Première chose que je fais à mon arrivée à Paris ce mercredi : boire un café au comptoir du Café du Faubourg, à la sortie du métro Ledru-Rollin.
-On ne le voit plus ton collègue, dit le serveur à un habitué.
-C’est parce que je lui ai raconté ce que tu m’as dit sur lui.
-Quoi ?
-Qu’il avait une maladie honteuse.
« Je plaisante », croit il utile d’ajouter.
-Si j’ouvre un café, lui dit le serveur, je l’appellerai le Bar des Cons
-Ne fais pas ça, répond le facétieux, tu serais obligé de rester ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
-Moi je viendrais, conclut il
Chez Book Off, je farfouille, à mon habitude. en écoutant avec intérêt la chanteuse de folk dont le cédé est diffusé. Lui succède Joe Cocker et mon panier se remplit.
Au moment de payer, je demande à l’employée qui est cette fille à la voix acide que l’on entendait avant. Elle me tend le cédé. Alela Diane, lis-je. Je l’ajoute à mes achats.
L’étape d’après est le marché d’Aligre. Alors que j’explore l’une des boîtes de livres que propose l’un des marchands, on m’aborde. C’est l’ami Dumez. Contrairement à ce que je craignais, il n’est pas fâché par mon incapacité à le recevoir chez moi. Il m’annonce que son congé sabbatique que je croyais d’un an mais qui n’était que de six mois, n’ira pas plus loin que trois. On lui a fait une proposition professionnelle intéressante, à saisir maintenant ou jamais. Il reprendra donc le travail lundi.
-Cela va t’obliger à réorganiser ton travail d’écriture en cours, lui dis-je.
-Ce n'est peut-être pas plus mal, me répond-il, j’ai découvert que j’étais plus efficace dans l’urgence.
Nous sommes devant le premier tome de l’édition du Journal de Léautaud en dix-neuf volumes. Il ignore tout de cet auteur. Je lui en fais une présentation succincte et enthousiaste. Il prend l’ouvrage en photo.
-S’il fallait aller sur l’île déserte, lui dis-je, c’est le Journal de Léautaud que j’emporterai.
-Sur une île déserte, il vaut mieux emmener un sandouiche, déclare un importun
-On trouve toujours de la nourriture sur une île déserte, réponds-je à ce rabat-joie.
*
Chez Céleste je déjeune sur le trottoir de courgettes aux anchois et de rôti de veau vanille près de trois enseignantes dont l’une ne veut pas de frites ni de riz, que des légumes, mais réclame ensuite un supplément de sauce. Elles se demandent si ça vaut la peine d’aller voir l’expo Magritte à Beaubourg et vont acheter le numéro spécial de Télérama pour le savoir.
*
Assise sur l’un des bancs de la station Quatre-Septembre, une jolie fille à collants noirs et minijupe lit Eloge de la névrose. Je soigne la mienne tous les mercredis chez Book-Off.
*
« Bonjour, nous sommes à Rouen et je vais vous présenter la ville aux cent clochers », entends-je dans la ruelle, ce jeudi après-midi, une fois, deux fois, trois fois. Je me penche à la fenêtre. C’est une équipe de télévision.
-Tiens, il y a quelqu’un au-dessus de toi, dit le présentateur à l’un des cadreurs.
-Quand on regarde les autres, il faut s’attendre à être regardé, leur dis-je.
-Vous avez raison, me dit-il.
-Je vous laisse travailler, bonne journée, leur dis je.
-Oh, vous pouvez rester, vous êtes chez vous.
De ma chambre, je l’entends reprendre :
« Bonjour, nous sommes à Rouen et je vais vous présenter la ville aux cent clochers. »
Sans doute serait-il plus juste de dire :
« Bonjour, nous sommes à Rouen et je vais vous présenter la ville aux cent clichés. »
-On ne le voit plus ton collègue, dit le serveur à un habitué.
-C’est parce que je lui ai raconté ce que tu m’as dit sur lui.
-Quoi ?
-Qu’il avait une maladie honteuse.
« Je plaisante », croit il utile d’ajouter.
-Si j’ouvre un café, lui dit le serveur, je l’appellerai le Bar des Cons
-Ne fais pas ça, répond le facétieux, tu serais obligé de rester ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
-Moi je viendrais, conclut il
Chez Book Off, je farfouille, à mon habitude. en écoutant avec intérêt la chanteuse de folk dont le cédé est diffusé. Lui succède Joe Cocker et mon panier se remplit.
Au moment de payer, je demande à l’employée qui est cette fille à la voix acide que l’on entendait avant. Elle me tend le cédé. Alela Diane, lis-je. Je l’ajoute à mes achats.
L’étape d’après est le marché d’Aligre. Alors que j’explore l’une des boîtes de livres que propose l’un des marchands, on m’aborde. C’est l’ami Dumez. Contrairement à ce que je craignais, il n’est pas fâché par mon incapacité à le recevoir chez moi. Il m’annonce que son congé sabbatique que je croyais d’un an mais qui n’était que de six mois, n’ira pas plus loin que trois. On lui a fait une proposition professionnelle intéressante, à saisir maintenant ou jamais. Il reprendra donc le travail lundi.
-Cela va t’obliger à réorganiser ton travail d’écriture en cours, lui dis-je.
-Ce n'est peut-être pas plus mal, me répond-il, j’ai découvert que j’étais plus efficace dans l’urgence.
Nous sommes devant le premier tome de l’édition du Journal de Léautaud en dix-neuf volumes. Il ignore tout de cet auteur. Je lui en fais une présentation succincte et enthousiaste. Il prend l’ouvrage en photo.
-S’il fallait aller sur l’île déserte, lui dis-je, c’est le Journal de Léautaud que j’emporterai.
-Sur une île déserte, il vaut mieux emmener un sandouiche, déclare un importun
-On trouve toujours de la nourriture sur une île déserte, réponds-je à ce rabat-joie.
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Chez Céleste je déjeune sur le trottoir de courgettes aux anchois et de rôti de veau vanille près de trois enseignantes dont l’une ne veut pas de frites ni de riz, que des légumes, mais réclame ensuite un supplément de sauce. Elles se demandent si ça vaut la peine d’aller voir l’expo Magritte à Beaubourg et vont acheter le numéro spécial de Télérama pour le savoir.
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Assise sur l’un des bancs de la station Quatre-Septembre, une jolie fille à collants noirs et minijupe lit Eloge de la névrose. Je soigne la mienne tous les mercredis chez Book-Off.
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« Bonjour, nous sommes à Rouen et je vais vous présenter la ville aux cent clochers », entends-je dans la ruelle, ce jeudi après-midi, une fois, deux fois, trois fois. Je me penche à la fenêtre. C’est une équipe de télévision.
-Tiens, il y a quelqu’un au-dessus de toi, dit le présentateur à l’un des cadreurs.
-Quand on regarde les autres, il faut s’attendre à être regardé, leur dis-je.
-Vous avez raison, me dit-il.
-Je vous laisse travailler, bonne journée, leur dis je.
-Oh, vous pouvez rester, vous êtes chez vous.
De ma chambre, je l’entends reprendre :
« Bonjour, nous sommes à Rouen et je vais vous présenter la ville aux cent clochers. »
Sans doute serait-il plus juste de dire :
« Bonjour, nous sommes à Rouen et je vais vous présenter la ville aux cent clichés. »