Un déjeuner à deux au Paris à Paris

8 décembre 2022


Un train véloce m’emmène à Paris ce mercredi. Le bus Vingt-Neuf est là, porte ouverte, vide, sans chauffeur. J’y monte et attend patiemment, rejoins par deux ou trois autres. Dix minutes plus tard arrive sa conductrice mais nous ne partons pas avant neuf heures.
Descendu à Bastille Beaumarchais, je vais au Marché d’Aligre. Le froid a dissuadé le principal vendeur de livres d’y être. Son concurrent est là. Dans son amas de livres surnage une énorme biographie de Paul Valéry, auteur pour lequel je n’ai aucun goût.
Après un café au comptoir du Faubourg, je pose mon sac derrière celui du Book-Off d’à côté. Je parcours longuement les allées à un euro, ne trouvant à mon goût que Du côté de Goderville de Jean Prévost (Editions des Falaises), Paris par cœur de Ludovic Janvier (Fayard) et une belle édition sous couverture rigide du Journal d’Anne Frank au Livre de Poche.
Il est midi moins le quart quand je pousse la porte du Paris, boulevard Richard-Lenoir. Je choisis une table ronde un peu isolée et explique à la serveuse que j’attends quelqu’une pour déjeuner mais qu’elle n’arrivera pas tout de suite. En attendant je commande un café. Celui-ci bu, je lis, ou plutôt relis, Mémoires littéraires de Maxime Du Camp. Mon avis reste le même. S’il a parfois des choses intéressantes à raconter, il les raconte mal.
C’est à une heure moins dix qu’arrive celle qui travaille dans le quartier, avec aux pieds des basquettes, car ce matin elle est montée sur un toit, ce qui lui plaît bien. Durant le repas nous évoquons nos vies respectives et elle me parle de ses projets. Elle a l’âge d’en avoir, contrairement à moi. C’est un excellent moment qui s’achève à deux heures et quart.
Nous nous séparons près du Génie, elle regagnant son bureau, moi allant attendre longuement un bus Vingt-Neuf. Celui-ci m’emmène à Opéra Quatre Septembre.
Je m’emploie à la pêche aux livres à un euro au Book-Off d’à côté. J’y trouve d’abord La Dame à la camionnette d’Alan Bennett (Buchet Chastel) et Stella Corfou de Béatrix Beck illustré par Florence Reymond (Editions du Chemin de fer) puis, comme j’ai encore du temps avant le train de retour, je passe en revue les rayons Politique, Nature, Médecine et autres domaines qui ne m’intéressent pas. On peut toujours espérer y trouver un livre mal rangé.
C’est ainsi que je mets la main sur Tout l’été de Maud Basan (Pol). L’ouvrant, je découvre un envoi de l’auteure à Elisabeth Roudinesco : « Tout l’été, pour parler, pour traverser la saison sèche, pour continuer. Avec mon amical souvenir. Maud B. / Monique D-L » et sous ce Monique D-L  entre parenthèses « Chut ! ». Peut-être que Monique D-L est le vrai nom de Maud B. De plus, sur un papillon des éditions Pol, d’une autre écriture, ce commentaire : « Je ne suis pas sûr que ta copine Roudinesco l’ait même parcouru ! ».
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Autre livre à un euro mal rangé, au rayon Policiers, L’anomalie d’Hervé Le Tellier (Gallimard) dont on a fait grand cas. Affreusement mal écrit. Une succession de phrases basiques. Une lecture qui ne serait qu’une perte de temps.
Le 22 avril, jour où Victor Miesel tombe du balcon, est un jeudi.
On est content de l’apprendre.