Words words words

4 août 2023


Ce jeudi à quatorze heures trente frappe à ma porte le serviable étudiant qui était venu à mon secours pour m’expliquer certains usages de mon téléphone portatif.
Il y a deux semaines, oubliant que la batterie de mon ordinateur portatif est cuite, je le mets en route sans le brancher. Résultat : au bout de quelques minutes, arrêt brutal. Quand je le redémarre, il ne se remet pas totalement de cette secousse. Word en a pris un coup. Impossible d’ouvrir le fichier sur lequel j’écris les notes de ce Journal. Pour contrer ce coup du sort, je télécharge OpenOffice. Il me permet d’écrire mais j’ai des difficultés avec la mise en page. D’où un nouvel appel à celui qui m’a aidé une première fois.
Quand il s’installe à mon bureau, il m’explique que le mieux est de désinstaller Microsoft Office et d’en installer une autre version. Comme j’ai celle de deux mille deux sur un disque, il l’utilise. Ça ne marche pas. Il se tourne alors vers une version disponible via Internet. Cela ne va pas sans anicroche. Il a l’idée de télécharger cette version sur son téléphone puis de la transférer sur mon ordinateur (si ça ne veut pas passer par la porte, essayons la fenêtre). Et là heureusement, ça marche.
Ce jeune homme a mis prés de deux heures à résoudre mon problème. J’en suis un peu confus. Encore plus quand je comprends que s’il m’est venu en aide la première fois, ce n’est pas, comme je le croyais, parce qu’il avait découvert mon problème en lisant mon Journal mais en réponse tardive à une annonce que j’avais publiée sur la page Etudiants de Rouen du réseau social Effe Bé et pour laquelle je n’avais eu aucune réponse. Il l’avait lue bien après sa parution.
Moi qui pensais qu’il avait agi par sympathie pour mes écritures, il n’en est rien. En conséquence, je lui propose de le dédommager d’un billet, mais il refuse.
Nous prenons un café en discutant un peu de ses études puis je le remercie fort quand il part.
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« What do you read, my lord? »
Les mots et les maux de Léautaud qui est au bout de sa vie.
Je suis presque à la fin du troisième volume de son Journal littéraire, c’est à dire proche de sa mort.
Octogénaire, sujet à des vertiges, voyant très mal, il déprime. Bien qu’il soit désormais connu suite à ses entretiens à la radio avec Robert Mallet, que les premiers volumes de son Journal soient en cours de publication au Mercure de France et qu’il soit devenu riche (mais il ne change rien à sa vie, se nourrissant tous les jours de pommes de terre à midi et de pâtes le soir).
Sa renommée lui vaut de nombreuses visites, qui l’assomment (comme il dit). Quand même, il en est une qui lui fait du bien le mercredi onze novembre mil neuf cent cinquante-quatre :
J’ai eu l’occasion tantôt de constater que je bande encore fort bien, si je suis en compagnie d’une partenaire jolie, agréable, 16 ans, déjà femme (moi qui jusqu’ici n’avais jamais aimé les jeunes femmes), docile, consentante, promettant de revenir cette semaine même.
Certes, je ne ferai pas vraiment l’amour. Trop de soucis, d’ennuis qui pourraient s’en suivre. Il y a les autres plaisirs, qui me suffisent.