Samedi matin, j’ai un billet de train pour le petit qui va d’Yvetot à Saint-Aubin-lès-Elbeuf. Il arrive en gare de Rouen à sept heures quarante-trois. Nous sommes trois à y monter ainsi qu’une contrôleuse et un contrôleur. A sept heures quarante-quatre, celle-ci a déjà contrôlé mon billet. A huit heures moins trois, je suis à Oissel. Le vide grenier annuel est à deux rues. Cette année de nombreux emplacements sont restés libres et il est bien moins couru par les acheteurs. « Ce n’est plus comme avant », dit une vendeuse. Il y eut des années où j’y trouvais des livres, et une où j’y trouvais des cerises. Cette fois, ni livres, ni cerises, mais deux ramettes de papier blanc à trois euros le lot. Elles pèsent lourd dans mon sac quand je retourne à la gare. Nous sommes trois à monter dans le train de neuf heures trois. C’est le même qu’à l’aller et à neuf heures quatre la même blonde contrôleuse m’a une nouvelle fois poinçonné (à l’ancienne).
Dimanche matin, je descends dans la station de métro Palais de Justice qui est encore plus sinistre depuis qu’elle est en travaux. Afin de ne pas attendre vingt minutes, j’ai pris la précaution de consulter les horaires et comme prévu celui que j’attends arrive vite. J’en descends à l’arrêt Quatorze Juillet, commune de Sotteville-lès-Rouen. Le vide grenier s’étale des deux côtés de la longue avenue du même nom bordée d’arbres bien dégagés derrière les oreilles. Nombre d’emplacements restent inoccupés, ce qui oblige à beaucoup marcher pour peu. Les livres que j’achète ne m’intéressent pas. Ils me permettront quand je les revendrai de rembourser le train d’hier et le métro d’aujourd’hui et d’acheter ailleurs des livres pour me plaire. Sur un mur tentant, une affichette prévient : « Ceci n’est pas un urinoir ». Sans doute messieurs Magritte et Duchamp habitent-ils le bout de la ruelle.
Au retour, je descends à Joffre Mutualité, commune de Rouen, rive gauche. Il n’y a que la rue à traverser pour atteindre le déballage. Un homme à cheveux blancs vend des livres. Du moins essaie-t-il de les vendre, car dans ce quartier ça ne marche pas, me dit-il. Ce pourquoi, il ne veut pas baisser son prix en deçà de trois euros cinquante pour les deux livres que je convoite : Théorie de l’art moderne de Paul Klee (Folio Essais) et Œuvres complètes de Joseph Delteil (Grasset). Désormais organisé par un privé, ce vide grenier s’est étendu jusqu’au Cuba Libre et au-delà. Pas d’exposant devant le bar du soir où sont morts treize filles et garçons de vingt ans et le quadragénaire qui s’occupait de la musique lors de la soirée d’anniversaire. L’endroit est resté en l’état, vaguement protégé par des barrières où sont accrochées des fleurs fanées. Sur le contreplaqué qui remplace la vitrine « Une pensée aux victimes » et devant, deux grandes poubelles à roulettes qui sont déjà pleines.
-Avant, il n’y avait pas de poubelles ici, raconte la boulangère d’à côté, maintenant elles sont toujours là.
*
Vu rue de la Jeanne en allant à la gare, un boîtier noir sur un feu tricolore. Une affichette l’assure contre la destruction : « Dispositif de comptage de la circulation, ça ne verbalise pas ».
*
La voix (féminine évidemment) du métro de Rouen s’est enfin corrigée. Elle ne dit plus (comme depuis l’origine) : « Ce métro est à destination de Technopole » mais « Ce métro est à destination de Technopôle ».
Dimanche matin, je descends dans la station de métro Palais de Justice qui est encore plus sinistre depuis qu’elle est en travaux. Afin de ne pas attendre vingt minutes, j’ai pris la précaution de consulter les horaires et comme prévu celui que j’attends arrive vite. J’en descends à l’arrêt Quatorze Juillet, commune de Sotteville-lès-Rouen. Le vide grenier s’étale des deux côtés de la longue avenue du même nom bordée d’arbres bien dégagés derrière les oreilles. Nombre d’emplacements restent inoccupés, ce qui oblige à beaucoup marcher pour peu. Les livres que j’achète ne m’intéressent pas. Ils me permettront quand je les revendrai de rembourser le train d’hier et le métro d’aujourd’hui et d’acheter ailleurs des livres pour me plaire. Sur un mur tentant, une affichette prévient : « Ceci n’est pas un urinoir ». Sans doute messieurs Magritte et Duchamp habitent-ils le bout de la ruelle.
Au retour, je descends à Joffre Mutualité, commune de Rouen, rive gauche. Il n’y a que la rue à traverser pour atteindre le déballage. Un homme à cheveux blancs vend des livres. Du moins essaie-t-il de les vendre, car dans ce quartier ça ne marche pas, me dit-il. Ce pourquoi, il ne veut pas baisser son prix en deçà de trois euros cinquante pour les deux livres que je convoite : Théorie de l’art moderne de Paul Klee (Folio Essais) et Œuvres complètes de Joseph Delteil (Grasset). Désormais organisé par un privé, ce vide grenier s’est étendu jusqu’au Cuba Libre et au-delà. Pas d’exposant devant le bar du soir où sont morts treize filles et garçons de vingt ans et le quadragénaire qui s’occupait de la musique lors de la soirée d’anniversaire. L’endroit est resté en l’état, vaguement protégé par des barrières où sont accrochées des fleurs fanées. Sur le contreplaqué qui remplace la vitrine « Une pensée aux victimes » et devant, deux grandes poubelles à roulettes qui sont déjà pleines.
-Avant, il n’y avait pas de poubelles ici, raconte la boulangère d’à côté, maintenant elles sont toujours là.
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Vu rue de la Jeanne en allant à la gare, un boîtier noir sur un feu tricolore. Une affichette l’assure contre la destruction : « Dispositif de comptage de la circulation, ça ne verbalise pas ».
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La voix (féminine évidemment) du métro de Rouen s’est enfin corrigée. Elle ne dit plus (comme depuis l’origine) : « Ce métro est à destination de Technopole » mais « Ce métro est à destination de Technopôle ».