Retour dans la ruelle nettoyée

8 juillet 2023


Jamais, depuis plus de vingt ans que j’y vis, je n’ai vu ma rue dans cet état : plus un graffiti. Certains étaient peut-être là avant moi. On a voulu montrer une venelle propre (prétendument du Moyen-Age) à la foule des touristes venus pour l’Armada. Les nettoyeurs ont passé le carcheur. La poussière générée par l’opération est restée par terre. C’est un travail ni fait ni à faire.
Sa voisine, la rue Saint-Nicolas, n’a pas eu cet honneur. Ses murs sont restés dans le même état. Ce jeudi le coutelier à l’angle des deux rues vidait sa boutique. Il ferme. Vu son âge, je suppose que c’est un départ à la retraite. Je me suis demandé et je me demande encore si c’est chez lui qu’a été acheté le couteau qui a servi à assassiner Samuel Paty. Je suis content que cette boutique disparaisse, devant laquelle des couillus fantasmaient sur les grands couteaux.
A l’autre bout de la rue Saint-Nicolas, une boutique pillée est toujours derrière les planches qui remplacent ses vitres. Il s’agit de Lacoste. Il y a des années, j’ai écrit que si Lacoste montrait des photos de golfeurs et de joueurs de tennis portant ses vêtements, sa publicité aurait dû être « Lacoste habille la banlieue ». On m’avait dit que c’était faux, que ces amateurs de vêture sportive préféraient d’autres marques. Le récent évènement semble conforter mon propos.
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Autre départ à la retraite, et qui m’ennuie : celui de mon dentiste. Il me l’apprend ce vendredi matin après mon détartrage d’été. « Je ne vous pensais pas en âge de la prendre », lui dis-je. « Vous me donnez combien ? » « Soixante ans, je pensais être tranquille encore quelques années. » « Ajoutez dix pour cent », me dit-il.
Heureusement, il s’est trouvé un successeur, mais comme rien n’est réglé, il ne peut me donner un rendez-vous pour le détartrage d’hiver. Il faudra que je rappelle en décembre.