La météo est formelle : pluie entre onze et treize heures. Cela implique de parcourir les vide greniers dominicaux en deux fois.
Je commence par celui de La Madeleine, rejoint à pied au lever du jour, à l’heure où la fourrière remplit ses caisses avec les voitures garées sur les emplacements des déballeurs. Ceux-ci sont situés dans diverses rues de ce quartier qui n’en est pas vraiment un. Les affichettes jaunes avertissant de l’enlèvement des véhicules, pourtant collées en nombre, n’auront servi à rien pour beaucoup.
Des livres apparaissent ici et là, rien d’extraordinaire, si ce n’est Léo Malet revient au bercail de Gilles Gudin de Vallerin et Gladys Bouchard (Actes Sud), une biographie bâtie avec les documents de l’écrivain légués par ses descendants à la Médiathèque de Montpellier, sa ville natale. Je le paie un euro pas loin de la Fac de Droit, Economie et Gestion sur laquelle l’anticapitaliste Poutou montre sa bobine (à défaut du soutien des ouvriers, cherchons celui des étudiants).
Cette faculté a été évacuée dans la semaine. Un étudiant y avait décelé un barbu d’allure suspecte. Quand la Police a interpellé le suspect, elle a constaté qu’il était fiché Esse, âgé de vingt ans, venant de Val-de-Reuil.
Je fais plusieurs fois le circuit, trouvant à la fin une mine de cédés à cinquante centimes. J’en achète un certain nombre, dont plusieurs que j’ai déjà. Je trouverai peut-être à les offrir, si je ne suis pas le dernier à en écouter.
Rentré à la maison, je constate que la météo était dans le vrai. Il pleut pendant l’heure du déjeuner.
A treize heures trente, je rejoins la station de bus Hôtel de Ville afin de prendre le Vingt qui mène à Bihorel. Comme souvent, le chauffeur est mal aimable. Quand je lui demande de m’indiquer où descendre, il bougonne qu’il ne connaît pas le nom de la station « mais vous verrez bien, y aura plein de voitures ». J’insiste pour qu’il s’arrête à cet endroit. Il consent à le faire.
C’est ainsi que je découvre que le traditionnel vide grenier de Bihorel n’est plus en ville. Il est déplacé sur l’Hippodrome « pour raison de sécurité ». Ici, on peut contrôler les entrées.
C’est une mauvaise idée. Il en perd tout son charme. J’en fais le tour dans un sens, puis dans l’autre, et trouve à vil prix l’édition Bouquins en trois volumes du Journal des Goncourt, assez défraîchie.
Un bus Vingt me redescend jusqu’à Jouvenet. La bourgeoisie bourgeoisante est fidèle au rendez-vous dans sa rue pentue protégée cette année par une voiture en travers. Si elle lit parfois de bons livres, à cette heure ceux-ci ont déjà été vendus. Ceux qui restent ne sont pas à son honneur. Je me dédommage avec la présence des petites jeunes filles de bonne famille, que chantait Nino Ferrer.
Ensuite, plus qu’à redescendre à pied jusqu’à chez moi, ça fait loin.
*
Ce fiché Esse de Védéherre arrêté à Rouen ne peut être un de mes anciens élèves de maternelle, trop jeune.
Parfois, je me dis qu’un jour, entendant ou lisant le nom d’un terroriste ou d’un radicalisé (comme ils disent), je sursauterai en reconnaissant le nom de l’un d’eux. J’ai déjà plusieurs fois croisé dans des vide greniers de l’Eure d'anciens élèves de l’école (pas de ma classe) vêtus et barbus à la manière des salafistes.
Quant aux filles, mes anciennes élèves, j’imagine que la plupart sont voilées. Aucune de leurs mères ne l’était.
Je commence par celui de La Madeleine, rejoint à pied au lever du jour, à l’heure où la fourrière remplit ses caisses avec les voitures garées sur les emplacements des déballeurs. Ceux-ci sont situés dans diverses rues de ce quartier qui n’en est pas vraiment un. Les affichettes jaunes avertissant de l’enlèvement des véhicules, pourtant collées en nombre, n’auront servi à rien pour beaucoup.
Des livres apparaissent ici et là, rien d’extraordinaire, si ce n’est Léo Malet revient au bercail de Gilles Gudin de Vallerin et Gladys Bouchard (Actes Sud), une biographie bâtie avec les documents de l’écrivain légués par ses descendants à la Médiathèque de Montpellier, sa ville natale. Je le paie un euro pas loin de la Fac de Droit, Economie et Gestion sur laquelle l’anticapitaliste Poutou montre sa bobine (à défaut du soutien des ouvriers, cherchons celui des étudiants).
Cette faculté a été évacuée dans la semaine. Un étudiant y avait décelé un barbu d’allure suspecte. Quand la Police a interpellé le suspect, elle a constaté qu’il était fiché Esse, âgé de vingt ans, venant de Val-de-Reuil.
Je fais plusieurs fois le circuit, trouvant à la fin une mine de cédés à cinquante centimes. J’en achète un certain nombre, dont plusieurs que j’ai déjà. Je trouverai peut-être à les offrir, si je ne suis pas le dernier à en écouter.
Rentré à la maison, je constate que la météo était dans le vrai. Il pleut pendant l’heure du déjeuner.
A treize heures trente, je rejoins la station de bus Hôtel de Ville afin de prendre le Vingt qui mène à Bihorel. Comme souvent, le chauffeur est mal aimable. Quand je lui demande de m’indiquer où descendre, il bougonne qu’il ne connaît pas le nom de la station « mais vous verrez bien, y aura plein de voitures ». J’insiste pour qu’il s’arrête à cet endroit. Il consent à le faire.
C’est ainsi que je découvre que le traditionnel vide grenier de Bihorel n’est plus en ville. Il est déplacé sur l’Hippodrome « pour raison de sécurité ». Ici, on peut contrôler les entrées.
C’est une mauvaise idée. Il en perd tout son charme. J’en fais le tour dans un sens, puis dans l’autre, et trouve à vil prix l’édition Bouquins en trois volumes du Journal des Goncourt, assez défraîchie.
Un bus Vingt me redescend jusqu’à Jouvenet. La bourgeoisie bourgeoisante est fidèle au rendez-vous dans sa rue pentue protégée cette année par une voiture en travers. Si elle lit parfois de bons livres, à cette heure ceux-ci ont déjà été vendus. Ceux qui restent ne sont pas à son honneur. Je me dédommage avec la présence des petites jeunes filles de bonne famille, que chantait Nino Ferrer.
Ensuite, plus qu’à redescendre à pied jusqu’à chez moi, ça fait loin.
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Ce fiché Esse de Védéherre arrêté à Rouen ne peut être un de mes anciens élèves de maternelle, trop jeune.
Parfois, je me dis qu’un jour, entendant ou lisant le nom d’un terroriste ou d’un radicalisé (comme ils disent), je sursauterai en reconnaissant le nom de l’un d’eux. J’ai déjà plusieurs fois croisé dans des vide greniers de l’Eure d'anciens élèves de l’école (pas de ma classe) vêtus et barbus à la manière des salafistes.
Quant aux filles, mes anciennes élèves, j’imagine que la plupart sont voilées. Aucune de leurs mères ne l’était.