Ce lundi, le confortable petit train de neuf heures onze me mène à Dieppe où j’espère ne pas être rattrapé par la pluie. Y voyage aussi une simplette parlant seule. Elle a emporté du lard pour manger et espère qu’un éducateur l’attendra à la gare.
Le ciel est gris à l’arrivée et question température « Y a rien de trop », comme on dit au Tout Va Bien où je bois un café avant d’y poursuive ma lecture du volume deux du Journal inutile de Paul Morand (Gallimard). A la table voisine, la fille de la maison améliore son anglais avec un jeune homme au pair.
« C’est calme » dit-on derrière le comptoir en constatant le peu de passants. « Pourtant, c’est les vacances scolaires ». Peu de bateaux de pêche sont dans le port. La majeure partie est en mer, sans doute cherchant la coquille Saint-Jacques. « Accostage réservé à la débarque », est-il écrit sur le quai où on les attend.
A midi, L’Espérance étant elle aussi en vacances, je choisis de déjeuner au Sully, quai Henri le Quatrième. Le décor, la vaisselle, le linge de table et la tenue des serveurs datent d’il y a quarante ans. Cela me rappelle mes premières vacances en Bretagne. Au menu à treize euros cinquante, je choisis l’assiette de bulots, la dorade pomme vapeur et la charlotte pistache fruits rouges. Trois autres tables sont occupées par des couples de retraités. C’est calme. L’homme le plus proche commente l’actualité pour sa femme qui fait semblant de l’écouter.
Le pain est décongelé, les bulots petits, la dorade sèche, la charlotte itou. A la table d’à côté, on en est aux cadeaux de Noël, pour le petit-fils, ce sera un drone. « C’était bon, vous avez bien mangé ? », me demande le serveur débutant. Je sens qu’il a besoin d’une réponse positive.
-Tout va bien, comme on dit chez vos concurrents.
Il fait doux quand je sors. Je longe la plage quasiment déserte jusqu’à la piscine de plein air où une dizaine de nageuses et nageurs font des allers et retours surveillés par une jeune femme en parka rouge. La passerelle en bois menant au Casino me permet de rejoindre le centre ville.
Je vise le Café des Tribunaux, connu pour son l’immense lustre, « maison fondée en 1736 » comme me le rappelle le paillasson où j’essuie mes pieds avant d’entrer. Surprise, il y a beaucoup de monde à l’intérieur, notamment des familles anglaises qui se nourrissent de moules frites sous le regard de la statue de la Justice dont les plateaux sont remplacés par des lampes. Ce n’est pas calme. Je réussis néanmoins à lire..
Dams le train du retour, un trio de voyageurs découvre qu’un billet électronique n’est valable que pour un seul départ. La contrôleuse leur inflige un supplément de sept euros par personne dont elle a du mal à obtenir le ticket :
-Parfois ça imprime pas parce qu’on est en pleine pampa et on arrive pas à joindre les serveurs.
Cette pampa s’appelle le Pays de Caux.
*
Ce lundi, aux aurores, apprends-je au retour, les bûcherons envoyés par les « gestionnaires du patrimoine arboré » de la ville de Rouen ont coupé les quatre arbres qui faisaient le charme de la place du Lieutenant-Aubert.
Le ciel est gris à l’arrivée et question température « Y a rien de trop », comme on dit au Tout Va Bien où je bois un café avant d’y poursuive ma lecture du volume deux du Journal inutile de Paul Morand (Gallimard). A la table voisine, la fille de la maison améliore son anglais avec un jeune homme au pair.
« C’est calme » dit-on derrière le comptoir en constatant le peu de passants. « Pourtant, c’est les vacances scolaires ». Peu de bateaux de pêche sont dans le port. La majeure partie est en mer, sans doute cherchant la coquille Saint-Jacques. « Accostage réservé à la débarque », est-il écrit sur le quai où on les attend.
A midi, L’Espérance étant elle aussi en vacances, je choisis de déjeuner au Sully, quai Henri le Quatrième. Le décor, la vaisselle, le linge de table et la tenue des serveurs datent d’il y a quarante ans. Cela me rappelle mes premières vacances en Bretagne. Au menu à treize euros cinquante, je choisis l’assiette de bulots, la dorade pomme vapeur et la charlotte pistache fruits rouges. Trois autres tables sont occupées par des couples de retraités. C’est calme. L’homme le plus proche commente l’actualité pour sa femme qui fait semblant de l’écouter.
Le pain est décongelé, les bulots petits, la dorade sèche, la charlotte itou. A la table d’à côté, on en est aux cadeaux de Noël, pour le petit-fils, ce sera un drone. « C’était bon, vous avez bien mangé ? », me demande le serveur débutant. Je sens qu’il a besoin d’une réponse positive.
-Tout va bien, comme on dit chez vos concurrents.
Il fait doux quand je sors. Je longe la plage quasiment déserte jusqu’à la piscine de plein air où une dizaine de nageuses et nageurs font des allers et retours surveillés par une jeune femme en parka rouge. La passerelle en bois menant au Casino me permet de rejoindre le centre ville.
Je vise le Café des Tribunaux, connu pour son l’immense lustre, « maison fondée en 1736 » comme me le rappelle le paillasson où j’essuie mes pieds avant d’entrer. Surprise, il y a beaucoup de monde à l’intérieur, notamment des familles anglaises qui se nourrissent de moules frites sous le regard de la statue de la Justice dont les plateaux sont remplacés par des lampes. Ce n’est pas calme. Je réussis néanmoins à lire..
Dams le train du retour, un trio de voyageurs découvre qu’un billet électronique n’est valable que pour un seul départ. La contrôleuse leur inflige un supplément de sept euros par personne dont elle a du mal à obtenir le ticket :
-Parfois ça imprime pas parce qu’on est en pleine pampa et on arrive pas à joindre les serveurs.
Cette pampa s’appelle le Pays de Caux.
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Ce lundi, aux aurores, apprends-je au retour, les bûcherons envoyés par les « gestionnaires du patrimoine arboré » de la ville de Rouen ont coupé les quatre arbres qui faisaient le charme de la place du Lieutenant-Aubert.