Un bon déjeuner dans le dix-huitième arrondissement

12 août 2016


Arrivé avant l’heure d’ouverture du Book-Off de l’Opéra Garnier ce mercredi, je me balade au hasard dans le quartier. J’arrive ainsi à l’opulente Galerie Vivienne où une partie de la verrière est en restauration. À proximité, passage des Petits-Pères, se trouve la bibliothèque Charlotte Delbo. Elle est malheureusement fermée à cette heure matutinale. En revanche, sa voisine, la basilique Notre-Dame des Victoires a la porte ouverte à deux battants.
J’y entre et apprends qu’elle a été construite par Louis le Treizième pour remercier Dieu de la victoire contre les protestants suite au siège de La Rochelle. D’architecture baroque, elle est tout à fait kitch. De nombreux ex-voto ornent ses murs qui narrent de bien belles histoires : un aveugle du dix-neuvième siècle y a recouvré la vue, Gustave Bizot artiste peintre élève de Ingres y a retrouvé la foi. Quelques personnes prient. Une religieuse se prosterne devant la statue de Marie et de son fils, tous deux couronnés.
Après avoir bookoffié, je remonte à pied vers Notre-Dame-de-Lorette. Sur le trottoir du boulevard des Italiens, je photographie la tente d’un sans abri patriote dont le drapeau tricolore est en berne. « Sauvegardons la race blanche, ce miracle de Dieu », est-il écrit un peu plus haut sur un mur de la rue Laffitte, une inscription rageusement barrée de rouge.
A Lorette, je prends le métro jusqu’à Jules-Joffrin, achète une bouteille de côtes-de-bourg bio au Gé Vingt, passe devant l’hôtel trois étoiles Eden Montmartre de la rue Ordener qui, signe des temps, propose par affichette des « chambres à cinquante euros pour le jour même » et à midi moins cinq frappe à la porte de celle qui m’invite à déjeuner.
Nous sommes toujours aussi heureux de nous retrouver. Elle a préparé un délicieux plat à sa façon que nous dégustons en dialoguant sur fond de bruit de chantier. En face, là où était la dent creuse, s’élève maintenant un immeuble de six étages. Le vin est aussi bon que bio et c’est en pleine forme que nous allons prendre la café chez Dionis, en terrasse, au bout de la rue Letort.
Nous nous séparons un peu après quinze heures, Rejoignant à pied la station Simplon afin d’aller explorer le Book-Off de l’Opéra Bastille, je la regarde filer sur son haut vélo noir vers un chantier où elle doit faire une visite inopinée.
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Chez Book-Off (un) :
-Bonjour, on vous apporte tout un véhicule de livres.
L’employée, qui en a vu d’autres :
-Mettez tout ça dans la boutique.
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Chez Book-Off (deux):
Une femme qui vend ses livres et s’apprête à repartir sans son argent. Une scène déjà vue plusieurs fois. L’important n’est-il pas d’en être débarrassé.
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Chez Book-Off (trois) :
Les types qui parlent tout seuls : « Ah non, pas celui-là, je l’ai déjà »  « Ah, pourquoi pas, j’hésite ». On les trouve presque exclusivement devant le rayon des vinyles.