Sète (vingt-sept) : Mèze enfin

30 octobre 2024


Ultime jour de validité pour ma carte de bus vingt et un jours à volonté, je l’emploie en allant une dernière fois à Mèze avec le bus Vingt de huit heures dix. Le temps est annoncé beau mais il fait gris après la pluie de la nuit.
Je descends à La Marianne pour rejoindre au plus court le centre du bourg. Devant l’arrêt de bus est la boulangerie Le Petit Mèzois où le pain au chocolat est à un euro dix, avec lequel je descends la rue Marius Laurez (Carrièra dels artistas). En bas d’icelle est le Café de Marius, plus fréquentable que le Café du Commerce. J’y bois un allongé à un euro soixante sous la véranda où chante Nina Simone. A la table voisine, quatre jeunes gens (deux filles, deux garçons) sont en réunion de travail : « Mettre des bacs à compost là où il n’y en a pas. »
Mèze a eu plusieurs Maires écolos, en a encore un actuellement, mais à la dernière Présidentielle et aux deux dernières Législatives, le Rassemblement National est arrivé largement en tête.
Sur le côté de l’esplanade qui est au nom d’« Yves Pietrasanta Pionnier de l’Ecologie Maire de Mèze de 1977 à 2001 », je vais enfin voir à quoi ressemble le Château de Girard qui fut construit en mil six cents soixante par la famille Muret sur un terrain hors les murs de la ville. Cette ancienne métairie est devenue demeure seigneuriale au fil du temps, occupée par des familles bourgeoises de Mèze pendant trois cents ans depuis le dix-septième siècle jusqu’à ce qu’un propriétaire cède le château à la ville. Il abrite les services culturels de la Mairie, un beau et sobre  bâtiment
Je marche ensuite longuement dans le dédale des petites rues, m’arrêtant devant les façades partiellement cachées par une végétation fleurie qui ne date pas de la dernière mode. Dans ces rues étroites de Mèze, des crochets sur les façades servent à accrocher les sacs poubelles. Il n’y passe aucune voiture et j’y croise très peu de piétons.
Mes pas me conduisent au Petit Port des Nacelles. Il y a là un café sans nom, à la terrasse un peu déglinguée, celui des pêcheurs. J’y ferais figure d’intrus. Aussi, je préfère continuer jusqu’au Port et au Tabou.
Me voyant arriver, Sami débarrasse la table qui est toujours la mienne. « C’est la dernière fois », lui dis-je. Je reprends ici Le Regard de la mémoire après avoir bu le café apporté par Céleste. « C’est à cause de Marcel Proust que vous vous appelez Céleste ? » « Non je ne crois pas. Mes parents ne m’ont jamais dit ça. » Trois pages sur la mort de l’Abbé Mugnier chez Jean Hugo. Le soleil est enfin présent. Une touriste sort son éventail. Je garde la table pour déjeuner : six huîtres (qui deviennent huit, petit cadeau d’au revoir ?, je n’ose demander), araignée de poulet façon blanquette avec du riz et tarte aux pommes. Le café m’est encore une fois offert au comptoir.
Je fais le tour du Port, direction l’allée Pierre Vassiliu où je m’assois sur le muret qui domine la plage. Ne s’ébattent dans le sable ni Armand ni Charlotte.