Songeant à une ancienne correspondante niçoise

16 juillet 2016


Au temps du Minitel, début des années quatre-vingt-dix, j’ai eu pendant quelques mois une chaude correspondance épistolaire avec une jolie jeune femme niçoise mariée croisée sur une messagerie. Je devais lui écrire à une adresse qui n’était pas la sienne. J’ai toujours ses lettres ainsi qu’une photo d’elle bronzant nue sur le pont d’un bateau. Où était-elle ce soir de Quatorze Juillet tragique ?
Tout le monde va voir un feu d’artifice donc tout le monde peut être sur la liste des victimes. « Où aller en vacances ? On n'est plus à l’abri nulle part. », c’est ce que se disent certaines que je croise à Rouen, rue de l’Hôpital, ce vendredi.
-Ou alors à la montagne. Dans un petit coin où il n’y a personne, suggère l’une.
Il n’y a pas que les lieux de vacances à être devenus dangereux. Ce qui s’est passé sur la promenade des Anglais peut se reproduire un dimanche à Rouen. Ce n’est pas la barrière mise en travers de la rue Armand-Carrel qui arrêterait un dix-neuf tonnes fonçant sur le marché du Clos Saint-Marc.
Je me souviens m’être déjà inquiété de la chose, après ce qui avait eu lieu à Dijon, lors du dernier Marché de Noël sis devant la Cathédrale (et je pense même l’avoir écrit). Là aussi, rien n’aurait empêché une telle horreur, une voiture ou un camion pouvant surgir de la rue des Carmes.
                                                           *
Pour la première fois des enfants parmi les victimes, écrivais-je hier. Non, m’écrit l’un de mes lecteurs, il y avait déjà eu les trois enfants juifs assassinés par le tueur de Toulouse. Il a raison hélas. C’est qu’écrivant, je ne pensais qu'aux attentats de Paris (ceux du treize novembre), ayant trouvé à l’époque que ça tenait du miracle qu'il n'y ait pas eu d'enfants ou d'adolescents en terrasse à neuf heures du soir un vendredi.