Ce mercredi, je monte dans le train de sept heures vingt-trois. Une minute plus tôt qu’avant car il s’agit de faire le trajet Rouen Paris en deux heures cet été en raison des travaux d’Eole. Il est moins chargé qu’en temps ordinaire. Certains navetteurs sont en vacances. D’autres doivent partir plus tôt pour ne pas arriver en retard à leur travail. « Nous serons à Paris à neuf heures vingt et une. Si tout se passe bien », nous dit le chef de bord. Parfois tout ne va pas bien sur cet itinéraire bis.
Aujourd’hui tout se passe bien. Arrivé à Saint-Lazare, je ne prends pas mon chemin habituel car j’ai avec moi ma valise. Celle qui travaille près de la Bastille part en ouiquennede prolongé et me prête l’appartement qu’elle a acheté récemment à Montreuil, à charge pour moi de nourrir le chat.
Direction Mairie de Montreuil avec la ligne Neuf du métro qu’il faut aller chercher par un long couloir à Saint-Augustin. Du monde mais pas trop, c’est assis que je vais jusqu’au terminus. Cette Mairie à l’architecture soviétique se pose un peu là. Près d’icelle, je m’installe en terrasse à La Favorite pour un café verre d’eau lecture à deux euros en attendant onze heures, mon rendez-vous chez elle, un peu plus haut. Je suis venu une journée à Montreuil autrefois, quand elle m’avait prêté l’appartement qu’elle louait dans le dix-huitième arrondissement, à charge pour moi de nourrir son rat (heureusement en cage). C’est une ville à mon goût, parce que mélangée d’un point de vue humain et architectural.
A onze heures, je monte les cinq étages sans ascenseur et la trouve dans son nouveau chez elle occupée à faire sa valise. Elle me donne les informations nécessaires tout en organisant son départ et tout en travaillant avec son smartphone, car pour elle cela ne s’arrête jamais.
Vers midi et demie, nous descendons vers la Mairie et déjeunons ensemble au Café Salé, bel endroit au menu du jour attrayant et à la clientèle jeune et bobo. Une heure plus tard, elle disparaît dans la station de métro et je vais faire un tour en ville.
Après avoir rejoint les halles de la place du marché et revu le Bistrot du Marché dont je garde un bon souvenir, je reviens par la rue piétonnière qui porte encore quelques traces des émeutes, passe devant la maison bourgeoise où vivait le stalinien Jacques Duclos et retrouve le quartier de la Mairie. Déjà fatigué, je m’installe sous les arbres au Bar Tabac de la Mairie, face au Café Salé, pour un café verre d’eau à un euro quatre-vingt-dix puis poursuis la lecture de La belle vie, le livre de souvenirs de John Dos Passos.
*
Me faisant visiter l’appartement, dans sa cuisine : « En face, c’est la cuisine de la voisine. Hier elle était toute nue. »
*
A la radio chez elle, on apprend la mort de Milan Kundera. Tous mes Folio de lui sont désormais à elle. Elle n’en a lu qu’un peu. Je l’ai déjà écrit et le répète : j’ai aimé ses livres traduits du tchèque, pas ceux qu’il a écrit en français. En passant d’une langue à l’autre, il a perdu son humour.
*
L’itinéraire bis du train du matin vu par un navetteur anonyme :
« Une impression de ne jamais arriver, on se traîne à 30 km/h dans toutes les gares franciliennes: Limay, Chanteloup, Triel, Andresy, Juziers
Alors oui on peut, entre autre, poser ses yeux sur l’église de Juziers au passage, sur la Seine qui s’étire au loin, sur les péniches de Conflans, fin de l’Oise et début de la Seine, sur les gares peintes en rouge, ces gares caractéristiques des années 20 à Thun-le-Paradis, Meulan….La campagne vexinoise aux maisons en pierre blanche, aux grandes demeures décrépies tombées en désuétude lorsqu’on passe Meulan et Thun le Paradis, les champs jadis bucoliques collés aux tours d’immeubles de Chanteloup les Vignes, les pentes escarpées du côté de Triel et Andresy, les jardins collés aux voies, des ballons crevés, des piscines en plastique et des balançoires parfois rouillées… »
« Les cheminées de Porcheville s’éloignant le matin nous donnent envie de crier au conducteur de ne pas prendre cet aiguillage. » conclut-il.
Aujourd’hui tout se passe bien. Arrivé à Saint-Lazare, je ne prends pas mon chemin habituel car j’ai avec moi ma valise. Celle qui travaille près de la Bastille part en ouiquennede prolongé et me prête l’appartement qu’elle a acheté récemment à Montreuil, à charge pour moi de nourrir le chat.
Direction Mairie de Montreuil avec la ligne Neuf du métro qu’il faut aller chercher par un long couloir à Saint-Augustin. Du monde mais pas trop, c’est assis que je vais jusqu’au terminus. Cette Mairie à l’architecture soviétique se pose un peu là. Près d’icelle, je m’installe en terrasse à La Favorite pour un café verre d’eau lecture à deux euros en attendant onze heures, mon rendez-vous chez elle, un peu plus haut. Je suis venu une journée à Montreuil autrefois, quand elle m’avait prêté l’appartement qu’elle louait dans le dix-huitième arrondissement, à charge pour moi de nourrir son rat (heureusement en cage). C’est une ville à mon goût, parce que mélangée d’un point de vue humain et architectural.
A onze heures, je monte les cinq étages sans ascenseur et la trouve dans son nouveau chez elle occupée à faire sa valise. Elle me donne les informations nécessaires tout en organisant son départ et tout en travaillant avec son smartphone, car pour elle cela ne s’arrête jamais.
Vers midi et demie, nous descendons vers la Mairie et déjeunons ensemble au Café Salé, bel endroit au menu du jour attrayant et à la clientèle jeune et bobo. Une heure plus tard, elle disparaît dans la station de métro et je vais faire un tour en ville.
Après avoir rejoint les halles de la place du marché et revu le Bistrot du Marché dont je garde un bon souvenir, je reviens par la rue piétonnière qui porte encore quelques traces des émeutes, passe devant la maison bourgeoise où vivait le stalinien Jacques Duclos et retrouve le quartier de la Mairie. Déjà fatigué, je m’installe sous les arbres au Bar Tabac de la Mairie, face au Café Salé, pour un café verre d’eau à un euro quatre-vingt-dix puis poursuis la lecture de La belle vie, le livre de souvenirs de John Dos Passos.
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Me faisant visiter l’appartement, dans sa cuisine : « En face, c’est la cuisine de la voisine. Hier elle était toute nue. »
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A la radio chez elle, on apprend la mort de Milan Kundera. Tous mes Folio de lui sont désormais à elle. Elle n’en a lu qu’un peu. Je l’ai déjà écrit et le répète : j’ai aimé ses livres traduits du tchèque, pas ceux qu’il a écrit en français. En passant d’une langue à l’autre, il a perdu son humour.
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L’itinéraire bis du train du matin vu par un navetteur anonyme :
« Une impression de ne jamais arriver, on se traîne à 30 km/h dans toutes les gares franciliennes: Limay, Chanteloup, Triel, Andresy, Juziers
Alors oui on peut, entre autre, poser ses yeux sur l’église de Juziers au passage, sur la Seine qui s’étire au loin, sur les péniches de Conflans, fin de l’Oise et début de la Seine, sur les gares peintes en rouge, ces gares caractéristiques des années 20 à Thun-le-Paradis, Meulan….La campagne vexinoise aux maisons en pierre blanche, aux grandes demeures décrépies tombées en désuétude lorsqu’on passe Meulan et Thun le Paradis, les champs jadis bucoliques collés aux tours d’immeubles de Chanteloup les Vignes, les pentes escarpées du côté de Triel et Andresy, les jardins collés aux voies, des ballons crevés, des piscines en plastique et des balançoires parfois rouillées… »
« Les cheminées de Porcheville s’éloignant le matin nous donnent envie de crier au conducteur de ne pas prendre cet aiguillage. » conclut-il.