Un mercredi de brouillasse à Paris

5 janvier 2023


Vouloir une place dans la voiture Cinq du train Nomad de sept heures vingt-quatre pour Paris me fait côtoyer toujours les mêmes, qui, contrairement à moi, vont à la capitale pour travailler. Dont trois femmes qui ce mercredi, quand elles arrivent, se collent devant moi au borduquet afin de me devancer à la montée. Je dois subir leur conversation : tout ce qu’on peut faire en cuisine avec un appareil acheté chez Lideule. Heureusement, le train arrivé, elles montent à l’étage. En bas, comme souvent, ça dort et je lis.
Il brouillasse à Paris. Quand le bus Vingt-Neuf arrive à la Bastille, je marche jusqu’à Ledru-Rollin et m’offre un café assis (deux euros seulement) au Caveau, établissement tenu par de jeunes Chinois. En attendant dix heures, je lis Le Parisien. On y parle de la vaisselle réutilisable désormais utilisée chez Mac Do, laquelle est volée par les clients.
Chez Book-Off il n’y a rien pour moi dans les livres à un euro, mais au rayon Beaux Livres à deux euros, je trouve Enchantements sur Paris de Jacques Yonnet, photographies de Robert Doisneau et dessins de l’auteur, édition revue et augmentée datant de mil neuf cent soixante-six, chez Denoël.
Le métro m’emmène jusqu’à Châtelet où j’attends midi chez Boulinier sans acheter. Finie l’effervescence au bar restaurant Chez Vigouroux. Deux familles étrangères dont les enfants sont encore en vacances scolaires grignotent des croques et des crêpes. Un habitué de tous les jours et moi-même sommes les seuls à déjeuner. Mon choix se porte sur le velouté de potiron et la quiche lorraine aux petits légumes, formule maintenue à treize euros cinquante.
Il brouillasse encore quand je marche jusqu’au Book-Off de Saint-Martin dont le sous-sol est si agréable. Ma récolte est mince, un seul livre à un euro, Marcher sur les bas-côtés d’un certain Hénin Liétard (Le Dilettante), auquel j’ajoute, à huit euros, l’imposante Correspondance de Clarice Lispector (Editions des Femmes Antoinette Fouque).
Enfin, au Book-Off de Quatre Septembre à un euro m’attendent Le Petit Ami de Paul Léautaud (L’Imaginaire / Gallimard), que j’ai déjà évidemment, et, en très bon état malgré leur âge : Histoire d’O signé Pauline Réage, précédé de Le Bonheur dans l’esclavage par Jean Paulhan (Jean-Jacques Pauvert éditeur) et Sœur Monika d’E.T.A. Hoffmann (Le Terrain Vague), mil neuf cent soixante-quinze et mil neuf cent soixante-six, que j'ai déjà aussi mais dans d'autres éditions.
Après une ultime étape à La Ville d’Argentan, je rentre à Rouen par le train qui arrive à dix-neuf heures et trouve en sortant de la gare la même brouillasse qu’à Paris.
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Livre lu ce mercredi en train et au café : le drolatique Pleure-Misère de Flann O’Brien dont je retiens ceci : Celui qui pense que je ne dis pas la vérité n’a qu’à lire les bons livres.