On ne peut pas compter sur l’épaisseur des murs de l’Hôtel Vauban de Camaret. Dès leur arrivée, la femme du couple de la chambre d’à côté téléphone à sa mère pour lui raconter sa journée, magnifique, mais on a beaucoup marché, il était temps d’arriver, tout à l’heure on se fera un resto et puis soirée téloche. C’est ainsi que beaucoup parlent et vivent. Heureusement, le bruit de leur télé ne m’empêche pas de dormir.
Au matin, je descends prendre un petit-déjeuner qui s’avère plus que correct. L’hôtelière me propose davantage de café, ce qui est rare dans ce genre d’endroit, de quoi être en pleine forme pour reprendre la route. Ce mercredi, milieu de semaine (il me semble être parti depuis longtemps), je mets le cap sur Douarnenez.
La route est belle et sinueuse, le ciel gris mais il fait doux. Je me gare près d’une pizzéria qui m’est chère et par la passerelle rejoins Tréboul dont je contourne le port pour accéder au chemin côtier qui conduit au cimetière marin. Avant d’y être, je cueille des hortensias séchés.
Toussaint oblige, plusieurs hommes et femmes sont occupés à faire briller les tombes de la famille avec autant d’énergie et d’application que si c’était un meuble de la maison. Impossible de retrouver celle de Georges Poulot, dit Perros. J’interroge une dame et n’obtiens pour toute réponse qu’un « On me l’a déjà demandée, un jour. ». Un vieillard chenu me dit qu’il a déjà eu du mal à trouver la sienne, alors…
J’aperçois le responsable du cimetière. Il me l’indique. Non seulement Perros a été enterré sous son vrai nom sans que soit mentionné son nom d’écrivain mais le bouquet de fleurs sur sa tombe ne laisse apparaître que son prénom et celui de sa femme. J’y ajoute mes hortensias et fais quelques photos.
-Vous l’avez trouvée ? me demande l’homme du cimetière lorsque je repasse près de lui.
Je lui explique les fleurs qui cachent le nom, cela va bien avec son peu d’envie qu’on vienne le visiter au cimetière. Il ne me répond rien.
-Vous l’avez connu ?
-Un peu.
Le Breton n’est pas bavard.
Sur un pilier de la porte du cimetière marin de Tréboul figure l’avis qu’est enterré ici le premier prix Goncourt, moins discret que Perros et complètement oublié. Je remonte jusqu’à l’église près de laquelle se trouve un double buste de Max Jacob, client régulier de l’Hôtel Ty Mad, où je fus aussi quand le prix des chambres était moindre.
Je ne compte ni sur Tréboul ni sur Douarnenez pour me loger. Redescendu, je prends la route qui mène à la pointe du Van et m’arrête à Poullan-sur-Mer. J’y déjeune au Pen Duick, sur la place de l’église, pour quinze euros cinquante, d’un menu à double entrée : cinq huîtres, tarte au chorizo, filet de grenadier pommes vapeur, glace rhum raisin et menthe chocolatée. Dans la vaste salle sont surtout des retraités et des travailleurs. L’un, en bottes de caoutchouc, se vante auprès de deux autres, n’ayant pas enlevé leur manteau, d’avoir sauvé les abattoirs Doux.
Mon guide des chambres d’hôtes m’en indiquant une sur place, au lieu-dit Kermenhir, je suis bientôt logé chez un couple de retraités affables, à un kilomètre et demi de la pointe de la Jument.
Je passe une partie de l’après-midi sur cette pointe, à lire la suite du livre de veuvage de Joyce Carol Oates, au soleil revenu, en compagnie d’un papillon vulcain.
*
Conversation de restaurant :
-Y a combien d’habitants à Poullan ?
-Environ mille six cents.
-Pas mal.
Outre le café restaurant Pen Duick, on y trouve un salon de coiffure, une crêperie, une pharmacie, une boulangerie, une maison de la presse, une boucherie charcuterie et un bar du soir nommé d’un jeu de mot Chez Ma-Tic.
Au matin, je descends prendre un petit-déjeuner qui s’avère plus que correct. L’hôtelière me propose davantage de café, ce qui est rare dans ce genre d’endroit, de quoi être en pleine forme pour reprendre la route. Ce mercredi, milieu de semaine (il me semble être parti depuis longtemps), je mets le cap sur Douarnenez.
La route est belle et sinueuse, le ciel gris mais il fait doux. Je me gare près d’une pizzéria qui m’est chère et par la passerelle rejoins Tréboul dont je contourne le port pour accéder au chemin côtier qui conduit au cimetière marin. Avant d’y être, je cueille des hortensias séchés.
Toussaint oblige, plusieurs hommes et femmes sont occupés à faire briller les tombes de la famille avec autant d’énergie et d’application que si c’était un meuble de la maison. Impossible de retrouver celle de Georges Poulot, dit Perros. J’interroge une dame et n’obtiens pour toute réponse qu’un « On me l’a déjà demandée, un jour. ». Un vieillard chenu me dit qu’il a déjà eu du mal à trouver la sienne, alors…
J’aperçois le responsable du cimetière. Il me l’indique. Non seulement Perros a été enterré sous son vrai nom sans que soit mentionné son nom d’écrivain mais le bouquet de fleurs sur sa tombe ne laisse apparaître que son prénom et celui de sa femme. J’y ajoute mes hortensias et fais quelques photos.
-Vous l’avez trouvée ? me demande l’homme du cimetière lorsque je repasse près de lui.
Je lui explique les fleurs qui cachent le nom, cela va bien avec son peu d’envie qu’on vienne le visiter au cimetière. Il ne me répond rien.
-Vous l’avez connu ?
-Un peu.
Le Breton n’est pas bavard.
Sur un pilier de la porte du cimetière marin de Tréboul figure l’avis qu’est enterré ici le premier prix Goncourt, moins discret que Perros et complètement oublié. Je remonte jusqu’à l’église près de laquelle se trouve un double buste de Max Jacob, client régulier de l’Hôtel Ty Mad, où je fus aussi quand le prix des chambres était moindre.
Je ne compte ni sur Tréboul ni sur Douarnenez pour me loger. Redescendu, je prends la route qui mène à la pointe du Van et m’arrête à Poullan-sur-Mer. J’y déjeune au Pen Duick, sur la place de l’église, pour quinze euros cinquante, d’un menu à double entrée : cinq huîtres, tarte au chorizo, filet de grenadier pommes vapeur, glace rhum raisin et menthe chocolatée. Dans la vaste salle sont surtout des retraités et des travailleurs. L’un, en bottes de caoutchouc, se vante auprès de deux autres, n’ayant pas enlevé leur manteau, d’avoir sauvé les abattoirs Doux.
Mon guide des chambres d’hôtes m’en indiquant une sur place, au lieu-dit Kermenhir, je suis bientôt logé chez un couple de retraités affables, à un kilomètre et demi de la pointe de la Jument.
Je passe une partie de l’après-midi sur cette pointe, à lire la suite du livre de veuvage de Joyce Carol Oates, au soleil revenu, en compagnie d’un papillon vulcain.
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Conversation de restaurant :
-Y a combien d’habitants à Poullan ?
-Environ mille six cents.
-Pas mal.
Outre le café restaurant Pen Duick, on y trouve un salon de coiffure, une crêperie, une pharmacie, une boulangerie, une maison de la presse, une boucherie charcuterie et un bar du soir nommé d’un jeu de mot Chez Ma-Tic.