse, j’entre dans le troquet le plus proche de ce nouvel Air Bibi. Il est rempli de turfistes « arabes ». C’est là que je prends mon premier café sétois (un euro quatre-vingts). J’aurais pu le prendre chez un barbier de même origine à qui je demandais où en boire un. « Tu veux un café ? Entre. »
Elle est là à l’heure dite. Encore un escalier particulier pour monter au deuxième étage, moins dangereux cependant que celui de Granville. « C’est une maison italienne », me dit-elle. J’ai un Té Deux pas loin du Miam, avec vue sur cour et sur son appartement à elle.
Mon bagage déposé, je vais marcher le long du Canal Royal. Avec prudence, la place laissée au piéton est proche du bord et le mistral souffle (à moins que ce soit la tramontane). Quand il est temps de prendre un café verre d’eau, je choisis Le Classic où il est aussi à un euro quatre-vingts avec une clientèle féminine un peu cagole et en bonus un pigeon qui se balade entre les tables. La serveuse à sa collègue : « Jette-lui une pierre ! ». Une cliente : « Oh peuchère ! »
*
« C’est toujours les dames », remarque d’expérience le chef de bord du Tégévé quand il « vérifie les titres de transport ». Dans un couple qui voyage, c’est la femme qui a les billets sur son smartphone. Doit-on s’en étonner ?
*
Au Classic, deux amies parlant d’une vague connaissance :
-Qu’est-ce qu’elle fait comme travail ?
-Elle télétravaille.
*
Sète est une ville plus grande que sur le plan.
2 octobre 2024
Ce mardi matin, lorsque j’appelle la secrétaire de mon médecin traitant, je n’ai quasiment aucun espoir d’obtenir un rendez-vous pour le jour même, le seul possible pour moi car le mercredi il ne consulte pas, et ensuite…
Et pourtant : « Dix heures » me dit-elle.
Je montre une nouvelle fois mes yeux et surtout mes paupières à mon généraliste en lui disant que le traitement de la fois précédente n’a rien fait.
Cette fois, il parle d’eczéma et comme moi soupçonne le matériel non désinfecté de l’usine ophtalmologique. Il me donne un traitement de cheval, pommade, cortisone et antibiotiques, dans lequel il a, me dit-il, bon espoir. Le risque évidemment, c’est que l’opération de la cataracte doive être reportée.
On verra, comme disent ceux qui y voient plus ou moins bien.
Et pourtant : « Dix heures » me dit-elle.
Je montre une nouvelle fois mes yeux et surtout mes paupières à mon généraliste en lui disant que le traitement de la fois précédente n’a rien fait.
Cette fois, il parle d’eczéma et comme moi soupçonne le matériel non désinfecté de l’usine ophtalmologique. Il me donne un traitement de cheval, pommade, cortisone et antibiotiques, dans lequel il a, me dit-il, bon espoir. Le risque évidemment, c’est que l’opération de la cataracte doive être reportée.
On verra, comme disent ceux qui y voient plus ou moins bien.
1er octobre 2024
« Y a un bon coup de vent qu’arrive, cent kilomètres heure. Les pêcheurs, y sortent pas aujourd’hui. La coquille, c’est demain. », annonce le serveur de la Civette où je bois l’allongé ce lundi matin. Pourvu que cela n’ait pas d’incidence sur mon train de retour, me dis-je.
Il est huit heures trente. Je me heurte à une porte fermée chez Utile où je dois faire quelques courses. Neuf heures le lundi. C’est l’occasion de reprendre un café, à côté, au Parisien, petit et sympathique bar, non encore essayé.
Mon dernier déjeuner à Granville se déroule comme le premier au Pirate : un fade filet de tacaud et une banale crème brûlée.
Après avoir laissé la clé de mon studio Air Bibi dans un boîtier en bois, chargé de ma valise et de mon sac à dos, je descends prudemment l’escalier typique des maisons granvillaises dont la dernière partie est la plus risquée (il faut se tenir à la corde) et débouche dans la rue entre les deux parties de la boutique de lingerie Des Habits et Moi (ah ah ah). Je rejoins l’arrêt du bus Néva qui va vers Saint-Pair et en descends à l’arrêt Gare.
J’attends mon train au Café de la Gare où c’est encore une fois l’histoire de l’ami qui ne joue jamais, qui un jour essaie et gagne le pactole (racontée par un qui joue tous les jours et ne gagne jamais). Ce café aurait toutes ses chances au concours du bistrot le plus déprimant de Granville.
Je dois prendre le train Nomad qui part à quinze heures six et arrive à seize heures quarante-sept à Caen où j’ai correspondance avec celui qui part de Caen à dix-sept heures deux pour arriver à Rouen à dix-huit heures quarante trois.
Le premier quitte Granville avec sept minutes de retard et très peu de voyageurs. Le chef de bord m’indique que c’est le même train qui ira à Rouen. Je n’aurai pas à descendre ce qui est bien pratique. C’est fou le nombre de personnes qui montent à Caen, parmi lesquels une famille de Sud-Américains et cinq bicyclistes. Leurs engins occupent des places où pourraient s’asseoir celles et ceux qui voyagent debout. Les Sud-Américains descendent à Lisieux. Plus guère de monde dans le train après Bernay. J’arrive à Rouen à l’heure, juste après une drache. La Cathédrale carillonne dix-neuf heures quand j’entre chez moi.
*
Il y a cette blague juive de l’un à qui on demande « Comment vas-tu ? » et qui répond « En un mot ou en deux mots ? » Ça correspond à mon état physique et psychologique depuis un moment et ce séjour à Granville n’y aura rien changé.
*
En un mot : « Bien »
En deux mots : « Pas bien »
Il est huit heures trente. Je me heurte à une porte fermée chez Utile où je dois faire quelques courses. Neuf heures le lundi. C’est l’occasion de reprendre un café, à côté, au Parisien, petit et sympathique bar, non encore essayé.
Mon dernier déjeuner à Granville se déroule comme le premier au Pirate : un fade filet de tacaud et une banale crème brûlée.
Après avoir laissé la clé de mon studio Air Bibi dans un boîtier en bois, chargé de ma valise et de mon sac à dos, je descends prudemment l’escalier typique des maisons granvillaises dont la dernière partie est la plus risquée (il faut se tenir à la corde) et débouche dans la rue entre les deux parties de la boutique de lingerie Des Habits et Moi (ah ah ah). Je rejoins l’arrêt du bus Néva qui va vers Saint-Pair et en descends à l’arrêt Gare.
J’attends mon train au Café de la Gare où c’est encore une fois l’histoire de l’ami qui ne joue jamais, qui un jour essaie et gagne le pactole (racontée par un qui joue tous les jours et ne gagne jamais). Ce café aurait toutes ses chances au concours du bistrot le plus déprimant de Granville.
Je dois prendre le train Nomad qui part à quinze heures six et arrive à seize heures quarante-sept à Caen où j’ai correspondance avec celui qui part de Caen à dix-sept heures deux pour arriver à Rouen à dix-huit heures quarante trois.
Le premier quitte Granville avec sept minutes de retard et très peu de voyageurs. Le chef de bord m’indique que c’est le même train qui ira à Rouen. Je n’aurai pas à descendre ce qui est bien pratique. C’est fou le nombre de personnes qui montent à Caen, parmi lesquels une famille de Sud-Américains et cinq bicyclistes. Leurs engins occupent des places où pourraient s’asseoir celles et ceux qui voyagent debout. Les Sud-Américains descendent à Lisieux. Plus guère de monde dans le train après Bernay. J’arrive à Rouen à l’heure, juste après une drache. La Cathédrale carillonne dix-neuf heures quand j’entre chez moi.
*
Il y a cette blague juive de l’un à qui on demande « Comment vas-tu ? » et qui répond « En un mot ou en deux mots ? » Ça correspond à mon état physique et psychologique depuis un moment et ce séjour à Granville n’y aura rien changé.
*
En un mot : « Bien »
En deux mots : « Pas bien »
© 2014 Michel Perdrial - Design: Bureau l’Imprimante