Sète (onze) : Quartier Haut et Foire aux Livres

14 octobre 2024


« Heureusement que vous êtes là, il n’y a pas âme qui-vive ce matin », me dit la serveuse retraitée du Classic dimanche vers huit heures. C’est vrai qu’il n’y a quasiment personne dehors. Pourtant le temps est doux, pas de vent et le ciel un peu bleu.
Mes deux objectifs du jour : visiter le Quartier Haut en bas du Mont Saint-Clair et passer à la Foire aux Livres qui a lieu une fois par mois devant la Mairie.
Le Quartier Haut, je l’ai traversé l’autre dimanche pour aller au Musée Paul Valéry. C’est l’origine de la ville de Sète. Il est maintenant habité par les descendants des Italiens d’alors, d’où la présence de linge qui sèche aux fenêtres.
Je fais un crochet pour voir le Lycée Paul Valéry, autrefois collège de garçons (Brassens y fut élève pendant onze ans, ai-je lu, ça fait beaucoup) puis j’enfile la Grande Rue Haute et enfin me répands dans les adjacentes, dont la rue des Députés transformée d’un coup de pinceau en rue des Putes. Alors que je m’apprête à photographier une façade particulièrement colorée, j’aperçois une femme assise sur un balcon cigarette en main. « Ah, excusez-moi, je voulais faire une photo, je ne vous avais pas vue. » « Je vais bouger, mais doucement, je me réveille. » « A moins que vous vouliez être sur la photo. » Elle ne veut pas. L’église du quartier est massive. Elle est partiellement cachée par des travaux.  « Ici la ville rénove la Décanale Saint-Louis »
Mon tour fait, je passe à la Foire aux Livres, sept bouquinistes ambulants et un disquaire du même genre. Trois ne sont pas encore prêts. Deux ont des livres intéressants. Ceux qui retiennent mon attention, je les ai déjà
Des Halles, je descends tout droit sur le Tabary’s pour un café verre d’eau lecture à ma table préférée de la véranda. Un couple de vieux à chien occupe la table voisine. Ce chien me déplaît (comme tous les chiens). Je leur demande de le tenir serré, qu’il ne vienne pas vers moi. La femme me dit qu’il y a d’autres tables ailleurs. « J’aimerais encore pouvoir m’asseoir à la table de mon choix », lui dis-je d’un ton sec. Suis resté d’un calme courtois assassin, lis-je peu après chez Lagarce, une formule que je fais mienne.
A onze heures trente, je retourne vers les Halles et m’assois à la terrasse de L’Idéal Bar, un troquet à fresque murale où je commande six huîtres de Bouzigues avec un verre de Picpoul de Pinet pour neuf euros (pas de carte bancaire). Je les déguste avec vue sur ces Halles d’où s’échappe un bourdonnement de ruche.
A midi, je déjeune rue Frédéric-Mistral au bar Le Seven, un troquet de piliers de comptoir qui propose une paella à onze euros (pas de carte bancaire). De ma table de rue j’ai vue sur les Halles qui sont emballées à la manière de Christo et Jeanne-Claude mais pour une raison non artistique. Cette paella est bonne mais n’attire personne d’autre.
A mes deux objectifs du jour, j’ajoute un troisième : prendre le café à Balaruc-les-Bains. Pour cela, je monte dans le bus Dix. A l’arrivée, je m’installe à la terrasse du Bon Coin. Sur l’eau naviguent les voiliers du dimanche. C’est le jour où les curistes se baladent sans leur sac. « On fait une photo devant la mer ? », disent ceux qui ignorent que derrière, c’est un étang. Tout à coup, un animal s’abat sur une gaufre et disparaît avec elle. « Ah, la vache ! », crie la dépossédée. Ce n’était pourtant qu’un goéland.
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Les trois expressions que j’aime entendre dans la bouche des serveuses et serveurs du Sud lors de la commande : « Et bonjour ! » « Ce monsieur ? » « Allez ! »