Ce Lundi de Pâques, j’achève ma carte Zou ! dix voyages avec une troisième et dernière virée à Sainte-Maxime. Je descends une nouvelle fois juste après le pont du Préconil. Le temps est frisquet mais le soleil va réchauffer ça.
Je m’éloigne de ce pont en marchant le long de la mer vers la Pointe de la Croisette où devrait se trouver une Villa La Croisette due à l’architecte René Darde mais je ne la trouve pas. Au-delà doit être, du même René Darde, la Villa Mirages appartenant au Roi de Suède, mais trop loin pour que je puisse l’atteindre. Je ne pourrai donc pas en envoyer une photo à l’ami de Stockholm qui justement ce soir organise dans sa ville un concert de SuperBravo, « dream pop from Paris + art exhibition & bar », durée cinq heures.
Revenu les pieds cuits, je fais escale au Café de France pour un café verre d’eau lecture de dix à onze. Dix bicyclistes en maillot de sport (neuf hommes, une femme, trois avec le casque sur la tête) animent la terrasse. Des retraités, plus souvent sur une chaise qu’en action, comme moi.
Quand je repars, c’est pour aller voir, au-delà de la Tour Carrée, L’Arbois (encore du René Darde) qui a inspiré une peinture à David Hockney en mil neuf cent soixante-huit. Outre cet Hôtel L’Arbois Sainte-Maxime, Hockney a peint la même année un tableau intitulé Early Morning Sainte-Maxime. Ce qui prouve qu’on peut être un artiste et se lever tôt.
Je monte ensuite (c’est la direction à prendre en cas de tsunami, signale une pancarte) découvrir le lavoir puis l’Hôtel de Ville. Du parvis de ce bâtiment municipal, on peut voir les toitures de la vieille ville, la mer et le rivage d’en face. En redescendant, je rencontre une Mairie Annexe qui doit être là pour qui n’arrive pas à aller plus haut. Revenu dans les petites rues commerçantes, j’entends une boutiquière s’adresser à sa voisine. « T’as vu, le Pape, il est mort cette nuit. » « Non ! » « T’as vu dans quel état il était hier. » Je vais m’asseoir sur un banc du port pour me remettre de cette nouvelle. Devant moi est un petit bateau de pêche, le Quatre Frères II.
La Réserve n’a pas de formule aujourd’hui car c’est un jour férié. L’Escapade a gardé la même qu’hier. Faute de mieux, je déjeune pour dix-sept euros au restaurant Chez Sophie, place des Sarrazins, d’un médiocre faux-filet avec frites industrielles et petite salade suivi d’une honorable mousse au chocolat.
Je retourne au port et marche jusqu’au bout de la petite digue, assistant à l’arrivée d’un voilier allemand et au départ d’un Bateau Vert pour Saint-Tropez (seize euros l’aller retour) puis je vais boire un ultime café maximois au Café Maxime, perché à une table haute, sous un soleil un peu trop chaud. Derrière moi sont deux boutiquières dont l’une dit à l’autre : « Vouloir et ne pas pouvoir, on est de plus en plus nombreux à le vivre ». Après une enfance comme la mienne, il faut croire à un soir resplendissant ou se jeter à la rivière, écrit Balzac qui attend impatiemment le jour où il pourra retrouver et épouser Madame Hanska.
*
Donc le Pape est mort. Il est mort après des semaines d’acharnement thérapeutique le mettant dans un drôle d’état.
Ce que je constate, c’est que cet homme, qui plus qu’aucun autre est censé croire en Dieu, a tout fait pour retarder le moment de le retrouver. Il en est ainsi de tous ceux qui affirment croire en ce Dieu, des religieux comme des laïcs.
S’ils étaient vraiment croyants, ils se réjouiraient d’attraper une maladie grave et ne la soigneraient pas, pour être le plus vite possible au royaume de leur Dieu. Or, tous ont recours à la médecine, même au-delà du raisonnable.
Ma conclusion est la suivante : personne ne croit en Dieu, pas même le Pape.
Je m’éloigne de ce pont en marchant le long de la mer vers la Pointe de la Croisette où devrait se trouver une Villa La Croisette due à l’architecte René Darde mais je ne la trouve pas. Au-delà doit être, du même René Darde, la Villa Mirages appartenant au Roi de Suède, mais trop loin pour que je puisse l’atteindre. Je ne pourrai donc pas en envoyer une photo à l’ami de Stockholm qui justement ce soir organise dans sa ville un concert de SuperBravo, « dream pop from Paris + art exhibition & bar », durée cinq heures.
Revenu les pieds cuits, je fais escale au Café de France pour un café verre d’eau lecture de dix à onze. Dix bicyclistes en maillot de sport (neuf hommes, une femme, trois avec le casque sur la tête) animent la terrasse. Des retraités, plus souvent sur une chaise qu’en action, comme moi.
Quand je repars, c’est pour aller voir, au-delà de la Tour Carrée, L’Arbois (encore du René Darde) qui a inspiré une peinture à David Hockney en mil neuf cent soixante-huit. Outre cet Hôtel L’Arbois Sainte-Maxime, Hockney a peint la même année un tableau intitulé Early Morning Sainte-Maxime. Ce qui prouve qu’on peut être un artiste et se lever tôt.
Je monte ensuite (c’est la direction à prendre en cas de tsunami, signale une pancarte) découvrir le lavoir puis l’Hôtel de Ville. Du parvis de ce bâtiment municipal, on peut voir les toitures de la vieille ville, la mer et le rivage d’en face. En redescendant, je rencontre une Mairie Annexe qui doit être là pour qui n’arrive pas à aller plus haut. Revenu dans les petites rues commerçantes, j’entends une boutiquière s’adresser à sa voisine. « T’as vu, le Pape, il est mort cette nuit. » « Non ! » « T’as vu dans quel état il était hier. » Je vais m’asseoir sur un banc du port pour me remettre de cette nouvelle. Devant moi est un petit bateau de pêche, le Quatre Frères II.
La Réserve n’a pas de formule aujourd’hui car c’est un jour férié. L’Escapade a gardé la même qu’hier. Faute de mieux, je déjeune pour dix-sept euros au restaurant Chez Sophie, place des Sarrazins, d’un médiocre faux-filet avec frites industrielles et petite salade suivi d’une honorable mousse au chocolat.
Je retourne au port et marche jusqu’au bout de la petite digue, assistant à l’arrivée d’un voilier allemand et au départ d’un Bateau Vert pour Saint-Tropez (seize euros l’aller retour) puis je vais boire un ultime café maximois au Café Maxime, perché à une table haute, sous un soleil un peu trop chaud. Derrière moi sont deux boutiquières dont l’une dit à l’autre : « Vouloir et ne pas pouvoir, on est de plus en plus nombreux à le vivre ». Après une enfance comme la mienne, il faut croire à un soir resplendissant ou se jeter à la rivière, écrit Balzac qui attend impatiemment le jour où il pourra retrouver et épouser Madame Hanska.
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Donc le Pape est mort. Il est mort après des semaines d’acharnement thérapeutique le mettant dans un drôle d’état.
Ce que je constate, c’est que cet homme, qui plus qu’aucun autre est censé croire en Dieu, a tout fait pour retarder le moment de le retrouver. Il en est ainsi de tous ceux qui affirment croire en ce Dieu, des religieux comme des laïcs.
S’ils étaient vraiment croyants, ils se réjouiraient d’attraper une maladie grave et ne la soigneraient pas, pour être le plus vite possible au royaume de leur Dieu. Or, tous ont recours à la médecine, même au-delà du raisonnable.
Ma conclusion est la suivante : personne ne croit en Dieu, pas même le Pape.