Mercredi matin quatre mars, je quitte Rouen direction Neufchâtel-en-Bray puis Eu où j’arrive après une route sinueuse et pentue (le Pays de Bray est ras, il attend que le printemps lui fasse l’herbe verte et le fromage en forme de cœur). Peu de temps après, je franchis la frontière et entre en Picardie.
Mers-les-Bains m’accueille fraîchement. Le ciel est bleu mais ça souffle fort. Le trouve une chambre à cinquante-cinq euros à l’Hôtel Le Parisien tenu par un aimable jeune couple, plus exactement dans l’annexe, de l’autre côté de la rue. La vue est sur les jardins des maisons avoisinantes. A deux pas se trouve la maison où naquit Eugène Dabit, l’auteur d’Hôtel du Nord. Une boulangerie en occupe le rez-de-chaussée, spécialiste du gâteau battu. Quelques autochtones y achètent leur pain puis rentrent à la maison, saluant rapidement leurs connaissances :
-Vous avec déjà fait vot’tour ?
-Bah oui, on traîne pas avec ce vent-là.
Mers est connue pour ses maisons à balcons colorés dans certaines menacent ruine et d’autres sont à vendre, la plupart fermées, témoignage de temps meilleurs. J’en fais moult photos puis déjeune au Bistrot Saint-André en bord de mer, près d’un homme d’affaire français et deux de ses homologues chinois, leur conversation se tient en anglais. Amandes farcies et raviolis d’écrevisses et d’asperges, avec une demi-bouteille de muscadet et un café, cela fait trente euros.
Le vent souffle toujours fort et le ciel est encore plus bleu quand j’en sors. Comme aucune fille du bord de mer ne m’invite à tâter du côté de son cœur, je décide de repasser la frontière, à pied cette fois, afin de faire un tour au Tréport. Les pêcheurs du coin n’apprécient pas le projet d’éoliennes au large et le signalent en lettres capitales sur leurs camionnettes : « Eoliennes = Escroquerie écologique » « Eoliennes en mer = Mort de la vie sociale maritime ». Je ne juge pas indispensable d’aller leur dire que je préfère ces éoliennes aux centrales nucléaires de Paluel et Penly.
Je trouve le chemin du funiculaire gratuit et autogéré qui monte en haut de la falaise d’où l’on découvre tout Le Tréport, et Mers-les-Bains aussi, avec la mer toujours recommencée, puis redescends par les marches de pierre jusqu’au centre-ville. J’y bois un café à prix parisien dans un estaminet désert où règne un silence de mort.
Sur le comptoir, ce proverbe local :
« Si le temps n’est pas net
Reste à la buvette »
*
La veille mardi, rencontre annuelle avec les ami(e)s de Stockholm en compagnie de l’homme au chapeau. Chez Guidoline, nous discutons de nos perceptions légèrement différentes du monde qui va mal tout en mangeant de crémeux gâteaux.
*
Fabrice Luchini, toute la semaine A voix nue à vingt heures sur France Culture. Trente-cinq ans de psychanalyse, mais quand il parle de son père et de sa mère, il les appelle encore papa et maman.
Mers-les-Bains m’accueille fraîchement. Le ciel est bleu mais ça souffle fort. Le trouve une chambre à cinquante-cinq euros à l’Hôtel Le Parisien tenu par un aimable jeune couple, plus exactement dans l’annexe, de l’autre côté de la rue. La vue est sur les jardins des maisons avoisinantes. A deux pas se trouve la maison où naquit Eugène Dabit, l’auteur d’Hôtel du Nord. Une boulangerie en occupe le rez-de-chaussée, spécialiste du gâteau battu. Quelques autochtones y achètent leur pain puis rentrent à la maison, saluant rapidement leurs connaissances :
-Vous avec déjà fait vot’tour ?
-Bah oui, on traîne pas avec ce vent-là.
Mers est connue pour ses maisons à balcons colorés dans certaines menacent ruine et d’autres sont à vendre, la plupart fermées, témoignage de temps meilleurs. J’en fais moult photos puis déjeune au Bistrot Saint-André en bord de mer, près d’un homme d’affaire français et deux de ses homologues chinois, leur conversation se tient en anglais. Amandes farcies et raviolis d’écrevisses et d’asperges, avec une demi-bouteille de muscadet et un café, cela fait trente euros.
Le vent souffle toujours fort et le ciel est encore plus bleu quand j’en sors. Comme aucune fille du bord de mer ne m’invite à tâter du côté de son cœur, je décide de repasser la frontière, à pied cette fois, afin de faire un tour au Tréport. Les pêcheurs du coin n’apprécient pas le projet d’éoliennes au large et le signalent en lettres capitales sur leurs camionnettes : « Eoliennes = Escroquerie écologique » « Eoliennes en mer = Mort de la vie sociale maritime ». Je ne juge pas indispensable d’aller leur dire que je préfère ces éoliennes aux centrales nucléaires de Paluel et Penly.
Je trouve le chemin du funiculaire gratuit et autogéré qui monte en haut de la falaise d’où l’on découvre tout Le Tréport, et Mers-les-Bains aussi, avec la mer toujours recommencée, puis redescends par les marches de pierre jusqu’au centre-ville. J’y bois un café à prix parisien dans un estaminet désert où règne un silence de mort.
Sur le comptoir, ce proverbe local :
« Si le temps n’est pas net
Reste à la buvette »
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La veille mardi, rencontre annuelle avec les ami(e)s de Stockholm en compagnie de l’homme au chapeau. Chez Guidoline, nous discutons de nos perceptions légèrement différentes du monde qui va mal tout en mangeant de crémeux gâteaux.
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Fabrice Luchini, toute la semaine A voix nue à vingt heures sur France Culture. Trente-cinq ans de psychanalyse, mais quand il parle de son père et de sa mère, il les appelle encore papa et maman.